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Octobre était un curieux personnage. Des cheveux couleur rouille toujours en bataille, des yeux pleins d'orage et de fougue, et des taches de rousseur comme des essaims d'étoiles qui parsemaient son nez pointu. Un air de renard, malicieux et gentiment moqueur, Octobre avait également le charisme de celui qui savait qu'il était roi.

Souvent, il laissait aux gens une curieuse impression de brouillard, comme une idée, une pensée qui vous effleurait mais que vous ne parveniez jamais à attraper. Oui, voilà ce qu'Octobre était: insaisissable.


Mai était une jeune fille qui tressait des couronnes de lilas et d'encre lorsqu'elle s'ennuyait. Son visage avait la beauté des premiers baisers, elle sentait bon la mélancolie des jours de pluie, et son corps se mouvait avec la grâce et la légèreté du vent printanier.

Elle était toujours joyeuse, et quand son rire résonnait, les gens qui l'entendaient se mettaient subitement à croire aux fées, aux farfadets et aux lutins verts.


Octobre et Mai étaient comme le feu et la glace: ils passaient leurs journées à se taquiner, à se chamailler, et somme toute, à faire semblant de se détester.

on pensait qu'ils étaient amoureux,
on pensait qu'ils se haïssaient,
on pensait... Mais on ne savait rien.

En fait...

La vérité, c'était que Mai était amoureuse d'Octobre. Elle aimait sa peau, son odeur, son rire qui montait jusqu'à la lune, elle aimait la manière dont il la voyait, la manière dont il voyait la vraie Mai, au-delà du charmant masque de petite princesse qu'elle s'était créé.

Elle l'aimait, mais elle n'aurait pas dû.

Parce que l'autre vérité, c'était qu'Octobre croyait en aimer une autre... Elle s'appelait Jour, et elle vivait dans les nuages, tout près du soleil.


Le temps passa. Deux mois, trois mois, un an. Mai sentait confusément qu'Octobre, son bel Octobre s'éloignait d'elle doucement. Alors, elle redoubla de taquineries, de chamailleries, tout en essayant de museler son cœur désespérément amoureux.

Si seulement elle avait réussi.


Octobre décida soudainement de déclarer sa flamme à Jour.

Alors,

il l'emmena dans un jardin plein de soleil et de secrets

et Mai les suivit.

Et quand Octobre posa ses lèvres sur celles de Jour,

Mai s'évanouit, littéralement,

en une pluie de rosée qui sentait bon le muguet et l'amourtume.

Octobre le sentit tout de suite,
la mort de sa meilleure ennemie,
de son double, de son contraire.

Le Printemps et l'Automne,
et les non-dits entre les deux.
Alors...

Octobre s'éloigna doucement de Jour,
il sourit. Sourire de renard, sourire de celui qui a tout compris,
et lui aussi s'évanouit,
doucement.

Toute une enfance à se chercher,
à valser sans oser se toucher,
Ah!
Si Mai avait osé...
Si Octobre s'était vraiment écouté...
Et...


Octobre et Mai étaient de curieux personnages. Toujours ensemble, se taquinant, se chamaillant,
et, somme toute, s'aimant profondément,
dans un endroit que nul ne connaissait,
dans un endroit qui, au fond, n'existait pas vraiment.

Mais qu'importe!
Parce que Mai était avec Octobre,
Et qu'Octobre était avec Mai.


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