Chapitre 7

— Tu débarques dans notre maison avec tes trois mioches, tu t'imposes même dans ma demeure, dans mon royaume, et tu te permets de jeter des choses qui m'appartiennent ?

Je crois que je n'ai jamais vu Rewind ainsi. Kereya le toise de haut avant de reposer brutalement son verre de vin sur la table.

— Il était temps que j'arrive, réplique-t-elle. Toi et ta folle de grand-mère êtes incapables de gérer un royaume. Imir aurait couru à sa perdition si je n'étais pas intervenue !

Rewind l'ignore royalement et se moque :

— Je ne suis même pas étonné que ton mari t'ait quittée. Tu es la pire des garces.

Kereya se lève, furieuse et jette sa serviette sur la table d'un mouvement plein de rage.

— Je ne resterai pas une seconde de plus ici à me faire insulter de la sorte !

Je manque de prendre la parole. Elle est celle qui crée la zizanie dans leur famille soudée mais elle ose se plaindre et pleurnicher de la sorte ?

Ses talons résonnent contre le marbre alors qu'elle quitte la pièce. J'entends Bendy pousser des soupirs à ma droite et se lever.

— Je vais tenter de la raisonner.

J'aimerais lui dire qu'il n'y a rien à raisonner car cette femme est déjà pleine de folie. Quand il quitte la table à son tour, les discussions reprennent, plus légères.

Je lève les yeux et remarque qu'Eros me dévisage. Je me racle la gorge, saisit mon verre de vin et l'apporte à mes lèvres.

— Vous avez un morceau de salade au coin de la bouche.

J'avale de travers et m'étouffe. Littéralement. Je suis en train de mourir. C'est ce que je me dis quand je repose mon verre, et que je me mets à tousser comme une otarie.

Je recule subitement mon siège, probablement rouge pivoine, et les autres se taisent brusquement. Par pitié, tout mais pas ça. Je vais mourir de honte si je ne me reprends pas.

Je tousse plus fort et Julio se tourne vers moi.

— Arynn ? Tu es toute rouge...

Eros se lève au même moment, contourne la table et me tends un verre d'eau. Je tends la main pour le prendre mais au lieu de saisir le verre, je le repousse sans faire exprès et l'eau vient éclabousser sa chemise.

Crotte.

Double crotte même.

Honteuse, je me lève et m'enfuis à toutes jambes. Il est temps de m'arracher la vie pour cette double gaffe que j'ai commise ce soir.

Je traverse le couloir à grandes enjambées, en pleurs presque, me sentant humiliée.

Je tousse une dernière fois, reprenant pleinement ma respiration et mon dos vient se coller au mur. J'inspire profondément, les poumons comprimés, comme si je venais de vivre le pire moment de ma vie.

J'ai vécu le pire moment de ma vie.

— Arynn ?

Je sursaute au même moment où Eros apparaît devant moi, un air contrit au visage.

— Je suis...

Je ne le laisse pas finir et m'éloigne du mur pour prendre la fuite. Par pitié, faites qu'il ne me suive pas.

Il me suit.

Génial.

Je rentre dans la première salle de bains que je trouve pour m'asperger le visage d'eau. La porte ne tarde pas à claquer et Eros s'immisce à l'intérieur. L'espace me paraît soudainement plus petit. J'ai l'impression qu'il a volé tout l'air de la pièce.

Je jette un coup d'œil au miroir et manque de me baffer. Mon cou et ma poitrine sont rouge tomate, sûrement à cause de la honte magistrale que j'ai vécue.

— Je suis désolé, je n'avais pas pensé que les choses tourneraient ainsi.

Je me tourne vers lui, m'agrippe au lavabo de mes mains et l'affronte enfin.

Oh, Dieu, il est tellement...

— Quelles choses ? J'avais un morceau de salade au coin de la bouche, je me suis étouffée et j'ai renversé mon verre sur vous. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Je suis à deux doigts de fondre en larmes. C'est idiot, c'est même bête, mais je ne me suis jamais sentie aussi mal de toute ma vie.

Il fait un pas, l'air navré.

— À dire vrai... Vous avez encore ce morceau de salade.

Je suis au bord de la crise de nerfs. Et pourtant, sa réplique me fait sourire. Puis rire, je crois. Je préfère rire que pleurer. J'aurais vécu une triple honte dans le cas échéant.

Il sourit et s'avance, son pouce se posant délicatement au coin de ma bouche. Je déglutis et détourne le regard. Se concentrer sur autre chose. Le plafond. Qu'est-ce qu'il est beau ce plafond, si blanc, si vide, si...

— Je m'y suis mal pris, reprend-il d'une voix douce.

Il recule d'un pas, glisse les mains dans ses poches.

— Comment cela ?

Je le vois hésiter. Bon Dieu, mais je ne prête jamais attention au petit détail ! Comment pourrais-je savoir s'il hésite de la sorte...

— Je voulais vous dire à quel point vous êtes belle, mais sur le moment, cela m'a paru incongru. Alors j'ai préféré lâcher cette bêtise et nous en sommes là, maintenant.

Je crois que je suis en manque d'air. Choc émotionnel. Mon cerveau sature. Non, mon cerveau refuse de croire ce qu'il vient de dire. Mon cerveau va exploser. Je vais exploser. Je vais m'incendier sur place, je vais...

Respirer. Calmement.

— Nous devrions y retourner.

Il me tend sa main que j'observe pendant quelques secondes. Puis je cesse de réfléchir et y glisse la mienne.

Quand nous rejoignons la salle de réception, ils en sont déjà au dessert. Avons-nous disparu pendant autant de temps ?

Mamie tourne la tête vers moi et s'exclame :

— Nous nous sommes mis d'accord pour attaquer le dessert. Le plat, aux oubliettes !

Je retire ma main de celle d'Eros quand je sens le regard de Bianca sur moi. Malheureusement pour moi, je vois bien le sourire qui se dessine sur ses lèvres.

Kereya et Bendy ne sont pas revenus. Et je réalise que Mamie ressemble à une reine devant ses sujets. Elle se penche pour intimer quelques mots à Lolya qui éclate d'un rire enfantin.

Je reprends mon souffle en m'avançant. Mais Rewind se lève brusquement, saisissant son verre :

— Levons un toast à cette peste de Kereya qui pleure dans son coin !

Il fait mine de mettre la main sur sa bouche comme si les mots lui avaient échappé, se rappelant qu'Eros et Lolya sont dans la pièce.

À ma plus grande surprise, la petite fille éclate de rire et lève son verre de jus de fruits, chantonnant :

— À maman !

Je me détourne et me rends compte qu'Eros aussi lève son verre. Rewind lui fait un signe de tête, comme s'il le respectait et cette bonne ambiance entre eux me réchauffe le cœur.

— Et si on jouait à un jeu ? Le dernier arrivé dans le jardin est une poule mouillée !

Il repousse sa chaise et part en courant comme un enfant. Je cligne plusieurs fois des yeux en voyant Bianca courir après lui. Même Mamie se lève avec sa canne et quitte la pièce. Les enfants hurlent de joie et Julio se met à sprinter.

Il ne reste plus qu'Eros et moi dans la pièce. Il me jette un regard plein de malice avant de lancer :

— Je ne serai pas la poule de mouillée.

Et il me fait un clin d'œil en courant à son tour.









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je love Eros, très clairement (oui le mec a eu trois répliques depuis le début mdrr)

mais ça apporte un peu de douceur, je trouve

le prochain chap sort demain

bizz bizzz

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