Chapitre 37
Je vois tout un tas d'émotions passer dans son regard. L'incompréhension, le doute, la tristesse puis une colère brute, sans nom. Une fureur que je ne lui connais pas. Rewind a déjà été en colère contre moi, contre Ander, contre une dizaines de personnes mais cette émotion que je perçois dans son regard me fend le cœur. L'injustice lui brûle les lèvres, il ouvre plusieurs fois la bouche pour dire quelque chose puis se ravise. Ses yeux noisette me scrutent attentivement, moi et mes litres de larmes et il finit par demander :
— Qui ?
Sa voix est différente. Emplie d'une vengeance qui lui ressemble.
— Lord Herndon. J'ai dit à William que je me faisais agressée par lui, je lui ai avoué le soir où j'étais ivre. Je lui ai menti. Les deux semaines où je suis revenue à Ecclosia, je n'ai eu que deux nuits de répit. Les autres jours semblaient des tortures sans fin. J'avais l'impression qu'on m'ôtait la vie tous les jours.
— Je vais le tuer, déclare-t-il de but en blanc, les yeux vides. Lentement, à petit feu. Je lui logerai une balle dans la jambe, puis je le ferai souffrir. Il mourra carbonisé en public pour t'avoir fait ça.
Je déglutis. Étrangement, ses paroles me réconfortent et m'attristent en même temps. Je n'ai plus aucun rempart face à lui, je n'ai plus aucune idée de secours. Je ne peux plus tenter quoique ce soit maintenant qu'il sait.
Rewind lève la tête, se remet debout. Me tend les mains et ne dit plus rien. Un silence lourd s'installe, pesant dans cette atmosphère chargée d'un secret dévoilé.
— Ne le dis pas à William et encore moins à Eileen. Personne ne doit savoir.
— C'est pour ça que tu t'infliges ces griffures ? demande-t-il, l'air désolé.
L'expression de son visage me fend le cœur. Je baisse les yeux vers mes bras plein de cicatrices et je hoche la tête.
— J'aurais pu mettre fin à mes souffrances, interviens-je. Avant que tu ne viennes ruiner mes plans.
— Tu ne recommenceras plus, promets-le-moi...
— Je ne peux pas, Rewind. Il y a des jours où je me sens mieux et des jours où sa voix se répercute dans mon esprit comme un sortilège maléfique. Il y a des jours où j'ai l'impression de reprendre ma respiration et des jours où je me sens couler dans une eau sans fin. Et ces histoires entre toi et William ne s'arrangent pas. Lorsque j'ai appris pour toi et Victoria, tu ne sais pas à quel point j'étais désemparée. Je me sentais idiote et impuissante puisque je vous savais déjà presque mariés. Je m'en voulais parce que je ne t'avais pas rejoint. Je sais que j'aurais pu guérir à tes côtés mais je me suis enfermée dans mes tourments, j'ai préféré souffrir dans le noir et cela me détruit un peu plus chaque jour. Je t'ai déjà perdu...
J'éclate de nouveau en sanglots et Rewind comble la distance entre nous. Il saisit mon visage et me murmure :
— Tu ne m'as pas perdu, Bianca. Je suis toujours là et je serai toujours là pour toi, quoiqu'il arrive. Je n'imagine pas une vie sans toi. Une vie où tu n'es pas à mes côtés.
Il est tellement beau que cela me meurtrit le cœur. Ses lèvres pleines se tendent vers moi, ses cheveux humides effleurent mon front. Ses mains sont si douces contre ma peau et ses doigts viennent cueillir mes larmes. Je n'y tiens plus. Je n'arrive plus à me résonner, j'ai déjà perdu.
Dans un dernier mouvement, je comble la distance entre nos bouches. Ses lèvres se joignent aux miennes dans une douceur qui me fait frémir. Comparé à nos précédents baisers, celui-là est symbolique. L'espoir d'un avenir meilleur, d'une nouvelle chance.
Rewind s'écarte comme pour me laisser respirer mais j'ai besoin de plus. J'en veux plus. Je l'attire à moi et nos lèvres se retrouvent avec plus d'avidité, cette fois-ci. Il hésite à me toucher, je le sens.
— Je ne suis pas une poupée en porcelaine, chuchoté-je contre sa bouche.
Ces mots suscitent en lui une vive réaction. Ses mains se posent sur ma taille, m'attirent un peu plus contre lui. Mon corps vient épouser le sien à la perfection et nos baisers deviennent plus intenses, plus pressés, plus avides de se partager. Mes doigts se glissent dans ses cheveux alors que sa bouche fond vers mon cou, plantant des baisers là et ici, ses dents me mordillant la peau avec douceur.
Je n'en peux plus, j'ai l'impression que je vais exploser, que je ne m'en remettrai jamais. J'ai l'impression qu'il est fait pour moi, qu'il me réussit, qu'il me correspond.
Ses mains glissent alors sur mes hanches, me poussant un peu plus contre le mur. Ses baisers se font plus ardents et je me sens consumée de l'intérieur, je sens un feu me brûler la cage thoracique. Je suis en train de l'embrasser pleinement. Cette réalité me heurte en plein visage. Jamais je n'aurais pensé poser mes lèvres sur les siennes de mon plein gré. J'ai alors l'impression de perdre pied. Que la réalité s'efface, et que les ténèbres m'engloutissent.
J'ai mal. Je ne respire plus, je ne vis plus. Je le supplie. Une énième fois.
Je le repousse brusquement, reprenant mon souffle, le cœur battant à vive allure. Rewind fronce les sourcils, recule de quelques pas et porte ses doigts à sa bouche rougie. Sa peau mate est teintée d'une nouvelle couleur, ses cheveux désordonnés et ses yeux brillent d'une lueur qui m'est inconnue.
Rewind voit bien que je suis en lutte intérieure pour m'en remettre, entre les baisers échangés avec lui et mes idées noires.
— Je suis désolé, Bianca. Une fois rentrés à Imir, tout ira pour le mieux, je t'assure. On sauvera Ecclosia, et je réduirai à néant ce rat. Je t'apporterai sa tête sur un plateau d'argent. Il ne te fera plus jamais de mal.
Je souris faiblement. Ce sourire n'atteint pas mes yeux. Alors, il rajoute :
— Que diras-tu à William ?
— Je ne peux rien lui dire pour le moment, soufflé-je. Je ne sais même pas ce que je suis censé faire.
Rewind hausse les épaules, l'air désinvolte mais je lis de la jalousie dans son regard.
— Il ne te mérite pas.
— Qui es-tu pour savoir ce que je mérite ? répliqué-je en replaçant ma chemise.
— Je te connais mieux que lui. Je sais ce dont tu as besoin.
Je hausse les sourcils.
— Ah oui ? Et de quoi ai-je besoin au juste ?
Il s'approche et je recule. Mon dos heurte le mur de nouveau.
— Tu as besoin d'aventure. De quelqu'un qui ne t'ennuie pas. Qui te répond. Tu as besoin d'un adversaire et d'un partenaire. Tu as besoin de quelqu'un qui te fasse te sentir unique. Indépendante. Femme fatale. William n'est qu'un petit joueur qui ne te fera jamais t'élever.
— Parce que tu serais le mieux adapté ? dis-je en riant presque.
Il me fusille du regard et hoche la tête, très sérieux. Il me désigne sa main où son alliance a disparu.
— Je l'ai laissé à Imir. Mon cœur n'est qu'à toi, Bianca.
— Jusqu'à ta prochaine conquête.
— Jamais, souffle-t-il.
Sa bouche se pose sur mon oreille et il chuchote :
— Il n'y a que toi.
Et ses lèvres déposent des baisers sur ma mâchoire, mon cou. Il me dévore et je laisse tomber ma tête en arrière, perdue. D'une main, il saisit mon cou, de l'autre, il tire sur le lacet de mon corset.
— Rewind, soufflé-je.
— C'est moi, très chère. Le grand, l'unique, l'indétrônable. Je tuerai quiconque posera la main sur toi.
Et tandis qu'il dit ses mots, de ses doigts il continue de desserrer mon corset. Je déglutis, halète presque. Il me rend folle. Je perds pieds. Rewind jubile, s'éloigne un peu, sa main toujours posée sur mon cou. Ses yeux me dévisagent maintenant, avec une lueur amusée.
— Tu es rouge pivoine, Bee. Je te fais de l'effet ?
— Ma main dans ta tronche va aussi te faire de l'effet, répliqué-je.
Il pouffe de rire alors que sa main tire sur mon corset, sans même regarder ce qu'il fait.
— J'en conclus donc que tu irrémédiablement attiré par mon physique d'Apollon. Je suis sensationnel, n'est-ce pas ?
— Non.
Il hausse un sourcil avant de poser de nouveau sa bouche dans mon cou.
— Tu es sûre de toi ? l'entends-je me dire.
— Sûre et certaine.
— Tu perdras à ce petit jeu, Bee.
Ses baisers me font fondre mais je n'en démords pas. Il ne gagnera pas. Je ne le laisserai pas m'avoir. Alors, mon corset tombe brusquement au sol, dévoilant ma chemise à peine boutonné. Je commence à paniquer, à me rappeler de trop mauvais souvenirs mais étrangement, sa voix est là pour me rassurer :
— Ce n'est que moi, Bianca. Tu peux m'arrêter à n'importe quel moment.
Je sais que je le peux mais je ne le fais pas. Il m'aide à avancer, à accepter mon corps de nouveau. Je hoche juste la tête quand ses yeux m'interrogent. Je ne sais pas ce qu'il veut faire, mais il le peut, dans certaines limites. Ses lèvres glissent alors sur les miennes, ne s'y attardent pas et descendent dans mon cou. Il remonte pour déposer quelques baisers sur mes oreilles alors que ses mains me parcourent le corps entier, me découvrent et m'impriment, me font vibrer, vivre de nouveau. Ses doigts s'attardent sur ma poitrine, et doucement, il se met à tirer sur ma chemise. Celle-ci se fait plus large, dévoilant mes rondeurs et Rewind laissent ses mains voyager dans mon dos.
Je ne respire plus. Littéralement. Mon cœur tambourine tellement fort dans ma poitrine que je risque d'exploser à tout moment. Je vais mourir d'asphyxie. Mes poumons me brûlent, mes mains parcourent son torse. Il est tellement beau et attirant que je risque de m'effondrer de désir pour lui à tout moment.
Alors, sa bouche descend un peu plus bas. Ses lèvres arpentent la naissance de ma poitrine, ses mains m'attirent un peu plus contre lui et il finit par descendre totalement. Sa langue glisse sur mes seins, et mon corps a cessé de fonctionner. Je reste figée, haletante, manquant d'air, manquante de ses lèvres. Rewind continue de me torturer des secondes, puis ce qui me semblent être des minutes, une éternité de jouissance infinie.
Il remonte finalement dans mon cou, sa main se logeant sur ma poitrine, ses lèvres attrapant les miennes de nouveau. Ses baisers sont passionnels, destructeurs. Il me fait me sentir un millier de choses, un millier de sentiments que je ne saurais décrire. J'ai l'impression qu'un feu d'artifice éclate dans mon cœur alors qu'il sourit tout contre ma bouche.
— Tu es incroyable, Bianca.
Et je fonds de tendresse. De nouveau, j'ai l'impression de revivre. Quand mon monde entier s'écroule autour de moi, je dois me raccrocher à quelque chose, à quelqu'un. Je me suis rattachée à lui. Je reprends ma respiration, un court instant peut-être, mais cet instant est un moment de pur délivrance.
Sa langue s'enroule autour de la mienne et je n'en peux plus. Je vais m'écrouler, mais ses bras me tiennent fortement contre lui. J'ai l'impression d'être un vase dans ses bras, une fleur qu'il faut à tout prix protéger.
— Tu es mon monde, Bianca.
Et pile après ces quelques mots, trois coups frappent à la porte. La voix de William résonne à l'extérieur :
— Bianca, tu es là ?
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