Chapitre 4: Confusion

Odessa

Je me réveille et il n'est pas là. C'était peut-être un cauchemar tout ça. J'ai mal utilisé mes protections, quand j'ai fait ces muffins au LSD et d'une certaine façon, j'en ai ingéré et c'est resté très longtemps dans mon système sanguin. On va dire ça oui, nique la logique, j'ai besoin que ça ne soit pas vrai. Je me lève et la vision de sa valise me gifle. C'est vrai. Je cours presque dans la salle de bain pour ne pas penser.

Des minutes après mon passage je sors après m'être habillée. J'ai mis un crop top violet pastel et une jupe haute en faux cuir orange pastel. Elle est mini, mais elle m'allait un peu grand. En plus, c'était la plus large pour ne pas compresser ma plaie que j'ai pu trouver aussi rapidement, après avoir quitté la salle de bain. En sortant pour me rendre dans l'espace salon-cuisine, je tombe presque littéralement sur Mars. Je me retient de respirer une seconde.

En me calmant je remarque qu'il a un verre de jus. Je suppose qu'il a fini la bouteille de jus d'ananas. Je recule, mais il s'approche et me fait encore retenir ma respiration quand il attrape une des lettres en plastique de mon collier multicolore. Il lève un de ses sourcils et commente:
-"Angel" hein? En plus d'être une fashion victim, t'es une menteuse. Super.

Je fronce les sourcils. Comment il sait ça aussi? Il me dit:
-Me regarde pas comme ça. J'ai vu des trucs assez créatifs dans l'armoire, je vais te l'accorder. T'aimes pas le basique.

J'ai pas pu dormir aussi profondément pour qu'il puisse fouiller mon armoire à mon insu. Il doit aussi être cambrioleur. Irritée, je lui dis:
-Fouille pas mon armoire.

Sale connard. Il rit puis me dit menaçant:
-Tu vas rien faire.

Contenant ma tempête à l'intérieur, je garde le silence. Il demande plus légèrement:
-Donc on fait quoi? On regarde une série en foutant rien jusqu'à la prochaine livraison?

Honteuse de ma vie ennuyante je réponds:
-Un peu oui.

Il me lance un sourire moqueur puis va dans la cuisine ouverte en disant:
-Viens.

Je ne bouge pas, donc il gronde:
-Je crois que je t'ai dit quelque chose.

Je soupire tendue, je veux tellement sa mort. Je m'approche et il finit son verre avant de me dire:
-Je vais pas rester là à rien foutre, comme tu passes ta vie à le faire. Montre-moi comment cuisiner un truc.

Je passe de mon envie de meurtre à me retenir de rire. Je réponds:
-Quoi?

Cet idiot réplique agacé:
-T'es sourde? Tu me montres ça ou tu vas me montrer tes seins.

J'écarquille les yeux choquée et dis:
-T'as dit que t'étais pas un obsédé en manque.

-Je serais pas violent, tu le feras avec plaisir crois-moi. Alors? Ton choix.

J'ai aucune envie de découvrir comment, donc je demande:
-Cuisiner quoi?

Son air pensif lui donne un air de photo de magazine. Avec son regard bicolore encadré par de longs cils sombres, les lignes de son visage et ses lèvres voluptueuses...un magazine publié en enfer oui. Réveille-toi putain. Je suis tellement superficielle. Il répond:
-Tu sais les rectangles avec du blanc et du noir? C'est un truc français.

-Les mille-feuilles, c'est pas facile.

-Parfait, vu que tu m'ennuies, j'aurais de quoi m'occuper.

Je serre les dents avant de dire:
-Je...on doit aller acheter des ingrédients.

On sort et quand on atteint le premier ascenseur de l'étage pour se rendre au magasin, je regarde les gens attendant aussi. Je pourrais demander de l'aide, une légèreté optimiste m'investis à l'idée. Comme s'il y avait pensé, Mars se penche et me chuchote:
-N'y pense même pas.

Ma respiration ralentit et je ne réponds pas. Finalement, après le trajet rapide au milieu de gens souvent joyeux, on arrive dans le supermarché du secteur. Il est animé par un tas d'hologrammes donnant des infos, des promos et faisant la pub de nouveaux produits.
Comme un kit de remodelage du nez...ça a l'air flippant. Mars regarde autour comme un ignare qui vient de découvrir l'endroit, quand il n'a pas l'air franchement ennuyé par les robots d'aide. En même temps, c'est le deuxième qui roule jusqu'à lui. Ils ont dû repérer son air idiot.

On commence à se servir avec la liste sur nos téléphones. Il prend le lait puis se tourne vers moi en fronçant ses sourcils à la forme déjà opiniâtre. Il me dit:
-Putain les produits animaliers sont chers maintenant. C'est sûrement le double de la dernière fois que j'en ai achetés. C'est quoi ce bordel?

Il a fait ses courses il y a un siècle ou quoi? Je dis:
-Ouais...

Il m'ignore et lit:
-Beurre.

-C'est là.

Je me déplace pour prendre un bloc et le mets dans le panier. Il regarde là où je l'ai pris et dit:
-Je doute qu'il y ait des barres en or dans cette merde donc...

J'essaie de ne pas rire. Pourquoi j'ai envie de rire à cause du gars qui m'a marquée comme du bétail, pendant que je fais des courses pour cuisiner avec lui? C'est pas possible, c'est absurde. Je soupire et avance derrière lui. Quand on prend le sucre, il marmonne:
-Je sais que c'était pas autant.

-Ça, c'est resté stable pourtant. Ça n'a pas beaucoup augmenté.

Il répond:
-Mais ça a quand même augmenté.

-Sûrement, de toute façon je vais pas me faire ruiner par du sucre.

Il m'apprend:
-On paye tout maintenant.

-Quoi? Non.

Il me dit plus durement:
-Si, on s'occupe de cette partie aussi, donc t'as pas d'excuses pour rien foutre. Et commence pas à casser les couilles. On prends tes ingrédients et on se casse.

Je réplique provocatrice:
-C'est pour ça que tu te plains des prix?

Il ricane et réplique:
-Je te pensais pas aussi conne. On pourrait acheter ce supermarché plusieurs fois, mais ça change pas le fait que ce truc est cher.

Je fume de colère de l'intérieur tandis qu'il attrape les gousses de vanille en disant:
-Ça aussi c'est en or on dirait.

-Tu parles vraiment comme si tu faisais jamais les courses, ou pas depuis longtemps.

-Parce que je les fais pas.

Je ne peux m'empêcher de dire sarcastique:
-C'est pour le petit peuple hein?

Il étire ses lèvres voluptueuses et répond:
-Je suis un astre, pas un simple mortel.

-Oh oui, Mars. J'avais oublié ton petit surnom.

Je fais rouler mes yeux au ciel et il dit menaçant:
-Là maintenant, j'ai envie de foutre ta tête dans le bassin à poissons de l'entrée. Jusqu'à ce que tes poumons se remplissent d'eau.

Mon estomac se tord et pendant une seconde je ne respire pas. J'ai envie de jeter cette ordure de Mars à des piranhas.

De retour à l'appartement pendant qu'on met les courses sur le plan de travail, il dit:
-T'as vraiment troqué tout l'espace pour cette cuisine.

-Oui logiquement.

À ma surprise au lieu de me menacer, il dit:
-Ouais, je suppose.

On commence à mixer la pâte dans le robot et ma plaie recommence à brûler, plus que la normale. Je serre les dents et expire longuement. Je pourrais mettre la main de Mars dans mon mixer là. Ok, calme-toi Odessa.
Au bout d'un moment à plier la pâte comme je lui ai montré Mars dit:
-Je vais faire ça jusqu'à crever?

Je ne peux retenir mes lèvres de s'étirer un peu et dis:
-Non, encore une fois et c'est bon. Je t'avais dit que ça serait dur.

-Ouais si tu le dis. Je fais quoi maintenant?

-Tu piques partout avec la fourchette et ça va au four.

Quand il a fini, il dit:
-C'est bon, je continue seul.

Il finit la crème assez vite. Il est moins nul que ce que je pensais. Je me demande s'il cuisine chez lui. Je le vois mal faire ça entre deux carnages quand même. Je me demande toujours si c'est lui qui a éviscéré le chef des Sand Demons. The world avait revendiqué qu'on s'en était chargé "personnellement", sûrement pour intimider les autres. En regardant le profil harmonieux de Mars, je dis:
-Ok maintenant on va attendre la fin de la cuisson.

Il s'éloigne et je l'imite en sortant mon téléphone aussi. J'écoute du R&B alternatif avec de la guitare me calmant jusqu'à ce que l'alarme agressive y mette fin. Mars qui l'a entendue me regarde. Je lui dis:
-Çabdoit refroidir.

Il replonge son regard dans son téléphone et je sors les couches de pâte feuilletée. Au bout d'un moment je dis:
-C'est bon.

Il me rejoins et je lui dis:
-Ok tu mets toute la crème dans la poche à douilles, là ça sera plus dur. Tu vas devoir faire des lignes collées ensemble sur le feuilletage.

-Facile.

Il se rate rapidement avec des lignes non droites. Ce n'est pas comme celles qu'il a tracées sur ma peau. Je me retiens de ricaner et il me dit:
-Ok laisse-tomber, fais-le.

Je prends la poche et pendant que je m'exécute je le sens passer derrière moi. Qu'est-ce qu'il fout? Il est près. Il regarde mes tresses? Il n'a jamais vu de tresses plaquées avant? En sentant sa chaleur si près derrière moi, je me tends. Je décide de faire comme si de rien n'était et dis en m'efforçant de finir.
-Et c'est...c'est bon.

Je sais qu'il est si proche que je ne peux pas bouger sans le toucher. Je ne veux même pas imaginer sans toucher quoi. Il va sûrement en profiter pour faire quelque chose. Une jupe c'est facile à lever en plus. Ok, on va se calmer et continuer, il va finir par bouger. Je poursuis ma préparation. Je fixe le plan de travail brun verni, tandis qu'en m'écoutant encore moins parler qu'il ne doit le faire je dis:
-C'est le glaçage.

En sentant toujours la chaleur de son corps, derrière-moi, je tire les lignes en chocolat avec la pointe du couteau. J'ai fini. J'ai l'impression que mon corps se bat pour bouger sous la pression, tout en étant sur le point d'exploser. J'ai maintenant le souvenir d'hier qui passe.
Quand j'ai senti sa virilité contre mes fesses. Mon corps s'agite intérieurement de plus belle en y repensant, et il y a sa chaleur derrière moi. Je dois le faire bouger. Est-ce que tout à l'heure il a raté les lignes de crème exprès pour se mettre ici? Je tourne un peu la tête sur le côté, même si je ne le vois pas bien. Je demande difficilement:
-Tu pourrais bouger?

Il se penche de l'autre côté et dit dans mon cou:
-Tu veux que je bouge?

Malgré moi, son ton grave plein de luxure a mis le feu à mon intimité. Qu'est-ce que ce foutu corps fait et qu'est-ce qui ne va pas chez moi? Soudain, venant de derrière, ses doigts tièdes glissent sur la partie découverte de mon ventre. Ils effleurent ensuite mes côtes et ma poitrine. La lingerie fine ne me protège pas de son toucher léger.
Ma respiration ralentit et je ferme les yeux, tandis que la chaleur augmente entre mes jambes où ma chatte palpite.

Maintenant, ses doigts des deux mains glissent sur mes tétons qu'il a sûrement trouvés facilement, car ils ont durci. Je retiens un gémissement. Je me surprends à m'appuyer contre son corps fort et chaud. Non. Réveille-toi. Je bouge et attrape ses bras musclés aussi fort que je le peux. Comme pour me défendre, je lui ordonne fermement:
-Tu devrais bouger.

Il répond sur un ton léger:
-Bien sûr.

Je le lâche et il s'éloigne enfin. Je respire plus profondément. Qu'est-ce qu'il serait arrivé si je ne l'avais pas arrêté? Sa bouche, son corps...putain Odessa. J'ai honte maintenant. Comment je peux faire ça si vite et facilement après ce qu'il m'a fait? C'est la même personne sans le masque, le même. Je continue de fixer ce maudit grand mille-feuille tandis que la honte me submerge.
Comme pour me punir, ma blessure fait soudain des siennes. Pourquoi j'ai pas mis de cannabis dans ce millefeuille pour ma douleur? Je ne pense jamais. Justement, la douleur augmente. Elle ne pouvait pas revenir tout à l'heure pour me réveiller? Je grimace en sortant un peu plus de l'état dans lequel Mars m'a mis, que ce soit pour la blessure ou pour...l'incident. C'est comme des vapeurs toxiques. Soudain, il m'appelle:
-Odessa!

Je me tourne et il me donne un vieux modèle de téléphone jetable en disant avec sérieux:
-C'est ton nouveau téléphone et remets-toi au taf. T'as des meringues à faire. La personne a dit "un dosage de malade" pour le LSD, elle a écrit ça.

-Ah merde, j'en ai plus...

-On en a.

Il part dans la chambre puis revient avec une grande bouteille au liquide transparent. Sur une étiquette, il y a écrit "100 microgrammes par millilitre". Ils ont même une étiquette, c'est fou. Avec ce que moi j'avais en beaucoup plus petit, je ne connaissais même pas bien la concentration et j'ai dû faire des tests. Et encore, ça variait d'une bouteille à l'autre. J'ose pas imaginer ce que Mars a d'autre. Je marmonne:
-Si on se fait attraper, on est tellement morts.

Il réplique:
-Tu penses vraiment que c'est un problème? Maintenant bosse.

-Ça prendra même pas de temps, c'est des meringues.

-Super, parce que d'autres commandes vont arriver. Les jours où tu te roulais les pouces sont finis mon sucre.

Je répète outrée:
-Mon sucre?

Il reprend son téléphone en disant:
-Ouais, maintenant bouge.

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