Chapitre 42

Aujourd'hui, c'est une nouvelle épreuve qui s'annonce. Je me suis renseignée pour apprendre qu'il s'agissait de celle de culture générale. Autant dire que j'espère briller sur ce défi. Je me suis levée suffisamment tôt ce matin, pour avoir le temps de me préparer.

J'ai revêtu une jolie robe bleu clair assortie à un corset d'un blanc pâle. J'ai attaché mes cheveux en chignon, accordé à mon visage une petite touche de maquillage, puis je suis maintenant prête pour prendre mon petit-déjeuner.

Enfin, il est bientôt onze heures mais je me connais, je n'aurais pas d'appétit avant ce soir encore.

Depuis le moment où mes yeux se sont ouverts, j'avais un stupide sourire aux lèvres. Et maintenant, je chantonne dans les couloirs ! Cela ne va plus du tout. Eros est en train de me changer complètement.

Je descends les escaliers sans plus attendre et rejoins la salle à manger. Bianca y est attablée avec Rewind et Ander. Quand ils me voient, la première me sourit, et mon frère me fait un hochement de tête. Seul Rewind ne me prête pas attention, la bouche remplie de pancakes, si bien que ses joues de hamster se dessinent.

Mon sourire s'étire et je prends place à côté d'Ander, en face de Bianca.

— Bien dormi ? me demande cette dernière.

— Comme un bébé. Alors, comment s'est terminée cette soirée ?

Rewind lève l'index comme s'il voulait parler et s'empresse de mâcher comme un cachalot. Il avale, puis répond :

— Mamie a pourchassé Kereya jusque dans le jardin, puis des maudits gardes sont intervenus. Les deux se sont disputées, comme à leur habitude, et après ça, il était plus de minuit donc je suis parti me coucher. La suite au prochain épisode, comme on dit !

— Et Eros... il n'est pas levé ? je m'enquiers.

Rewind hausse les épaules avant de s'attaquer à une autre rangée de pancakes. Ander est tranquillement en train de souffler sur son café brûlant tandis que Bianca se penche vers son époux, un sourire crispé aux lèvres.

— Je me demande vraiment comment tu fais pour engloutir tout ça.

— L'estomac d'un guerrier, que veux-tu !

— Un guerrier pas très guerrier, ricane Ander. Cela fait plus d'un an que tu n'as pas combattu, tu as dû perdre quelques muscles depuis.

— Mes muscles vont parfaitement bien, merci de t'en inquiéter. Si j'étais toi, je m'occuperais plutôt de mes fesses, ou bien de mon lézard tiens ! Comment va Patrick depuis le temps ?

— Il est en excellente santé, se moque Ander.

— Plus pour longtemps. Son meurtre est prévu pour la semaine prochaine.

— Fais-le et j'enverrai Morgan assassiner Tic et Tac.

Rewind lui tire la langue puis fourre de nouveau une rangée de pancakes dans sa bouche. Je roule des yeux, avant de tourner la tête vers la porte. Eros fait son entrée et mon cœur se met à battre plus vite dans ma poitrine.

Il ajuste sa chemise en s'avançant. Un air impénétrable au visage, il ne m'adresse aucun regard. Je fronce les sourcils, les yeux levés vers lui.

— Ah, Eros ! s'exclame Rewind. Tu tombes bien. Tu trouves que j'ai perdu du muscle ?

— Il ne t'avait jamais vu avant quelques semaines, sa réponse ne sera pas objective.

Eros s'avance, hausse un sourcil puis inspecte Rewind.

— Tu m'as l'air correct.

— Je le savais déjà, mais merci. Et correct n'est pas le mot que j'aurais employé. Parfait me sied mieux.

Je ne suis plus d'humeur à rire. Je ressens le froid entre nous. Eros a beau sourire à Rewind, il ne m'accorde pas la moindre attention. Je me dis que c'est normal, qu'il est peut-être fatigué ou tout simplement pas du matin, mais il est apprêté. Et il doit être levé depuis bientôt quelques heures alors... qu'est-ce que j'ai fait ?

Aurais-je rêvé d'hier soir ? Après notre piètre danse, il m'a raccompagnée jusqu'à ma chambre. Nous nous sommes embrassés puis il est reparti de son côté. Comment avons-nous pu passer de cette situation à l'ignorance à l'état pur ?

— Rewind, je peux te parler deux minutes ?

Eros dit cela d'un ton très calme. Rewind fronce les sourcils, finit d'avaler sa dizaine de pancakes avant de se lever pour suivre Eros à l'extérieur de la pièce.

Bianca me scrute, un air perdu au visage.

— Vous vous êtes disputés ?

Ander a même arrêté de boire son café. Ma tête doit parler pour moi : je ne comprends pas ce qu'il se passe.

— Je... Non, c'est pour ça...

— Quelque chose cloche.

Ander lance alors :

— Kereya a dû mal prendre votre petit tour d'hier. Elle est capable de s'être vengée sur vous.

Mais comment ? En menaçant Eros ? En le menaçant de quoi, même ?

Rewind revient dans la pièce, troublé et se rassoit.

— Il veut aussi te parler Arynn. Je n'ai pas tout compris ce qu'il a dit mais... Je crois qu'il a subi un lavage de cerveau. Il a dit qu'il ne voulait plus de Cupidon, et que je devais arrêter... de vous pousser l'un vers l'autre.

Je me lève, et c'est sur ces mots blessants que je sors de la pièce. Mon cœur bat si vite que j'en ai mal. C'est différent de d'habitude. Ce n'est pas de l'appréhension, c'est une crainte pure et simple.

Eros se trouve là, à deux mètres de moi. Les bras croisés sur son torse, son regard n'exprime rien, et c'est ce qui me peine le plus.

— Arynn, il faut que...

Je lève la main pour l'interrompre. Je ne suis pas idiote. Qu'est-ce qui l'aurait rendu froid du jour au lendemain sans aucune raison valable ? Kereya. Elle l'a menacé. J'en mettrais ma main à couper.

— Ne dis rien, Eros. Je sais très bien ce que tu as l'intention de faire.

— Non, tu ne sais pas.

Sa voix est glaciale. Son expression se durcit, si bien que je me dis que je n'ai pas Eros en face de moi. Ce n'est pas possible.

— On ne peut pas continuer ainsi.

— Continuer quoi ? je rétorque. Ce qu'on venait à peine de commencer ? Si j'étais méchante, je te dirais que cela ne valait rien à mes yeux. Mais je vais être honnête avec toi, je ne te comprends pas.

— Tu n'as pas besoin de me comprendre pour accepter ce que je dis. Hier... Et les autres jours étaient une erreur. Je ne l'ai réalisé que maintenant.

J'ai envie de le frapper. De toutes mes forces.

— Je te demande pardon ?

Inspirer. Expirer. Réfléchir. Ce n'est pas Eros que j'ai en face de moi. C'est un Eros menacé par Kereya. Il joue très bien son jeu.

Et s'il ne jouait pas ?

Il n'a aucune raison d'agir ainsi.

— Tu m'as entendu. Je ne le répéterai pas deux fois.

Je n'ai pas envie de me battre contre lui. En fait, je veux juste ne plus jamais lui adresser la parole. Je ne veux pas ressentir ce que je ressens actuellement alors qu'il est très clairement en train de mentir.

Je le dépasse. Sans un mot, je monte les escaliers et l'ignore. Je me retourne en haut pour voir qu'il tourne les talons, et qu'il ne m'accorde même pas l'ombre d'un regard.

Je retiens les larmes qui menacent de couler. Je me rends jusqu'à ma chambre, et je n'y tiens plus. Je pleure, mais pas de tristesse. De détresse. Je ne comprends pas.

L'épreuve commence dans une heure, et je vais avoir les yeux d'un panda. J'ai la rage au ventre, je la sens brûler dans mes veines et m'irradier de l'intérieur. Je ressens un millier d'émotions à la fois et cela m'empêche presque de respirer. Je suis en pleine crise de panique.

Je cherche de l'air, mais rien ne vient. Je passe d'un conte de fées à l'horreur. Ce n'est pas possible. C'est un mensonge. Il m'a menti. Il est manipulé. Je dois lui demander des explications.

Mais j'ai mal au cœur. Puis une idée me vient.

Je fouille dans toutes les lettres qu'il m'a données. Il doit bien y avoir un titre qui correspond à mon état actuel. Je lis chacun des titres et tombe sur la bonne.

Lis cette lettre quand tu te sens mal, et que je ne suis pas là pour te réconforter.

Quel menteur. Menteur. Menteur. Menteur. Ce mot résonne en boucle dans mon esprit. Quelle partie de lui a menti ? Celle qui me soufflait des mots doux hier, ou celle qui me repousse aujourd'hui ? Celle qui souriait à Willa sans l'ombre d'une hésitation, ou celle qui m'embrassait la veille ?

Sans perdre une seconde, je lis sa lettre. Et je pleure encore plus. Parce que je me dis que, l'homme qui m'a écrit ceci, ne peut pas me repousser aujourd'hui. Il n'a pas le droit de me faire ça, sans même une explication.

Arynn,

Je ne sais pas où je suis en ce moment même pour ne pas avoir l'occasion de te serrer dans mes bras, mais... Je suis désolé.

Je suis désolé que tu te sentes mal. Je suis désolé de ne pas être présent. J'espère de tout cœur que ce n'est pas grave, et que les choses iront mieux.

Le choses vont toujours mieux, Arynn. Je l'ai bien appris avec le temps. Certains moments sont plus compliqués à vivre que d'autres, mais chaque étape de ta vie, chaque obstacle qui se dressera sur ta route, ne doit jamais être une fatalité.

Tout ira mieux, je te le promets.

-E

Sa lettre est courte, et me donne encore plus envie d'éclater en sanglots. Il n'a pas le droit. Il n'a pas le droit de me faire cela.

D'un mouvement plein de rage, je roule en boule sa lettre avant de la jeter contre ma porte.

Cette histoire n'a aucun sens.







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hellooo

je poste bientôt la suite, j'étais censée poster 2 chaps aujourd'hui mais j'ai été occupée toute la journée

j'espère que le rythme de publication n'est pas trop intensif, j'essaie toujours de poster 1 ou 2 chaps/jour

mon objectif étant de terminer l'histoire avant la rentrée (début septembre)

bizz bizz

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