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Chapitre 6

Un an était passé depuis que Mikie avait pris la décision de se battre pour Kenji. Un an depuis que la vie, telle qu'ils l'avaient connue, avait volé en éclats. L'appartement, autrefois rempli de rires et de rêves, était devenu un lieu de désespoir et de désolation.

Mikie s'était efforcée de garder espoir, mais le poids de la réalité était devenu écrasant. La mère de Kenji, après de multiples tentatives infructueuses pour le sortir de sa dépression, avait finalement abandonné l'idée de l'aider. Les visites se faisaient de plus en plus rares, et leurs conversations avaient cessé. Mikie ne pouvait s'empêcher de ressentir une amertume grandissante envers sa belle-mère. Chaque fois qu'elle se remémorait ces échecs, elle se sentait trahie. C'était comme si sa belle-mère avait décidé que Kenji ne valait plus la peine d'être sauvé, laissant Mikie seule dans ce combat.

Les journées de Mikie se déroulaient comme un long fleuve monotone, un cycle sans fin de travail et de retour à la maison. Elle avait abandonné ses rêves d'enfants, des visions de petites filles nommées Maria et Marie qui couraient dans la maison, riant sous le soleil du matin. Ces pensées, autrefois si précieuses, s'évanouissaient lentement, remplacées par la réalité froide et implacable d'un mariage en déroute.

Au travail, elle observait les autres mères parler de leurs enfants, de leurs rêves pour l'avenir. Chaque sourire échangé, chaque mot doux prononcé lui rappelait ce qu'elle avait perdu, et un sentiment de vide grandissant s'emparait d'elle. Elle essayait de sourire, de se montrer heureuse pour les autres, mais cela devenait de plus en plus difficile. Ses propres espoirs s'étaient envolés, et elle se sentait piégée dans un avenir incertain.

Le soir, en rentrant chez elle, elle pouvait sentir l'angoisse l'étreindre. Kenji était là, sur le canapé, son regard perdu dans le vide, comme s'il était prisonnier d'un monde qui n'était pas le sien. La dépression avait laissé des marques indélébiles sur lui, et chaque jour, elle se sentait un peu plus désespérée.

Mikie avait essayé tant de choses pour l'aider, mais chaque effort semblait futile. Elle lui parlait de l'avenir, de ce qu'ils pourraient réaliser ensemble, mais il ne répondait qu'avec un regard vide. Parfois, il semblait même qu'il n'entendait pas ses mots.

« Kenji, » commença-t-elle un soir, en s'asseyant à ses côtés. « J'aimerais qu'on parle de nos rêves. Je sais que ça fait longtemps que nous n'en avons pas discuté, mais j'aimerais savoir ce que tu veux pour nous. »

Il tourna lentement la tête vers elle, ses yeux toujours aussi ternes. « Les rêves... qu'est-ce que ça peut faire ? »

Le cœur de Mikie se serra à ses mots. « Ça compte, Kenji. Nous avons encore l'avenir devant nous. Nous pourrions... avoir des enfants, construire une vie ensemble. Tu voulais deux petites filles, non ? »

Il esquissa un rictus amer. « Les enfants, c'est un rêve que je ne peux plus avoir. Regarde-nous. Nous ne sommes rien. »

« Nous sommes encore jeunes ! Nous avons toute la vie devant nous. » Mikie insista, sa voix tremblante. « Je crois toujours que nous pouvons nous relever. »

Kenji se renferma dans un silence morose. « Les rêves sont pour les gens heureux. Je ne suis plus heureux, Mikie. »

Les mots de Kenji résonnèrent comme une sentence de mort. Mikie ferma les yeux, retenant ses larmes. Elle se sentait impuissante. « S'il te plaît, Kenji... il faut que tu te battes. Pour toi, pour nous... pour ce que nous avons construit ensemble. »

Mais il ne répondit pas, se détournant à nouveau de son regard, comme s'il se protégeait d'une douleur insupportable. Les larmes de Mikie coulèrent enfin, silencieuses et amères, tandis qu'elle se demandait si elle pouvait vraiment changer les choses.

Le lendemain, elle se leva, déterminée à ne pas laisser le désespoir prendre le dessus. Elle décida d'apporter un peu de lumière dans leur vie. Peut-être que les petites choses pourraient aider Kenji à sortir de sa torpeur. Elle commença à ranger l'appartement, à le nettoyer de fond en comble. Elle voulait créer un environnement qui pourrait lui rappeler les bons moments qu'ils avaient partagés.

Au fur et à mesure qu'elle rangeait, des souvenirs affluèrent. Des photos d'eux lors de leurs voyages, des sourires éclatants, des rêves d'avenir... tout cela lui rappela à quel point Kenji était aimant, attentionné, et plein d'espoir. Mais ce Kenji semblait maintenant être un lointain souvenir.

Mikie passa l'après-midi à préparer un repas qu'ils avaient l'habitude de déguster ensemble, espérant que cela pourrait le ramener, ne serait-ce qu'un instant, à la vie qu'ils avaient bâtie. Elle mit en place la table, ajoutant des bougies pour créer une ambiance chaleureuse, mais en regardant autour d'elle, l'angoisse l'étreignit à nouveau. Que pouvait-elle faire pour le sauver alors qu'il semblait s'enfoncer chaque jour un peu plus dans l'obscurité ?

Le soir venu, elle invita Kenji à dîner. Il s'assit à la table, son regard indifférent sur les plats que Mikie avait préparés avec tant d'amour.

« J'ai pensé que nous pourrions partager un repas ensemble, comme avant, » dit-elle, tentant de garder sa voix légère.

Il hocha la tête, mais ne toucha pas à son assiette. Mikie sentit son cœur se serrer. Elle prit une bouchée, essayant de cacher sa déception. « Tu te souviens de la première fois que nous avons cuisiné ensemble ? »

Il tourna lentement son regard vers elle, une lueur de nostalgie traversant son visage, mais il ne dit rien. Elle continua à parler, se remémorant des souvenirs, des rires, des rêves qu'ils avaient partagés, des projets d'avenir. Chaque mot prononcé était une tentative de rallumer une flamme qui semblait s'éteindre.

« Kenji, je sais que c'est difficile, mais nous pouvons encore reconstruire quelque chose. » Elle posa sa main sur la sienne, mais il se retira, la regardant avec des yeux pleins de tristesse.

« Je ne sais pas si je peux. Tout ce que j'ai perdu me hante, Mikie. Je ne suis plus celui que tu as épousé. »

Les mots la frappèrent comme un coup de poignard. Elle se leva, emportée par une vague de frustration et de tristesse. « Je ne peux pas rester là à te regarder te détruire ! Je suis désolée que tu sois en colère, mais tu dois te battre pour nous, pour notre amour ! »

Kenji se leva brusquement, sa colère éclatant. « Et comment veux-tu que je fasse ça ?! Je ne suis pas assez fort ! J'ai perdu tout ce qui comptait pour moi, et maintenant je ne suis qu'une coquille vide ! »

Mikie s'éloigna, sentant ses propres larmes couler. « Je suis là, Kenji. Je suis toujours là. Je veux t'aider, mais je ne peux pas le faire seule. »

« Peut-être que tu devrais partir, alors. Tu es jeune, tu as toute la vie devant toi. Pourquoi rester ici avec un homme qui ne peut même pas se lever le matin ? »

Les mots résonnèrent dans son esprit, et elle réalisa à quel point il était en train de sombrer. Elle se retourna, les yeux pleins de détermination. « Non, je ne partirai pas. Je vais continuer à me battre, même si tu ne veux pas. Je t'aime trop pour te laisser tomber. »

Kenji détourna le regard, ses épaules tremblant légèrement. Elle sut qu'il était en train de pleurer, même si elle ne pouvait pas le voir. Elle voulait le toucher, le réconforter, mais elle savait qu'il n'était pas encore prêt à accepter son amour.

« Je vais tout faire pour que tu te souviennes de qui tu es, » murmura-t-elle avant de quitter la pièce, le cœur lourd.

Cette nuit-là, Mikie s'endormit en pleurant, se demandant si elle pourrait un jour ramener Kenji vers la lumière. Alors qu'elle fermait les yeux, elle ne pouvait s'empêcher de rêver à ce qu'ils avaient perdu, espérant qu'un jour, ils pourraient retrouver ce bonheur ensemble.

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