Chapitre 2
Spectral était la boîte de nuit la plus populaire de Gaya, la ville qui pouvait prétendre être la plus riche du pays. J'y passais souvent mes soirées accompagnés de mes amis de longue date, et pour ne pas changer, ce fut aussi le cas lors du trentième soir de mars. C'était l'anniversaire de Leeha Wang, la fille de la meilleure amie de ma mère, elle et moi étions nous mêmes très proches depuis l'enfance. Je me devais d'être à sa fête même si j'avais l'impression que mes nuits étaient toutes similaires.
Stephen, dernière moi, reboutonnait sa jolie chemise blanche, alors que je m'apprêtais à entrer dans cette endroit où la musique se faisait déjà entendre à l'extérieur. À l'entrée, je m'empressai de sortir ma pièce d'identité de ma pochette, et puis je levai la tête. Mes yeux, presque émerveillés, se posèrent sur le visage exquis de ce videur que je n'avais jamais vu ici auparavant. Il était sûrement nouveau, sinon je m'en rappellerais puisque jamais je n'avais vu d'aussi beaux yeux sombres de tout ma vie.
- Madame... Dit-il avant que je ne fronce les sourcils, faisant mine d'être offensée. Mademoiselle Pesley Harris. Vous pouvez... Entrer.
Le jeune homme me fixa longuement et je ne brisai pas notre contact visuelle. Je voulais qu'il pense que j'étais intéressée par lui parce que ce soir-là, c'était lui que j'avais choisi de charmer.
- Puis-je ? Demandai-je en posent mes doigts sur la carte d'identité que je lui avais présenté.
- Oh... Euh... Bien sûr... Bien sûr. Excusez-moi.
- Il n'y a pas de soucis. Vous pouvez me regarder tant que vous le souhaitez.
Je rangeai le fin rectangle dans mon petit sac et je m'éloignai aussitôt de lui. Je fus satisfaite de sentir que son regard ne m'avait pas quitté. Je ne venais que commencer mon petit jeu et lui me désirait déjà bien plus que je ne l'avais espéré.
Je marchai directement parmi la foule en effervescence sur la piste de danse, alors que je cherchais à rejoindre le coin qui nous était toujours réservé. Les gens bougeaient comme s'ils vivaient leurs derniers instants, tandis que je ne voulais que m'asseoir, quand soudain, je sentis un bras s'enrouler autour du mien, me faisant ralentir puis entendre la voix de mon meilleur à mon oreille.
- Comment dois-je t'appeler lorsque nous sommes ici, déjà ?
- Presley Harris, répondis-je en réprimant mon rire avant de prendre sa main pour aller jusqu'à nos amis. Tu le sais très bien.
Le châtain esquissa un sourire, ayant déjà compris les plans que j'avais pour ma fin de soirée, puis nous arrivâmes près de ces sofas agencés en forme de cercle. Je sortis de ma pochette cette longue boîte à bijoux que je tendis à la brune qui était assise non loin de moi.
- Joyeux anniversaire, mon cœur !
Elle avait toujours adoré les diamants, alors lui en offrir sous toutes les formes était un peu devenu notre petit rituel. Je fus immédiatement satisfaite lorsqu'elle se mit à sourire en voyant le magnifique bracelet que je lui avais choisi. Leeha aimait certes les pierres hors de prix, cependant, elle était tout de même l'une de mes amies les plus précieuses.
Je levai ensuite les yeux de la reine du jour pour les poser sur les autres, ceux que je ne considérais pas vraiment comme des amis proches, leur lançant un bisou en guise de salutation.
- Robin ! Fais-moi une place, mon chou ! Lançai-je en tapant gentiment l'épaule du nommé.
Le beau blond se poussa juste assez pour nous permettre à moi et à Stephen de nous asseoir côte à côte, et puis il posa sa main sur ma cuisse me rappelant le temps où il me courrait après.
- Tu veux venir chez moi après ? Demanda Robin en se penchant vers moi.
- Laisse tomber, répliquai-je sèchement, sans même le faire exprès. Rien ne se passera jamais entre nous, Stelinger. Je croyais qu'on était d'accord. Tu es mon ami. Point. Maintenant, enlève ta main.
Ma froideur nous surpris tous les deux et sa paume quitta directement ma peau pour ne plus venir me toucher de la soirée. Il n'était pas mon type d'homme et contrairement à Stephen, lui avait des sentiments bien plus qu'amicaux à mon égard.
Les heures filèrent rapidement. Je m'amusais bien, alternant entre la piste de danse et le carré VIP lorsque je voulais boire de cette boisson pétillante et légèrement alcoolisée. J'étais plus ou moins éméchée lorsque je ressentis le besoin de me rafraîchir. Je prenais la direction des sanitaires lorsque je revis ce charmant videur passer son sac à dos. Il venait sans doute de finir son service et s'apprêtait à partir, quand finalement, j'allai près de lui, attrapant sa main pour qu'il se retourne vers moi.
- Mademoiselle Harris ?
- Appelle-moi Pesley ! Dis-je avec un doux sourire en tirant faiblement sur ses longs doigts. Tu... Tu veux venir boire un verre avec moi ?
Un adorable sourire se dessina sur ses lèvres rosées, puis il hocha la tête, me permettant de l'emmener avec moi jusqu'au bar où nous prîmes place l'un à côté de l'autre. Il avait une très bonne descente, ses idées restant parfaitement claires même après son cinquième whiskey, et alors qu'il parlait, moi, je fixais ses lèvres. Elles étaient à mon goût et je mourais d'envie de les toucher, mais je ne pouvais le faire moi-même. Je devais attendre patiemment qu'il mette de côté sa retenue pour qu'il m'offre enfin ce baiser que j'espérais tant. C'était là le but du jeu, me faire désirer au point de lui en faire perdre la tête.
- Et ta famille ? Ta petite amie ? Ont-ils approuvé ta décision ? M'enquis-je avant de prendre une gorgée de cette coupe qui se trouvait devant moi depuis de nombreuses minutes. Je veux dire... Voir un proche entrer dans l'armée est une chose difficile à accepter, non ?
- À vrai dire... Je n'ai pas de... De famille... Ni de petite amie d'ailleurs. J'y suis allé justement parce que je n'avais rien à perdre, mais après quatre ans, j'ai eu marre de suivre les ordres comme un animal domestiqué. C'est pour ça que j'ai quitté mon uniforme il y a quelques semaines... Et puis, les flageolets à chaque repas, je n'en pouvais plus.
Je ne pus m'empêcher de rire. Rire, voilà la raison pour laquelle je jettais toujours mon dévolu sur des hommes modestes. Leur humour et leur façon de penser étaient bien plus divertissants que ceux de la haute-société, et puis ils s'ouvraient aussi plus facilement lorsque je leur faisais les yeux doux. Ils n'étaient pas aussi suspicieux que les riches, car comme le noiraud l'avait dit, ils n'avaient rien à perdre. Tous ceux de son rang social étaient prêts à tout risquer lorsqu'ils avaient l'opportunité de flirter avec une fille comme moi. J'avais la capacité de leur faire se sentir pousser des ailes.
- Pourquoi un si bel homme que toi n'a pas de petite amie ?
- À toi de me le dire, lâcha-t-il en basculant momentanément sa tête en arrière. Tu es une femme, alors dis-moi pourquoi vous ne voulez pas de moi.
- Vous ? Répétai-je en appuyant mon coude contre le bar afin de poser mon menton dans la paume de ma main. Qui te dit que nous ne voulons pas de toi ? Peut-être même que moi je veux de toi, qui sait ?
- Tu es envoûtante... Soupira-t-il en poussant ses cheveux vers l'arrière, frustré par l'emprise que j'établissais sur lui sans même qu'il ne s'en rende compte. Je sais que tu ne fais rien de déplacé. Tu ne me fais pas de rentre dedans... Mais tu me rends fou.
- À quel point ?
Le jeune homme quitta aussitôt sa chaise haute, insérant sa taille entre mes cuisses, avant que je ne pose mes paumes contre son torse musclé. Il voulait mes lèvres tout autant que je voulais les siennes, cependant, alors que lui essayait de m'embrasser, moi, je me fis là encore désirée.
Nos croissants de chairs s'effleurèrent à plusieurs reprises pour le frustrer encore plus qu'il ne l'était déjà, ses mains se crispant sur la peau partiellement découverte de mes cuisses. Ses phalanges brûlantes m'éléctrisaient le corps, quelques doux soupirs quittant mes lèvres pour venir mourir sur les siennes.
Je le fis attendre de longues secondes, et puis lorsque je vis ses yeux foncés brûler de désir pour moi, je pris sa lèvre inférieure entre mes dents. Je la mordillai juste assez pour la faire rougir, lui faisant pousser un petit gémissement, et ce ne fut qu'après cela que je le laissai s'emparer de mes lèvres. Je l'avais fait tellement languir qu'il m'embrassa comme s'il m'offrait son dernier baiser, ma bouche prenant rapidement une teinte écarlate.
- Allons ailleurs, proposa-t-il, haletant.
Le jeune homme prit ma main afin de quitter le club, et puis je me permis enfin d'être satisfaite de ma soirée. J'avais fini par avoir ce que je voulais. Comme toujours j'avais eu le plus bel homme de la boîte.
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