Chapitre 11: Désillusion

Odessa

Eros, c'est l'amour physique ou le désir sexuel. Le genre d'amour qui implique de la passion, de la luxure. Parfois de la romance. Je me rappelle ça de l'exposé que j'avais osé faire à 12 ans, la prof était dans un état pas possible. Les autres, eux, étaient contents de s'amuser un peu. Les choses allaient à peu près bien pour moi à cette époque et je faisais les choses sans ruminer. Je voulais étudier les relations malgré le fait que je n'en avais jamais eu. Je l'ai fait pendant une phase où j'étais sur la psychologie et j'en avais conclu que mes parents d'accueil allaient divorcer. Mais un poisson rouge aurait pu le deviner aussi. En voyant ça, je me suis promis de ne jamais me mettre avec quelqu'un juste parce que j'allais avoir son bébé, comme ils ont fait.

De toute façon, même si j'ai couché avec un criminel instable, la médecine moderne fait que je ne serais pas liée à lui ma vie entière. J'aimerais aussi que la médecine moderne puisse tuer mes pensées bizarres et confuses. La façon dont il m'a embrassé, c'était du désir sexuel. Il n'y a pas d'affection juste parce qu'il me parlait avec douceur, pour obtenir ce qu'il voulait, ce dont il avait besoin à ce moment-là. Le seul amour qu'il pourrait ressentir au mieux, il est physique. Je ne pense pas que je sois une personne qui se contente de l'amour physique seulement. Bien sûr, sinon je ne serais pas en train de faire un trip là-dessus. Je m'arrête de trop penser pour regarder les parois à peine éclairées du tunnel, ayant une odeur âcre.

Je distingue un graffiti coloré d'une femme au corps plantureux. Elle est assise en bikini au milieu du désert. Je soupire d'exaspération. Dans l'obscurité, je dois suivre Mars que j'évite ironiquement le plus possible. Je fais de mon mieux pour ça depuis ce qu'on va appeler "l'incident". C'est pas facile dans la boîte d'allumettes me servant d'appart. Je ne sais même plus depuis quand on avance, dans le réseau de tunnels juste en dessous du Nexus. Le centre commercial de la cité. Il est plein de choses, allant des magasins aux sièges de start up. Bien sûr, il est situé du côté droit, chez les plus fortunés.

On descend des escaliers dans lesquels je fais attention de ne pas tomber avec la lampe de mon téléphone. Il n'y a même pas de lumière de ce côté-ci et ça me rend tendue et appréhensive. J'éclaire un peu Mars dont le faisceau est sur le boitier. Cette fois, il scanne son doigt avant sa carte, ce qui ouvre la porte coulissante. L'endroit dans lequel on entre m'aveugle un peu comme avant chez Via, à cause du contraste avec les tunnels infernaux.

Il y a une bonne odeur fraîche et même marine. J'ouvre un peu plus les yeux sur une déco moderne aux meubles ayant des formes arrondies. Ils ont des couleurs claires qui détonnent avec l'un des murs qui est brut. C'est sûrement fait exprès, ou bien ils font avec ce qu'ils ont, je suppose. Au centre, il y a des gens nous regardant depuis ce qui semble être une île d'appareils électroniques, dont beaucoup d'ordinateurs.
Avant que je ne l'évite, Mars m'a dit qu'ils connaissaient le monde souterrain des deux côtés d'Elys comme s'ils l'avaient construit. C'est un peu vrai justement, car ils y ont fait certains de ces tunnels et constructions. Il y en a tellement, que je me demande si ce n'est pas aussi un labyrinthe pour perdre les gens qui n'ont rien à faire là. Je me demande qui est le Minotaure. Je me demande aussi si The world a des ennemis et si oui, où ils peuvent bien se cacher.

On s'approche de l'ensemble d'ordinateurs dernier cri sur une table géante, à côté d'autres machines. L'une d'elles m'a l'air d'être une imprimante 3D, comme celles qu'on avait appris à utiliser en primaire pour une activité spéciale. C'est pas commun. Il y a parmi les trois personnes une belle femme à la peau aussi sombre que moi, mais avec un sous-ton plus chaud tirant légèrement vers le rouge.
Elle a un piercing en anneau, sur le côté de son nez rond et un peu plat et surtout elle a des cheveux blonds, très clairs et ondulés. Avec sa peau, le contraste lui va. Ça me rappelle un peu Kira. C'est sûrement une mode que j'ai ratée dans le monde du crime. Avec un sourire qui révèle un petit espace entre ses dents de devant elle crie, enjouée:
-Mars!

Je n'arrive pas à croire que tous ces gens l'apprécient. Il répond avec une joie inhabituelle dans la voix:
-Salut, Lena, tu vas bien?

Elle répond:
-Comme toujours et toi?

Il lui dit:
-Ça va.

Il y a aussi un gars roux qui doit avoir mon âge, il a une cicatrice qui traverse son sourcil. Bizarrement, ça lui va bien. Avec son regard noir et vif sur nous, il lance:
-Salut Mars. Ça va?

Mars sourit et lui répond:
-Ouais et toi Mateo?

Mateo s'apprête à répondre quand le troisième lance plus calmement que les autres:
-Salut Mars.

C'est un homme à la peau plus sombre que la mienne. Il a aussi des tresses plaquées comme moi, mais plus petites. Je ne le vois pas super bien à cause de sa position derrière l'écran. Mars dit:
-Toujours aussi chill Miguel.

Ce dernier répond tranquillement:
-Comme d'hab.

L'attention de Lena sur moi ne faiblit pas. Son sourire amusé me met mal à l'aise. Elle finit par dire:
-Du coup Mars, c'est qui cette demoiselle? Tu m'as jamais dit que t'aimais bien les filles noires?

Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression qu'on vient de taper dans mon estomac. En fait si, je sais, c'est tellement bizarre ce qu'elle vient de sortir. Je n'arrive pas encore à déterminer pourquoi, mais je trouve ça bizarre. Mars se contente de répondre avec un léger sourire:
-Pourquoi ce serait un truc étonnant? Mais vu que tu dis ça, j'aurais enfin ma chance Lena?

Je me retiens de froncer les sourcils. J'ai vraiment un gros problème. Lena rit puis lui met sa belle alliance sous le nez en disant:
-Toujours mariée.

Mars répond avec son sourire ravageur:
-Tellement jeune.

Elle rit et dit:
-L'amour n'a pas de timing.

Mars conclut:
-Je suppose, en attendant elle n'est pas avec moi. Il n'y a rien entre nous.

Je ne devrais pas, mais je me sens à nouveau frappée et serre les dents. J'ai trop honte en plus de ça. Je tente de regarder ailleurs comme si je m'en foutais. Mars dit sur un ton moqueur:
-Vous pouvez l'appeler Chou.

J'en ai marre. Pourtant Lena ne relève pas le ridicule du nom et dit nonchalamment:
-Ok.

Miguel, son collègue aux tresses, lui, a levé les sourcils. Mateo a souri comme un idiot en plissant son regard sombre. Mars prend une chaise à côté de Lena et demande:
-Alors vous en êtes où pour l'instant?

Ils commencent à parler d'un système de sécurité. Je ne sais pas quoi faire, donc je prends la chaise la plus proche, près de Mateo. Mais pas trop proche non plus. Avec un sourire espiègle me rappelant un peu l'autre démon, il me dit:
-Hey.

Je réponds avec un sourire timide:
-Salut?

Il me demande:
-T'as une idée de là où tu te trouves au moins?

-Un genre de...planque pour des cybercriminels?

Ses yeux obsidienne se plissent avec son rire et il me répond:
-C'est à peu près ça, mais on peut aussi faire des choses amusantes.

Mon côté immature sourit et je dis amusée:
-Vraiment?

-Ouais, tu veux voir?

Curieuse, j'approche ma chaise et demande:
-Qu'est-ce que tu vas faire?

-Je pourrais rendre la majorité des lumières de la cité arc-en-ciel.

La gosse en moi répond intéressée:
-Vraiment?

-Ouais, tu veux voir?

Je hoche la tête et il ouvre une console de code pour écrire des lignes magiques, quand l'autre connard s'approche en disant:
-Mateo arrête d'essayer d'impressionner les filles, t'es censé infiltrer ce système de sécurité.

Mon sourire meurt et Mateo répond:
-Roh, je suis déjà dedans seigneur Mars.

Ce dernier ne pète pas les plombs. À la place, il s'approche pour poser les yeux sur l'hologramme ayant apparu, au-dessus du disque, près de l'ordinateur et donc de moi. Je m'éloigne pour le laisser observer ce truc. Je ne peux vraiment pas le supporter dernièrement. Je regarde de loin. L'hologramme affiche un lieu avec des gens se déplaçant à l'intérieur, comme dans une maison de poupée. Soudain, les gens disparaissent. Mars ne quitte pas la structure des yeux en disant:
-Parfait.

Il crie aux deux autres:
-Hey! Il l'a eu!

Lena et Miguel s'approchent et je m'éloigne plus. Je reste tout de même assez près pour entendre ce qu'il se passe. Ils commencent à parler de la naissance d'un plan. Je devrais m'éloigner parce que je n'ai aucune implication là-dedans. En plus, ça sonne impossible d'après la configuration du coffre de cet endroit se trouvant être le Golden Mirage, le casino du côté droit. Il a plusieurs combinaisons, un système d'empreintes, et je ne sais quoi d'autre. Ne parlons même pas de comment y accéder avec les capteurs, les employés de sécurité, les tunnels menant au coffre faits pour vous perdre et encore plus. Pourtant je reste assise à écouter non loin.

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