IV

« Qu'est-ce que tu veux, j'ai dit j'étais dans le mal.

- C'est important, faut que je te raconte ce qui vient de se passer !

- T'as pas des devoirs à faire ?

- Je suis pas encore chez moi. Bref ! Aujourd'hui j'ai tapé la pire chute de mon existence, gros lol, et j'ai genre titubé vers tête de mule pour lui dire que je pouvais pas trop continuer-

- Oh merde, ça va ?

- C'est pas ça le sujet. L'autre connard est apparu de nulle part derrière en mode 'tranquille je vais m'occuper de lui', et d'un côté je comprends qu'elle ait dit oui genre comme ça elle peut faire passer quelqu'un d'autre et elle perd pas cinq minutes de son cours mais est-ce qu'elle a déjà vu le boug pour lui faire confiance comme ça ? Ou est-ce qu'il portait une polaire du staff ? Je m'en souviens plus trop...

- Alors j'ai peut-être la tête dans le cul mais je capte rien à ce que tu racontes.

- Lee Minho le hockeyeur a accouru à mon secours tel un preux chevalier après que je sois tombé archi violemment.

- Quoi ? T'es sûr tu voyais pas flou à cause de la chute ?

- Eh, je me suis demandé parce que je tanguait vraiment. Mais non, c'était bien lui. Et attends, le pire, c'est la suite.

- Y a une suite ?

- Bah bien sûr. En gros moi, je sais pas j'ai eu quoi comme poussée de courage l'autre jour, mais j'allais pas l'embrouiller encore, je sais pas répondre aux gens et en plus là il avait rien commencé, j'étais un peu en train de me demander si j'avais pas cassé un truc de grave, j'ai pas eu la foi de lui gueuler ma haine dessus.

- Bon venant de toi en même temps... c'était un peu prévisible que t'allais la fermer.

- Toi ferme-la deux secondes j'ai pas fini. Donc apparemment au hockey ils ont pas de spray de froid t'as vu-

- Vrai homme connaît pas la douleur.

- Exactement. Donc quand je l'ai sorti j'ai dû lui expliquer ce que c'était miskine, et puis il m'a demandé où j'étais tombé et le gars a soulevé mon t-shirt pour appliquer le spray ! Zéro vanne.

- J'te crois pas.

- Si. Même qu'il a continué de le tenir en attendant que ça fasse effet comme un con à côté de moi. Et du coup j'étais archi gêné !

- Tu m'étonnes. C'est pas comme si on appréciait le boug.

- Bah grave, mais c'est pas comme si j'allais me mettre le spray moi-même ? 'Fin peut-être j'aurais pu mais j'étais à mi-chemin entre le flou total et la panique. J'étais grave pas capable de réfléchir et l'envoyer chier et puis j'aurais dit quoi? 'J'veux pas qu'un homophobe s'occupe de moi je vais le faire tout seul' ç'aurait été grave faux! Et je serais pas allé voir tête de pioche pour lui demander de s'occuper de moi y a des limites... Il entendit Sinhyo rire. Bref, du coup avant que je comprenne, monsieur me demandait la permission de soulever mon t-shirt pour mettre le spray.

- Situation parfaitement normale. Mais lui surtout qu'est-ce qu'il s'est passé dans sa tête ?

- J'espérais que t'aurais une idée justement, parce que là je suis grave perdu.

- Bah honnêtement j'suis trop morte et il est trop chelou, mais demain on en reparle.

- Okay bah repose-toi bien alors, à demain.

- À demain, mini Sungie. Et il raccrocha. »

« Okay j'ai réfléchi et j'ai une théorie. »

Heureusement pour Jisung, Sinhyo allait mieux le lendemain et elle revint à l'entraînement.

« T'as bien dit qu'il avait soulevé et tenu ton t-shirt?

- Ouaip.

- C'est un refoulé.

- T'es pas guérie ma pauvre pour lâcher des conneries pareilles.

- Non mais mets les pièces du puzzle ensemble ! Il fait du rentre-dedans à la première meuf qu'il croise, il insulte les mecs qui s'assument un peu plus...

Ouais enfin, 's'assument'...

- Mais quand y a pas ses copains sont pas là pour juger, il chope la première occasion pour te mater ! Jisung s'étouffa avec l'air.

- Me quoi? T'es pas nette ma pauvre chérie.

- Mais si ! Pourquoi il s'inquiéterait pour le mec qu'il insultait juste avant ?

- S'inquiéter ? Non, tu pousses le bouchon, c'est pas possible.

- Pour moi c'est la seule explication. Sinon il s'est fait laver le cerveau avant-hier et il a oublié qui il était.

- Trop drôle.

L'entraînement se passa sans encombres et ils rentrèrent chez eux épuisés. Le coach n'avait pas voulu faire travailler ses programmes à Jisung, et n'avait accepté de le laisser sauter qu'à la deuxième moitié de la session, ce qui l'avait profondément frustré, mais il ne ressentait pas de douleur particulière et, bien qu'il ratait plus souvent ses sauts à cause d'une certaine retenue (ou peur) il n'avait pas chuté de nouveau.

« Bah dis donc, il est très in love ton fake.

- Eh ! Jeongin ne parvint pas à reprendre son téléphone des mains de Felix qui montra fièrement la notification aux deux adolescents.

- 'Je pourrais t'écouter jouer pendant des heures, c'est fascinant' ouais bien love, moqua Seugmin. »

Jisung se contenta de rire en regardant Jeongin batailler avec Felix pour rattraper son téléphone.

« Et du coup, toi aussi t'es in love ?

- Non c'est bon oh... Jeongin souffla. Il me plaît, et je veux croire que c'est vraiment lui parce que s'il est cool ET mignon comme ça il est vraiment parfait.

- Pas mignon il est archi sex.

- Au risque que vous remettiez encore ma sexualité en cause, je serais plutôt d'accord avec Jisung sur ce coup. Ils rirent tous les trois. Sérieux, je le vois tous les jours de la semaine le mec est un dieu.

- Bah il est mignon avec moi.

- Et du coup ce week-end tu lui proposes de manger avec toi ici ?

- Vous resterez pas avec nous hein ?

- Noooon on va pas gâcher ton date super romantique au lycée avec un fake voyons, on veillera au grain de loin, pour être sûrs qu'il te kidnappe pas ou un truc dans le genre.

- Super. »

Tous sauf Jeongin pouffaient à la remarque de Seugmin, mais il avait raison de prendre cette précaution, alors personne ne revint dessus.

Une heure avant la fin de la session, Jisung aperçu de nouveau la silhouette de Minho dans les gradins.

«  Putain mais leur entraînement est dans plus d'une heure qu'est-ce qu'il fout là encore ?

- Pour le taff peut-être ? Répondit Sinhyo en haussant les épaules.

- Mouais, il resterait pas planté là. Je pense qu'il te mate. »

Sinhyo étouffa un rire. Il regardait en effet dans leur direction. Mais les deux patineurs continuèrent de s'entraîner comme s'ils n'avaient pas remarqué la présence du hockeyeur. Ils passèrent chacun un programme, et, au soulagement de tout le monde, Jisung n'eut pas de nouveau désagrément. La coach pointa simplement quelques défauts en le rassurant, en disant que c'était sûrement la peur due à la chute qui le déstabilisait. Quand Sinhyo passa, Jisung leva les yeux vers Minho. A sa surprise il parut moins intéressé qu'il l'avait été mercredi, appuyé avec nonchalance sur le dossier de son siège, le téléphone à la main.

C'est le genre de mec qui croit qu'il a l'air plus intéressant quand il s'en fout. Il est ridicule, et jamais il va la choper, il s'épuise pour rien.

Elle termina sous les applaudissements de toute l'équipe, qui se remit au travail tout de suite après.

« Genre c'est le boucle piqué qui est pas passé ?

- T'es malade, ça peut pas être parfait. »

Ça l'est jamais pour le commun des mortels déjà, demande pas la lune.

« Quand même, ça me choque, je le rate jamais.

- On a compris princesse, étire-toi maintenant qu'on se fasse pas encore enfermer, répondit Jisung en riant.

- Oh ouais en plus ce soir ton meilleur poto a entraînement, il serait forcé de nous escorter jusqu'à la porte du hockey encore une fois, dit-elle en plaquant théâtralement la main sur son front.

- Oh arrête avec ça.

- Il est même venu t'admirer.

- Il essaye peut-être de se rattraper pour que tu l'apprécies plus.

- Quel rapport avec moi ?

- T'étais plus énervée que moi par rapport à ce qu'il a dit, et il veut te pécho.

- Mouais, on verra bien c'est qui qu'il veut pecho...

- Si tu veux. »

Cette fois-ci, Jisung s'étira avec elle. Il tira son t-shirt pour regarder son flan et il découvrit un long hématome de diverses couleurs.

« Oh putain ! S'écria Sinhyo alors que la porte du vestiaire se faisait pousser.

- J'allais demander si t'allais mieux, c'est pas rassurant. »

Minho fit quelques pas pour se poster face à Jisung, qui échangea un regard circonspect avec Sinhyo : heureusement qu'il n'était pas arrivé un peu plus tôt.

« En vrai ça va mieux, hein, large. Je savais même pas que j'avais ça tellement je sens rien.

- Bah espérons que ce soit pas un truc à retardement, où tu ressentirais la douleur plus tard.

Merde, j'y avais pas pensé.

Jisung se mordit la lèvre inférieure en baissant son t-shirt.

« J'étais venu pour vous dire un truc, enfin deux. Sinhyo haussa un sourcil interrogateur, et il reprit. Déjà j'ai dit de la merde la semaine dernière, désolé. Sinhyo afficha un sourire victorieux et Jisung préféra aller chercher son téléphone pour prétendre ne pas s'y intéresser. Et puis-

- Encore.

- Quoi ?

- Redis que t'as tort. Dis que le patinage artistique c'est un sport universel et hyper impressionnant et que t'étais un connard misogyne et homophobe quand t'as dit ça.

- Oula...

- Sin'... Il s'est excusé déjà, ça suffit.

- Mais ouais c'est impressionnant et j'ai été con, c'est vrai. Sinon... il s'arrêta lui-même s'attendant à être de nouveau coupé par Sinhyo, mais elle l'écoutait attentivement, un grand sourire aux lèvres. Un de mes meilleurs potes fête son anniv' demain soir, si vous voulez venir... »

Les deux patineurs ne répondirent pas, ils se regardèrent, surpris.

« Tu nous invites à une soirée là ?

- Euh, ouais...

- On sort pas vrai-

- Grave chaud ! Jisung lança un retard lourd de sous-entendus à Sinhyo. Ça nous fera pas de mal. »

Il n'ajouta rien, après tout c'était elle qui avait parlé et ça ne l'engageait à rien, lui.

« Du coup... peut-être qu'il me faudrait le numéro d'un de vous deux ? Pour vous envoyer l'adresse et tout... Minho affichait un petit sourire timide très loin de celui qu'il avait à leur première rencontre. »

Il se met bien le batard.

Sinhyo regarda Jisung avec un grand sourire avant de répondre :

« Jisung, tu sais très bien que je connais pas le mien vu que j'ai changé y a pas longtemps.

- Pas grave, t'as qu'à prendre le sien, rétorqua-t-il au tac au tac. Il n'allait pas entrer dans son jeu.

- Fais-le toi, t'as ton tel dans la main ! »

Touché.

Minho s'approcha du banc où il était assis :

« C'est pas grave si tu veux pas, hein...

- Nan, c'est bon, tiens, dit-il légèrement agacé en lui tendant son téléphone sur la page d'un nouveau contact. »

Quand Minho le lui rendit, il vit un petit « lino » écrit tout simplement sur son téléphone.

« Si demain soir vous êtes toujours partants, tu m'envoie un message ? »

Jisung hocha mollement la tête et attendit que Minho soit ressorti pour se jeter sur Sinhyo.

« Je vais te tuer, je vais pas à sa soirée, t'es malade ?

- Attends, attends, j'ai un plan. On est d'accord que t'es convaincu qu'il veut me pécho ? Jisung hocha la tête. Bah on n'est clairement pas d'accord sur ce point.

- Et donc ? C'est ton souci ça.

- Mais comme ça on pourrait vérifier.

- En allant à une soirée remplie de connards comme lui qui pensent qu'un mec qui fait un sport artistique est forcément gay ?

- Oh merde, tu crois ses potes sont comme lui ?

- Qui se ressemble s'assemble, et un mec qui ne fait que répéter des clichés relayés par une société hétéronormée et homophobe, c'est bien le type de mouton à traîner en bande avec ses semblables.

- Okay, j'avais pas pensé à ça.

- Allez hop on fait l'autruche et on ignore.

- Attends, écoute mon plan d'abord. Envoie-lui un message ce soir pour qu'il ait ton numéro, à tous les coups il te relancera demain, tu lui dis bien qu'on vient qu'on est chaud tout ça, et au dernier moment tu te pointe sans moi !

- Hein ? Mais j'ai archi pas envie, c'est quoi ce plan de merde ?

- Comme ça tu vois à sa réaction si c'est avec moi qu'il veut passer du temps ou non !

- Okay donc s'il est déçu il veut te pecho et j'ai fait tout le taff pour savoir que j'avais raison ?

- T'as un autre plan?

- Mais je m'en fous de tes plans ! J'ai rien à prouver et si j'y vais pas avec toi j'y vais avec qui ? Je sors jamais !

- Tes potes du lycée ! Double déception : tu ramène zéro meuf à une soirée pleine de hockeyeurs en chien.

- Oh. Pas con.

- Pense à leur seum pour te motiver. »

Jisung était surtout intrigué par le soudain changement de comportement du hockeyeur. Il sentait un mauvais coup derrière la nouvelle bienveillance de Minho, il restait méfiant. Des gens comme ça, il en avait croisés, et il n'en avait jamais vu changer d'avis aussi rapidement. Alors oui, le piquer dans son ego était une bonne motivation pour exécuter le plan de Sinhyo, surtout si ça pouvait lui permettre de faire gonfler le sien en prouvant qu'il avait raison.

Alors lorsqu'il fut confortablement allongé dans son lit, douché et nourri, prêt à dormir une bonne nuit de sommeil, il ne manqua de déverrouiller son téléphone une dernière fois :

Je peux ramener des potes ?
Envoyé à 22:03

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ct pas censé être long comme as mskn, je sais vous allez le trouver encore plus chelou mais il a une raison

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