Chapitre 50

Il nous pousse tous les deux vers la sortie. Sauf que ce n'est pas la sortie, c'est l'une des deux portes qui mènent... je ne sais où.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'agace Eros.

— Direction : la salle de massages ! Je suis sûr que cette activité saura vous rapprocher encore plus !

Il nous pousse à l'intérieur mais cette fois-ci, il ne ferme pas à clé. Comme la porte est transparente et trouble, je le vois s'éloigner et rejoindre les autres. Au bruit des éclaboussures, je suppose qu'il a dû faire une bombe.

Eros serre les poings et je baisse les yeux vers mon maillot de bain deux pièces. J'ai l'impression qu'il manque de tissu. D'un violet sombre, je ne me suis pas attardée sur celui-ci quand je l'ai enfilé.

Mais maintenant que nous somme dans une pièce, seuls, j'ai l'impression qu'il est... trop voyant.

Mes yeux se posent sur la table de message, les huiles déposées et je demande :

— Il n'y a pas des gens pour faire ça, d'habitude ?

— Si. Ils ont du personnel.

L'ambiance est... trop intime, pour l'étape de notre histoire actuelle. Je ne sais même pas où nous en sommes lui et moi actuellement.

Et je crois que l'un comme l'autre, aucun n'osera faire le premier pas. Alors je me tourne pour sortir mais sa voix résonne plus grave que jamais :

— Tu veux essayer ?

— Si tu sais masser, oui. Mais si c'est pour me taper le dos, non merci.

Il rit alors que je m'avance, soulagée, vers la table. Je déplace le drap avant de me hisser dessus. Je sens son regard sur mon dos et je réalise que depuis le début, je me balade devant lui, à moitié nue, quel spectacle je peux donc bien lui offrir en ce moment ?

Je m'allonge sur le ventre, parce que j'estime que nous ne sommes pas assez proches pour qu'il me masse les seins...

Quel humour !

Je me racle la gorge et Eros s'approche, silencieux. Il saisit un pot d'huile et marmonne :

— Je ne sais même pas comment ce truc marche.

J'éclate de rire alors qu'il dévisse le bouchon avant que la substance ne coule sur mon dos. Je frisonne et Eros plisse les yeux.

— Euh... Je peux dénouer ton... truc ?

— Tu te décomposes devant un maillot de bain ? je réplique. Je t'ai connu plus farouche.

Et moi, je ne sais pas ce qu'il me prend. Je gagne en assurance. C'est... étrange. Est-ce Eros qui provoque cela en moi ?

— Tu sais, une partie de moi ne voulait pas te le demander. Mais j'ai voulu me comporter comme un gentleman. Je peux aussi très bien t'arracher ce bout de tissu sans rien dire.

Quelque chose se noue dans mon ventre et je me tais alors qu'il tire sur la ficelle. Celle-ci se met à pendre des deux côtés, et je me contente de rester plaquée le plus possible à la table.

Aucun bout de sein ne doit être visible.
C'est ma mission personnelle.

Je niche ma tête dans mes bras, alors que les mains d'Eros entrent en contact avec mon dos. Il se tient sur le côté, en arrière et avoue :

— Je ne sais pas ce que je fais. Donc si c'est désagréable, dis-le-moi.

J'aimerais lui dire que le simple fait qu'il me touche est un pur bonheur mais je me retiens.

Lentement, il se contente de presser ma peau de haut en bas. Par moment, ses poings se ferment pour avoir une résistance. Il descend jusqu'à mes reins et je m'habitue à son contact.

Les secondes s'écoulent, puis bientôt des minutes sans qu'aucun de nous ne parle. Ce silence est réconfortant. Et son massage est agréable.

Je pourrais presque m'endormir mais je lutte pour garder les yeux ouverts. Quand je regarde l'horloge, je vois qu'il est plus de minuit. Nous avons donc passé plus d'une heure trente ensemble ? Le temps passe si vite en sa présence que ça en devient surprenant.

— J'ai une question.

— Dis-moi ?

— Tout à l'heure, tu as dit que Therys t'avait dit des choses sur moi. Qu'est-ce que c'est ?

— Arynn, je préfère me taire. Je ne veux pas passer pour quelqu'un qui tente de te manipu...

— On s'en fiche de ça. Je veux savoir ce qu'il a dit.

Eros soupire et ses mains descendent jusqu'au creux de mes reins. Lentement, il remonte le long de ma taille et revient sur mon dos. Mon souffle se coupe. Il était à quelques centimètres seulement de...

— Il a dit qu'il chercherait à te séduire, et que tu le supplierais de te toucher.

— C'est tout ?

— Il a été plus vulgaire aussi. Selon lui, tu le supplieras bientôt de te baiser.

Je suis à deux doigts de me redresser mais je me retiens. Je vais m'étouffer avec ma salive.

— Pardon ?

— Je voulais le frapper. C'était tellement... Je ne sais même pas quoi en penser. Ce type n'est qu'un abruti et ce mot est encore trop gentil pour lui.

— Pourquoi tu ne l'as pas fait ?

— Je l'ai juste poussé contre le mur. Et menacé. Mais le repas... C'était la goutte de trop. Il te touchait, et je voyais sa main... Je n'ai jamais été aussi en colère de toute ma vie. Et c'est puéril, parce que tu es tout à fait capable de te défendre mais... Ça me démangeait. Dès que je le vois dans les couloirs, j'ai envie de lui arracher la tête.

— Pour ce qu'il a dit ?

— Pas seulement. Il te veut, Arynn. C'est une raison suffisante pour moi de le haïr.

Mon cœur fait un salto arrière mais je me contiens. Respirer. Inspirer. Expirer.

Une idée me vient.

— Allez, à mon tour de te masser !

— Tu sais faire ?

— Non, mais ça peut être drôle.

Je le vois sourire et son sourire me réchauffe le cœur.

— Tu veux que je rattache ton maillot ?

— C'est préférable, je ne vais pas me trimbuler seins nus.

— À mon plus grand désespoir...

Il me fait un clin d'œil et je manque une seconde fois de m'étouffer avec ma salive. Lentement, il commence à nouer mon maillot. Quand je me redresse enfin, je m'assure qu'aucune partie n'est visible.

Il faut maintenir la mission jusqu'à terme.

Eros prend ma place et je me retiens de baver devant son dos parfaitement sculpté. Le problème, c'est qu'il est trop large. Alors sans lui demander la permission, je me hisse sur la table et m'assois entre lui.

Enfin, entre lui. Mes jambes demeurent de part et autre de son corps. Je l'entends étouffer un juron.

— Je t'ai fait mal ?

— Arynn...

— Quoi ? je m'inquiète.

Et pour le coup, il m'inquiète. Je dépose l'huile sur son dos et mes mains s'agitent sans attendre la moindre réponse.

— Cette position est tellement compromettante qu'elle m'empêche presque de respirer, marmonne-t-il.

— Donc je te fais mal.

— Non, tu ne me fais pas mal. Je suis juste en lutte intérieure pour ne pas me retourner et t'embrasser.

— Oh.

« Oh. » Bien joué, Arynn.

Je déglutis et me dis que si mes mains le massent, il pensera à autre chose. Son dos est large, alors je dois tendre les bras pour atteindre l'entièreté de son corps. Sa peau est douce et Dieu seul sait qu'il est beau.

Cet homme est incroyable. Mais ce n'est pas seulement son physique qui fait tout.

Un silence s'écoule, et un sourire s'étire sur mes lèvres quand je me mets à lui chatouiller la nuque. Il retient un hoquet et se débat et j'éclate de rire.

Mais avant de comprendre ce qu'il se passe, Eros gigote et se retourne et je retiens mon souffle. Si notre position de base était compromettante, elle l'est d'autant plus maintenant.

Il étouffe un grognement et mes mains se posent timidement sur son torse.

— Tu veux que je te masse devant aussi ?

Il retient un éclat de rire puis étend les bras.

— Je suis complètement à ta merci, ô ma douce.

Je lâche un ricanement et tente de ne pas penser à quelle partie de mon corps s'emboîte avec la sienne, ou encore sur quelle partie de son corps je suis en ce moment assise.

Mes mains s'attardent sur ses pectoraux. Je me rends compte que Morgan a raison. Dans l'amour, il n'y a pas de demi-mesure. C'est tout ou rien. Et avec Eros, j'ai le sentiment de vivre tout à deux mille à l'heure.

Sa peau est électrique. Je vois ses pupilles briller et il ne me quitte pas du regard. Lentement, il commence à se promener le long de mon corps. J'ai l'impression de brûler sous ses yeux qui me dévisagent comme si j'étais une déesse.

Ses mains se posent sur mes hanches, et remontent doucement. Mon souffle se bloque, et quelque chose renaît en moi. C'est différent des autres fois... Ce désir-là, je ne me sens pas capable de le contrôler.

— Arynn...

Inconsciemment, je remue sur lui et il pousse un soupir. Oh. Je suis en pleine crise d'asphyxie.

Ses mains arrivent jusqu'à mon ventre, et ses doigts effleurent mon nombril. Je frissonne et vois son regard changer. Empli d'un désir nouveau, il se redresse, et me serre contre lui.

Il dépose un baiser sur mon épaule et je retiens mon souffle.

— Je te désire tellement que j'en ai mal, souffle-t-il.

J'ai envie de lui. C'est étrange, puisque je n'y connais rien à ces choses-là. Mais ce que je sais, c'est que je le veux. De toutes les manières possibles.

Eros dépose un autre baiser dans mon cou et ses mains, elles, s'aventurent plus bas, sur mes fesses. Il me soulève pour me ramener contre lui et nos deux corps s'emboîtent à la perfection.

Seuls deux bouts de tissus nous séparent du plaisir à son apogée.

Ses doigts effleurent la ficelle de mon haut et je crois que je m'entends lui demander de l'enlever. Ce doit être ça puisque son souffle s'accélère.

Lentement, il tire et la ficelle se détache. Je réalise alors qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Enfin, si, il y en a un, mais je n'ai pas envie de m'arrêter là.

Je veux l'embrasser jusqu'à en perdre le souffle. Je veux le toucher, le sentir pressé contre moi, je veux sa peau collée contre la mienne, ses lèvres embrasant mon cœur tout entier.

Mon haut de maillot se détache et Eros le jette au sol.

Mission annulée.

Je retiens un hoquet quand sa bouche retrouve la mienne. Il fait ce que je désirais.

Il m'embrasse à en perdre haleine.

Ce n'est pas doux. C'est pressant. Urgent. C'est passionnel, c'est intense, et je ne m'en lasserai jamais.

Mes mains se perdent dans ses cheveux humides, les siennes découvrent de nouvelles parties de mon corps. Je m'embrase sous son toucher et je crois que je suis au bord du précipice quand sa bouche s'écarte de la mienne, et sillonne mon cou de baisers, jusqu'à descendre plus bas, et plus bas et...

Je halète. Je crois que les autres sont partis, je l'espère en tout cas, car le simple fait de les imaginer nous écouter me coupe toute envie de faire quoique ce soit.

Les doigts d'Eros s'aventurent sur mon ventre, descendent sous l'élastique de mon bas. Il baisse les yeux et un sourire plein de malice se dessine sur ses lèvres.

— Encore des ficelles. J'adore.

Je rougis mais heureusement, avec la faible lumière, il ne le verra pas.

— Je peux ? rajoute-t-il d'une voix rauque.

J'ai conscience que nous n'allons pas jouer aux cartes après ça. Et je n'hésite pas une seule seconde.

Sous mon oui, il tire en même temps sur les deux ficelles et mon bas n'est plus de ce monde. Sans un mot, Eros inverse nos positions et m'allonge sur la table.

Je suis bien contente de pouvoir reposer ma tête sur l'oreiller. Eros se redresse pour m'observer et je voudrais me cacher sous la table, disparaître à tout jamais, ne jamais réapparaître, et...

— Tu es sublime, chuchote-t-il.

Ses mains s'aventurent sur mes seins, et plus bas et le monde me paraît très flou quand je le sens me toucher, mon cœur bat tellement fort, tellement vite, que j'en oublie de respirer, je crois que je l'aime, en fait je l'ai toujours su et j'ai besoin qu'il me touche comme ça pour m'en rendre compte, et c'est seulement maintenant que je fais l'instrospection de mes sentiments...

Sa bouche parcourt le même chemin que ses doigts, et je quitte ce monde. Mon corps est là. Mon esprit est coincé quelque part entre ses doigts et sa bouche.

Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais je sais que je respire fort, et que chaque soupir me procure un plaisir infini.

Eros m'embrasse, et c'est le monde qui tangue.

— Tout va bien ? s'inquiète-t-il.

Il est... Beau. Ce mot a été inventé à son image.

Ses yeux sont brillants de désir. Il dépose un baiser sur ma joue, puis un autre sur mon cou, puis je me dis que nous n'avons pas terminé mais Eros souffle fort en reculant.

— On devrait... Arrêter.

— Tu dis ça alors que je suis nue ?

Un sourire moqueur s'étire sur ses lèvres.

— Nue et incroyablement belle.

— Pourquoi doit-on arrêter ?

— On aura tout le temps de continuer ce qu'on a commencé plus tard.

— C'est idiot comme raison.

— Arynn, j'aime prendre mon temps, et... C'est dur de se retenir.

— Alors ne te retiens pas.

Il pouffe de rire et secoue la tête. Grognon, je saisis mon maillot de bain et le renfile. Mais réaliser deux nœuds en même temps, c'est plutôt compliqué.

Eros ne cesse de me dévisager alors que je réussis enfin à resserrer mon bas. Il me fixe. Et je le fixe aussi.

— Tu veux quelque chose ?

Je le vois respirer fort. Zut alors ! Je lui ai déjà proposé de poursuivre, pourquoi refuse-t-il si c'est pour être aussi...

Il s'approche alors et sa bouche retrouve la mienne. Mon dos heurte le mur, alors qu'il défait de nouveau mon bas de maillot. Je me décolle de sa bouche.

— Ah, non, Eros ! J'ai mis du temps à les refaire...

— Je retire ce que j'ai dit. On devrait finir ce qu'on a continué maintenant.

Oh.

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