Une étrange sensation me brûle alors la poitrine lorsqu'il prononce ces mots. Mes yeux dans les siens, j'y verrais presque mon reflet. Je me laisse aller lorsque ses doigts caressent doucement ma joue, puis descendent dans mon cou, effleurent la naissance de ma poitrine avant de s'arrêter sur mon ventre. Il poursuit sa route dans mon dos, trace des courbes puis ses mains touchent mes cuisses, et reviennent enfin à mes lèvres.
Je retiens mon souffle alors qu'il se penche et embrasse mes lèvres d'un baiser. Il recule ensuite, me contemple et j'ai l'impression de m'embraser devant lui. J'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine. Je lève ma main, la pose sur sa joue et me hisse sur la pointe des pieds pour l'embrasser à mon tour. Nos lèvres se scellent, comme une promesse d'une futur certain. Ses mains viennent m'attraper par la taille pour me coller à lui. L'eau ne me paraît plus glacée. Son corps est brûlant contre le mien et nos respirations s'accélèrent. Nos baisers ne sont plus gentillets. Il y a une sorte de pression, d'envie incontrôlée.
Mon ventre se tord, et pour cause, les papillons ne se sont pas envolés. Les mains de Rewind saisissent mes hanches, viennent me coller encore plus proche de lui. Puis elles s'en vont dans mon dos. Agrippent mes fesses, me soulèvent de terre. Bientôt, mes jambes s'enroulent autour de sa taille et j'essaie de ne pas m'inquiéter des événements qui vont suivre. Parce que nous savons l'un comme l'autre que nous sommes à un point de non-retour.
Il mordille mes lèvres en lâchant échapper un soupir avant de nous faire sortir de l'eau. Alors, ses contacts se font plus intenses, plus vifs. Ses doigts glissent derrière l'attache de mon soutien-gorge, ses lèvres descendent sur ma poitrine. Je laisse échapper un gémissement en même temps qu'il me pousse contre un arbre. Mon dos heurte la rugosité de l'arbre mais la douleur me passe par-dessus. Rewind est brute dans ses mouvements et à la fois si doux dans ses caresses que je risque de m'écrouler à tout moment. Sa bouche descend alors sur mon ventre, et embrasse chaque parcelle de mon corps, comme promis.
Je retiens mon souffle, haletante et lui saisis le visage pour le faire remonter. J'ai besoin de lui, maintenant. Plus que quiconque sur terre. Nos lèvres se retrouvent et il fond dans mon oreille pour y chuchoter :
— Je vais t'épouser, Bianca.
Et puis bientôt, ses vêtements disparaissent. Les miens aussi et j'ai l'impression de perdre pieds. Ses mains sont partout, sur mon dos, mon ventre, mes cuisses, ma poitrine, partout. Elles me brûlent la peau, m'empêchent de respirer. Elles indiquent que je suis à lui, et qu'il me désire plus que tout.
Nos corps s'emboîtent, se rejoignent comme s'ils n'avaient été conçus que pour cet unique moment. Nos souffles se confondent, se mélangent et s'accélèrent. Mon dos se cambre de plaisir alors qu'il est comme dans mes rêves : puissant et doux à la fois. Ses mouvements se font plus rapides, plus pressés. Ses doigts s'insinuent sur ma chair, me font découvrir de nouveaux horizons que j'ignorais jusque-là. Une jouissance sans fin. Un cri m'échappe et je lève la tête, incapable de retenir la vague de plaisir qui me submerge. Dans le ciel, les étoiles me sourient.
En face de moi, Rewind mordille la peau de mon cou. Il est incontrôlable et inépuisable. Il est d'une beauté à s'en damner et me fait me sentir enfin vivante. Réelle. Ce n'est pas lord Herndon que j'ai en face de moi. C'est l'homme que j'aime, dans toute sa splendeur. Il lâche des grognements de temps à autre alors que je l'accueille en moi comme s'il était fait pour moi. Et il l'est.
Alors lorsque ses lèvres rejoignent les miennes une dernière fois et que je le sens venir, je murmure pour la première fois :
— Je t'aime, Rewind.
Et mes mots l'ensorcèlent. Son souffle vient s'écraser contre mon oreille et ses mains saisissent ma taille une dernière fois pour pousser le coup de grâce. Je lâche un gémissement qui vient clôturer ces dernières minutes de folie. Nous mettons tous les deux du temps à reprendre nos esprits et bientôt, son corps se détache du mien. Toujours nu devant moi, il me tend mes vêtements, m'aide à agrafer mon soutif. Je me dépêche de remettre mes sous-vêtements alors que de son côté, il se rhabille.
Et avant même qu'il ne remette sa chemise, j'avance pour le prendre dans mes bras. Il semble surpris mais m'étreint et pose son menton sur ma tête.
— Tout va bien, Bee ?
— J'ai peur de t'aimer, que notre amour nous déchire l'un comme l'autre. J'ai peur de t'aimer franchement, pleinement et que tu disparaisses du jour au lendemain.
— Bianca, je ne disparaitrai pas. Nos caractères sont certes, un peu explosifs, mais nous trouverons un juste équilibre.
Il saisit mon visage en coupe et dépose un baiser sur mes lèvres. Alors, je me mets à croire ses mots, ses paroles. Je me jette tête baissée dans l'eau, lui faisant assez confiance pour l'aimer totalement.
• • •
La nuit est agitée. Je me suis endormie aux côtés de Rewind dans notre hutte, ses bras m'encerclant fermement comme pour me protéger. Nous avons parlé quasiment toute la nuit et c'est seulement à trois heures du matin que nous avons jugé bon d'aller dormir. Avant ça, Rewind m'a parlé de ses projets futurs, ses envies de parcourir le monde, ses envies de meurtre aussi, sa haine vouée à mon oncle et à Lorcan. J'ai aussi remis en question sa soi-disante mort, les actes d'Ander l'an passé. Rewind m'a avoué que lord Herndon devait être dans le coup et que c'était donc pour ça que mon oncle avait survécu. Enfin, peu importe désormais. Notre ennemi est toujours en vie, et nous n'hésiterons pas à l'éliminer une seconde fois.
Enfin, bon. J'aurais pu bien dormir, seulement j'ai cauchemardé. J'ai rêvé des mains de lord Herndon sur mon corps, de ses paroles méprisantes, de ses soupirs sur mon corps. J'ai rêvé que Lorcan tranchait le cœur de Rewind de son épée. Dans mon rêve, je vois Rewind tomber à genoux et me dire qu'il m'aime. Je revois le père de Lorcan me violer. Je m'entends crier et puis je me réveille en sursauts, Rewind pris de panique.
— Eh, Bianca...
Je suffoque littéralement. La main sur ma poitrine, je peine à respirer et seul le contact de Rewind me ramène les pieds sur terre. Les larmes inondent mes joues alors qu'il vient me serrer dans ses bras, et dépose un baiser sur mon épaule.
— C'était juste un cauchemar... Doucement...
Je reprends ma respiration petit à petit alors qu'il se rapproche pour m'envelopper pleinement de ses bras. Je niche ma tête dans son cou et murmure :
— Ne va pas avec eux demain.
Ce n'est que maintenant que j'aborde le sujet mais cela m'était complètement sorti de la tête. Rewind ne s'écarte pas pour autant et me répond sur le même ton :
— Je suis obligé. Le monde a besoin de moi et mon art grandiose de faire la guerre. Imagine-les une seule seconde se battre sans un Rewind dans leurs rangs. Ils ont perdu d'avance.
Je jurerais le voir sourire, fier de lui. Mes yeux se baladent sur la fenêtre. Il fait presque jour.
— Mais maintenant que tu le dis, sauver le petit bourgeois de Socrenia ne m'enchante pas plus que ça. Qu'il aille rôtir sur la place publique, je ne lèverais même pas le petit doigt pour lui.
Je m'écarte de lui et hausse les sourcils.
— C'est vrai ?
Quand il voit mon air sérieux, son sourire s'efface et il hausse les épaules.
— Je n'ai pas hésité une seconde pour sauver Ander. J'ai beau le détester pour sa nonchalance à toute épreuve, il est tout de même plus ou moins utile pour Lucrenda. Et Eileen aurait été dévastée. Ta sœur est une femme appréciable, recueillir sa peine nous aurait tous brisé le cœur.
Il fait une pause et je le vois qui réfléchit.
— Tu tiens à William, alors la réponse est oui. J'ai beau le haïr tout autant, je n'ai pas assez de seaux à Imir pour recueillir tes larmes.
— En fait, tu détestes tout le monde ?
Il éclate de rire et passe ses doigts dans ses cheveux. Hypnotisée, je le regarde faire. Il est incroyable.
— Non. À part Ander, William, Delker, ton oncle, l'autre pourriture et son fils, et Sebastien aussi... mais il est mort. J'avais oublié. Ah, Cecilia peut-être. Cette pimbêche de demi-sœur n'a pas refait une seule fois surface depuis l'année dernière.
— Tu détestes vraiment Delker ?
— Il pose ses yeux sur toi en permanence, réplique-t-il.
— Il ne fait même pas exprès, tenté-je de le défendre.
— Dans tous les cas, il veut ce qui est à moi. J'érigerai des palissades et des clôtures autour de toi à Imir pour que personne ne puisse voir ta beauté phénoménale.
Je plisse les yeux alors qu'il hausse vivement les sourcils, fier de lui.
— C'est... flippant. Et Ander, tu le détestes vraiment ?
— Non. Sans doute un peu. Il est agaçant parfois, rien de dramatique. Et il a une capacité à ne pas comprendre les femmes, c'est aberrant ! Souviens-toi, l'an passé, comment il était borné et stupide avec Eileen. Je plains ta sœur de l'avoir comme mari. Je ne tiendrais pas un jour avec lui à sa place.
— Une heure, même, ricané-je. En conclusion, tu hais le monde entier. Sauf tes chiens et moi, je présume ?
— Exactement ! Mais c'est que tu as tout compris, Bee, me nargue-t-il.
Le soleil est en train de se lever. Je le sais lorsque je vois les quelques rayons de soleil traverser la fenêtre pour venir illuminer les cheveux de Rewind. Ses mèches se teintent en bronze et il finit par taper dans ses mains.
— Je devrais me préparer. La route va être longue.
Je le regarde se lever, le cœur serré.
— Rewind... Reste avec nous. Rentre à Lucrenda avec moi. S'il te plaît.
J'ai l'air d'un chiot abattu parce que Rewind me dévisage, peiné.
— Bianca...
— Si tu y vas, je viens avec toi. Et c'est non-négociable. Et je parlerai avec Delker pendant toute la traversée.
Il grimace, ronchonne puis finit par revenir dans le lit. Ses mains s'appuient de part et d'autre de mon corps et son souffle se mélange au mien lorsqu'il murmure :
— C'est du chantage, Bee.
— Je saisis les avantages.
Je reprends ses mots et son sourire s'étire. Cet homme ne fait que sourire tout le temps.
— Bien, je reste avec toi. Direction Lucrenda.
Je me rallonge sur le lit, le visage rayonnant puis ferme les yeux quelques secondes. Je me sens bien. Plus que bien, même. C'est comme si j'avais retrouvé ma vie d'avant. Sereine et sans embûches. Je sais qu'il me reste encore un bout de chemin à parcourir, mais la fin est proche. Mon histoire avec Rewind ne fait que commencer. J'avancerai avec lui, et il m'aidera à affronter mes souvenirs.
La main de Rewind me ramène à la réalité. Ses doigts effleurent ma cheville, glissent sur ma cuisse. S'arrêtent à mi-chemin. Je rouvre les paupières. Il est pensif. Ses yeux me fixent mais je le sens ailleurs.
— Quelque chose va se tramer, dit-il. Lorsque William arrivera à Lucrenda, reste sur tes gardes.
— Qu'est-ce que tu insinues ? dis-je en fronçant les sourcils.
Il hausse les épaules, désinvolte.
— Rien de spécial. Mais il faut se préparer à tout. Et surtout, ne t'éloigne pas trop. Je te protégerai quoiqu'il arrive.
Il dépose ensuite un baiser sur mes lèvres avant de reculer. Bientôt, le soleil brille fort dans les nuages. Rewind et moi rangeons nos affaires respectives, nous embrassons un milliard de fois toutes les deux minutes puis c'est aux alentours de onze heures que nous sortons de la hutte.
Le village est vide à présent, et Eileen et Ander nous attendent à l'entrée du village, déjà en selle. Il ne reste que quelques heures avant d'arriver au palais royal. Le dernier tournent se joue ici.
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