Chapitre six. ༄

𝕮𝖊 soir-là, Hermione, après avoir pris une longue douche dans les cabines des élèves, monta se coucher, après avoir réussi à se calmer. Sa réunion avec les autres Préfets-en-chef avait eu le don de lui taper sérieusement sur les nerfs. Elle pensait avoir l'air sereine, mais, dès qu'elle mit un pas dans sa chambre, Parvati lui lança, compatissante :

⸺ Ouh, je sens ton agacement à des kilomètres ! Mauvaise journée ?

Offrant un sourire à sa camarade de chambre, la belle brune hocha la tête et se laissa tomber sur son grand lit dans un soupir las.

⸺ La réunion avec les Préfets-en-chef a failli tourner à la bagarre. On s'est tous crié dessus et nous sommes partis en colère. Devine avec qui je partage mes trois tours de garde hebdomadaires ? Petit indice : c'est la pire personne que la Terre ait porté.

Une Ginny affublée d'un short laissant voir ses jambes fines et pleines de cicatrices, d'un long t-shirt rouge pâle et d'un chignon fait à la va-vite, entra dans la pièce en lançant avec ironie :

⸺ L'Horreur Malefoy ?

⸺ En plein dans le mille ! lança Hermione, un sourire ironique plaqué sur le faciès. Je ne devais en partager que deux avec lui, normalement, mais Goldstein en a décidé autrement. Il a fait, comme à son habitude, son petit chef, et Malefoy l'a rembarré. Anthony l'a insulté, et c'est là que c'est parti en vrille.

⸺ Soutien à toi, Hermione. Padma m'a souvent rapporté que son Préfet-en-chef était insupportable.

⸺ Ta jumelle n'a pas tort ! Enfin, assez parlé de ça. Prêtes pour la rentrée ? J'ai un tour de garde demain soir, je coucherai dans les dortoirs prévus à cet effet-là.

Après avoir mis ses camarades au courant du fonctionnement de son rôle, Hermione s'endormit, la tête sur son manuel d'arithmancie.

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La journée de rentrée scolaire étant une des plus ennuyeuses que peut compter une existence, une ellipse sera faite sur celle-ci. De toute façon, qu'en dire ? Conseils tous identiques rabâchés par les professeurs, grands discours ennuyeux et répétitions d'un énième article du règlement de l'école, et autres événements passionnants. À vingt-et-une heures cinquante, une Hermione ennuyée, après s'être habillée, coiffée et armée de sa baguette, se rendit au septième étage afin de commencer sa moitié de nuit de garde. Cette perspective ne la réjouissait guère, même si elle était exemptée de cours le lendemain matin. Durant son trajet, elle ne croisa personne et s'en réjouit, mais son sourire fier s'évanouit à la simple vue d'un blondinet arrogant. Il l'attendait, appuyé nonchalamment sur le mur de pierre, s'occupant comme il pouvait en lançant de risibles sortilèges qu'il devait juger amusants. Dès qu'il aperçut la lumière qui émanait de la baguette de le belle Gryffondor, il lui lança d'un air provocant :

⸺ Oh, madame a donc daigné me faire l'honneur de sa présence. J'ai failli attendre.

Levant les yeux au ciel, Hermione posa sa main sur sa taille, toisant le Serpentard.

⸺ Du calme, Malefoy. Je n'ai croisé personne pour l'instant, et je n'ai pas la force de me battre avec toi. Engageons-nous dans ce couloir et commençons notre surveillance du château.

Le jeune homme hocha la tête, mais, dès qu'Hermione se retourna, il lui agrippa le poignet avec une conviction et une force qui étonnèrent la brune.

⸺ Un instant, Granger. Jusqu'à quand vas-tu faire semblant ? Quand est-ce que nous en parlerons, par Merlin ?

La jeune femme se retourna, les sourcils levés, n'ayant aucune envie de discuter. Drago lui tenait toujours le poignet, et ses ongles griffaient sa chair.

⸺ Tu sais très bien de quoi je parle, Granger. Ne fais pas l'innocente.

Elle lui lança un regard noir rempli d'incompréhension.

⸺ Le parchemin que tu m'as envoyé en début de mois d'août, non d'un Scroutt à pétard ! Quand comptais-tu aborder le sujet ? Tu voulais m'envoyer une missive en pensant que ça passerait comme une lettre à la poste et que j'oublierais le contenu ? Tu m'as demandé de repartir sur de bonnes bases. Dans ce cas, pourquoi te bornes-tu à être désagréable avec moi ?

Fixant le blondinet dans les yeux, Hermione lui lança, les dents serrées :

⸺ Je suis désagréable ? Je suis désagréable ? Tu ne t'es pas regardé, Malefoy ! Tu es insupportable ! Comment veux-tu que je sois aimable à ton égard si tu me parles avec dédain comme tu le fais si bien ?

Elle tenta de se libérer de la poigne du jeune homme, mais elle ne réussit qu'à le faire resserrer sa prise. Il semblait sur le point de lui lancer une remarque cinglante, la toisant avec une intensité maladive, mais il finit par soupirer en détournant les yeux. Il lâcha la Gryffondor.

⸺ Excuse-moi si j'ai été désobligeant. Reprenons à zéro, veux-tu ?

Il tendit la main à Hermione, sous ses yeux ahuris.

⸺ Drago Malefoy, enchanté.

Hermione leva un sourcil.

⸺ N'en fais pas trop.

Pourtant, elle lui serra la main, rassurée.

⸺ Hermione Granger. Heureuse de repartir sur de bonnes bases, monsieur Malefoy.

Au bout de nombreuses secondes, un sourire se dessina sur le visage du Serpentard. Mais pas un sourire arrogant comme il avait eu ces dernières années. Un vrai sourire. Un sourire où les yeux suivaient. Un sourire qui exprimait une réelle joie. Et une blessure, quelque part. Mais Hermione fit mine de ne pas le remarquer.

⸺ Allons-y.

Elle pressa le pas sans attendre le blondinet, et, à la lueur de sa baguette, commença à patrouiller dans les couloirs. La décoration de Poudlard, si chaleureuse à la lumière du jour, semblait menaçante. La lune éclairait les couloirs, et les ombres étirées des gargouilles endormies avaient de quoi effrayer au premier abord. Mais Hermione, habituée aux ombres, ne fit que resserrer sa prise sur sa baguette magique, et continua son inspection. Le silence était reposant, quoiqu'un peu anxiogène. Mais la Gryffondor ne s'en préoccupait pas. Elle tourna dans les nombreux couloirs du château jusqu'aux alentours de quatre heures et demie, où elle décida d'aller se coucher. Sur le chemin, elle entendit un bruit étouffé, mais elle n'y fit pas attention. La jeune femme s'allongea sur le grand matelas qui l'attendait, et s'endormit.

Mais elle fut réveillée brusquement une heure plus tard. Dans la pénombre, elle put apercevoir le jeune Malefoy qui, penché au-dessus d'elle, la secouait par les épaules. Son visage était tordu par l'inquiétude, et, immédiatement, elle s'assit sur son matelas, les sens en alerte. Le Serpentard se recula de quelques pas, puis lui intima d'une voix sèche :

⸺ Lève-toi, Granger. Tout de suite. Il y a quelque chose qui cloche.

La brune se frotta les yeux du bout des doigts et demanda d'une voix rauque :

⸺ Que se passe-t-il ?

⸺ Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui cloche, je te dis ! Viens voir par toi-même.

Laissant sa tête retomber en arrière, Hermione soupira. Et aussitôt, elle sentit le froid mordant sur la fine peau de son cou. Réprimant un juron, elle se mit debout et fusilla Drago du regard avant d'attraper sa veste d'uniforme et de s'en couvrir après avoir lissé sa fine et - trop - longue chemise blanche qui lui servait de robe de chambre.

⸺ Qu'est-ce qui ne va pas ?

Exaspéré, le Serpentard attrapa l'avant-bras de la jeune femme et la tira. Aussitôt, elle se dégagea de sa prise, posant son poignet contre sa poitrine, haletante, fixant le blondinet comme une menace.

⸺ Ne me touche pas.

Le beau Malefoy baissa la tête, mais Hermione eut le temps de le voir tressaillir, de voir cette lueur effrayée dans ses yeux.

⸺ Excuse-moi, Granger.

Elle hocha la tête, gênée d'avoir réagi si fortement, et se décida à marcher. Aussitôt sortie, elle remarqua en effet l'atmosphère étrange : il faisait anormalement froid et le silence avait changé. Il y avait quelque chose de surnaturel, de sombre.

Mais était-ce réellement anormal, ou bien était-elle encore sous l'emprise des effluves du sommeil ?

Elle se tourna, en quête d'explications, vers le Préfet-en-chef de Serpentard, mais elle n'y vit que crainte. Elle ne comprit d'abord pas, puis haussa les épaules.

⸺ C'est simplement l'ambiance de la nuit. Il n'y a pas d'autres explications. N'aie pas peur pour rien, Malefoy. Moi, je retourne me coucher. À demain.