Chapitre 42
PDV Bianca
Je suis réveillée brutalement par un bruit de vitre brisée. Mes yeux mettent du temps à s'adapter à la lumière et à côté de moi, William se redresse en même temps. Parfaitement réveillé, sa tête du matin me donne envie de sourire. Mais ce sourire s'estompe lorsque Rewind déboule dans la chambre, une bouteille cassée à la main. Je jette un coup d'œil à la fenêtre en mille morceaux pour comprendre qu'il vient juste de briser une vitre. Quel magnifique réveil matinal.
— La porte était fermée, se justifie-t-il, l'air absent.
Ses yeux sont vitreux, ses cheveux décoiffés et il a une expression hagarde au visage. Il ne cesse de fixer la fenêtre comme si celle-ci allait lui tomber dessus. Il a l'air trop paniqué pour être normal. Mais il se ressaisit et nous jauge mauvais :
— Parce que vous dormez ensemble maintenant ?
— Tu n'as pas donné signe de vie de la nuit. J'ai des comptes à te rendre ?
— Toi, non, mais lui oui.
Il s'approche de William, le saisit par le col et le fait décoller du lit. Je pousse un cri d'exclamation.
— Mais lâche-le !
— Oh Bianca, tais-toi pour une fois. C'est un problème entre lui et moi et que nous allons régler sur le champ.
Il retrousse ses manches, dévoilant ses bras pleines de veines et relâche William qui se rattrape tant bien que mal sur la table de chevet. Il le prend au sérieux et remonte lui aussi ses manches avant de se mettre en garde.
— Vous allez vraiment vous battre ?
— Nous n'allons pas nous battre, Bee, je vais lui faire manger le parquet. Nuance.
Il me fait un clin d'œil avant de balancer son poing dans le visage de William qui l'esquive. Il était moins une avant qu'il ne prenne cher... Je les fixe quelques secondes avant de me ressaisir. Qu'est-ce qu'il fait là, enfin ?
Je me lève du lit, toujours vêtue de ma simple chemise et vais pour intervenir mais William m'interrompt de la main.
— Recule, m'intime-t-il. Il pourrait te frapper comme il a très bien su le fait la dernière fois.
Sa pique atteint Rewind qui grogne en lui envoyant son poing. Un poing qui finit dans le mur. Il grimace devant le sang s'écoulant mais ne se calme pas pour autant. Mais bon sang, que lui prend-il ! Il est juste devenu fou et incontrôlable.
— C'était une erreur, marmonne-t-il.
Et ses poings se déchainent sur William qui n'a rien demandé. William a beau être rapide, Rewind est plus fort et le prend au piège contre le mur. Une fureur sans nom le saisit et il envoie une dernière fois son poing sur son beau visage. William n'a pas le temps de parer. Il n'a pas le temps de se protéger. Sa tête cogne violemment contre le mur et il s'effondre au sol sans un mot. C'en est trop.
Furieuse, le cœur battant à vive allure, je m'approche de Rewind et lui hurle au visage, tel un monstre des marées :
— Non mais ça va pas la tête ? William n'a rien fait, ne t'a même pas adressé un mot depuis la veille et tu débarques ici, sans un bonjour, sans une once de politesse pour l'amocher ? Qu'est-ce qui ne va pas dans ta tête, merde alors !
Ses narines se dilatent et sa colère se propage dans ses yeux. Je le vois souffler fort et sur le moment, il me terrifie. Il ne m'inspire aucune confiance. À tout moment il pourrait me frapper. M'amocher comme il l'a fait avec Will.
— Tout est de ta faute, grogne-t-il. Je t'ai vue embrasser un inconnu hier !
— Et je t'ai vu faire la même chose ! Suis-je venue pour autant tirer les cheveux de tes pimbêches ? Pas une seule fois !
— Tu te venges en passant du temps avec lui ! Tu me le fais payer en dormant avec ce type !
Je ne respire plus. Les mots fusent en même temps qu'une fureur démesurée emplit la pièce :
— Qu'est-ce que ça peut te faire ! m'époumoné-je. Tu n'es personne dans ma vie, c'est toi le sale type incapable de me laisser partir et de me voir faire ma vie avec quelqu'un d'autre ! Et je ne me venge même pas, espèce d'abruti, je passe du temps avec lui parce que je l'apprécie !
Je reprends ma respiration. Un souffle court. Une inspiration brève. William se remet sur pieds, la tête en arrière pour éviter que le sang ne dégouline. Je reprends, d'un ton plus calme :
— Quoique je fasse, quoique je dise, tu continueras de t'acharner sur lui juste parce que tu ne l'aimes pas. Tu disparais une nuit complète seulement parce que j'ai embrassé un homme que je n'aimais même pas. Et quand celui-ci aurait pu me faire subir la même chose qu'il y a un an, le seul capable de mettre son ego de côté, c'est William.
Rewind fronce les sourcils. Il ne comprend pas. C'est William, derrière moi, qui se montre assez gentil pour couper court à ses interrogations :
— Il y avait de l'aglys dans la fumette qu'elle a consommé.
Alors, c'est l'illumination. Les engrenages s'emboîtent dans son cerveau, il réussit à finir le puzzle. Il recule de quelques pas, confus, avant de comprendre les énormes erreurs qu'il vient de commettre. Des erreurs irréparables. Il fuit la situation. Il s'en va ouvrir la porte pile au moment où Eileen apparaît aux côtés d'Ander. Le visage grave, son expression semble figée dans le temps.
— Eileen, que se...
— Il y a des soldats à l'extérieur. Il y a un mandat d'arrestation à ton nom, Bianca.
Ce n'est même pas étonnant. Plus rien ne m'étonne à dire vrai. Lorcan apparaît derrière ma sœur et Ander, un aie inquiet au visage.
— Nous devons partir d'ici et maintenant, je peux retarder les gardes mais il faut s'en aller. Passez par la fenêtre et retrouvez-moi en bas de la rue. J'ai des contacts ici qui nous amèneront à la ville la plus proche. Là-bas, on se démènera pour trouver un plan.
Eileen acquiesce, vive et rentre dans notre chambre, suivie d'Ander. Elle me saisit par le bras avant de lancer un regard aux autres dans la pièce. Son regard s'arrête sur William qui saigne toujours autant. Il a l'air plus agacé de perdre du sang que d'avoir mal.
— Tu t'es blessé, William ?
Elle a une manière très bourgeoise de prononcer son prénom qui me ferait presque sourire.
— Je pense plutôt que Rewind s'est défoulé sur lui, soupire Ander.
— Exactement ! m'exclamé-je. Cet abruti n'en a que faire d'utiliser son cerveau pour penser à l'endroit. Il préfère se comporter comme un gros connard jusqu'au bout pour bien être détesté à sa mort. C'est vraiment une bonne image qu'on gardera de toi, Rewind !
Je le fusille du regard et il me renvoie mes mitraillettes. Je profite de quelques secondes pour saisir mes vêtements éparpillés au sol. J'enfile juste le bas de ma robe ainsi que la chemise. Au diable le corset, je n'ai pas le temps. Je croise ensuite les bras sur ma poitrine alors qu'Ander lève les yeux au ciel.
— Vos histoires m'épuisent. Je n'aurais jamais eu la patience de me battre à ce point pour Eileen si un type aussi chiant que lui me barrait la route.
Ander désigne d'un coup de tête Rewind avant de prendre son élan. Il est le premier à sauter par la fenêtre, sans un mot. Eileen pousse un cri d'exclamation en fusant vers la fenêtre.
— Saute, Eileen ! lui crie-t-il d'en bas.
Elle ne perd pas de temps et l'imite. Bientôt, nous l'enjoignons. Il n'y a que quelques mètres entre la fenêtre et le sol, rien d'énorme. Nous filons ensuite dans une ruelle en attendant Lorcan. Je profite de ce lapse de temps pour jeter un coup d'œil au visage de William.
— Laisse-moi voir.
Il baisse la tête pour me regarder et ses yeux se confondent avec les miens. Je lis dans son regard une multitude d'émotions qui me transpercent le cœur. De la tristesse, une colère brute, celle de vouloir tuer Rewind sur place mais celle aussi de se retenir. La vengeance brille dans ses yeux mais il se calme. Il s'apaise lui-même, il contrôle ces sentiments exutoires et me sourit. Tout simplement. Il transforme cette colère en désir, celui de me voir. L'éclat dans ses pupilles se fait plus intense, plus rayonnant.
— C'est pathétique, ricane Rewind dans mon dos.
Je n'en peux plus. Agacée, je me retourne pour lui balancer à la figure :
— Personne ne t'a demandé de te comporter comme un connard, tu le sais au moins ?
— Bien dit ! s'exclame Ander.
— Oh toi la ferme un peu, s'énerve Rewind.
— Bouclez-la tous, intervient Eileen. On va se faire repérer. Auquel cas tu aurais oublié, Bianca, tu es recherchée. Ta tête est mise à prix. Tu risques l'exécution, tu le sais au moins ?
Je lève les yeux au ciel. Bien sûr que je le sais. Je connais parfaitement le fonctionnement des mandats d'arrêt. Ils n'ont plus été à l'ordre du jour depuis le règne de mes parents. Dès lors où mon père s'est assis sur le trône, il a aboli ces exécutions publiques inutiles et injustes. Il a mis en place une justice, une justice que celui à la tête du pays se contente en ce moment même de détruire.
Si j'en crois les livres, il y a trois types d'exécution que je risque. La pendaison, la plus classique de toute. Le fouet en public, la plus douloureuse et utilisée pour torturer les plus costauds. Et enfin, l'écartèlement. Autrefois, on utilisait la pendaison pour les lâches, ceux ayant volé au marché ou encore pour avoir menti au roi. La pendaison était aussi réservée aux femmes. La mort par fouet était en revanche plus utilisée pour les hommes, les brutes bien bâties qui savaient se défendre.
Le plus souvent, cette « justice » se faisait aléatoirement. On tuait des innocents la plupart du temps, et juste pour dire de tuer des hommes. Ce rituel avait pour habitude d'être instauré le dimanche matin, dès lors où le soleil pointera à l'horizon.
Je ne préfère même pas imaginé la torture qu'on me réserve. Je continuerai de me bercer d'illusions s'il le faut mais jamais je n'accepterai mon sort. Je continuerai de me défendre, quoiqu'il arrive, peu importe le futur qui s'annonce devant moi.
— J'ai semé les gardes, intervient une nouvelle voix. On peut partir en direction du sud.
Lorcan débarque, l'air impénétrable. Sous ses mots, nous nous mettons en route.
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j'ai trop de chapitres d'avance (no joke) alors je bombarde de publications
mwahaha
Bizz bizz
❣️
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