Cela faisait plusieurs heures que j'étais assise sur mon lit, entre les jambes de Jungkook, cependant, ce que nous faisions m'angoissait vraiment.

Le menton de mon petit ami était posé sur mon épaule tandis que ses bras entouraient ma taille, sa respiration chaude s'écrasant sur ma peau alors qu'il était concentré sur ce que je disais. Nous avions l'air de jeunes amoureux tout à fait normaux. Nous fixions attentivement l'ordinateur qui était posé sur mes cuisses, néanmoins, au lieu de regarder un simple film, nous examinons la vidéo de l'une des caméras de surveillance qui se trouvaient chez mon défunt ami.

- Regarde, là c'est quand Stephen entre dans la maison, dis-je en posant mon doigt sur l'écran. Et il ressort seulement sept minutes et trente-six secondes après.

- Donc il n'a pas menti, conclut Jeon. Il est entré, il est allé à la chambre de Robin, il a vu le corps et il s'est barré. Tu n'as pas ce qu'a enregistré la caméra avant son arrivée ?

- Non, la caméra avait été déconnectée... Mais de toute façon ce n'est pas important parce que l'assassin n'est pas passé par la porte principale.

- Alors pourquoi aurait-il déconnecté la caméra s'il n'est pas passé par là ?

- Pour induire en erreur des gens pas très malins, dis-je avec un fin sourire de satisfaction.

- Comment ça ?

J'étais si sûre de moi que je fermai rapidement mon ordinateur, le jetant un peu plus loin sur le matelas, avant de me tourner vers Jungkook. Je le contemplai un instant en m'asseyant sur ses cuisses, puis je lui volai un baiser.

- Cette personne savait ce qu'elle venait chercher, où le trouver et comment faire pour y parvenir pour le récupérer, dis-je en glissant mes doigts dans ses beaux cheveux noirs. Il ne me reste plus qu'à savoir pourquoi.

- Pourquoi ? Répéta-t-il en fronçant les sourcils.

- Oui ! Il ne me reste plus qu'à trouver pourquoi cette personne voulait à ce point cette vidéo que Robin avait enregistré... Une vidéo de lui et de... Moi.

Honteuse, je baissai la tête. J'avais passé les précédentes heures à éviter ça, néanmoins, il fallait bien que je le lui dise tôt ou tard. Il m'avait fallu du courage, cependant, il se fana bien rapidement lorsque ce silence étouffant s'installa entre nous.

La honte me gagnait davantage au fur et à mesure que les secondes passaient, et ce fut désespérée que j'enfouis ma tête dans le creux de son cou. Mes bras se refermèrent spontanément sur lui tant je voulais le sentir près de moi, mais son manque de réception me fit nouer mon estomac. La tension était palpable. J'avais peur que cela nuise à notre relation, néanmoins, je repris immédiatement mon souffle lorsqu'il passe ses bras autour de moi.

- N'arrête pas de m'aimer... S'il te plaît.

- Je t'ai entendu l'envoyer en l'air avec lui et je n'ai pas arrêté de t'aimer pour autant, alors je ne pense pas que notre couple sera impacté par une stupide vidéo, murmura-t-il en humant la délicate odeur de mes cheveux. Avais-tu...des sentiments pour lui ?

Je me décollai brusquement de mon petit ami, le fixant le temps d'une fraction de seconde avant de taper son épaule.

- Jeon ! Ne dis pas n'importe quoi !

Je quittai mon lit afin de m'asseoir près de ma coiffeuse. Sa question m'avait blessé, cependant, il ne le comprit pas malgré le fait que mes yeux étaient posés sur lui. Il n'avait pas vraiment confiance en moi, et ce malgré tout l'amour qu'il avait pour moi. Il m'avait vu côtoyé tant d'hommes qu'il ne pouvait faire une croix sur celle que j'étais avant. Mon passé pesait encore dans la balance lorsqu'il devait choisir entre me faire confiance ou non et je ne pouvais même plus lui en vouloir.

- Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça si c'est vraiment n'importe quoi ? Interrogea-t-il en s'approchant de moi.

Le noiraud se planta devant moi, me regardant de haut alors que je poussai un soupir. Bien sûr qu'il avait le droit de douter de moi, cependant, j'avais vraiment espéré qu'il aurait pleinement foi en nous, comme moi, j'avais foi en nous.

- Parce que nous ne sommes ensemble que depuis un putain de jour et tu doutes déjà. Tu doutes de moi. Tout le monde doute de moi de toute façon...

Je retournai le regard, fixant mon reflet dans mon grand miroir ovale avant de regarder celui de Jungkook. Il ne me lâcha pas une seule seconde des yeux tant et si bien que j'en vins même à me demander si lui aussi ne me regardait pas avec mépris.

- Tu me détestes ?

- Je veux savoir pourquoi tu l'as laissé te baiser.

- Pour le bien de notre relation, il serait mieux que tu ne le saches pas.

- Seth ! Je veux savoir ! Cria-t-il en saisissant brutalement mon bras pour me mettre debout face à lui. Tu dois me le dire !

- Pourquoi maintenant ? Tu aurais pu me le demander lorsque j'étais ivre ! Tu aurais pu me le demander n'importe quand, alors pourquoi le fais-tu quand tout va bien être nous ?

- Parce que je croyais que tu l'aimais ! S'écria Jungkook avant de serrer sa mâchoire. Maintenant que tu dis ne pas l'aimer, je veux savoir pourquoi tu l'as laissé te toucher ! J'en ai le droit, non ?

- Mon ange... Oublie ça.

Je posai délicatement mes mains sur ses joues avec de bonnes intentions, néanmoins, mon cœur serra lorsqu'il me repoussa. Ses yeux m'effrayèrent pour la toute première fois, et tout mon être se crispa lorsque je sentis cet horrible frisson remonter le long de ma colonne vertébrale.

- Oublier ? Demanda Jeon avant de ricaner nerveusement. Comment veux-tu que j'oublie ? Comment veux-tu que j'oublie les cris que tu as poussé ce jour-là ? Tu n'as pas gémis comme ça pour moi. M'as-tu utilisé ? Tu n'es qu'une garce ! Depuis le début !

- Et toi tu t'es mis avec la garce en connaissance de cause ! Tu savais que je me faisais baiser à droite et à gauche, mais ça ne t'a pas empêcher de me sauter toi aussi ! Tu voulais la même chose que tous les autres, alors ne me fait pas croire que tu es innocent ou différent, parce que si tu l'étais vraiment, tu aurais pris tes jambes à ton cou dès l'instant où je t'es approché dans ce foutu club. Tu savais ce qui allait se passer, tu savais ce que je faisais, mais tu ne t'en aies pas plains quand tu t'es vidé, si ?

- Seth... Je vais te le demander une dernière fois, dit-il calmement. Pourquoi as-tu baisé ce mec ? C'était pour lui la robe que tu as essayé ? La rouge ? Si tu l'aimes, tu peux me le dire.

Qu'est-ce qu'il pouvait être idiot. Comment pouvait-il penser de la sorte alors que je n'aimais que lui ? J'avais eu beau lui répéter que je l'aimais, rien ne put le convaincre, lui qui connaissait parfaitement cette fille à la réputation écœurante que j'étais autrefois.

Je savais que je ne pouvais être défendue. Il avait le droit de penser le pire de moi. Je ne lui en voulais même pas, cependant, je ne le reconnaissais plus. L'homme que j'avais devant moi n'était pas celui que j'avais toujours connu. Non, lui, celui qui me fixait avait de la folie dans les yeux. Il parlait et parlait, me laissant penser que j'allais pouvoir placer un mot, néanmoins, il répondait lui-même à ses questions.

- Bien sûr... C'est lui que tu aimes, n'est-ce pas ? Reprit-il en haussant le ton. Mais putain ! Seth ! Comment est-ce que je suis supposé rivaliser avec un mort ? Pourquoi m'avoir dit que tu m'aimais alors que tu en aimes un autre ? Es-tu satisfaite ? Tu as réussi à faire de moi un homme de plus ! Tu comptais me baiser hier soir et puis t'évaporer le matin ?

Cette dernière interrogation passa sa bouche et mon sang ne fit qu'un tour. La gifle partit toute seule. Il avait dépassé les bornes. Il avait le droit de remettre en cause mon intégrité, de bafouer ma personne, parce que oui, j'ai été une traînée, cependant, il n'avait pas le droit de douter mon amour pour lui. Il n'avait pas le droit de penser ne serait-ce qu'une seconde que mes sentiments à son égard étaient factices.

- Tu veux savoir, Jeon ? Tu veux vraiment savoir ? Tu veux que je te dise pourquoi je me suis fait prendre juste à côté de toi ? M'écriai-je en le poussant à plusieurs reprises jusqu'à ce que son dos heurte l'un des murs de ma chambre. J'ai fait tout ça pour te faire du mal ! J'ai simulé comme une chienne rien que pour que tu m'entendes ! Je voulais que tu souffre comme moi j'ai souffert ! Je voulais que tu reviennes vers moi en rampant ! Je voulais que tu me supplies de t'aimer ! Et la robe ! La robe... Je l'ai prise parce que c'est à toi que je voulais plaire ! Es-tu satisfait ? Toi aussi tu as une raison pour me détester maintenant.

Les traits de son visage se figèrent, puis il poussa ses cheveux en arrière avant de laisser un soupir passer la barrière de ses lèvres, tandis que j'étais en larmes, me sentant déjà défaite. J'avais tellement voulu protéger notre amour de mes anciennes machinations, mais je n'y étais pas parvenue. La vérité avait fini par éclater et moi qui regrettais d'avoir tenté de faire du mal à celui que j'aimais, je n'avais plus que mes yeux pour pleurer.

"Si seulement je n'avais pas voulu me venger." pensai-je. Pour une fois, je regrettais mes actes. Pour une fois, si j'en avais eu la possibilité, je n'aurais pas hésité à remonter le temps pour tout faire différemment, pour tout changer dès l'instant où mon père me l'avait présenté en tant que mon garde du corps. Je l'aimais tellement qu'à côté, ma fierté ne pouvait plus rivaliser.