Chapitre 9
Cela faisait plusieurs jours que je passais mes journées accompagné de mon beau garde du corps. Étais-je supposée le contempler autant ? Certes, je faisais preuve de discrétion, néanmoins, je n'étais jamais concentrée lorsque je l'avais près de moi. Malgré moi, je ne faisais qu'imaginer la façon dont laquelle il aurait pu me prendre sur ce bureau, dans cette pièce que mon père avait fait aménager selon mes goûts.
Mes yeux étaient posés sur lui. Il était assis sur le canapé qui se trouvait à quelques mètres en face de moi, feuilletant un magazine comme je le lui avais conseillé la veille. Nous commençâmes tout juste notre huitième journée ensemble, et je sentais que j'étais sur le point de céder à ce que mon corps me réclamait.
J'adorais les hommes en uniforme, mais lui, je le préférais nu. Je voulais revoir son corps parfait au-dessus du mien et ce fut pour cela, rien que pour cela que je me levai d'un bond, quittant mon siège et son confort pour me tenir debout sur ses talons qui me faisaient souffrir. Je m'appuyai faiblement contre mon bureau, serrant les cuisses alors que je le regardais sans pouvoir détourner les yeux. Pour la première fois de ma vie, je voulais tellement quelqu'un que cela se transforma en une obsession.
Je voulais ses lèvres rosées sur les miennes, et ce fut déterminée à avoir ce que je voulais que je me mis à avancer vers lui. Mon cœur battait rapidement, cependant, il tressailla violemment lorsque la porte de mon bureau s'ouvrit soudainement alors que je n'avais fait que deux petites paires de pas vers le jeune homme. "Dois-je remercier ou tuer cette personne qui ne sait pas toquer à une foutue porte ?" me demandai-je dans mon fort intérieur, avant que je ne me fige en voyant celui qui venait de faire intrusion dans mon espace privé.
- Seth DeLayne, dit le noiraud avant d'afficher ce sourire qui me répugnait. Cela fait à peine une semaine que tu travailles ici et tu as un bureau aussi spacieux. Toutes mes félicitations. Ça sert d'être la fille du patron.
Il était venu pour regarder tout ce que j'avais eu en un rien de temps. Il voulait se moquer de moi et sans doute me faire comprendre que je ne méritais pas tout ça. Il oublia sûrement le temps d'un instant que j'étais moi, son pire cauchemar.
- Évidemment. Chacun sa chance comme on dit. Pas tout le monde n'a comme toi l'appui de la femme du patron.
Je reculai juste assez pour m'asseoir légèrement sur la table en verre sur laquelle était placée mon ordinateur. Je regardai droit dans les yeux cet homme qui ne me rappelait que de mauvais souvenirs, même son nom "Samuel Valentine" m'exaspérait au plus haut point. À vrai dire, j'éprouvais un dégoût extrême pour cet homme qui n'était autre que le bras droit de mon père.
- Dis, tu la sautes toujours ? Ma mère ?
J'arquai un sourcil en croisant élégamment mes jambes comme j'en avais l'habitude. Je faisais preuve de prétention et je provoquais l'homme qui se tenait devenant moi. Le pire était que je pouvais me le permettre, puisque je gardais depuis plusieurs années, ce secret écœurant qui impliquait une relation extraconjugale entre lui et ma chère et tendre mère.
La haine à mon égard dans ses yeux foncés me fit sourire. Son visage reflétait sa véritable personnalité lorsqu'il était face à moi, car moi, j'étais au courant de tant d'ignobles sur lui. Des choses que personne d'autre ne savait.
- J'espère que tu es conscient que tu me dois la vie à ce stade, fis-je remarquer. Tu as de la chance que je souhaite garder ce petit secret rien que pour voir la peur sur le visage de Dana lorsque je parle à mon père. Je suis encore très gentille, Samuel, mais fais attention à ne pas dépasser les bornes, parce que sinon, je me ferais le plaisir de te rayer de la carte.
Il fut instantanément défait. Dans un sens, il me craignait plus qu'il ne craignait la colère de mon père. Pour lui, j'étais en quelque sorte une bombe à retardement, car d'un claquement de doigts, je pouvais ruiner cette vie qui s'était battu sournoisement pour construire. Je pouvais lui infliger pire que la mort et dès qu'il s'en rappela, il regretta amèrement de s'être montré devant moi.
- Tu peux disposer maintenant.
Il hocha la tête, puis avec davantage de haine pour moi, il quitta la pièce, me permettant de croiser le regard que la seule personne qui restait. Jeon me regardait et dans ses yeux, je vis ce sentiment que je sus décrire. Était-ce du dégoût, de l'admiration, ou de la crainte ? Je n'en eus pas la moindre idée.
- Avez-vous quelque chose à me dire ? Demandai-je, hésitante.
- Moi ? Non, mademoiselle.
Le noiraud détourna aussitôt le regard, écartant ses cuisses pour se rasseoir confortablement sur le sofa. Il était qu'une beauté à couper le souffle. Je ne me lassais pas de le regarder. D'ailleurs, à force, je pus remarquer qu'il ne regardait pas vraiment la revue qu'il tenait entre les mains. Il devait dans doute avoir envie de me regarder lui aussi et je lui en donnai l'opportunité lorsque je posai mon sac à main sur ses cuisses.
Ses jolis yeux de biche se levèrent rapidement pour se poser sur moi. Il était confus, néanmoins, il se leva lorsque je lui fis un signe de la tête pour lui informer que nous quittions le building de DeLayne Corporation.
- Où dois-je vous conduire, mademoiselle DeLayne ?
Il se tourna légèrement pour me tendre mon sac à main. Je le pris immédiatement par les anses, avant de le poser juste à côté de moi, sur la banquette en cuir. Jungkook vit aussitôt une petite moue se dessiner sur mes lèvres alors que je réfléchissais, et puis cette idée bien malsaine me vint à l'esprit. Une idée que j'allais forcément regretter d'avoir eu, même si sur l'instant je ne m'en souciais guère.
J'étais si frustrée par la visite de l'amant de ma génitrice que je ressentais le besoin d'essayer de faire du mal à Jeon afin de me divertir.
- Prenez la route principale et je vous dirai où tourner.
Il hocha la tête, puis démarra le cabriolet. Nous roulâmes environ dix et nous nous stationnâmes une fois arrivés devant la demeure de Robin Stelinger, celui là même qui avait attendu pendant des mois ce message que je lui avais envoyé juste avant de quitter le bureau. Je sortis rapidement de la voiture, faisant mine d'être excitée de retrouver le blond qui était mon ami d'enfance.
Robin me désirait et même si ce n'était pas réciproque, j'étais prête à lui donner ce qu'il voulait uniquement pour voir la façon dont laquelle réagirait mon garde du corps aux yeux ténébreux. Ma vengeance venait tout juste de commencer, et j'allais tout faire pour que ce Jeon Jungkook ressente lui aussi cette horrible gêne que je ressentais dans ma poitrine à chaque fois que je posais les yeux sur lui.
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