𝕼𝖚𝖆𝖙𝖗𝖊 - 𝕯𝖆𝖓𝖘 𝖑𝖆 𝖈𝖍𝖆𝖒𝖇𝖗𝖊 𝖈𝖆𝖈𝖍𝖊́𝖊

𝕷es deux garçons couraient. Ils ne césserent pas un instant de courir. Ils purent enfin descendre sur terre ferme mais leur course ne s'arrêta toujours pas, la présence sinistre de leur poursuivante toujours dans le dos comme une main glaciale qui tendait ses griffes vers eux pour les attraper. "Tu as un plan? Tu sais ou l'on va?" demanda Mortimer, courant derrière Bellamy, leurs mains toujours interloqués comme si se lâcher signerait leur arrêt de mort. Bellamy ne lui répondit pas, il semblait réfléchir intensément. Mortimer ne pouvait qu'espérer que ni lui ni Bellamy ne perde la nuit ce soir. Bellamy... si jamais il se faisait tuer avant son ami alors il ne pourrait pas le ressusciter... Partir du monde était une chose que Mortimer pouvait accepter au final, mais la mort de Bellamy? C'était tout autre chose. Mortimer ne pourrait jamais se pardonner si par sa faute Bellamy perdait la vie. Ils tournèrent au coin d'une rue et Bellamy accéléra, il semblait soudainement avoir un but. Poussés par l'adrénaline, les deux coururent plus vite qu'ils ne l'avaient jamais fait auparavant. Bellamy tourna alors dans une petite ruelle et se tourna face à l'un des murs. Il s'arrêta brusquement, et se mit a tatonner sur le mur en marmonnant. "Je suis pourtant sûr que c'était ici." La panique saissisat Mortimer. "Sérieusement? Dépêche-toi Bell, elle sera là à tout moment!!" Bellamy tapa alors une des pierres qui s'enfonça. "Eureka!" sourit-il. Il chopa Mortimer par la taille et se colla au mur, surprenant complètement l'autre. "Accroche-toi bien!" et sur ces morts, une partie du mur tourna, les poussa à l'intérieur et les avalant dans le noir de la pièce. Ouf. Sains et saufs. Ou bien?

Dans le noir total, placardé contre le Bellamy et soutenu fermement par le bras du même homme Mortimer pour entendre, non même sentir sur le bas de sa nuque, la réspiration de Bellamy qui reprenait un rythme plus régulier. Mortimer sentait un feu se propager dans tout son corps, absolument abasourdi par ce retour à la proximité avec Bellamy. Les deux garçons ne s'étaient jamais faits de câlins lors de leurs quelques mois d'amitié et voilà qu'ils se revoyaient et ils se retrouvaient serrés dans les bras l'un de l'autre deux fois en une heure? Mortimer voulait se pincer pour savoir s'il ne rêvait pas.

Le bruit d'une allumette que l'on frotte pour allumer suivit d'une petite flamme vint tirer Mortimer de ses pensées et sa gène puisque Bellamy desserra son étreinte autour de la taille de son ami et l'allumette fut posée sur une bougie qui propagea ensuite la lumière sur toute la longue rangée de bougies sur le mur pour enfin correctement illuminer la salle. Devant eux se trouvaient une petite femme âgée, qui avec l'allumette alluma sa pipe comiquement large. Elle dévisagea le duo d'une expression dure et fuma un peu avant de déclarer d'une voix résonnante.

"BELLAMY!" Mortimer sursauta. L'expression stricte de la femme de dissipa et elle demanda un sourire tout mignon aux lèvres. "Qu'est ce qui t'amène mon petit?"

"Ravi de vous voir Mamie Mainte!" Il s'avança et tira la vieille femme de côté en s'abessant a son niveau pour ne pas trop élevée sa voix. "Il faut que tu nous caches. Je suis désolé je ne peux pas te dire jusqu'à quand, mais mon ami et moi sommes pourchassés par une assassine. On a besoin de faire profil bas un moment. Je sais que t'es capable de m'aider et je te rappelle que tu me dois beaucoup..."

Elle fuma a nouveau et hocha la tête. "Je ne t'en demanderais pas plus car ce ne sont pas mes affaires. Mais suivez moi. J'ai la solution."

Bellamy attrapa à nouveau la main de Mortimer qui ne se fit pas prier pour réciproquer ce contact. Ils suivirent la vieille et descendirent très bas, dans une cave, par une porte dérobée. Elle les mena le long d'un passage très long et après ce qui semblait être une éternité ils recommencèrent à monter. Et ils montèrent ainsi, sans la moindre parole pendant des dizaines de minutes encore. Une fois arrivés au bout des escaliers, ils pénétrèrent dans ce qui ressemblait à un atelier de peintre. La grand-mère pointa un coin de la salle "Les toilettes." Puis "Par ici." Gestiona la grand-mère. Elle poussa le miroir et celui-ci s'enfonça dans le mur avant de s'ouvrir comme une grande porte, révélant une petite chambre a coucher, directement sous le toit voûté de Paris. "Les fenêtres sont protégées, vous pouvez voir à travers mais vu que l'extérieur ce sont des miroirs. Pareil pour dans l'atelier. Vous pouvez aller dans l'atelier si vous voulez mais en aucune car vous sortez l'atelier d'accord? Je vais voir ce que je peux faire pour votre petit problème. On vous enverra de la nourriture. Ciao." Et sur ces mots elle laissa les deux garçons entrer dans la chambre cachée. "Ah oui, il n'y a qu'un seul lit!" Ajouta la grand-mère dans les escaliers. Les joues des deux garçons virement écarlate. Sérieusement ??? En l'espace de quelques heures on passe de 'on ne se voit plus du tout' a des accolades a PARTAGER LE MÊME PUTAIN DE LIT? Mortimer ne savait pas s' il voulait en rire ou en pleurer, toutes les émotions des dernières heures l'avaient complètement retourné dans tous les sens et son épuisement vint enfin le frapper comme une grande bourrasque de vent.

"Fatigué?" Demanda Bellamy en voyant que Mortimer baillait. Il hocha de la tête.

"Désolé pour la course infernale..." s'excusa Bellamy avec un rire gêné.

"Niquedouille pourquoi tu t'excuses?" Mortimer s'approcha du lit pour le préparer à dormir. "T'as fais ça pour me sauver la vie. Ce serait stupide de t'en vouloir." Il finit d'étendre la couette avant d'ajouter "Merci infiniment de m'avoir sauvé la vie Bellamy. D'ailleurs euh... c'est qui en fait la femme qui nous loge?"

"Une patronne du trafic d'opium. J'ai découvert sa cachette lors d'un article il y a quelques mois et comme je ne l'ai pas révélé, elle m'a dit que je pouvais compter sur elle si jamais j'étais en danger ou dans le besoin. Il m'a semblé que c'était le cas tout à l'heure."

Mortimer hocha la tête en montant dans le lit. "Et on est vraiment en sécurité ici?"

Bellamy hocha de la tête. Il ne pouvait pas penser à un endroit plus sécurisé dans tout Paris. Mortimer afficha un sourire rassuré. Bellamy ne pouvait que fondre face au sourire de Mortimer. Fatigué lui aussi par l'éprouvante journée qu'il avait subi, il alla aussi s'installer dans le lit. Les deux garçons se tournèrent le dos, on ne peut plus gênés par le fait de partager le même lit. Toutes les sensations, ils les enfuirent au fond d'eux même, ils n'allaient pas briser ce nouveau début fragile d'amitié. "Bonne nuit... Morty..." murmura Bellamy timidement.

"Bonne nuit Bell..." soupira Mortimer avant de fermer complètement ses paupières.

Le lendemain, il était vraisemblablement tard quand le deux se réveillèrent puisque le soleil pleuvait à feu vif à travers les volets intérieurs. Bellamy dégagea vite sa main de dessous la tête de Mortimer avant qu'ils puissent en faire des remarques. Ils se levèrent et mangèrent leur petit déjeuner, qui avait été déposé dans l'atelier, presque entièrement en silence, un silence qui était plus gênant que confortable.

C'est alors que la grand-mère fit irruption dans la pièce. Les deux garçons sursautèrent mais ils furent rassurés lorsqu'ils virent qu'il ne s'agissait que d'elle, et non de l'assassine.

"Bon les garçons. Voici ce que j'ai pu gagner de la situation. Cette assassin à vos trousses, c'est l'assassine Serpent."

Le regard des deux cibles s'illumina alors. "C'est elle non? C'est elle qui a décimé tout le nouveau gang pour rétablir l'équilibre de Paris non?" les yeux de Bellamy étaient soudain remplis d'étoiles.

"Personne ne peut le confirmer." Répondit la vieille en s'adossant au mur. Elle souffla et tapa le bord de sa pipe. "Mais c'est fort probable. Écoutez, je peux essayer de discuter avec elle, de faire une sorte de pacte, mais le véritable problème c'est toi." Elle pointa Mortimer du doigt. Il déglutit. Il avait toujours présentait qu'un tel jour arriverait. Son impopularité avec le commerce de la mort, il n'avait pas besoin d'être devin pour le deviner.

"En attendant, mieux vaut que vous fassiez profil bas ici."

"On ne peut pas rester ici indéfiniment!" Bellamy semblait alors pris d'inquiétude. "J'ai un travail à faire et une famille à nourrir."

"Bell, tu peux partir toi, c'est moi qu'elle veut après tout..."

"Utilisez vos cerveaux un instants les gamins. Elle a vu Bellamy avec toi. Si elle retrouve Bellamy tu crois qu'elle va faire quoi? Hmm?

Mortimer se tut. Il n'osait pas imaginer, il ne voulait pas, mais des images plus glauques les unes que les autres de Bellamy se faisant torturer de manières sanglantes, Bellamy mort, Bellamy souffrant... Surtout pas ça. Le seul moyen de savoir Bellamy en sécurité était de l'avoir à ses côtés à chaque instant.

"Ces négociations risquent de prendre du temps... donc installez- vous confortablement pour quelques jours."

Les premiers jours dans la chambre cachée furent des plus étranges. La gêne de leur vieux conflit non résolu était alors revenue se glisser entre eux.

Cette nouvelle proximité à toute heure de la journée leur permettait d'observer du territoire inconnu chez l'autre: Mortimer notamment remarqua la mauvaise habitude chez Bellamy de s'arracher la peau autour des ongles, jusqu'au sang. Il faisait cela quand il était particulièrement inquiet, ce qui était visiblement souvent. Probablement pour lui, Mortimer et surtout sa famille à qui il ne pouvait donner de nouvelles. Cette habitude se couplait souvent avec celle de faire les cent pas en cercle dans le pièce tout en faisant les mouvements des paroles qu'il pensait sans jamais les dires, du moins au début de chaque spirale d'angoisse, car rapidement il réalisait son agitation et s'excusait aussitôt de déranger avant de s'asseoir sur le lit et reprendre son massacre des doigts. Comme les deux ne parlaient pas beaucoup, il n'y avait pas grand chose pour sortir Bellamy de ses spirales silencieuses excepté l'arrivée des repas et le sommeil peut-être, qui était vraiment des moments de répit de son cerveau anxieux à chaque fois. Puis, c'était on rince et on recommence, en cycle sans cesse, de jour en jour.

Ils voyaient à quel point l'autre avait changé en leur absence. Bellamy avait grandi. Lui qui était plus petit que Mortimer le dépassait à présent; enfin Mortimer avait constaté en s'étirant qu'il faisait toujours un centimètre de plus que le blond. La mauvaise posture du nécromancien était à blâmer pour le mensonge de leurs silhouettes. En parlant de mauvaise posture, ce n'était pas la seule chose inquiétante chez Mortimer. Bellamy le voyait bien. La fatigue. La fatigue sous les yeux de Mortimer: elle était intense, et le nombre d'heures que Mortimer passait à dormir depuis leur arrivée ici ne faisait que renforcer sa théorie que Mortimer se levait à toutes heures pour ressusciter les morts. Bellamy ne savait pas comment Mortimer savait, puisque les rouages de ce pouvoir lui étaient toujours inconnues, mais Bellamy faisait confiance à son sens aiguisé de l'observation et son talent de déduction.

Ils avaient sincèrement envie d'adresser cette partie de leur vie, l'année qu'ils avaient passée loin l'un de l'autre. Ou comme des gamins immatures ils n'avaient pas eu le courage d'aller régler cela. Tout ce temps perdu. Peut-être alors qu'était-ce finalement l'heure de ne plus se comporter comme des gamins.

"Bell...amy..."

Le concerné leva la tête. Il s'essuya le pouce rouge sur son pantalon, ou une tâche écarlate se formait déjà à force, et se tourna sur le lit pour faire face à Mortimer. Celui-ci cependant ne lui faisait pas face, il était adossé par terre contre le lit à l'autre côté de la pièce.

"Tu sais quand j'ai dis, le soir ou tu m'as sauvé la vie, que je ne pouvais pas être fâché contre toi, je le pensais sincèrement... Je veux dire oui ou a eu un conflit... qui mérite peut-être... même sûrement probablement d'être adressé pour dissiper un peu la tension ici?" Il haussa les épaules nerveusement. "Mais je suis franc, je ne suis pas, ou peu moins plus, fâché contre toi Bell... depuis longtemps."

Bellamy abandonna l'idée de regarder Mortimer en face. Surtout que ça devenait sérieux. Il se laissa glisser le long du lit pour venir miroiter la position de Mortimer et soupira. Il ramena ses genoux contre sa poitrine, posa ses bras dessus et y reposa sa tête.

"Merci... je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais c'est tellement un poids en moins sur mes épaules." Il renifla un coup. "Je m'en suis tellement voulu... je n'ai jamais cessé de penser à toi... je t'avais perdu et je m'en voulais à mort. Des excuses de ma part sont en ordre. Je suis désolé de ne pas avoir respecté ta vie privée et de t'avoir suivi. Je suis désolé... de quand j'ai refusé de voir ton point de vue... Honnêtement je ne peux toujours pas dire que je te comprends, mais je ne suis pas non plus dans tes souliers, et par conséquent je ne pourrais jamais réellement comprendre. Pourquoi tu fais ce que tu fais, tu t'acharnes toujours au détriment de ta santé à aider les autres... c'est vraiment admirable. T'es un peu mon modèle de gentillesse tu sais." Il laissa échapper un petit rire affectueux en le disant, rire qui suffisait à transporter Mortimer au soir ou leur amitié était née, et que Bellamy avait rit, fort et joyeusement, et que Mortimer avait sentit son monde se renverser. "Et aussi la remarque par rapport à mon père. J'ai mis la faute de sa mort sur toi, alors que ça n'a jamais été de ta faute... J'en suis désolé." La douleur dans le voix de Bellamy alors qu'il parlait de son père était palpable. Il avait fermé les yeux pour s'empêcher de pleurer, et il entendit alors des bruits de déplacements. Il ouvrit les yeux et vit Mortimer, les yeux un peu rouges, qui était venu s'asseoir à côté de lui. "Viens." et c'était suffisant pour que Bellamy le laisse tomber dans les bras de l'autre et qu'il laisse couler ses larmes. La main de Mortimer caressait tendrement les mèches blondes de son ami, alors que leurs corps étaient entrelacés l'un contre l'autre pour trouver du réconfort. Cela faisait si longtemps, et il était impossible de savoir lequel des deux avait le plus rêvé d'un tel moment, juste eux, juste seuls, dans les bras de l'autre. "Je suis désolé que je n'ai pas pu le sauver." murmura Mortimer. Bellamy sequoia la tête. "Ce n'est pas ta faute." répondit-il en se redressant. "C'était un accident de travail, il travaille dans une grande usine de production en masse d'outils en métaux et d'autres objets ou éléments en divers métaux... C'était un chef d'équipe, un leader, un grand gaillard et tout le monde lui faisait confiance. Il y a eu un hoquet dans les vérifications de sécurité ce jour-là j'imagine, quoiqu'il en soit, mon père à chuté dans l'une des gigantesques marmites de fer liquide... Quand on tombe la dedans t'imagine bien qu'il n'y a plus de corps à récupérer après..."

Il soupira et s'essuya le coin des yeux sur sa manche. On lui avait toujours dit que la plaie devenait plus petite avec le temps, mais chez lui c'était toujours un trou béant qui lui faisait si mal.

"Je suis... désolé... C'est affreux... c'est horrible... Juste je... excuses-moi, j'ai clairement pas les bon mots pour te réconforter..."

"C'est bon ne t'inquiètes pas, je ne pense pas qu'il y ait de bons mots ou de mots du tout à dire dans cette situation qui pourraient aider à soulager une telle douleur." Mortimer hocha la tête. Il comprenait si bien ce que Bellamy voulait dire.

"Mais n'empêche... J'avais pas à transformer la mort de mon père en arme contre toi. Y'a pas d'excuse... juste si j'essaie de comprendre le cheminement de mes sentiments et ma pensée ce soir là... je crois que j'ai juste établi un parallèle entre la perte de mon père et... ta perte... Je m'inquiétais parce que je tiens énormément à toi, et j'avais peur que tu n'ailles pas bien... C'était pour ça aussi que je voulais tout mieux comprendre: ton pouvoir, ce qui t'es arrivé, et puis surtout toi, en tant que personne."

"Moi aussi j'ai des excuses à te présenter... Je suis vraiment sincèrement désolé pour la façon dont j'ai explosé ce soir-là. C'était juste... fin je sais pas comment l'expliquer et puis ce serait repousser l'essentiel qui est de m'excuser. Je t'ai dit des choses sincèrement méchantes ce soir-là... De t'avoir traité d'enfant et insulté ton rêve et le courage que tu avais, et que tu as toujours d'ailleurs de le poursuivre malgré les embûches dans ton chemin. Je crois en fait que derrière cela je cachais une certaine jalousie..." Il soupira et un silence s'installa. Bellamy n'osait le briser, c'était comme s'il sentait que Mortimer n'avait pas encore fini de parler. Le nécromancien reprit "Tu m'as dis ce jour là 'T'as dix-sept et tu es accablé par ce pouvoir et la tâche de ressusciter tous les habitants de Paris? Pourquoi un enfant devrait porter une telle charge? Seul qui plus est?' et ces mots je n'ai jamais cessé d'y penser depuis. Parce que fondamentalement tu as raison, peut-être que c'est cruel le travail que j'ai a faire, mais quand j'ai obtenu ce pouvoir et cette seconde chance à la vie, je me suis demandé pourquoi, et j'étais arrivé à la conclusion que c'était tout bonnement parce que je n'avais pas sur faire le bien, avant: il y a... quelqu'un..." la voix de Mortimer se brisa "que je n'ai pas pu sauver, et alors je me suis dit que toute ma vie, si je pouvais sauver les vie des gens et éviter leurs chagrins, alors c'était absolument ce que je devais faire. Et ça... c'est même pas la mort qui en a décidé, c'était moi." Il laissa reposer son épaule sur celle de Bellamy à présent et d'une toute petite voix. "Tu veux toujours savoir pourquoi je suis comme ça?"

"Toujours." Bellamy hocha la tête.

"Et tu ne vas pas partir quand tu sauras la vérité?" La voix de Mortimer tremblait comme la flamme d'une bougie dans le vent, ou un jeune enfant sortant d'un cauchemar. Bellamy lui prit la main pour le rassurer. "Promis. Je resterais à tes côtés."

Mortimer souffla longuement, même son souffle tremblait. Bellamy le sentait dans sa main, et aussi dans la sa poitrine qui se levait et tombait de façon si proche de Bellamy qu'il pouvait le sentir contre ses habits. Mortimer serra la main de Bellamy un peu plus fort. "Je suis mort."

"Quand j'avais treize ans je me suis noyé dans les catacombes de Paris. Je m'étais enfui de chez moi parce que pour moi c'était la fin du monde. Mais je suppose que tout commence vraiment lorsque... lorsque ma mère est morte. J'avais tout juste treize ans à l'époque. Ma mère avait toujours eu une santé fragile mais ironie du sort, même si elle se poussait systématiquement trop loin, ce n'est pas sa santé qui l'a tué. C'est moi. Tu vois, ma famille était un peu compliquée dans le sens où j'étais l'enfant unique de mes parents, et mon père était un inventeur, trop occupé tous les jours dans son atelier pour nous. Je crois qu'il nous aimait sincèrement au fond? Enfin surtout ma mère. Mon père était dingue d'elle et avant une détérioration de la santé de ma mère, il avait quand même essayé de garder du temps pour nous, surtout pour ma mère. Mais la santé de ma mère à failli l'emporter un hiver quand j'avais six ans et après je peux compter sur les doigts de la main le nombre de fois ou j'ai vu mon père. Toujours dans son atelier. Je lui en voulait de nous laisser alors que maman était à son pire, mais je ne savais pas à l'époque qu'il se barricadait la dedans, cherchant n'importe quel moyen technologique pour la sauver après que les docteurs aient dit qu'elle ne vivrait encore que quelques bonnes années. La santé de ma mère a fait quelques progrès, mais moi je n'étais pas un enfant facile, surtout passé mes dix ans, et ce qui avait jadis été moi et ma mère contre le monde s'était retourné de façon à ce que ce soit moi qui menait ma propre vendetta contre mon père absent... Je ne le suis plus du tout, j'ai arrêté de dessiner etc, mais j'étais un artiste avant. Tu te souviens quand le ciel devenait parfois un peu plus bleu avant? J'adorai peindre ça. Surtout le soleil. Je le trouvais absolument magnifique le soleil... Alors je montais souvent sur les toits pour mieux le dessiner ces jour-là et... Je m'étais fâché avec ma mère avant, alors quand elle m'a appelé pour me dire de rentrer manger, et de faire gaffe au vent en descendant, je ne l'ai pas écouté. J'ai refusé de descendre. Alors c'est elle qui est montée, et malheureusement... elle est tombée. Elle est morte sous le choc, nous habitions en haut du grand atelier de mon père, et la descente etait longue. Mon père ne m'as jamais pardonné... et moi, moi je me suis enfui, me sentant comme le pire enfant du monde. J'ai fuis et je n'avais nul part où me rendre. Je sais juste que j'ai cherché, dans des marchés noirs etc, comment ressusciter ma mère. Et c'est comme ça que j'ai fini dans les catacombes. J'ai trébuché à un moment, et je me suis retrouvé dans une zone inondée ou je n'avais plus pied. J'ai perdu la vie et c'est là que je l'ai rencontrée. La mort." Il s'était redressé et adressa un regard sérieux à Bellamy. "La mort, elle m'a fait pactiser avec elle. Moi qui osait la défier en cherchant à ressusciter ma mère, j'allais ainsi obtenir une nouvelle vie, et le pouvoir de ressusciter les morts. Mais aussi celui de sentir leur odeur et la sienne à plein né à chaque fois que quelqu'un perd la vie. C'est une cruelle maîtresse. Si tu la défies, alors c'est son jeu, de redégoûter de la vie: pour que cette fois tu te jettes volontairement dans ses bras et que tu deviennes son esclave à jamais. J'aimerais vraiment pouvoir retourner à mon père des fois... mais je sais qu'il ne voudra pas de moi, celui qui à tué sa bien aimée. Et voilà. C'est comment je me suis retrouvé ou je suis aujourd'hui. J'espère que je ne t'ai pas trop dégoûté."

"Mortimer. La mort de ta mère. Ce n'est pas de ta faute." Bellamy fixa intensément Mortimer.

"Hein?" Mortimer étant complètement retourné. Il s'était attendu à tout sauf ça. Pourquoi Bellamy avait-t-il vu l'histoire ainsi.

"Je vois bien que tu t'en veux, mais tu ne l'as pas tué. Tu ne voulais pas sa mort et tu n'es pas responsable de sa mort d'accord? C'est une question de circonstances qui se sont alignées de façon à ce que le résultat final était la tragédie de perdre ta mère, mais tu n'es pas le coupable. D'accord?"

"P-pourquoi tu penses ça?" Mortimer sentait les larmes qu'il avait retenues le long de son récit piquer le bord de ses yeux. Fallait-il hurler pour empêcher Bellamy de le réconforter? Non... c'était comme ça qu'il l'avait perdu la dernière fois... peut-être qu'il fallait juste accepter et écouter? Parce que dans la voix de Bellamy celà sonnait si clair. Si si clair: Bellamy avait raison, et pourtant, tout le monde jusqu'ici n'avait que fait le blâmer pour cette mort, il y avait cru, il n'avait pas pu voir la vérité. Alors que les larmes roulaient de plus en plus nombreuses sur les joues de Mortimer les bras si doux et rassurants de Bellamy virent le tirer contre lui et Mortimer se laissa rassuré et entouré par Bellamy, parce que c'était Bellamy, et que Bellamy était le seul qui pouvait faire tout disparaître: la douleur, les odeurs, la peur... Mortimer se souvenait si bien de pourquoi il s'était autant attaché à ce blond. Il était l'antidote aux malheurs d'un enfant nécromancien. Blottit contre la poitrine de Bellamy qui le serrait fort, Mortimer laissa ses émotions et sa douleur encouler par ses pleurs et ses larmes. Aucun des deux ne savait réellement combien de temps ils passèrent ainsi, simplement le temps qui suffisait pour que les larmes coulent, s'arrêtent, se sèchent, et que les sourires reviennent.

"Je peux te demander... euh... comment ça marche de ressusciter les gens?" Demanda Bellamy un peu timidement.

"Il y a deux façons, mais je n'en fais qu'une seule parce que l'autre dégoûte un peu. Fin... dégoute n'est pas le bon mot, mais c'est trop intime pour faire avec n'importe qui, surtout pas le cadavre d'un inconnu. Elle consiste à serrer le cœur littéral du cadavre dans sa main, sans le détacher du corps hein, et de l'embrasser sur les lèvres."

"Comment tu le sais, ça? Tu l'as déjà fait?" Demanda Bellamy, très intrigué.

"Non, la mort me l'a dit."

"Ah d'accord..."

"La seconde méthode c'est une méthode de dessin: il faut faire un croquis de la personne et de son intérieur avec son sang et réciter quelques phrases latines. C'est plus long mais mieux vaut cela que mes patients se réveillent avec mes lèvres sur les leurs. Et puis je pourrais dire adieu à l'anonymat alors. Plus l'odeur que je ressens, vu comment c'est accentuer... bref une recette pour gerber sur le patient en fait..."

"Et quelle méthode tu utiliserais sur moi alors?" Demanda Bellamy, une lueur de malice dans ses yeux.

"Euh... je... fin... je suppose... que... euh..." balbutia Mortimer.

"Je te taquine Morty! Je connais déjà la réponse, ne t'inquiètes pas." souri t-il en tapant Bellamy sur le dos avant de se lever.

"Euhm oui bien sûr..." répondit Mortimer avec un petit rire nerveux. Attends il s'attendait à quelle réponse??? Même moi je sais pas??? Au secours je comprends plus rien...

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