𝕮𝖎𝖓𝖖 - 𝕮𝖍𝖊𝖟 𝖑'𝖎𝖓𝖛𝖊𝖓𝖙𝖊𝖚𝖗
𝖀ne semaine s'était écoulée depuis l'arrivée des deux dans la chambre cachée quand la grand-mère vint leur annoncer une bonne nouvelle. Des conditions pour un pacte avaient été établies.
"Globalement il y a deux conditions pour que la guilde des assassins décide de vous laisser la vie sauve. Premièrement, que vous ne mêlez jamais de leurs affaires. Et deuxièmement, cadavres signés par leur guilde? À laisser. À prendre ou à laisser, mais peu importe votre décision je ne pourrais plus assurer votre sécurité à partir de maintenant."
Les deux jeunes se regardèrent. Ils avaient tout les deux compris d'un seul regard quel choix le nécromancien allait faire. Pour la première fois depuis qu'il avait treize ans, Mortimer allait se laisser un peu de répit. Une fois que ce pacte fut conclu, Bellamy insista pour que Mortimer puisse rester dans cette chambre. Même si cela gênait Mortimer un petit peu, Bellamy avait dit que sa paye suffirait à couvrir son loyer et à s'occuper de sa famille. Il était beaucoup plus rassuré que Mortimer puisse avoir un logement correct plus que de vivre dans la tentative de maison qu'était la vieille cheminée. Ils y retournèrent d'ailleurs, pour récupérer les affaires restantes de Mortimer. Il n'y avait pas tellement grand chose mais Mortimer se sentait un peu plus heureux d'avoir pu récupérer tout ce qui avait de l'importance pour lui. Maintenant qu'il n'était plus en danger il avait aussi accès facilement aux toits par la fenêtre qu'il pouvait désormais ouvrir. La chambre cachée était parfaite pour que Mortimer s'y installe pour de bon.
Quant à Bellamy, il retourna à sa famille, mais à son employeur il cacha son retour; craignant que le manque d'article après une telle absence le ferait renvoyer. Il fallait qu'il trouve un moyen de poursuivre son enquête. Sa maison semblait vide, sans les deux sœurs les plus âgées. Les plus jeunes seraient là encore longtemps, il espérait, et dans tous les cas il fut absolument ravi lorsqu'elles lui sautèrent dessus pour le serrer dans ses bras lors de son retour. Sa mère était tout aussi heureuse de le revoir, mais elle semblait inquiète. Bellamy décida que c'était tout simplement à cause de son absence.
Bellamy n'avait pas que son article qui le tracassait. L'histoire de Mortimer avait titillé sa curiosité, puisqu'il s'était souvenu d'un inventeur particulier, vivant près de la butte de Montmartre et qui s'était isolé dans son atelier depuis plusieurs années.
Il alla donc confronter Monsieur Frécis, dans le but d'essayer de changer son article pour qu'il puisse interroger ce fameux mystérieux inventeur. Mais malgré toutes ces questions tournaient dans son esprit. Fallait-il qu'il en parle a Mortimer? Est ce que cela finirait comme l'autre fois? Cela inquiétait Bellamy, mais il faisait cela juste pour savoir, et peut-être avec le but final d'essayer de réconcilier Mortimer et son père. C'était plus fort que lui, Bellamy voulait aider, et c'était sa manière de la faire.
Monsieur Frécis accepta non pas un changement d'article, mais que Bellamy puisse décaler celui sur les gangs et les assassinats à plus tard, puisque cette situation évoluait encore. Bellamy, satisfait pour l'instant (il confronterait les autres problèmes plus tard) s'en alla donc à la butte de Montmartre pour essayer de rencontrer le père de Mortimer.
Un assistant accueillit Bellamy en lui expliquant que l'inventeur Moreau ne souhaitait pas parler au public. Bellamy lui demanda d'insister. Après deux refus il soupira "Je tente une dernière fois, dites-lui que je sais ce qui est arrivé à Mortimer, qu'il est toujours vivant et je sais où il est. Si il ne veut pas me voir après cela, alors je partirais et je ne reviendrais plus jamais. Promis."
La mention de Mortimer eut son effet, même sur le visage de l'assistant à la mention de ce prénom, Bellamy savait qu'il frappait à la bonne porte, et quelques minutes plus tard il fut conduit dans la partie privée de l'atelier. Celle-ci était à l'étage, et elle se trouvait dans une immense serre décorée d'une multitude de plantes. Pour un homme en isolation totale, Bellamy ne s'attendait pas à une demeure aussi belle. Il fut frappé alors de la réalisation que Mortimer venait d'une classe sociale différente, un peu plus aisée que celle de Bellamy. Assis à son bureau, dos a Bellamy, il pouvait voir un grand homme, une montagne de muscle, qui rappelait à Bellamy son propre père, et qui ressemblait si peu à Bellamy, même lorsqu'il se retourna, que si il m'avait pas partagé l'exacte couleur, un brun rougeâtre, se cheveux, Bellamy n'aurait pas cru qu'il s'agissait du père de Mortimer. Il devait prendre plus après sa mère, pensa Bellamy. Il se racla la gorge avant de prendre la parole.
"Monsieu-"
"Je veux que vous sachiez que cette plaisanterie infâme est de très mauvais goût."
"Pardon?"
"Venir tourmenter un père en deuil en lui disant que vous savez où est son fils... de la simple et pleine cruauté."
"Non, non, non monsieur Moreau! Vous vous trompez sur toute la ligne. Je ne suis pas ici pour vous causer plus de peine. Vous voyez, il y a cinq ans après la mort de votre femme, votre fils s'est enfui. Mais contrairement à ce que vous croyez... Mortimer n'est pas mort. Je le connais. C'est un de mes amis les plus chers... non, mon ami le plus cher à mes yeux. Il lui est arrivé... beaucoup de choses depuis, mais disons que j'ai enfin pu discuter avec lui de son passé et... il m'a parlé de vous. Vous lui manquez. Vraiment. Il pense que vous lui en voulez pour la mort de votre femme alors que peut importe ce que vous croyez, Mortimer n'est pas responsable de la mort de sa mere. Et blâmer un enfant cela vous a conduit ou sauf à la perte de votre fils, la seule personne qui vous restait? Le résultat est que vous êtes tout seuls et que lui aussi, alors que vous etes en vie tout les deux, et plutot que de vivre ensembles et heureux comme votre femme l'aurait surement voulu, vous vous êtes perdus."
"Mon fils est vraiment vivant?" Bellamy ne pouvait pas s'empêcher d'être touché par la voix de ce père qui tremblait. Mais il savait, il devait être ferme; cet homme n'était pas le père parfait et il fallait que Bellamy s'assure de ses véritables intentions et sentiments envers son fils.
"Oui. Même s' il tient à vous retrouver; il a trop peur de revenir sur le pas de votre porte, et à vrai dire je comprends bien pourquoi. Comment avez-vous pu rejeter la faute de la mort de quelqu'un sur votre enfant?"
"Je comprends sa peur et ta colère..." Le père de Mortimer se rassis sur son tabouret, un air désolé sur son visage. "C'est vrai, je n'aurais pas du. La mort de ma femme m'a fait... sortir de mes gonds. Mais ce n'aurait jamais dû être son prix à payer. J'aimerais pouvoir lui dire que ce fardeau n'était jamais le sien à porter."
"Vous n'avez pas un instant une seule idée de l'immensité du fardeau que votre fils porte." siffla Bellamy.
"Mon fils vit-il vraiment? Pourrais-je le revoir?"
Bellamy hocha la tête. Les remords si sincères de l'inventeur l'avaient touchés et convaincus. L'homme avait le visage tiraillé par la fatigue et Bellamy voyait bien que c'était une histoire, la perte de sa famille, qui lui assaillait encore le cœur.
"Comment je peux être sûr que tu ne me mens pas? Je ne peux pas me permettre de croire en la vie de mon fils, parce que si tu me mens, je sais pas si j'aurais la force de le perdre à nouveau."
"Si vous êtes prêt, et uniquement, si vous êtes prêt à vous excuser de l'avoir tenu responsable de la mort de sa mère, alors je pourrais lui parler, essayer de l'amener ici s'il le veut, pour reconnecter avec vous."
"Je ferais tout pour retrouver mon fils s'il est véritablement vivant, et que tu peux me le rendre, alors je laisserai tomber l'entièreté du reste du monde."
"Bien. Je verrais ce que je peux faire." et sur ces mots Bellamy quitta la pièce.
Ce soir-là, il retourna à la chambre cachée par le toit. Mortimer s'y trouvait, visiblement tout juste rentré d'une sortie pour ressusciter, quand Bellamy arriva. Il accueillit son ami avec un immense sourire qui faisait si plaisir à Bellamy. Il l'avait jamais vu autant sourire avant, et le blonde souhaitait ardemment qu'il puisse procurer encore des milliers de sourires aussi grands et beaux chez Mortimer. Pour lui il aurait même donné sa vie. Bellamy le sentait, Mortimer était de nouveau devenu le centre de sa vie et Bellamy ne savait pas s' il pourrait un jour supporter une nouvelle séparation avec lui. Il ne pouvait même y penser sans avoir mal au cœur.
"Il faut que je te parles Morty."
"De quoi?"
"Un sujet plutôt sérieux. Assieds-toi."
"Tu me fais peur la..." dit Mortimer en s'asseyant sur le lit qui accrocha le regard de Bellamy avant qu'il se reconcentre sur le jeune homme devant lui.
"J'ai fait un truc... un peu con en soit. Mais ça s'est bien passé et euh... je te jure que comme la dernière fois mes seules et uniques intentions étaient ton bonheur et c'est absolument plus fort que moi désolé."
"Ok, arrête de tourner autour du pot et dis-moi simplement ce que tu as fait."
"J'ai trouvé ton père et je lui ai parlé."
"QUOI?" s'écria Mortimer en se levant.
"Me déteste pas, ça s'est bien passé, il est désolé et il souhaite s'excuser et te revoir." Débits Bellamy en plaçant ses bras pour se protéger.
"Sérieusement?" Mortimer cligna des yeux, surpris.
Bellamy hocha la tête. "Si tu veux le revoir, on peut y aller quand tu veux."
Mortimer se rassis. "Je sais pas... je dois y réfléchir. Je veux dire, je veux le revoir... mais je crois que je dois un peu me préparer mentalement d'abord..."
"Je comprends totalement." Bellamy hocha la tête. "J'ai des courses à faire pour ma mère donc je vais y aller, mais je repasse demain. Pas de pression pour que tu me donnes une réponse rapide d'accord. À demain alors." Et il ressortit par la fenêtre comme il était venu.
Lorsque Bellamy retourna le lendemain en fin d'après midi Mortimer l'attendait déjà sur ses pieds.
"On y va."
"Ou ça?"
"Chez mon père, niquedouille." répondit Mortimer en grimpant par la fenêtre.
"Ah déjà? Je ne m'attendais pas à ce que tu prennes une décision aussi rapidement." Expliqua Bellamy tout en suivant son ami. Même si Mortimer avait l'air déterminé a y aller, son regard était quand même grave, et Bellamy crois qu'il valait mieux ne pas lui parler avant la rencontre.
Ils arrivèrent bientôt devant l'atelier de l'inventeur. Cette fois Bellamy n'eut pas tant de complications pour entrer et Mortimer et lui furent rapidement conduits dans la serre. Lorsqu'ils arrivèrent et que Monsieur Moreau reconnut son fils, il l'attrapa aussitôt dans ses bras, les larmes ne s'arrêtant pas. Mortimer, dans les bras de son père, ne ressentait que de la surprise. Il n'avait jamais eu tant d'affection de son père. Comme c'était étrange. C'était...bien? Réconfortant. Et Mortimer se laissa fondre dans les bras de son père. Tandis que Bellamy observait d'un peu plus loin, ému, avec un petit pincement au cœur en se souvenant de son propre père qui n'était désormais plus là.
Lorsqu'ils se détachèrernt enfin l'un de l'autre l'inventeur pris enfin la parole. "J'ai cru que tu étais mort... Tu ne sais à quel point je suis heureux de te revoir mon fils. Je n'aurais jamais dû te repousser. Ta mère et toi, vous étiez ma plus grande perte."
Mortimer soupira. Même si son père s'excusait, et qu'il savait au fond que la mort de sa mère n'était plus de sa faute, les conséquences de cette accusation, aussi bien mentales que physiques, étaient tout à fait réelles aujourd'hui. Comment pardonner son père quand on se souvient de comment on se sentait si seul et au monde lorsqu'on se noyait dans les catacombes de Paris, et qu'on a abandonné de se battre, ou de remonter à la surface, parce que "c'est ce qu'on mérite". Comment pardonner son père quand on se souvient de sa propre mort? Et de toutes les autres morts que Mortimer avait dû ressusciter durant ces cinq années. Il n'arrivait ni à pardonner, ni à se fâcher devant cet homme qui avait été tout aussi tourmenté par les remords que Mortimer lui-même. Cet entre les deux à Mortimer lui paraissait pire. Il n'aimait pas qu'il ne puisse pas se faire une idée définitive de si père était bon ou mauvais. Et malgré tout il n'y pouvait rien une fois confronté à la vérité. Il aimait son père, mais ses cicatrices encore profondes l'empêchaient de reprendre avec lui comme si de rien n'était.
"Mon fils, je veux que tu saches que je suis désolé. Je te demande pardon pour tout le mal que mes mots t'ont causé."
Mortimer cligna des yeux et essaya le coin de ses yeux mouillés.
"Pourquoi?"
"Pardon?"
"Pourquoi?" Répéta Mortimer. "Pourquoi ne m'as tu jamais dit ça."
"J'étais aveuglé par le deuil et je m'en voulais terriblement d'avoir été si loin d'elle durant toutes ces années. Je ne pouvais pas me regarder en face et j'ai redirigé ma colère, ma douleur et ma culpabilité vers toi mon fils. Il était plus simple pour moi de placer la faute sur toi que de voir ce que j'avais fait. J'en suis sincèrement désolé mon fils."
"Et t'es heureux maintenant que tu as pu t'excuser ? Tu te rends bien compte que tu ne peux rien réparer ici?" Mortimer pointa vers son cœur.
Monsieur Moreau hocha la tête solennellement. "Je ne peux pas changer le fait que j'étais un mauvais père, mais je peux essayer de faire mieux maintenant. Si tu veux bien, j'aimerais savoir ce qui est arrivé à mon fils depuis cinq ans. Viens on va s'installer sur le canapé." Mortimer le suivi non sans lancer un regard en arrière à Bellamy, accompagné d'un hochement de la tête pour le rassurer que tout allait bien.
Le blond resta donc de son propre côté de l'atelier. Il sortit un livre tandis qu'un peu plus loin dans la pièce, Mortimer et son père se retrouvaient peu à peu. Plus le temps passait et plus cela devenait insoutenable pour Bellamy. Il se sentait si mal de ressentir une telle jalousie envers Mortimer, juste parce que lui n'avait plus son père. Lorsqu'il arriva moment de son livre ou le protagoniste partait en voyage avec son père Bellamy rangea furieusement le livre dans sa sacoche et s'en alla attendre le retour de Mortimer dans la chambre cachée.
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