chapitre cinq

petit cadeau pour les bacheliers <3 j'espère que tout s'est bien passé pour vous !

LE LENDEMAIN, LORSQUE LES LUEURS DU JOUR AGRESSENT ses paupières, Charles émerge lentement après une nuit pour le moins surprenante. Dans les vapes, le monégasque essaie de se remémorer la soirée de la veille, ne parvenant à distinguer le réel de l'illusion. La liqueur lui est montée à la tête démesurément et de manière bien inconsciente. Son seul geste est de tâtonner ce qui semble être une table de chevet afin de se procurer son téléphone, qu'il parvient à trouver à la suite d'une lutte acharnée de plusieurs secondes semblant durer une éternité. Des dizaines et dizaines de notification lui rappellent qu'il aurait dû réfléchir à deux fois avant d'accepter cette proposition alléchante.

Charles se redresse et s'étire prudemment. La pièce est illuminée par la lueur du jour déjà entamé et il se questionne sur la présence de la jeune femme avec qui il a partagé la nuit dans cet appartement semblant luxueux. Récupérant ses affaires éparpillées sur le sol, le brun grimace en remarquant qu'il va devoir remettre les mêmes vêtements que la veille. Peut-être devrait-il téléphoner à Pierre afin qu'il vienne le chercher, puisqu'il ne sait pas où il se trouve, perdu au beau milieu de Londres. Son crâne douloureux lui rappelle à quel point l'ivresse ne lui va pas, pourtant, il ne peut s'empêcher d'y goûter, indéniablement attiré par l'interdit, par tout ce qui lui est néfaste.

Quand il débarque dans la pièce à vivre, une silhouette se dessine à l'extérieur, dos à lui avec une vue sur les plus grands buildings londoniens. Son souffle se coupe face à la splendeur de ce décor anglais dans lequel est implanté cette femme si mystérieuse qu'elle serait semblable aux plus grands mythes grecques ou romains. Sans plus attendre, ses pas le guident vers la baie vitrée qu'il entrouvre, témoignant de sa présence à la blonde qui, dans une nonchalance intense, ne daigne même pas poser un seul regard, ne serait-ce qu'un millième de secondes, sur le monégasque.

Charles ne peut s'empêcher de la détailler avidement. Ses courbes sont camouflées par un sweat-shirt plus épais que les vêtements portés précédemment, et ses cheveux sont attachés en une queue de cheval négligée, puisqu'ils sont trop courts pour que cela soit travaillé. Sa cigarette au bout des lèvres qu'il a autrefois rencontrées, elle donne l'allure d'une déesse désespérée.

— Tu n'es pas obligé de rester tu sais.

Le pilote de la Scuderia fronce des sourcils, ne comprenant pas cette froideur provoquant des frissons jusque son échine. S'il s'attendait à ce qu'il soit interrompu dans cette admiration incongrue par ces propos... Ce changement soudain de comportement l'intrigue puissamment, elle qui s'est montrée si avenante, taquine et sarcastique durant ces heures partagées à ses côtés.

— Et je vais te payer aussi ? Non, j'ai un minimum de respect, je ne vais pas m'éclipser comme un voleur.

— Et pourquoi pas ? Nous n'avons rien de plus à nous dire je suppose.

La cigarette au bord des lèvres, se remémorant de cette fièvre du samedi soir, Willow se questionne sur ses choix, dans lesquels elle a noyé son désespoir. Ce charmant jeune homme aux allures désordonnées et timides l'attirent particulièrement, et secrètement, les espoirs d'une nouvelle nuit à deux font frémir son cœur sans garantie. Ses propos contradictoires à ses pensées ne sont que le résultat de plaies non pansées néanmoins, ses sens insensés l'amènent à offrir un sourire désillusionné au pilote complètement déstabilisé mais surtout paumé.

— Bien, je vais y aller si nous n'avons plus rien à nous dire, conclut-il en tournant les talons.

Ses pensées se confrontent dans son crâne tambourinant démesurément alors qu'il pénètre dans le salon afin de se vêtir de sa veste de costard et de ses chaussures dans l'unique objectif de quitter cet appartement à l'ambiance bien trop étrange à son goût. Immédiatement, ses pas le dirigent vers l'entrée depuis laquelle il n'entend qu'une voix lointaine lui asséner une énième parole insensée.

— J'ai apprécié cette nuit, au fait.

Perturbé, le bruit de la porte d'entrée claquant est l'unique chose qui résonne dans ses oreilles bourdonnantes, conséquences d'une nuit d'abus. Charles aurait souhaité retourner ce compliment, s'il peut qualifier cette phrase comme telle mais ses songes ne lui en ont pas laissé le temps. Peut-être regrettera-t-il d'être parti si précipitamment, alors qu'il dévale les six étages de l'immeuble, n'ayant ni la foi ni le courage de patienter pour l'ascenseur.

Cette nuit était si étrange. Pourtant, il meurt d'envie de recommencer, comme si, cette nuit, ils s'étaient connectés. une connexion tellement puissante que ses pensées détériorées se sont un instant evaporées.

Songeur, le monégasque fouille frénétiquement dans ses poches à la recherche de son cellulaire, vibrant, annonçant l'arrivée imminente de son ami.

Quelle fut sa surprise en découvrant par mégarde un vulgaire bout de papier insignifiant dont le souvenir de l'avoir glissé dans son costard est sorti de son esprit. Sûrement que ce papier ne se trouvait pas ici au moment de se vêtir de cette veste. Il effleure cette matière du bout des doigts un court instant, avant de prendre en main ce carré plié avec soin par ce qu'il devine être cette femme avec qui il a partagé la nuit. Doucement, au beau milieu de la rue dans l'attente que son sauveur vienne le récupérer, le brun déplie le bout de papier sur lequel est inscrit une petite phrase, ainsi qu'une série de chiffres griffonnés à la va-vite. Un maigre sourire trône aussitôt son visage tiré par l'épuisement de ces dernières heures.

07 ** ** ** **
appelle-moi si tu es de passage à londres.

W.

Un soupire s'échappe de ses lèvres, ne comprenant pas les agissements de cette femme aussi attirante que flippante. Reste à savoir pour quel penchant Charles succombera. Il n'a pas le temps de s'abandonner à ses songes puisque la voiture de Pierre s'arrête juste devant lui. Rapidement, il entre et s'y installe dans un silence lui glaçant momentanément le sang. À vrai dire, le pilote ne sait ce qu'il a fait la nuit dernière pour que le français soit dans cet état, plutôt colérique. Surtout un sentiment que le monégasque hait du plus profond de son âme semble jaillir de lui ; la déception.

— Monsieur s'est bien amusé après être parti sans prévenir qui que ce soit de son départ ?

— Pierre...

— Monsieur s'est bien mis minable en se moquant des conséquences de ses actes ?

Ses lèvres se pincent. Une culpabilité le prend un instant avant de disparaître aussitôt. Son meilleur ami se concentre sur la route, attendant certainement une réponse de la part du brun qui ne viendra pas, lui qui n'a pas d'arguments valables afin de se défendre.

— Que tu termines ta nuit avec une fille j'en ai rien à faire Charles, tu fais ce que tu veux, je ne suis personne pour dicter ta vie. Mais t'éclipser sans avoir la décence d'esprit de prévenir quelqu'un, c'est petit.

— C'est arrivé une seule fois, et arrête de m'engueuler comme si j'étais un adolescent.

— Ce n'est pas ce que tu es ?! Tu crois que je ne t'ai pas vu te terminer à l'alcool comme si tu étais au fond du trou ?!

Peut-être qu'il l'est. Au fond du trou. Le monégasque tient sa langue pour ne pas envenimer la situation d'ores et déjà tendue avec son meilleur ami dont l'inquiétude prône désormais plus sur son visage que la colère précédemment maîtresse de ses propos.

— Parle-moi merde, ou parle à tes frères, à ta mère, à je-ne-sais-qui mais ne t'enferme pas une énième fois dans ta bulle en pensant pouvoir te tirer d'une situation tout seul. Tu as le droit de demander de l'aide.

— Je n'ai besoin de quémander de l'aide à personne, je vais bien, ce n'est arrivé qu'une seule fois en six ans, tout est ok.

— Mon rôle c'est pas de te fliquer et tu le sais, mon rôle de meilleur ami c'est de m'assurer de ton bonheur et je te demande juste de parler. Ne m'oblige pas à tout balancer à ta famille concernant ce soir, je ne veux pas que tu aies à vivre ça.

Esseulée, est la larme de rage dévalant sa joue rougie par la frustration de cette remontée de bretelles justifiée. Ses démons du passé reviennent le hanter et de cette situation, il se sent réellement dépassé. Charles est tout bonnement excédé par cette réalité le frappant sans discontinuer, et retourner à Monaco après cette escapade londonienne sera compliqué.

C'est dire au-revoir aux conseils de Pierre et ses leçons de morale dont il a besoin, même s'il ne veut pas se l'avouer, c'est éclater cette bulle dans laquelle il venait de s'enfermer, c'est retourner s'entraîner aux côtés d'Eric, son entraîneur. Le français observe son ami qui porte toute son attention sur la route semblant l'attirer plus que de raison. Son objectif n'était pas de le braquer au contraire. Peut-être est-il allé un peu fort, songe-t-il. La peur a transformé ses réactions et celles-ci sont sûrement devenues démesurées. Son dernier souhait est juste de le voir sombrer.

Il a supporté deux-mille quinze.
Il a supporté deux-mille dix-sept.
Il a supporté deux-mille dix-neuf.

Pierre n'a pas la force de le relever une nouvelle fois pour une raison qui lui est inconnue. Ses appréhensions sont grandes le concernant, et il sait d'avance que même s'il n'a pas la force pour le soutenir, il le fera tout de même parce qu'il ne peut s'en empêcher. Le français le fera à son échelle, étant donné qu'il ne peut être sur son dos durant toute la trêve hivernale.

La voiture se stationne aux abords de l'hôtel dans lequel Charles séjourne. Son vol n'est pas au même horaire et il est l'heure des au-revoirs pour les deux meilleurs amis qui à la suite de cette discussions pour le moins mouvementée, ne savent plus quoi se dire afin de se rassurer et de se souhaiter de chaleureuses fêtes. Pierre se racle la gorge, permettant au monégasque de dévier son regard des immeubles londoniens lui barrant la vue du ciel grisâtre de nuages prêts à exploser, au même titre que lui.

Sans prévenir, le normand se détache et vient étreindre le brun qui, surpris, met un temps à répondre à cette étreinte pleine de vie. Ses larmes de frustration désormais séchées, et la tension redescendue, la situation est bien différente.

— Je vais rejoindre Kika pour attraper notre vol, déclare Pierre, je te souhaite de bonnes fêtes et au moindre soucis tu m'appelles, d'accord ?

Charles n'a pas la force de lui répondre, son hochement de tête est suffisant pour le moment. Dans un effort surhumain, il parvient à lui intimer de passer de bonnes fêtes de fin d'année également, avant de regagner son hôtel dans la plus grande discrétion. Le prochain avion pour la Côte d'Azur étant le lendemain, le voici à s'ennuyer dans cette suite bien trop immense pour une seule personne. Le monégasque s'étale sur les draps propres et sans un mot, se met à fixer le plafond tel le plus grand des idiots. Son esprit divague tellement que la nuit tombe à une vitesse déconcertante. Pile l'instant pour que les pensées sombres fassent leur apparition, autrefois tapies dans l'ombre.

Son regard s'attarde sur son poignet. Merde. Il a oublié sa montre chez cette femme et mentalement, il n'a pas la force d'y retourner. Mentalement, il se sent s'effondrer.

Charles tente n'importe quoi afin de stopper cette envie soudaine prenant possession de ses entrailles. Replonger le démange. Il ronge ses ongles, la peau entourant ceux-ci, sa jambe tremble sans discontinuer et les larmes lui montent aux yeux. Il mord l'intérieur de ses joues jusqu'à sentir le goût amer et métallique du sang atteindre ses papilles gustatives. Retenir un hurlement n'a jamais été aussi rude pour le brun alors que dans un réflexe mécanique, sa main vient attraper sa valise avant de fouiller dans celle-ci et d'y sortir une bouteille quelconque. Cela fait une éternité que le pilote ne fait plus attention au type de liqueur qu'il ingurgite, le but n'est clairement pas d'apprécier sa cuite.

Les souvenirs font surface et Charles ravale ses larmes en même temps qu'il avale les premières gorgées le menant à l'ivresse volontaire. Noyer sa peine, une addiction parfaite. Aussitôt un stade avancé, ses pensées ne sont plus assez claires pour être devancées par la noirceur de songes profonds. Il se met à rire ironiquement de son état ridicule avant de continuer à s'enquiller la bouteille comme s'il avait besoin de plus. La terreur de voir ces effets disparaître le prend soudainement alors avaler plusieurs gorgées supplémentaires est devenu tout simplement nécessaire.

Sa tête tourne inlassablement alors qu'il se lève pour observer Londres s'illuminer grâce à la nuit pointant le bout de son nez.

Cela fait bien longtemps que le point de non-retour a été atteint et sa volonté de contacter Charlotte le prend. Pas forcément qu'elle lui manque, mais l'habitude de lui raconter ses problèmes est à présent un soucis. Parce qu'en face de ses démons, on ne peut pas se livrer. Totalement lessivé, il se laisse tomber sur le lit avant de s'endormir brutalement, au bord de l'évanouissement.

Il ne sait que faire pour se sauver de ce tourment.

□□□

hey hey, ici un nouveau problème intégré ! il est bon de rappeler que ce n'est qu'une FICTION, voilà voilà :)

j'espère que vous avez apprécié le chapitre, je meurs d'envie de tout vous balancer tellement j'ai hâte que vous découvriez l'histoire ! à lundi prochain <3

-alcools

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top