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Chapitre 11

Le mois avait été marqué par un sombre tourbillon de désespoir. Kenji, dans sa quête désespérée d’échapper à cette existence qu’il jugeait insupportable, avait entrepris un nombre incalculable de tentatives de suicide. Chacune d’entre elles avait échoué, mais à chaque fois, Mikie avait ressenti le choc, la peur et une tristesse profonde, de plus en plus accablante.

Chaque matin, elle se réveillait avec cette angoisse sourde, se demandant si cette journée serait celle où Kenji parviendrait enfin à se libérer de ses chaînes. Les blessures qu’il s’infligeait étaient un cri désespéré, un appel à l’aide qui, pourtant, ne semblait pas parvenir jusqu’à elle. Les cicatrices sur sa peau, vestiges de ses échecs, lui rappelaient inlassablement le combat qu’il menait, mais aussi le danger qui planait sur leur existence.

Mikie ne reconnaissait plus son mari. Celui qui rentrait autrefois du travail avec un sourire radieux, impatient de retrouver sa femme adorée, avait disparu. À la place, elle avait devant elle une silhouette hirsute, le regard vide, semblable à une coquille abandonnée. Les éclats de rire, les conversations légères et les rêves d’avenir avaient été remplacés par des silences pesants et des soupirs résignés. Kenji n’était plus que l’ombre de lui-même, une figure sombre errant dans leur maison, souvent perdu dans ses pensées, sans but, sans vie.

Elle se tenait parfois à distance, observant ses gestes lents, presque automatiques, se demandant ce qui se passait dans son esprit. Quelles pensées noires le tourmentaient ? Quelle souffrance se cachait derrière ce visage devenu inexpressif ? Les souvenirs des moments heureux se mélangeaient à la réalité dévastatrice de leur situation. Les rires, les soirées passées à discuter de leurs rêves d'avenir, tout cela semblait appartenir à une autre vie, une vie où le bonheur était encore à portée de main.

L’une des nuits les plus marquantes, Mikie avait été réveillée par un bruit sourd venant de la chambre. En se précipitant, elle avait découvert Kenji, une lame à la main, tentant de mettre fin à ses souffrances. Elle avait crié, son cœur battant la chamade, et en un instant, elle avait saisi son bras, l’implorant de ne pas faire cela. Les yeux de Kenji, normalement si chaleureux, étaient alors vides et désespérés. Il avait reculé sous le choc, la lame tombant au sol, mais la peur de Mikie était restée, ancrée dans chaque fibre de son être.

Malgré tout, Mikie continuait de s'accrocher à l’idée que l’homme qu’elle avait épousé était encore là, caché quelque part derrière ce mur d’obscurité. Elle cherchait désespérément des moyens de le ramener à la vie, à elle. Elle avait essayé de lui parler, de lui rappeler les souvenirs heureux, de lui dire qu'il y avait encore de l'espoir. Mais chaque tentative avait été accueillie par un silence glacial, une indifférence qui la blessait profondément. Kenji ne semblait même plus entendre sa voix.

Les jours s’écoulaient dans un flou, et chaque minute qui passait creusait le fossé entre eux. Mikie avait commencé à ressentir une peur profonde envers cet homme qui, autrefois, était son amour. Il y avait des moments où il se retournait brusquement, un éclat de rage dans ses yeux noirs, des cris et des insultes s'échappant de ses lèvres. Ce n’était plus le Kenji aimant qui l’avait connu aujourd'hui. À ses malheureux 24 ans, Mikie n'était pas devenue la femme qu'elle rêvais d'être. Une femme aimante avec deux petites filles heureuses et un mari pleins d'amours,au lieu de ça, tous des rêves étaient partis comme de la vapeur.