Chapitre 1: Détresse
"C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de cinquante étages.
Le mec, au fur et à mesure de sa chute, se répète sans cesse pour se rassurer: jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien.
Mais l'important n'est pas la chute, c'est l'atterrissage."
-La Haine
Odessa
J'ouvre la boîte de réception cryptée du site auquel j'accède, grâce à un réseau complexe de gentils serveurs censés me rendre anonyme. Grasshopper23, une habituée m'attend dans 30 minutes, comme convenu. Elle a changé de gâteaux cette fois, pour des macarons. D'habitude, elle prend des trucs simples, comme des brownies ou des cookies. Mais elle demande une bonne dose de cannabis dedans.
Malgré tout, elle préfère la plante à l'extrait de THC plus puissant, c'est le principal composé psychoactif du cannabis. Ce qui nous transporte, on va dire. Bizarrement, mes clients semblent préférer la touche herbacée presque imperceptible au trip multiplié de l'extrait. De toute façon l'extrait de THC qu'on trouve le plus à Elys ne contient pas de CBD qui aide avec la douleur. Cette femme que je dois retrouver dit justement qu'elle prend ce que je vends pour ses douleurs chroniques. C'est pourquoi elle a sûrement fait le bon choix.
Je ne sais pas vraiment pourquoi elle s'est justifiée l'autre jour, par rapport à ses douleurs. Ce qu'ils font avec ce que je vends, je m'en fous un peu, enfin...
J'essaie de ne pas utiliser des drogues hallucinogènes en quantité trop fortes, histoire de soulager ma conscience. M'imaginer que l'un d'entre eux tombe d'un des ponts de notre cité, en délirant me tord l'estomac. Pour la même raison je ne touche pas aux drogues dures.
Je ne vais pas non plus prendre le risque d'être contaminée par une de ces substances à cause des vapeurs, particules et le reste. Je veux encore moins empirer la vie de quelqu'un. Peut-être même, le tuer.
Aussi, j'ai pas vraiment envie de me fournir auprès des gens dont j'ai entendu parler. Les hommes de l'organisation criminelle, The world, ils n'ont pas l'air commodes du tout et ils ne dealent pas avec n'importe qui de toute façon. Surtout pas avec moi et mon petit statut. En quelques minutes, après avoir pris un des ascenseurs nous transportant verticalement et horizontalement à travers nos parties respectives d'Elys, je traverse un pont. Il y en a plein ici, qui relient les deux façades de la cité.
Elys est constituée de deux longues structures qui se font face comme deux lignes parallèles. Deux bâtiments très grands et vastes. De plus, entre les extrémités des deux structures linéaires, elle est fermée. Cela forme une sorte de rectangle.
Elys est assez récente, elle a été construite ici dans le désert américain du Mojave, au milieu du 21ème siècle, des dizaines d'années avant ma naissance. Elle a été financée par tout un tas de gens riches et copiée sur une cité en Arabie Saoudite.
Justement ce que ces deux villes ont en commun c'est les grosses fortunes. Elles contrastent avec les gens qui bossent pour elles. Cette opposition est visible. La "ligne gauche" ou structure gauche d'Elys est là où l'on trouve la majorité des travailleurs. Il ne s'agit pas d'un endroit à l'abandon et défavorisé, sinon ça ne serait pas la belle Elys. Pourtant à côté de la "ligne droite" où tout est plus cher et grandiose, notre "ligne" est fade.
Le truc drôle, c'est que ces gens blindés peuvent être tellement sauvages, qu'aux débuts d'Elys c'était eux qui n'arrêtaient pas de s'attirer des problèmes avec la loi. Ça, c'est surtout parce qu'il y avait des drones avec des caméras partout, ça devait être comme une sorte de dystopie. Bien sûr, ils se sont plaints. Sans surprise, "Messieurs et mesdames dollars", n'ont eu qu'à demander et ils ont reçu. Plus de caméras partout. Franchement, je m'en plains pas et la plupart des criminels non plus, je suppose.
Les seules caméras restantes se trouvent dans les magasins et les propriétés privées. Même les enfants n'ont plus droit aux drones, même si finalement des gens en font rentrer en douce pour s'amuser avec ou même espionner les autres. Ils se retrouvent donc à payer une amende salée s'ils se font attraper...
Dans l'obscurité naissante j'atteins l'un des nombreux parcs construits pour nous faire croire que ce lieu a quoi que ce soit de naturel, un vaste endroit plein de verdure situé au sol entre les "lignes". Je sonde les alentours sombres des yeux, dont la lampe du chemin beaucoup plus loin. Pas de silhouette, je ne vois pas Grasshopper23 dans les parages. Le point de rendez-vous est désert, à cette heure presque tardive. Je pense à sortir mon téléphone pour ouvrir le chat textuel, quand un poids tombe sur ma poitrine et mon estomac fait un bond.
Tout ralenti tandis que j'observe deux policiers approcher. Des putains de policiers. Malgré le choc me saisissant et la faiblesse dans mes jambes, je me retourne. J'essaie ensuite de m'éloigner de façon non suspecte. Mais en marchant rapidement malgré ma difficulté à respirer, je distingue plus loin deux autres officiers qui arrivent. C'est sûr qu'ils sont là pour moi. Eux tous? Putain je suis dans la merde. Un des policiers à la chevelure fantôme me rejoint et dit de sa voix calme, mais vibrante:
-Bonjour, est-ce qu'on pourrait voir votre sac s'il vous plaît?
Ils ont le droit de faire ça? Ils peuvent quand les gens sont en voiture, dans les villes qui en ont et même dans les pods personnelles, donc bien sûr qu'ils peuvent Odessa. Je ne cours pas vite, gros point négatif pour une criminelle. Pour améliorer mon cas, ils pourraient avoir la gâchette facile avec moi et mon origine. C'est peut-être Elys mais ça reste l'Amérique. On a eu nos incidents avec les bavures. Je ne suis pas faite pour cette vie et c'est maintenant que je me dis ça? Putain ça marchait tellement bien depuis trois ans. Trois bonnes années sur 22 tours de soleil pour moi. Enfin au début...c'est pas le putain de moment. La mort dans l'âme, je donne mon sac, tremblante. L'homme en uniforme prend ma jolie boîte cylindrique rouge. Il l'ouvre et la bouche sèche je tente:
-Je viens d'acheter ça à la boulangerie.
Il sort un appareil ressemblant à un téléphone, sauf que ce n'est pas un téléphone. C'est un scanner à drogues. Cette saloperie est sortie il y a seulement quelques mois et ils en ont déjà. Bien sûr. Il fait passer la lumière rouge dans la boîte et j'entends cette balance électronique dire:
-THC identifié, 50 milligrammes.
J'halète. À Elys, toute forme de drogue est officiellement interdite. C'est sûrement à cause d'une philosophie de vie saine débile. En tout cas la mienne qui ne l'était déjà pas, va bien s'en éloigner. Je suis les têtes qui se tournent de certains hommes. Leur attention est portée vers une silhouette nous approchant. Le nouveau, est un peu éclairé par une lampe qu'un des policiers a sorti pour l'observer. Il ne porte pas d'uniforme, mais une tenue normale, ou presque à cause du visage. Il est grand avec des cheveux sombres et ce qui détone par rapport à sa tenue c'est le masque tactique noir recouvrant le bas de son visage avec son nez et sa bouche. D'une voix grave il lance aux policiers:
-Ok les gars, c'est fini.
Le policier chauve lui réplique agacé:
-Qui êtes-vous? Vous essayez de vous faire arrêter?
Le nouveau lui montre rapidement un écran que je ne vois pas bien. Il ressemble à celui d'un téléphone avec des écritures et des codes peut-être. Des photos aussi ? Quoi qu'il en soit, le policier range aussitôt la boîte dans le sac à dos en ordonnant:
-C'est bon les gars, il va s'occuper d'elle!
Ils s'en vont et je récupère mon sac. Je les regretterais presque face à l'imposant inconnu dont je vois à peine les yeux dans l'obscurité naissante. Justement, mes poils se hérissent. Le cœur et les veines battant, sans chercher à faire les présentations, j'essaie de courir. Mais il me rattrape aussitôt et je peux à peine couiner qu'il broie mon bras. Sa voix grave me dit:
-Toi, tu me suis.
Malgré mes jambes qui dysfonctionnent à cause de la peur, il m'entraîne vers les circuits des navettes de Vortex du côté gauche de la cité. On arrive devant un appareil assez cher d'Elys: sa propre pod de transport. Elle est faite pour naviguer sur notre réseau unique basé sur les anciens métros. De notre côté gauche de la cité, il n'y en a pas souvent, sauf si c'est une ambulance ou la police. La cité a été conçue pour les transports en commun à la base, jusqu'à ce qu'un certain groupe se plaigne. On a donc eu les pods.
Est-ce que ce type travaille pour la police ou c'est un gars fortuné qui va s'amuser avec moi? J'essaie encore de courir, mais il me secoue violemment et me jette au milieu de la structure ovale et divisée en trois qu'est le véhicule. Avant que je ne puisse m'échapper, la vitre de sortie se ferme et ne répond pas à mon toucher. Protection pour enfant, protection mon cul ouais. Il entre devant et la pod démarre. Elle part à la vitesse élevée habituelle de nos transports. Ils flottent sur des rails situés au-dessus du vide, tout en bordant chaque "ligne". Après mon moment de stupeur, la panique me tord l'estomac, me faisant faire ce qui m'arrive rarement. C'est-à-dire crier d'une voix tremblante:
-Qu'est-ce qu'il se passe?! On va où?!
Je n'ai pas d'ennemis ni de dettes, le seul truc qu'il y a avec moi c'est que je vends de la drogue dans des gâteaux. C'est quoi ce bordel? Le type ne répond pas, je le regarde dans le miroir, mais il est toujours masqué et a même sa capuche maintenant. J'aperçois à peine son regard à la teinte bizarre quand il bouge le miroir. Malgré la protection pour enfant je m'imagine sauter de l'appareil. C'est complètement fou. Finalement, on s'arrête.
Heureusement, avec le temps j'ai réussi à me calmer. Il me traîne dehors. Il broie encore mon bras. La grande allée bordant la façade gauche d'Elys devant laquelle on vient de s'arrêter est déserte. Personne ne peut voir ce qu'il se passe, pour l'instant. On se dirige vers les ascenseurs. On n'ira pas loin parce que ce n'est qu'un pauvre idiot. Je vais bien brailler devant les gens.
On finit devant les grandes portes d'ascenseur transparentes intégrées dans le mur blanc, lisse comme du verre.
C'est pas possible, il n'y a personne. Pas même des fêtards ou des cinglés qui font leur footing de nuit. Il n'y a rarement personne, les gens vont toujours quelque part dans cette structure. Non, il y aura forcément des personnes dans l'ascenseur au moins. Ils comprendront que quelque chose cloche avec la façon dont il me tient. Je ne compte pas trop sur le masque vu les gens. Il me dit doucement de sa voix grave et autoritaire:
-Je vais te lâcher, mais si t'essaies de faire la maligne je vais t'avoir. Et tu ne veux pas que ça arrive. Ok?
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne proteste pas et réponds doucement:
-Ok.
Il passe son pass sur le lecteur de carte de l'ascenseur qui émet le bruit habituel puis il tape la destination sur l'écran que je ne vois pas. Rapidement, un ascenseur arrive, vide. Tuez-moi. Enfin si ça se trouve il m'accordera mon vœu lui-même. Quelque chose cloche, c'est anormal. Ils ne sont jamais vides...et s'il l'avait trafiqué? Je n'en peux déjà plus de tout ça. Il m'entraîne dans l'habitacle spacieux et translucide. Il me lâche à nouveau tandis qu'à travers la face transparente de notre moyen de transport, je vois les étages défiler. Ils alternent avec les niveaux horizontaux. Le tout sans altérer nos sensations plus que ça.
J'ai l'impression que l'on peut entendre mon cœur cogner et qu'il y a encore cette tension dans mon corps. Je risque un regard vers mon kidnappeur. Il n'a pas l'air musclé comme une masse, mais pas du tout frêle non plus. Enfin à première vue avec les vêtements. En tout cas, il a l'air dangereux.
Il a toujours la capuche blanche de son sweat, porte un pantalon cargo marron, un manteau long couleur sable et des baskets noires et blanches qui s'accordent avec le tout. Elles sont assez belles. Belles? Vraiment? Tu te fais enlever et tu penses à ça alors qu'il va sûrement te faire des choses horribles Odessa? C'est sûrement une tentative pour me calmer.
Comme lorsque j'étais enfant, je me mets à essayer de noter les mouvements de l'ascenseur. Horizontal, en avant, en haut. Stop. Broyeur De Bras m'attrape à nouveau, mais j'ai appris il y a longtemps à ne pas moufter face à la douleur quand je le peux. On est dans un étage sobre, où il n'y a que des portes fermées dans un long couloir gris foncé.
Je ne connais pas ce genre d'étage. Je n'ai pas visité tout Elys et tous les étages ne se ressemblent pas forcément, même si beaucoup oui. L'homme nous arrête devant une porte au fond du couloir qui est plus éloignée des autres portes. Comme les autres portes, elle a un symbole grec qui fait office de numéro, le symbole de Pi. L'homme toque au lieu de tambouriner comme je l'aurais imaginé faire et, après des secondes, il dit:
-1789, connard.
Après quelques secondes, la porte s'ouvre sur un homme presque aussi grand que mon ravisseur. Il porte un t-shirt à manches longues kaki, avec des écritures en tag noires. Elles forment un logo d'une marque de luxe, et un jean noir. Il a la peau marron très claire, des yeux bleus lumineux et des lèvres un peu charnues à la forme naturellement souriante. Il a des sourcils bruns foncés épais et ses cheveux bouclés brun-roux mi-longs sont attachés. Ok, je vais admettre qu'il est mignon et maintenant il arbore un grand sourire. Son air est amical, peut-être qu'il va me sauver du démon masqué qui me broie le bras.
Mais qu'est-ce que je raconte? C'est les nerfs. J'observe à peine le grand appartement trop luxueux pour la "ligne gauche" que Broyeur De Bras me jette presque dedans, avant de fermer ma seule échappatoire. Son acolyte lui dit, moqueur:
-Putain t'es encore grognon? J'ai cru que tu t'étais perdu ou qu'elle t'avait cassé la gueule. Est-ce qu'elle l'a presque fait?
J'aimerais bien. Broyeur De Bras réplique:
-Tu te crois drôle?
D'une voix plus claire et espiègle que Broyeur de bras l'autre demande:
-Pourquoi t'as encore ton masque? Vieilles habitudes?
-Sûrement. Je fais pas confiance à tes flics.
Je recommence à me noyer dans l'inquiétude, quand Yeux Bleus me demande, amusé:
-J'espère qu'il n'a pas été trop dur avec toi?
Je bredouille:
-O...où je suis?
-Ça, c'est pas important, ce qui l'est c'est pourquoi on t'a sauvée.
-Comment vous saviez que j'allais me faire arrêter? Vous les avez appelés?
Yeux Bleus rit comme ravi et dit:
-Tu réfléchis vite.
Je ne dis rien et il continue:
-D'après ce qu'on sait, t'es pas stupide, je vais te l'accorder. Tu vends de la drogue dans des gâteaux, de très bons produits. Et t'as trouvé le moyen de le faire derrière ce mur virtuel. Même pas le basique derrière lequel la plupart des gens se cachent. Non toi t'as pris le tout nouveau nécessitant de s'y connaître un peu en programmation pour mieux se cacher qu'avec un misérable VPN, des onions ou des pebbles.
Il sourit et poursuit:
-Pourtant ça n'a jamais été ton truc d'après tes bulletins de notes. Très bonnes notes tout le long de ta scolarité d'ailleurs. Bravo. T'aurais dû continuer. Sinon autre fait intéressant, t'as été assez maligne pour savoir trier tes clients sachant que tu n'as pas d'armes.
Il me fait remarquer:
-On ne peut pas vraiment trouver de tutos sur ce sujet là et je me demande comment t'as eu l'idée de ton petit interrogatoire sélectif pour eux, avec les questions détournées. T'as bien évité de te faire planter ou arrêter, enfin...enfin, je vais pas te compter cette fois-là. C'était pour le bien commun Odessa.
Déjà effrayée par tout ce qu'il sait, je demande intérieurement agitée:
-Comment tu sais tout ça? Qui t'es?
-Tu peux m'appeler Sirius, et nous sommes ceux qui font tourner ce monde sous Elys, The world. Je sais que tu connais bien. Nous sommes les gars pour qui tu travailles maintenant.
Ce sont eux qui dirigent The world? Eux?! Je regarde Broyeur De Bras sur son téléphone. Ils ne peuvent pas, ils ont l'air trop jeunes. The world sévit depuis cinq ou six ans personne n'est sûr. À quel âge ont-ils commencé? Ils ont l'air un peu plus vieux que moi, mais même. Ils ne peuvent pas être ceux qui ont détruit ou plutôt "absorbé" le gang ancien des Sand Demons pour l'allier à leur organisation. Lequel des deux juste ici est responsable du fait qu'on ait éviscéré leur ancien chef? Ce n'est pas possible. J'inspire et dis le cœur palpitant:
-Je...je peux pas bosser pour vous.
Les yeux de Sirius se gèlent quand il me dit plus sérieusement:
-Si, et tu vas le faire avec plaisir ou tu vas pourrir en prison dans le meilleur des cas. Je peux ajouter un tas de fausses charges à ton actif.
Je le regarde, interdite. Son sourire enfantin satisfait adoucit un peu son visage, dont les joues sont presque creuses. Il ajoute:
-J'ai simplement besoin que tu fasses le même boulot, mais en me donnant un petit pourcentage.
Je répète:
-Petit?
-Oui seulement petit. On n'a pas besoin de toi pour vivre comme tu peux le voir, mais tu seras utile en temps voulu. Ce serait plus symbolique. En plus, tu y gagnes, je te trouverais beaucoup plus de clients.
-Qu'est-ce qui est arrivé à ma cliente? Elle travaille avec vous?
-Sous la contrainte. Travaillait. Elle est morte, discrétion oblige.
Comme giflée, j'écarquille les yeux et malgré ma bouche sèche je m'exclame:
-Quoi?!
Qu'est-ce qu'il va m'arriver putain? Ce connard me demande, amusé:
-Tu la connaissais bien ou quoi? Vous étiez devenues amies?
-Non.
-Pas de problème alors. Et maintenant, tu vas couper les liens avec tous tes anciens clients, entiendo?
Je ne réponds pas, donc il demande:
-Tu les veux morts aussi?
-Non...je le ferai.
Mon regard dévie sur Broyeur De Bras, debout à côté de nous contre la porte. Il est concentré sur son téléphone. Sirius ajoute:
-Oh et Mars sera ta nouvelle ombre maintenant.
Mars? Sirius? C'est des fans de l'espace ou de la mythologie ou quoi? Je me reprends et réalise ce que mon cerveau tentait de minimiser avant de dire horrifiée:
-Il va m'espionner?
-Te surveiller, tous tes mouvements.
Ma température monte à nouveau tandis que je secoue la tête les yeux écarquillés. Devant mon air abasourdi Sirius me dit en étirant les lèvres:
-Ses affaires sont déjà chez toi.
-Oh non, quoi? Non, je...
En repérant le regard à la teinte étrange et sans pitié de Mars, je me tais. Il me dit de sa voix grave et coupante:
-C'est pas un plaisir pour moi non plus donc ferme ta gueule. Tes couinements vont servir à rien à part m'énerver.
La nervosité et la colère me font dire, confuse:
-Quoi?
Il m'approche. D'un ton menaçant, il me demande:
-Quoi, quoi? Tu ne comprends plus ma langue?
Maintenant, ce que je vois mieux de son visage me paralyse et je retiens ma respiration. Des sourcils anguleux épais et presque noirs lui donnant l'air hostile dominent ses yeux qui ont l'air singuliers. J'essaie de déchiffrer leurs iris, mais Mars regarde soudainement son téléphone et s'éloigne un peu pour tapoter dessus. Ok, c'était quoi ça? Bref, je me fous de tout ça, je veux rentrer chez moi et seule. Après avoir longuement hésité, je dis doucement à Sirius:
-Je peux pas faire ça.
Je ne peux pas le supplier, c'est pas du langage de criminel. Je dois m'imposer. J'ignore ma nausée et ma gorge nouée pour me nourrir de ma colère. Je dis:
-Je ferai pas ton boulot de merde.
Il y a un silence terrifiant me faisant trembler et serrer les poings. Mars revient. Mon cœur fait un bond quand il attrape mon menton violemment et me dit:
-Si tu peux le faire et tu vas le faire.
Je cache ma peur en serrant la mâchoire et en me concentrant sur ses iris. Ils sont lumineux, d'un vert profond avec un centre marron chaud et des éclats de cette couleur également. Je ne pense plus trop. Mes sens ont pris le contrôle de moi pour me calmer. Je ne fais que regarder la tempête de couleur dans ses yeux. Sa senteur aussi me frappe. Il sent doux, frais et il y aussi de la dureté dans l'odeur, comme du bois. Il continue de me fixer avec dureté quand Sirius me réveille en disant:
-Lâche-la Mars je pense qu'elle a compris...bon! Tout va bien, maintenant tout le monde rentre chez soi, enfin ton nouveau chez toi Mars.
Pendant que Sirius rit, Mars me lâche et je me remets à respirer à peu près correctement. Soudain, des pensées de mon appartement me viennent. Mon petit paradis, le seul que j'ai eu de toute ma vie. Il va l'altérer, le déranger, me déranger. Non, c'est mort. Je dois stopper ça. Je m'efforce d'avoir l'air dure dans mon ton et mon regard en disant à Sirius:
-Non, j'irai nulle part avec lui. Vous allez devoir me traîner et je vous laisserai pas faire.
Sirius sourit et Mars revient envahir mon espace vital. Il commence déjà sa mission. Il me menace:
-Non, tu sais ce que tu vas faire? Tu vas rentrer dans ton putain d'appart et tu vas le faire sans problème, crois-moi.
Je recule avec les jambes en coton, mais Sirius s'approche aussi. Mon cœur s'emballe. Une plus grande peur que celle que j'aurais dû ressentir dès que je suis entrée dans cet endroit avec deux hommes inconnus me saisit. Ma respiration accélère quand je tombe dans les glaciers que sont les iris de Sirius. Il me dit menaçant:
-Tu crois être un personnage principal dans une histoire? Que tu peux pas mourir? Continue de jouer avec nous et tu deviendras une contribution aux statistiques sur les victimes d'homicide. Fin du film.
Il s'arrête d'avancer et dit à Mars sur un ton plus détendu:
-Je crois que tu vas devoir jouer un peu avec elle non?
Je fronce les sourcils tandis que mon estomac se tord. Je répète mon putain de:
-Quoi?
En guise de réponse, Mars m'attrape et m'entraîne plus loin dans l'appartement spacieux. Je me débats autant que je peux en l'insultant, mais je n'y arrive pas car il est trop fort. Justement, il est à ça de me traîner par terre si je ne le suis pas. Une fois dans le couloir, il ouvre une porte et me traîne dans la pièce.
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