Chapitre 4

Les semaines se succédaient, et la vie de Mikie semblait être un tourbillon de défis incessants. Alors qu’elle jonglait entre son travail au café et les préoccupations liées aux finances, elle essayait de rester forte pour Kenji. Cependant, la lutte était de plus en plus épuisante, tant sur le plan physique que mental.

Un matin, alors qu’elle se préparait à quitter la maison, le téléphone sonna. Mikie jeta un coup d'œil à l’écran : c’était sa belle-mère, une femme d’un certain âge, aux cheveux argentés, avec une voix douce mais empreinte de tristesse. Mikie hésita un instant, une boule dans la gorge, avant de répondre.

« Bonjour, Maman, » dit-elle, tentant de masquer son anxiété.

« Mikie, je dois te parler de quelque chose d’important, » commença la mère de Kenji, sa voix tremblante. « C’est à propos de la famille… »

Un frisson d’inquiétude parcourut le corps de Mikie. « Qu’est-ce qui se passe ? »

La réponse tomba comme un couperet. « Il y a eu un accident de voiture… » Les mots de sa belle-mère se mélangeaient avec des sanglots, et Mikie comprit instantanément que quelque chose de terrible était arrivé. « Dina… Kuza… et Noji… ils… ils sont tous morts, Mikie. »

Mikie sentit son cœur se tordre, une douleur sourde s’installant dans sa poitrine. « Non… pas eux. Pas maintenant. » Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle se laissait emporter par la nouvelle tragique. Kenji avait déjà tant perdu, et maintenant, sa famille, sa petite sœur et son petit frère, qui avaient toujours été des rayons de lumière dans sa vie, avaient disparu.

« Je suis désolée, Mikie. Je ne savais pas comment te le dire… » continua sa belle-mère, sa voix saccadée par les sanglots. « Nous devons nous retrouver. Je veux que Kenji soit là. Je… je pense qu’il a besoin de nous. »

Mikie acquiesça, bien qu’elle sache que Kenji ne serait pas capable de faire face à cette perte. « Je… je vais essayer de lui en parler. Merci de m’avoir informée, » réussit-elle à dire, sa voix brisée.

La conversation se termina, et Mikie se sentit perdue. Elle se tourna vers Kenji, qui était encore dans leur chambre. Elle hésita, ne sachant pas comment lui annoncer la tragédie. Après tout ce qu'il avait traversé, elle avait peur que cette nouvelle ne soit la goutte d'eau qui ferait déborder le vase.

Elle entra lentement dans la chambre, où Kenji était affalé sur le lit, le regard vide fixé au plafond. Les jours s’étaient écoulés sans qu’il ne fasse un véritable effort pour se lever ou s’habiller. Son hygiène avait commencé à se dégrader, et il semblait plus désincarné que jamais.

« Kenji, » commença Mikie d’une voix douce, « je… j’ai reçu un appel de ta mère. Elle a… elle a des nouvelles… »

Il tourna lentement la tête vers elle, ses yeux fatigués remplis d’inquiétude. « Quoi encore ? » demanda-t-il, la voix rauque.

« C’est à propos de Dina et Kuza… »

À ces mots, Kenji se redressa légèrement, une lueur de crainte traversant son regard. Mikie continua, sa voix tremblante. « Ils… ils sont morts, Kenji. Dans un accident de voiture. »

Le visage de Kenji blêmit, et il resta silencieux, comme si le temps s’était arrêté. Mikie vit ses yeux s'emplir de larmes, et avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit d’autre, il se leva, laissant échapper un cri de désespoir, un son qui lui déchira le cœur.

« Non, non, non ! » s’écria-t-il, se précipitant vers le mur. « Pourquoi ? Pourquoi tout cela m’arrive-t-il ? »

Il frappa le mur de son poing, la rage et la douleur mêlées sur son visage. Mikie s’approcha prudemment, essayant de le calmer, mais il était emporté par un flot d’émotions qu’elle ne pouvait pas contrôler.

« Kenji, je suis là, je suis là, » murmura-t-elle, les larmes roulant sur ses joues. Mais il ne l’entendait pas. Il s’effondra sur le sol, la tête entre les mains, pleurant à chaudes larmes, son chagrin palpable.

Les jours qui suivirent furent une descente dans l’obscurité. Kenji s’enferma dans un silence accablant, refusant de parler à qui que ce soit, même à Mikie. Il passait ses journées à ne rien faire, la tristesse le rendant presque invisible. Chaque fois qu'elle essayait de l’approcher, il la repoussait, s’enfermant dans un mutisme qui ne faisait qu’accentuer son désespoir.

Mikie était au bord de l’épuisement. Elle devait jongler entre son travail, les factures, et le chagrin de Kenji. Les dettes s’accumulaient à un rythme alarmant, et elle savait qu’elle devait agir. Mais à chaque fois qu’elle voyait Kenji s’enfoncer un peu plus, son cœur se brisait un peu plus aussi.

Elle pensa à l’idée de trouver un psychologue pour lui, mais la réalité était cruelle. Les consultations coûtaient cher, et avec toutes les dettes qu'ils avaient accumulées depuis le procès, elle ne pouvait même pas envisager cette option.

Un soir, alors qu'elle rentrait du travail, Mikie trouva Kenji sur le sol, le dos appuyé contre le lit, le regard vide fixé sur un point. Elle s’accroupit à ses côtés, hésitant à briser le silence.

« Kenji… » murmura-t-elle, caressant doucement son bras. « Je sais que c’est difficile, mais… je suis là. Tu n’es pas seul. »

Il tourna lentement la tête vers elle, ses yeux rougis par les larmes. « Tu ne peux pas comprendre, Mikie. Je les ai perdus. Ma famille… je suis seul maintenant. »

« Non, tu n’es pas seul, » insista-t-elle, sa voix tremblante. « Je suis ici avec toi. Nous pouvons traverser cela ensemble. Mais tu dois me parler. Je veux t’aider. »

Kenji secoua la tête, sa douleur évidente. « Que peux-tu faire ? Je suis brisé, et je ne sais même pas si je veux être réparé. »

Mikie sentit une nouvelle vague de désespoir l’envahir, mais elle ne pouvait pas abandonner. « Kenji, je sais que tu ressens cela maintenant, mais la vie continue. Ils auraient voulu que tu vives, que tu te battes pour nous deux. »

Il la regarda, le regard désabusé, mais une lueur de compréhension sembla briller brièvement dans ses yeux. « Que dois-je faire, alors ? »

« Je ne sais pas, mais nous devons essayer. Peut-être que parler à quelqu’un pourrait t’aider. Je suis prête à tout pour toi, même si cela signifie trouver un psychologue. »

Kenji ferma les yeux, semblant peser ses mots. « Je ne peux pas te laisser porter tout ça seule, Mikie. Je… je ne sais pas comment me relever. »

Elle prit une profonde inspiration, déterminée. « Je vais trouver une solution. Je vais chercher des ressources, peut-être des organisations qui offrent des services de counseling gratuits ou à faible coût. Je te promets que nous ne laisserons pas la douleur nous détruire. »

Les larmes aux yeux, Kenji hocha lentement la tête, comme s’il acceptait sa détermination. Mikie sentit une étincelle d’espoir renaître en elle. Elle savait que le chemin serait long et difficile, mais elle était prête à se battre pour eux deux. Elle devait trouver la force d’avancer, pour elle et pour Kenji.

Ce soir-là, alors qu’ils étaient assis côte à côte sur le sol de leur chambre, Mikie se mit à réfléchir à des solutions. Les dettes et les difficultés financières pesaient sur ses épaules, mais elle avait aussi l’espoir de trouver une issue. Elle se promit de ne jamais laisser Kenji sombrer dans l’obscurité sans elle.

La vie continuait, même dans la douleur, et elle était déterminée à montrer à Kenji que la lumière pouvait encore percer à travers les ténèbres, s’ils avaient le courage d’avancer ensemble.