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Chapitre 8

Les jours passaient, et avec eux, l'angoisse de Mikie grandissait. Kenji était devenu une ombre de lui-même, une créature rongée par la douleur, l'alcool et la colère. Ses accès de violence étaient devenus de plus en plus fréquents. Au début, il s'agissait de cris, de murs frappés, de meubles renversés. Mais cela s'était intensifié, atteignant des sommets inacceptables. Parfois, lorsque Mikie essayait de l'aider ou de lui parler de ses problèmes, il perdait son contrôle et la frappait, même si ce n'était que par colère ou frustration.

Les bleus qu'elle affichait sur son corps racontaient une histoire que Mikie n'était pas prête à partager. Elle avait appris à mentir avec agilité, à tisser des excuses autour de ses blessures. Ses collègues de travail l'interrogeaient parfois, l'air inquiet, mais elle souriait et répondait que c'était le résultat d'une chute, d'un accrochage, ou de la maladresse de la vie quotidienne. Chaque mensonge était un poids supplémentaire qu'elle portait sur ses épaules, mais c'était le prix à payer pour protéger son mari et leur couple.

Erica, sa meilleure amie, avait remarqué le silence étrange autour de Mikie. Les textos avaient diminué, et leurs appels étaient devenus rares. Elle s'inquiétait de la situation, mais Mikie ne voulait pas l'inquiéter davantage. Elle avait besoin de temps, mais ce temps lui échappait. Erica décida alors de se rendre visite, persuadée que quelque chose n'allait pas.

Lorsqu'Erica se présenta devant la porte de leur appartement, elle ressentit une étrange appréhension. Le silence pesant qui régnait à l'intérieur la mit sur ses gardes. Elle frappa à la porte, attendant un moment avant que Mikie n'ouvre, l'air fatigué et désolé.

« Mikie, je suis contente de te voir ! » s'exclama Erica, mais son sourire se figea en voyant l'état de son amie. Les cernes sous ses yeux trahissaient des nuits sans sommeil, et un bleu sur son bras ne lui échappa pas.

« Erica... » murmura Mikie, un peu hésitante, mais ne pouvant cacher son soulagement de la voir.

« Est-ce que tout va bien ? » demanda Erica, son regard scrutant le visage de Mikie à la recherche de réponses.

« Oui, tout va bien, » mentit Mikie, mais le tremblement de sa voix ne convainquit pas Erica.

« Je ne peux pas te croire, Mikie. Tu as besoin de parler. Qu’est-ce qui se passe ? »

Mikie hésita, ses pensées se bousculant. Elle savait qu'elle ne pouvait pas tout révéler, mais elle ne voulait pas non plus se cacher derrière des mensonges. « Ce n'est rien, vraiment. Juste... un moment difficile. Kenji est un peu... stressé. »

Erica fronça les sourcils. « Stressé ? Je vois que tu as des bleus, Mikie. Ça ne ressemble pas à du stress. »

À ce moment-là, la porte s’ouvrit brutalement, révélant Kenji, l’air échevelé et les yeux plissés. À sa vue, Mikie se raidit. Il ne semblait pas enclin à voir Erica, et son regard trahissait une colère latente.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il d’un ton glacial, ses bras croisés sur sa poitrine.

« Je suis juste venue voir comment vous alliez tous les deux, » répondit Erica avec un sourire crispé, tentant de désamorcer la tension. « Je m'inquiète pour vous. »

« Inquiète pour nous ? » Kenji se moqua, le mépris dans sa voix. « Je ne pense pas que tu sois vraiment la bienvenue ici. »

Mikie posa une main sur l’avant-bras de Kenji, mais il l’ignora, ses yeux fixés sur Erica avec une intensité qui la fit frissonner. « Kenji, s’il te plaît, ce n’est pas ce que tu penses. »

« Tu devrais t’en aller, » lui ordonna Kenji, sa voix devenue plus menaçante. « Je n’ai pas besoin que tu viennes fouiner dans ma vie. »

Erica recula d’un pas, le cœur battant. Elle comprenait que la situation était bien plus grave qu’elle ne l’avait imaginé. « Je veux juste m’assurer que Mikie va bien. »

« Elle va très bien, n’est-ce pas, Mikie ? » dit Kenji en se tournant vers elle, un sourire amer étirant ses lèvres.

Mikie se sentait prise au piège, les mots bloqués dans sa gorge. Elle savait qu’il s’attendait à ce qu’elle mente à Erica, mais elle était fatiguée de cette façade. « Kenji, je... »

« Tu vois, elle est trop fatiguée pour parler, » l’interrompit-il. « Pourquoi ne pas lui dire de s’en aller, et de ne plus revenir ? Elle n’est pas la bienvenue ici. »

Erica, réalisant la tension explosive qui régnait, tenta de garder son calme. « Je ne vais pas partir sans m’assurer que tu vas bien, Mikie. »

« Pourquoi t’inquiètes-tu d’elle ? Elle est ma femme, » répondit Kenji, son ton de plus en plus acerbe.

Mikie se mit à trembler, les battements de son cœur résonnant à ses oreilles. Elle pouvait sentir la colère de Kenji monter comme une marée déchaînée. C’était un autre homme qui se tenait devant elle, une version qu’elle ne reconnaissait plus.

« Kenji, s’il te plaît, » murmura-t-elle, mais sa voix était étouffée par la peur. « Erica est mon amie, elle s’inquiète pour nous. »

« Ça ne te dérange pas qu’elle s’inquiète ? Elle ne sait rien de nous, elle ne connaît pas notre vie. Elle ne sait rien de ce que tu traverses, ni de ce que je traverse ! »

Erica, réalisant que la situation devenait de plus en plus tendue, décida d’adopter un ton plus conciliant. « Écoute, je ne voulais pas causer de problème. Je suis juste venue voir Mikie. Peut-être que nous pouvons tous discuter calmement ? »

Mais Kenji, emporté par ses démons, ne voulait pas entendre. Il s’avança vers Erica, son regard brûlant de colère. « Tu devrais partir. Maintenant. »

Le ton de Kenji était une menace, et Mikie sentit une vague de désespoir l’envahir. « Kenji, s’il te plaît, ne fais pas ça... » Sa voix tremblait, elle avait peur de ce qui allait se passer ensuite.

Erica, le cœur battant, fit un pas en arrière, mais elle ne voulait pas abandonner Mikie. « Je m'inquiète pour toi, Mikie. Si tu as besoin d’aide, je suis là pour toi. »

Kenji s’approcha de Mikie, se penchant vers elle, son visage à quelques centimètres du sien. « Tu es en train de perdre du temps avec elle, Mikie. Tu sais ce qui t’attend si tu continues à l’écouter. »

Les yeux de Mikie se remplirent de larmes. Elle savait que Kenji était en train de franchir une ligne dangereuse, mais elle ne savait pas comment l’arrêter.

« Tu sais quoi ? Je n’ai pas besoin de toi, Kenji ! » s’exclama Erica, la voix tremblante. « Je veux juste que Mikie soit en sécurité. Je n’aime pas la façon dont tu lui parles. »

À cet instant, quelque chose en Kenji se brisa. Son regard se durcit et il tourna la tête vers Erica, la colère se lisant sur son visage. « Tu ne sais rien de ma vie ! » hurla-t-il, son ton menaçant.

Mikie sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. « Kenji, arrête ! » cria-t-elle, mais son cri se perdit dans l’angoisse ambiante.

« Tu crois que tu es là pour l’aider ? » continua-t-il, s’approchant d’Erica, qui recula encore. « Tu n’es qu’une intruse dans notre vie. Tu ne fais que créer des problèmes. »

Erica, prise de peur, jeta un regard furtif vers Mikie, mais cette dernière était paralysée par la terreur. Kenji semblait prêt à exploser, et elle savait que sa colère ne s’apaiserait pas.

« Je vais partir, » dit Erica, sa voix tremblante. « Mais sache que je ne te laisserai pas seule, Mikie. Je vais toujours être là pour toi. »

Kenji, dans un accès de rage, tourna son attention vers elle. « Si tu reviens ici, je ne te ferai pas de cadeau. »

Erica recula lentement, la peur dans les yeux, avant de quitter l’appartement en courant. Une fois la porte fermée, Kenji se tourna vers Mikie, son visage déformé par la colère.

« Regarde ce que tu as fait ! » rugit-il. « C’est ta faute si elle est venue ici ! »

Mikie se mit à pleurer, son cœur lourd d’inquiétude. « Kenji, pourquoi es-tu devenu comme ça ? Je t’aime, mais je ne peux pas supporter ça. »

« Tu m’aimes ? » dit-il, la voix brisée. « C’est pour ça que tu la laisses entrer dans notre vie ? »

« Non, je ne voulais pas ça, » répondit-elle en sanglotant. « Je voulais juste que tu ailles mieux. »

« Eh bien, tu échoues ! » cracha-t-il, sa colère lui brouillant l’esprit. « Je suis déjà un monstre, et tu es trop faible pour le voir. »

Mikie était à bout de nerfs, les larmes coulant sur ses joues. Elle se rendit compte que la situation ne faisait qu’empirer. Chaque jour était un combat, chaque moment, une épreuve. Kenji avait besoin d’aide, mais il semblait éloigné de la personne qu'elle avait épousée.

« Je vais te laisser, » dit-elle, décidée à prendre un moment pour réfléchir. Elle se détourna, laissant son mari seul dans la pièce sombre, un vide s’installant entre eux.

Mais même dans ce vide, elle savait qu'elle ne pouvait pas abandonner. Elle devait trouver une solution, que ce soit pour elle ou pour Kenji, avant qu'il ne soit trop tard.



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