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Juillet était heureuse.

Dans ses longs cheveux bruns étaient tressés du lierre rouge et des rayons de lune
ses joues étaient constellées d'une myriade de gouttelettes d'encre.

Elle portait d'amples tuniques crèmes
et à sa ceinture étaient accrochés des poignards finement aiguisés pour se battre contre la vie.

Elle riait beaucoup
ses yeux café au lait pétillaient d'insolence et de malice.

Parfois
elle peignait le monde avec des larmes d'étoiles.

Elle avait la plus grande bibliothèque du monde, juste devant une épaisse forêt d'ombre et de lumière...

Oui,
Juillet était heureuse.



Enfin...

c'est ce qu'elle disait.


Parce qu'en vérité,
Bien souvent la nuit,
Elle avait peur. Peur de la vie peur de la mort peur de l'amour.

Peur.

Et un soir où l'air était doux,
Juillet craqua
sans prévenir.

Elle s'enferma dans sa très grande bibliothèque,
s'assit au coin du feu
et se mit à pleurer
si fort!
Et chaque larme qui glissait sur sa joue pâle tombait au sol en un bruit cristallin,

Musique de tristesse.


Juillet sanglota longtemps.

Et puis...

Au bout de quelques jours
ou de quelques mois, Juillet ne savait plus,
un merle vint taper à sa fenêtre.

Juillet hoqueta
et releva la tête, les joues encore baignées de larmes.
Le merle toqua une nouvelle fois,
et Juillet se leva, un peu tremblante
un peu bancale,
et elle ouvrit la porte.

Il neigeait.

Et le merle, tâche d'encre sur une feuille immaculée sautilla vers la forêt
Et Juillet sans réfléchir le suivit

pieds nus dans la neige
pieds nus dans le silence

Ses larmes s'étaient taries mais elle ne souriait pas.


Ils marchaient depuis des heures
ou bien des jours, Juillet ne savait plus,
quand
soudain,
elle entendit le son joyeux d'un violon.

Alors
devançant le merle elle s'avança
déboucha sur une clairière
s'arrêta net.

Devant elle, un garçon.
Un garçon avec des cheveux blancs courts en bataille,
la peau pâle
et une moue insolente sur ses lèvres fines.
Un garçon qui fermait les yeux
et qui jouait du violon dans une clairière enneigée.


Peu à peu la douce musique s'estompa
et il ouvrit les yeux,
des yeux bleus foncés pleins de sarcasme et de douceur.

Il aperçu Juillet et sourit,
Sourire tellement beau que les nuages se mirent à rire...

-Je m'appelle December. Et toi?
-Juillet.
-Enchanté. Tu veux du thé ?

Et il agita une main fine, faisant apparaître une théière ronde
et il s'assit par terre, simplement dans la neige,

lui aussi avait les pieds nus.

Et il lui tendit une tasse, le merle perché sur son épaule,
et Juillet s'assit près de lui
et ils commencèrent à parler, à parler du monde et de sa beauté, à parler l'amour la mort la vie, à parler de choses qu'ils n'avaient jamais dites à personne auparavant


et puis ils lurent des livres de poésie, des livres qui parlaient de vie invisible et de violettes sur l'herbe à la renverse, des livres qui racontaient la caresse du soleil et l'euphorie


et puis ils burent du thé légèrement épicé qui avait le goût du bonheur


et puis
ils commencèrent à s'aimer,
à s'aimer pour toute la vie et pour toute la mort
ça Juillet en était sûre.


Elle n'avait plus peur de rien,

Elle souriait de nouveau.

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