Chapitre 20
Mon crâne me faisait souffrir et lorsque j'eus le courage d'ouvrir les paupières, la lumière du jour n'arrangea pas mon cas. Bien au contraire. Elle me brûla les yeux. J'avais l'impression d'être à court d'énergie, cependant, après plusieurs minutes, je trouvai le courage de m'asseoir. Je frottai longuement mes yeux et puis lorsque je les ouvris à nouveau avec une lenteur absolue, je vis mon meilleur ami assis sur le sofa qui se trouvait face à mon lit.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Ma froideur fut telle, qu'il se figea. Je n'étais plus du tout la fille avec qui il avait passé tout le long de sa vie. Non. Je n'étais plus elle, et notre amitié en prenait chère.
- Qu'est-ce que j'ai fait pour que tu m'abandonnes ?
- Rien, assurai-je en poussant un long soupir qui permirent à mes muscles de se relâcher. En fait...c'est juste que je ne souhaite plus que nous soyons intimes, Stephen.
- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? S'enquit-il en reposant ses coudes contre ses genoux. Tu m'as ignoré pendant plus de deux mois à cause de ça ?
J'hochai honteusement la tête. Maintenant qu'il le disait, je trouvais ma façon de faire on ne peut plus absurde.
- Je ne suis pas l'un de ses hommes dont tu peux te débarrasser, Tessie, dit-il avec le cœur gros, au bord des larmes. Je suis ton meilleur ami ! Tu aurais pu me le dire comme tu l'as toujours fait ! Notre amitié ne dépend pas de ce plan cul. Te rends-tu compte que j'ai cru t'avoir fait du mal ? J'ai cru que tu ne voulais plus me voir parce que tu étais enceinte de moi, bordel !
- Je suis désolée, OK ? Avouai-je tout bas, gênée. Viens là...
Je tapai doucement contre mon matelas, et puis le châtain s'assit près de moi. Il passa aussitôt ses bras autour de moi en enfonçant sa tête dans le creux de mon cou, et je n'hésitai pas à lui rendre son étreinte tant il m'avait manqué. L'odeur de l'alcool qui était imprégnée dans ma peau se mélangea à celle de son parfum et j'en fus instantanément apaisée.
- T'ai-je manqué ?
Stephen bougea le tête de haut en bas, avant de déposer de nombreux baisers sur la peau de mon épaule gauche. Je gloussai à cause de notre proximité, mais elle ne me gêna pas. Je ne voulais plus rien de sexuel entre le châtain et moi parce que je m'étais complètement éprise d'un autre, cependant, je ne souhaitais pas mettre fin à tout contact physique avec lui. Après tout, il restait quand même mon meilleur ami.
- J'ai un truc à te dire, lâcha-t-il en mettant fin à notre étreinte.
- Vas-y. Pourquoi es-tu soucieux tout à coup ?
Son visage était fermé. Comme s'il cherchait les mots appropriés pour me dire ce qui le contrariait. Il avait la tête baissait. Ses yeux fixaient nos mains liées sur ses cuisses, et puis mon cœur se serra lorsque je sentis ses larmes s'écraser sur le dos de la mienne. Non, ça je ne pouvais le supporter. Ses pleurs étaient une grande souffrance pour moi.
- Stephen... Murmurai-je en prenant son visage entre mes paumes afin qu'il me regarde. Pourquoi est-ce que tu pleures ?
- Je l'ai vu la veille... Je suis le premier à avoir vu le...le cadavre.
- Quoi ? M'écriai en décollant mes mains de lui. Tu n'as pas fait ça. Je le sais. Qui l'a fait ?
Mon meilleur ami me ramena à nouveau contre lui, me serrant un peu plus fort qu'avant tandis que ses larmes reprirent de plus belle. J'étais confuse. Je ne comprenais pas pourquoi il était dans un état pareil, néanmoins, je massai délicatement sa nuque pour lui faire comprendre que j'étais là pour lui.
- Parle-moi...
- Tu es la seule à me croire, dit-il avant d'éclater à nouveau en sanglot tant son cœur était douloureux. Mes parents ne m'ont pas cru. Ils pensent que je suis celui qui l'a assassiné.
- Oh, mon ange, soufflai-je lorsque mon estomac se noua, attristée. Ne t'en fais pas...
- Comment est-ce que je suis supposé faire ça ? Demanda-t-il d'une douce voix. Si mes propres parents pensent que je suis coupable, tu crois vraiment que ceux de Robin seront de mon côté ? Pour l'instant ma mère a réussi à dissimuler la visite que j'avais rendu à Robin, mais lorsque ça se saura, tous les regards seront pointés sur moi.
Je posai mes mains sur ses épaules robustes, le poussant à redresser, puis j'essuyai toutes ses gouttes qui avaient fait rougir ses yeux et ses joues.
- Je suis déjà de ton côté. Tu n'as besoin de personne d'autre. Je ne vais pas te lâcher, assurai-je en caressant ses cheveux pendant que je contemplais ses yeux. Je te protégerai.
Oui. Notre amitié était assez solide et profonde pour que je sois prête à tout pour lui. J'avais en Stephen une confiance aveugle. J'aurais pu me jeter dans le vide sans y réfléchir à deux fois. Je savais qu'il serait là pour me rattraper, alors moi aussi je me devais de le rattraper lorsqu'il en avait besoin.
- Qu'est-ce que tu es allé faire chez lui ?
- Eh bien... En fait... Hésita-t-il avant de pousser un long soupir. Il me faisait chanter avec une vidéo qu'il avait de lui et...toi...pendant que...
- Quoi ?
Ma voix fut fébrile. Je tombai des nues et tant d'émotions m'envahirent. Je regrettai aussitôt d'avoir eu pitié de ce satané Robin Stelinger et au fond, j'en vins même à me réjouir secrètement de ce qui lui était arrivé. C'était peut-être un coup du karma finalement.
- Il avait besoin d'argent. De beaucoup, beaucoup d'argent.
Le peu d'ivresse qu'il me restait s'évapora rapidement aux mots du châtain. Je me levai aussitôt pour me mettre à piétiner le sol chaud de ma chambre en l'écoutant parler. J'étais inquiète. Vraiment inquiète.
- Ses parents étaient en voyage d'affaire, alors il en a profité pour m'en demander discrètement, mais j'ai refusé parce que j'avais peur qu'il recommence à se droguer. Je voulais seulement le protéger, sauf qu'après, il m'a envoyé la vidéo, et puis c'est toi que j'ai voulu protéger. Je suis allé lui remettre deux cent mille dollars le jour même. J'allais lui donner l'argent en échange de l'enregistrement quand... Quand je l'ai retrouvé mort.
- As-tu touché à quelque chose là-bas ?
- Non... Non. J'ai paniqué et je suis parti.
- Tu étais en voiture ou en moto ?
Je m'arrêtai devant lui pour le regarder, assis sur mon lit de la plus formellement des façons. Il savait que je pouvais l'aider et que je me battrai contre vents et marrés pour lui, alors il était prêt à mettre du sien pour me faciliter la tâche.
- En moto, mais les gars de ma mère ont effacé toutes les traces de pneus.
- As-tu vu quelque chose d'inhabituel ? Autre que le corps ?
- Non, mais je suis sûr qu'il venait tout juste d'être tué. Le sang se répandait encore par terre, dit-il avant d'ouvrir grand les yeux. Attends. Attends ! Sa chambre ! Elle... Elle était parfaitement rangée. Comme si le ménage avait été fait... Sauf que Robin n'était pas du genre à faire le ménage, n'est-ce pas ?
- Peut-être que leur agent d'entretien est passé ? Interrogeai-je en fronçant les sourcils tandis que mes bras étaient bien croisés contre mon ventre. Ils ont bien des employés, non ?
- Pas lorsque ses parents ne sont pas là. Il demande toujours à tout le monde de rentrer chez eux. Tu devrais le savoir. As-tu déjà vu ne serait-ce que le majordome chez lui lorsque l'on y faisait la fête ?
- Pas faux, admis-je en mordant ma lèvre alors que ma tête travaillait à cent à l'heure. Ça ne peut pas être un braquage. Aucun braqueur ne fait le ménage.
- Sauf s'il le braqueur en question est venu chercher une chose précise et qu'il ne voulait pas laisser les traces de son passage...
Stephen baissa momentanément la tête et puis lorsqu'il reposa les yeux sur moi, je lui fis un signe de la tête afin de lui demander de poursuivre. Rien que par son regard, je sus qu'il était tourmenté parce qu'il ne m'avait pas encore dit.
- J'ai parlé à ma mère de la vidéo, alors elle a demandé à ceux qui ont nettoyé derrière moi de la trouver et de la détruire, reprit-il avant de déglutir difficilement. Mais... Mais elle n'était...plus là, Tess. Ni sur son téléphone. Ni sur sa caméra. Ni sur son pc. Ni d'autre part ailleurs. Disparue comme si elle n'avait jamais existé.
Je n'allais pas mentir. J'avais fermement cru, que pour une fois, le malheur d'autrui n'était pas causé par un ou une DeLayne, mais j'avais eu tort. Parce que dans l'assassinat de Robin, moi, Seth DeLayne, j'étais impliqué jusqu'au cou.
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