𝐋𝐞𝐠𝐞𝐧𝐝𝐚𝐫𝐲 𝐁𝐨𝐨𝐤 | ᵒᶰᵉ⁻ˢʰᵒᵗ

𝐋𝐞𝐠𝐞𝐧𝐝𝐚𝐫𝐲 𝐁𝐨𝐨𝐤. ༄

𝖶𝖾𝖺𝗌𝗅𝖾𝗒, 𝖥𝖺𝗋𝖼𝖾𝗌 𝖾𝗍 𝖠𝗍𝗍𝗋𝖺𝗉𝖾𝗌 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝖲𝗈𝗋𝖼𝗂𝖾𝗋𝗌 𝖥𝖺𝖼𝖾́𝗍𝗂𝖾𝗎𝗑, 𝖢𝗁𝖾𝗆𝗂𝗇 𝖽𝖾 𝖳𝗋𝖺𝗏𝖾𝗋𝗌𝖾, 24 𝖽𝖾́𝖼𝖾𝗆𝖻𝗋𝖾 2025





Il existe des gens qui se réjouissent des regroupements de famille lors d'événements importants. Il existe des gens qui apprécient la foule, les bousculades, les conversations assourdissantes et soporifiques des soirées. Et je peux vous assurer une chose : je n'en faisais pas partie. Peut-être le fait que ma famille compte beaucoup trop de membres jouait quelque peu là-dessus ; tout le monde sait que les Weasley sont une famille nombreuse. Je me confortais dans l'idée que papa détendait l'atmosphère en apportant chaque fois un nouveau gadget ; qu'oncle Ron amusait tout le monde avec ses anecdotes burlesques auxquelles sa femme, Hermione, réagissait vivement en le réprimandant ouvertement devant tout le monde ; et que je pouvais m'éclipser avec mes nombreux cousins lorsque tonton Percy se lançait dans un récit pour le moins ennuyeux de ce dont il s'occupait en ce moment pour son travail au Ministère.

L'inconvénient de passer chaque Noël en famille lorsqu'on était une Weasley, c'étaient les cadeaux. Toutes mes économies y passaient à chaque fois, quand bien même j'essayais de ne pas trop dépenser, et il m'arrivait quand même de quémander quelques Gallions à mon père pour terminer mes emplettes. Cette année, la note avait même été plus élevée que d'habitude, car certains de mes cousins avaient décidé d'emmener leur moitié avec eux, ce qui ferait encore plus de monde. Mais qu'importe. En grandissant, si j'avais bien compris une chose, c'était que se plaindre ne changerait rien. Au pire, je passerais pour une fille pénible, ce qui n'était franchement pas mon plus grand rêve.

Petite, j'avais toujours pensé que Noël n'était l'affaire que d'une soirée, et il m'avait vite été démontré que je me trompais lourdement. D'abord l'achat des cadeaux ; ensuite l'installation de la décoration, puis la préparation du repas, les interminables embrassades et compliments, l'ouverture desdits cadeaux, les dîners d'un ennui mortel chez les amis les jours suivants, les innombrables plats à finir impérativement... cette période n'en finissait pas. C'est pour cela que dès que je suis entrée à Poudlard, je me suis mise à trouver des prétextes bidons pour y rester pendant les vacances de Noël, n'ayant nullement envie de m'infliger cette horreur qu'était cette tradition moldue. Mais cette année, je n'avais pas vraiment eu le choix... maman m'avait bombardée de lettres - et mon frère avait connu le même sort - pour que je revienne à la maison. D'abord, j'avais gentiment refusé, mais, cette année, elle avait insisté, me servant de grands discours sur le sens de la famille et du partage. Oui, j'avais cédé, et j'étais actuellement en train d'amèrement le regretter.

Nous étions le vingt-quatre décembre, et il était huit heures douze du matin. Quelle heure indécente pour se réveiller en plein milieu d'une période de vacances ! Et ce n'était pas moi qui l'avait voulu. C'étaient les casseroles qui s'entrechoquaient dans l'évier dans une cacophonie impressionnante, témoignant du niveau de ma mère dans la branche des sorts ménagers. Mamie était bien plus douée dans ce domaine-là. Elle avait vécu avec sept enfants et son mari, et c'était elle qui s'occupait de la majorité du ménage, du rangement et de la cuisine : elle avait beaucoup de patience ! Je ne pourrai jamais, au grand jamais, faire ce genre de choses au quotidien.

Retenant un grognement, je me renfonçai dans mon lit, la tête dans mon coussin, sachant que je ne trouverai jamais le moyen de me rendormir. Les conversations animées entre maman, papa et Fred me parvenaient d'en bas, et je pus percevoir qu'ils parlaient de leur sujet préféré en ce moment : La Fameuse Soirée du Réveillon de Noël. Et vas-y que je stresse pour la énième fois sur la quantité astronomique de nourriture préparée : est-ce qu'il y en aura assez ? Et les cadeaux, ils sont tous là ? Les a-t-on bien étiquetés ?

Franchement, si Noël est sensé être un bon moment à passer, pourquoi tout le monde est-il énervé durant cette période ? Ça n'a aucun sens. Comme la vie, si on parle à plus grande échelle, me direz-vous, mais quand même. Pourquoi se prendre la tête à ce point ? Si les sorciers - qui peuvent quand même se faire aider par la magie - en font des tonnes, je n'imagine pas les moldus.

Levant les yeux au ciel, j'attrapai ma baguette et continuai le roman que tante Hermione m'avait apporté il y a quelques semaines, sans beaucoup de concentration, avouons-le nous. En bas, le bruit n'avait pas diminué, et, à neuf heures pétantes, maman fit irruption dans ma chambre en ouvrant grand mes rideaux.

⸺ Debout, Roxanne ! Joyeux réveillon ma chérie. Passe une belle journée !

Ouvrant les paupières lentement, j'aperçus la fine silhouette de ma mère s'activer, pliant des habits que j'avais laissé traîner avant de les mettre dans mon armoire, dépoussiérant vite fait mes meubles, faisant des piles sur mon bureau pour faire de la place. Je n'avais jamais compris cette manie : elle ramassait mes affaires et les empilait, avant de se plaindre une semaine plus tard qu'il y avait trop de piles dans cette maison - selon ses mots.

⸺ Allez Rox', lève-toi !

⸺ Maman, pitié, laisse-moi dormir ! Pourquoi dois-je me lever si tôt, par le caleçon de Merlin ? grognai-je d'une voix pâteuse.

Réprimant un fou rire, elle s'assit à côté de moi et passa sa main dans mes cheveux roux, comme quand j'étais petite. Ce geste, je l'avais toujours bien apprécié, aussi ris-je avec elle.

⸺ Surveille un peu ton langage, jeune fille, intervint la voix rieuse de mon père dans l'embrasure de la porte, ce qui contrastait de manière un peu étrange avec le message qu'il venait de me faire passer. Joyeux réveillon de Noël, ma fille.

Sentant le déluge de formules de bonnes fêtes interminables arriver, je reculai dans mon lit et en sortis avant de sortir de ma chambre, un petit sourire aux lèvres.

⸺ Bon réveillon à vous aussi. Je vais déjeuner.

N'importe quoi pour fuir cette effusion de bons sentiments étouffants bien trop matinaux à mon goût ! Sans attendre de réponse, je dévalai les escaliers : l'estomac d'une adolescente de seize ans et demi avait besoin de nourriture au réveil, et je ne faisais certainement pas exception à la règle. Je me jetai sur mon porridge et mon jus de fruits afin de pouvoir sortir le plus vite possible ; ce ne fut pas long. J'enfilai à la va-vite un pantalon large à la couleur kaki délavé, un t-shirt long, un sweat à capuche noir et bien trop grand pour moi, ainsi que des baskets un peu usées qui me tenaient chaud aux pieds en cette froide période d'hiver. Me postant devant la glace de mon armoire, je me démêlai les cheveux avant de mettre un serre-tête en tissu un peu trop grand : j'aimais bien mon reflet. J'étais quelque peu garçon manqué - et je détestais cette expression ! Tellement clichée. -, je devais bien l'avouer, et je trouvais que mon style vestimentaire correspondait bien à mon caractère : militante féministe aux mille combats et écologiste révoltée, qui n'en avait strictement rien à faire du style tant que ce n'était pas trop sophistiqué. Un peu long comme description, j'en conviens, mais la littérature, c'était franchement pas ma branche, et puis, je ne m'appelais pas Émile Zola. Je suis Roxanne Weasley. Juste Roxanne Weasley. Une sorcière parmi tant d'autres, c'est tout. Je n'avais pas l'ambition de devenir une célébrité.

J'étais de ces personnes que l'on adorait ou que l'on détestait en un seul coup d'œil. Tout simplement. Et ça me convenait très bien. Je n'avais nullement l'ambition d'être aimée par tout le monde.

Saluant d'une voix enjouée mes parents, je refermai la porte de la boutique de farces et attrapes tenue par papa et tonton Ron - même si ce dernier avait préféré passer ses vacances avec sa femme et ses enfants - puis m'engouffrai dans les ruelles étrangement animées pour le temps glacial qu'il faisait. La neige avait recouvert toutes les devantures de magasin et crissait sous chaque pas des passants, brillant un peu trop intensément en reflétant le pâle soleil de décembre. J'avais rabattu ma capuche sur ma tête et frissonnais en sentant la fraîcheur de l'air glisser sur ma peau ankylosée ; j'aimais bien me promener sur le chemin de Traverse en décembre. Constatant avec désappointement que les vitrines de Dumalley Fils et Obscurus Books - les deux maisons d'édition les plus renommées de Grande Bretagne - avaient été soumises à un sortilège d'illusion, et que les futurs livres édités étaient cachés aux yeux curieux des passants. Haussant les épaules, je pressai le pas pour me réchauffer.

Je traversai deux rues d'un pas rapide en constatant avec amusement que Florian Fortarôme se désolait de ne pas avoir de clientèle pendant la saison, évitant les groupes d'adultes venus ici entre amis pour faire du tourisme, et poussai la porte de la dernière boutique avant l'allée des Embrumes : elle appartenait à une joyeuse vendeuse de potions médicales et d'herbes en tous genres, sa femme, et son fils, qui avait dix-sept ans depuis deux semaines et demie. La cloche tinta avec fracas lorsque je m'engouffrai dans la boutique, et, me faufilant entre les cartons qui occupaient l'entrée, je me dirigeai vers Miss Doria, qui me souriait depuis son stand. Elle était en train de ranger des bouteilles de potions contre la toux aux couleurs plus lumineuses les unes que les autres, et me salua d'une voix enjouée :

⸺ Bonjour à toi, Roxanne ! Tu es bien matinale, dis-moi. Je suppose que tu viens voir mon fils ? Il vient à peine de se lever.

Sur ces paroles, elle releva la tête et cria :

⸺ Eliott !

Puis, s'adressant à moi :

⸺ Joyeux réveillon, en passant !

Je lui retournai la formule sans trop y faire attention, lorsqu'Eliott fit irruption dans la pièce, les cheveux en bataille, affublé d'un large t-shirt blanc et d'un jogging, l'air fatigué de quelqu'un qui se serait réveillé trop tôt - je le comprenais - peint sur le faciès. À la seconde où il remarqua ma présence, il ouvrit de grands yeux et, gêné, s'empressa de me saluer :

⸺ Salut, ma be... Roxanne. Je ne savais pas que tu te levais si tôt pendant les vacances.

Reprenant contenance, il m'adressa un sourire en coin, et je grimaçai.

⸺ Oh, ne me parle pas de ça ! C'est ma mère qui m'a réveillée.

Sentant le regard amusé - et quelque peu inquisiteur - de sa mère peser sur nous, il m'indiqua l'entrée de la maison d'un mouvement de tête et m'invita à le suivre. Il semblait plutôt enjoué.

⸺ Mommy - mon autre mère - est encore couchée, si tu te poses la question.

J'hochai la tête machinalement.

⸺ Sinon, Rox', pourquoi viens-tu si tôt, par Merlin ? Je ne suis pas présentable pour recevoir ma petite amie !

Un léger rire s'échappa de mes lèvres, et je secouai la tête, amusée.

⸺ Ça n'a aucune importance, El'. Pour répondre à ta question, je suis venue pour, premièrement, passer du temps avec toi, et, deuxièmement, pouvoir râler et m'indigner en compagnie de quelqu'un sur les fêtes et la surconsommation de cadeaux pendant les fêtes.

⸺ Je connais déjà ton discours sur le capitalisme, ma belle. Mais si tu le souhaites, tu peux toujours m'en parler, je pourrai admirer tes yeux et ton air résolu pendant que tu le fais.

Je souris en posant les mains sur mes hanches.

⸺ Tu es incorrigible, hein ?

Il me prit brièvement dans ses bras en disant d'une voix grave :

⸺ Rectification : je suis amoureux.

⸺ Et très niais, ajoutais-je de manière un peu théâtrale.

Nous rîmes. Eliott esquissa quelques pas de danse avant de tirer deux chaises de sous la table.

⸺ Sinon, assieds-toi, Rox' ! Tu veux quelque chose à boire ?

⸺ Oh, non, merci ! Ça ira, c'est gentil.

⸺ Très bien. Tu sais, ma belle, Noël, ce n'est pas aussi horrible que tu le dis. Et puis, toi, tu as une famille nombreuse, et beaucoup de cousins et cousines. Tu peux discuter avec beaucoup de monde, tu ne t'ennuies jamais.

J'acquiesçai.

⸺ Ce n'est pas faux.

Cette pensée ne me permit pourtant pas de me réjouir comme on aurait voulu que je le fasse à l'idée de ce repas de famille, mais tant pis. J'étais déjà un peu plus enthousiaste, Eliott arrivait à voir le positif un peu partout et sa joie de vivre naturelle était quelque peu contagieuse. Suivant ses conseils, ce soir-là, je souris à chaque personne qui passait le seuil de la porte : j'étais impatiente de revoir plusieurs personnes ; d'autres moins. Après d'interminables salutations, les dernières nouvelles furent échangées tandis que mes cousins et moi montions à l'étage, accompagnés des petits amis et petites amies de certains d'entre eux, pour fuir ces conversations d'adultes qui traînaient trop en longueur et dont nous étions de toute façon exclus dès le début. Je ne citerai pas les noms de toutes les personnes présentes ce soir-là : ce serait bien trop long, et je ne tiens pas à vous endormir.

Nous nous mîmes à jouer aux échecs, un tournoi par équipes. Scorpius Malefoy, qui avait accompagné Albus, était plutôt doué, et, très vite, le jeu tourna en rond, aussi étions-nous tous contents lorsque les adultes nous appelèrent d'en bas pour passer à table. Il était vingt-deux heures. Après une entrée qui aurait pu faire office de plat complet, ledit plat arriva, mais nous n'en mangèrent que par petits bouts, nous réservant pour les desserts, deux énormes gâteaux préparés par mamie dégoulinants de chocolat, de glaçage et de crème pâtissière. C'était suffisamment appétissant pour nous retenir d'engloutir le délicieux repas qui se présentait à nous, bien qu'il fut fort bon.

⸺ Joyeux réveillon de Noël à tous ! clama oncle Harry en aidant Teddy Lupin - le petit ami de Victoire, la fille de tonton Bill et tante Fleur - à apporter les gâteaux, déclenchant des cris joyeux parmi la famille réunie autour de la table.

S'ensuivit une rapide dégustation des desserts - ils ne firent pas long feu face à tant d'invités tous plus gourmands les uns que les autres, m'incluant dedans bien évidemment. Tout le monde tint à remercier mamie, et je suivis le mouvement. Elle souriait, heureuse, sans doute un peu naïvement - les grandes personnes se réjouissent souvent de la convivialité - en prenant tout le monde dans ses bras. Contrairement aux vieilles personnes, ses cheveux rouges n'avaient jamais tendu vers le blanc, ce qui lui donnait un air vif plutôt déroutant au premier abord si on n'avait pas connaissance du grand cœur qui se cachait dessous.

⸺ Ah, ça me fait plaisir de voir toute ma famille réunie !

Mais je crus bien, sur le moment, que jamais sa joie n'égalerait celle qu'avaient ressenti Lily en ouvrant un paquet contenant un balai de course - elle sauta sur elle-même en poussant des petites exclamations enjouées, heureuse de ce cadeau qu'elle - si je me souviens bien - réclamait déjà à corps et à cris l'année précédente. Je ne cherchai pas à tenir un registre précis des présents de mes cousins, oncles tantes et autres, mais je notai l'offre de nombreux livres, cahiers, peintures, manuels et crayons. Je reçus un carnet de feuilles parcheminées, un kit de pinceaux et d'encre noire, un manuel de traduction de runes, un livre sur les étoiles et constellations non abordées pendant les cours du professeur Sinistra, de nombreux albums de musique et un grand poster d'art moderne moldu pour décorer ma chambre. Tante Hermione insista pour m'offrir le sien en dernier, et, bien que je haïsse le fait d'être le centre de l'attention, je n'eus d'autre choix que d'accepter, un peu trop prise par le rythme d'ouverture des cadeaux en cours.

⸺ Oh, le tableau de Phineas Black !

Louis tenait une grande toile dans ses mains. D'abord, il fronça les sourcils, puis l'agita.

⸺ Il est étrange, ce tableau...

⸺ Oh, c'est une peinture moldue ! s'écria sa sœur Dominique en passant derrière lui.

Molly II fila l'observer, et, bientôt, l'attention générale fut tellement monopolisée par cette peinture - qu'Hermione avait peinte elle-même - que je pus ouvrir mon dernier cadeau. La femme de tonton Ron se dirigea vers moi et me tendit son paquet, on aurait dit un livre quelconque. Pourquoi y accorder tant d'importance ? Avant de l'ouvrir, je me mis à examiner l'emballage sous toutes ses coutures : d'un poids moyen, souple, papier cadeau un peu usé, fermé par une ficelle. Je voulus le déballer, mais elle m'arrêta avant que je ne puisse le faire.

⸺ Avant de l'ouvrir, je voulais te prévenir que ce livre n'est pas un cadeau anodin. Je sais que tu aimes lire, et que tu es très mature pour ton âge, Roxanne, aussi me suis-je dit que tu saurais apprécier ce cadeau à sa juste valeur.

Elle inspira.

⸺ C'est un livre qui m'a appartenu. Il représente pour moi une époque et une population entière, et je tenais à te le donner, tu peux comprendre ce que ce livre représentait pour moi.

Je vis oncle Harry se diriger vers nous, et il m'adressa un grand sourire :

⸺ Hermione voue un véritable culte aux livres, c'est presque une religion, ça en devient effrayant parfois. N'importe quel livre compte pour elle.

Sa meilleure amie lui lança un regard découragé, et il haussa les épaules.

⸺ Je dis ça simplement pour que tu ne te mettes pas à penser que c'était le livre auquel elle accordait le plus d'importance : c'est juste un simple bouquin parmi tant d'autres, pas de quoi en faire tout un plat. Oui, il est ancien, ajouta-t-il lorsqu'Hermione le foudroya du regard, mais ça reste une pile de feuilles reliées par une couverture.

⸺ Qu'est-ce que c'est, à la fin ? m'impatientai-je devant ce charabia incompréhensible.

⸺ Ouvre-le, me lança simplement Ron en s'approchant d'un pas lent, un sourire aux lèvres. Tu comprendras. Et si tu as des questions, ma femme se fera un plaisir d'y répondre ; elle est la seule de nous trois qui ait prit l'option Runes en troisième année.

Écrit en runes ? À ce stade, je ne savais rien de ce qui se cachait sous le papier cadeau, mais peut-être l'aurez-vous déjà deviné...

⸺ Je ne sais pas lire les runes, dis-je avec désinvolture.

⸺ Ce n'est pas l'important, me répondit ma tante tandis que le Survivant partait discuter avec son fils James. Tu as déjà lu ce livre, c'est certain. Ce qui compte, c'est l'histoire de cet ouvrage. Comme je te l'ai dit, pour moi, c'est un livre qui représente toute une génération, et qui a été la clé pour tuer Voldemort.

Rien que ça.

Je me demandai subitement si elle n'exagérait pas. Et puis, si ce livre avait autant d'importance, pourquoi me le confier ? Elle avait des enfants, à ce que je sache ! Ça me paraissait plutôt illogique.

⸺ Parce que tu as une grande maturité, et que je sais que tu sauras l'apprécier à sa juste valeur, me répondit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées.

Un peu trop tard, je me rendis compte que j'avais réfléchi à voix haute, mais elle ne sembla pas y prêter attention.

⸺ Eh bien, ouvre ! Ne reste pas à fixer le paquet de cette manière !

Je ne me fis pas prier. Je m'escrimai d'abord à défaire le nœud qui maintenait l'emballage, puis jetai le papier cadeau au-dessus de la pile immense qui gisait au centre de la pièce : le livre avait quelque chose de singulier en soi. Au premier coup d'œil, je ne le reconnus pas : il était vieux, sali, corné, écrit en runes.

Puis, en observant attentivement la couverture, j'y reconnus des similitudes avec... voyons, qu'est-ce que c'était, ce livre, déjà ? Ah, oui... un recueil de contes pour enfants, non ? D'un musicien ou d'un sorcier... non ! Ah, ça me reviens ! Les Contes de Beedle le Barde. Que représentait ce livre, par Merlin ? Je ne comprenais rien.

⸺ Ouvre-le, m'intima tonton Ron avec un sourire fier.

Je m'exécutai, et, au milieu de l'indéchiffrable masse de runes, j'aperçus un dessin qui semblait avoir été ajouté. Un triangle, un trait et un rond. Tout de suite, je reconnus le signe.

⸺ Les Reliques de la Mort ?

J'avais lu une bonne dizaines d'ouvrages historiques et avait égrainé toutes les informations sur le mage noir Gellert Grindelwald. Il utilisait ce signe, dans le temps. Satisfaite, Hermione opina du chef.

⸺ Exactement. Ce livre est légendaire, c'est une certitude.

Je relevai la tête, incrédule.

⸺ Il est pour moi ?

Le frère de papa opina du chef, et je ne pus réprimer un petit cri de joie.

⸺ Merci ! Merci énormément ! C'est... merci !

J'étreignis ma tante jusqu'à lui couper le souffle, puis serrai le livre contre mon cœur.

Le livre légendaire dont seulement quelques personnes connaissaient l'existence. Bel oxymore. Mais quelle belle réalité ! Et il était à moi, désormais.

Il existe des gens qui se réjouissent des regroupements de famille lors d'événements importants. Il existe des gens qui apprécient la foule, les bousculades, les conversations assourdissantes et soporifiques des soirées. Et je peux vous assurer une chose : je n'en faisais toujours pas partie. Mais ce réveillon-ci me fit apprécier les fêtes un petit peu plus. Ce livre a toujours une place dans mon cœur aujourd'hui, et, même si je ne sais toujours pas lire les runes, je le comprends bien mieux que n'importe quel lecteur ignorant sa véritable histoire.



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Bonjour/bonsoir à tous·tes ! J'espère sincèrement que vous allez bien ! :) ♡

N'hésitez pas à me faire vos retour sur ce texte, ça me ferait très plaisir ! Je participe au Tournoi des Plumes Magiques organisé par leshistoiresdemarina avec, et j'ai également posté ce texte dans mon recueil d'OS, étant donné que... je mets tous mes one-shot en rapport avec l'univers Harry Potter à l'intérieur x).

Sinon, je souhaite un bon concours à tous·tes les participant·e·s, et, si vous voulez participer aussi, foncez !

Edit du 21/11/2021 : j'ai gagné le prix originalité du concours avec ce one-shot. J'suis trop content·e ! :)


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