Chapitre 42
Je m'étais souvent sentie libre de mes gestes, parfois même en sécurité, et ce jour-là à la plage en avait été la représentation parfaite. Je fus heureuse et ce même lorsque Jungkook me jeta à l'eau avant de me faire tomber dans le sable. Oui, au cours de cette journée-là, je me suis sentie complètement heureuse. Certes ces fins grains beiges me collaient à la peau, néanmoins, je n'avais jamais autant ris de toute ma vie.
- Baisse le siège et allonge-toi, conseilla mon petit ami en caressant ma cuisse. Je n'ai pas besoin que tu restes éveillée alors que tu es crevée.
Mes muscles étaient quelque peu engourdis. En fait, j'avais tant nager que j'avais même l'impression que mon corps pesait bien plus que je ne pouvais porter, alors ce fut sans discuter que je fis ce que le noiraud m'avait si gentiment suggéré. Mon corps était presque totalement à l'horizontal lorsque je me mis à observer bien plus minutieusement qu'autrefois le bras droit de Jeon, remarquant un à un les tatouages faits de cette encre bleuâtre sur sa peau laiteuse.
- As-tu des troubles comportementaux ? M'enquis-je pour aussitôt briser le silence qui régnait dans l'habitacle.
- Pourquoi cette question ?
- Les gens reviennent vivants d'une guerre, jamais indemne, fis-je remarquer levant les yeux vers son visage afin de le voir regarder sérieusement la route. Tu en es revenu avec des traumatismes, n'est-ce pas ?
Ses biceps se contractèrent brusquement lorsqu'il serra ses mains sur le volant, puis il hocha la tête. Il me donna un réponse, cependant, je compris sans la moindre difficulté que ma question l'avait prit de court, peut-être même déplu. Son beau visage n'affichait plus aucune expression, comme si mes mots avaient suffit pour faire remonter toutes ses souffrances, et ce fut une chance que mon instinct me poussa à me redresser, car je tournai de justesse le volant afin d'éviter la voiture qui venait juste face à nous.
- Merde ! S'écria-t-il en me jetant un regard. Je suis désolé mon amour. J'étais ailleurs.
- Gare-toi sur le bas-côté.
- Nous sommes presque arrivés à la mai-...
- Gare-toi !
Jungkook poussa un soupir, puis il fit ce que je lui avais demandé. En un rien de temps, nous nous retrouvâmes à l'arrêt sur le bord de cette autoroute, les voitures passaient près de nous à une allure extrême tandis que nous étions étrangement silencieux, avant que je ne pose mes paumes sur ses joues pour le pousser à me regarder.
- Qu'est-ce que tu me caches ?
- Rien, répondit-il en gardant la tête baissée.
- Tu ne fais même pas l'effort de me regarder droit dans le yeux pour essayer de me faire croire à ton mensonge. Penses-tu que mon amour pour toi me rend aveugle à ce point ? Je vois très bien que tu me caches des choses.
Tel un enfant, Jeon secoua la tête de droit à gauche en déglutissant difficilement, avant que je ne relève sa tête de sorte à ce qu'il me regarde. Ses yeux étaient remplis de larmes, complètement rougis par la tristesse, et lorsque je le vis, un poids se fit subitement sentir dans ma poitrine. Tout cela était de ma faute, néanmoins, je ne le regrettais pas. Tôt ou tard, il aurait bien fallu que nous arrêtions de parler de moi pour commencer à parler un peu plus de lui, alors je vis ses larmes comme nécessaires à l'évolution de notre relation.
- Je t'écoute, dis-je en retirant ma ceinture de sécurité avant de passer sur ses cuisses.
- Je n'ai rien à ajouter, Seth.
- Très bien... Alors tu ne me reverras plus jamais. C'est ça que tu m'as dit la dernière fois, non ? Ça s'applique à toi aussi. Je ne veux pas être avec quelqu'un qui ne me dis rien. En fait, je n'en sais pas autant sur toi que tu en sais sur moi. C'est injuste !
- Tu ne vas pas me laisser juste pour ça, grommela le noiraud avant de laisser une petite moue se dessiner sur ses lèvres.
- Teste-moi et tu verras.
- Tu fais chier...
Je hochai fièrement la tête, puis je posai tendrement mes mains sur son cou, caressant délicatement sa peau pendant que mes yeux restèrent fixés sur les siens. Jungkook me défiait du regard, néanmoins, je fus si impassible qu'il finit par serrer ses paupières en laissant sa tête tomber lourdement sur mon épaule.
- J'ai été atteint de stress post-traumatique, susurra-t-il en passant ses bras autour de ma taille. C'est aussi pour ça que je t'ai laissé seule ce matin-là. Je t'ai regardé t'endormir dans mes bras et tu paraissais tellement en confiance... Tu étais tellement angélique que ça m'a fait du mal de partir, mais c'était ce j'avais à faire... Pour ne pas que tu m'oublies, oui, mais aussi pour ta sécurité parce que si je m'étais endormie auprès de toi, j'aurais pu te tuer sans même m'en rendre compte.
- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit directement ?
- Aurais-tu pu aimer un homme qui ne sait pas se contrôler ? Interrogea le noiraud en me serrant davantage contre lui. Tu voulais un homme parfait et je voulais te le donner.
- Je ne veux pas d'un homme parfait, chuchotai-je à son oreille avant de déposer un baiser sur sa tempe. Je ne veux que toi, avec tes défauts et tes qualités, OK ?
- Je t'aime tant.
- Je t'aime davantage.
Celui que j'aimais fut aussitôt soulagé et ce fut en se sentant un peu plus léger qu'auparavant qu'il se mit à frotter mon dos avec ses grandes mains veineuses. Il fut d'une tendresse absolue pendant plusieurs longues minutes, me montrant que je n'avais plus à m'en faire pour lui, cependant, une énième interrogation apparut dans mon esprit.
- As-tu vu un psychiatre ?
- Ou-... Oui... C'est grâce à lui que je suis redevenu un petit agneau, dit-il en riant faiblement.
- Y vas-tu encore ?
- Je n'y suis plus allé depuis que je travaille pour toi. C'est un travail à plein temps alors je-...
- Tu iras demain. Je te donne ta journée. De toute façon je reste au manoir.
À aucun moment je ne lui avais laissé le choix. C'était pour Jungkook une impasse, alors à contrecœur, il accepta. Pour la première fois après plusieurs mois, nous allions être séparés de l'autre et à aucun moment je ne m'étais doutée de ce qui allait se passer lors de ce jour qui suivit celui où nous fîmes un couple comme les autres.
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