Chapitre 32
— Assieds-toi et arrête de bouger !
William gigote en passant une main sur son visage. Assis sur le bord de ma baignoire dans ma chambre, il n'a pas parlé depuis le combat depuis toute à l'heure.
De mon côté, je me contente de rincer un gant pour pouvoir lui passer sur le visage.
— Bianca, je peux demander à une domestique de m'aider, tu n'as pas à...
— Tais-toi.
Je me baisse pour être à sa hauteur même si je suis un peu plus petit et je me contente de passer le gant froid sur sa peau rougie. Ses yeux sont intactes, c'est ses lèvres qui ont pris cher et je déteste Rewind pour avoir abîmé un aussi bel ange que William.
— Il ne t'a pas loupé, murmuré-je.
— Il est jaloux. Il a dû nous entendre dans le labyrinthe parce que c'est bien la première fois que je vois une aussi grande haine dans son regard.
Je me mets à rougir en pensant au labyrinthe. Après tout, nous n'avons échangé que quelques baisers avec William, rien de plus.
— Tu rougis ?
— Non...
Je ne peux pas me permettre de penser à cela alors que mon pays est pris par lord Herndon.
— Bianca, me réprimande William.
Il saisit le gant pour le poser dans la baignoire et saisit mon visage entre ses mains. Il a beau avoir les lèvres enflées, il n'en reste pas moins le plus bel homme que j'ai vu sur terre.
— Tu peux me le dire si tu as envie de m'embrasser, dit-il avec un sourire charmeur.
— Non, je n'ai pas envie.
— Menteuse, souffle-t-il en enfouissant sa tête dans mon cou.
Il me saisit en même temps par la taille pour me ramener contre lui et je finis à califourchon sur ses jambes. Il lève ses grands yeux noisette vers moi et déclare :
— Dis-moi tout.
— C'est juste que...
Je ne finis pas ma phrase. Il m'encourage avec un sourire et j'ignore si ce sont ses bras réconfortants ou son regard mais je me mets à parler :
— J'ai envie de t'embrasser. Depuis que nous avons quitté le labyrinthe à dire vrai. Mais j'ignore si j'ai le droit de m'autoriser à penser à ça alors qu'Ecclosia est pris par lord Herndon. Et puis, tes lèvres sont enflées...
Il ne dit rien mais son sourire s'élargit en même temps que son regard s'illumine. Et il m'arrache un sourire, c'est plus fort que moi.
— Tu as le droit de penser à ça, Bianca. Tu es humaine, Ecclosia n'est pas ta responsibilité directe et première. Therys a déjà dû informé mon père de la situation et une armée est déjà en route. Ne t'inquiète pas pour ton pays.
Il me rassure. Je pose mes mains sur son torse en même temps qu'il murmure au creux de mon oreille, m'arrachant un frisson :
— Et puis pour mes lèvres, tu n'as pas à te soucier de cela. Il y aura toujours d'autres endroits à embrasser.
Il clôture ses propos en posant sa bouche dans mon cou. Je me retiens à lui alors que ses mains se baladent dans mon dos pour descendre jusqu'à mes reins.
— Je ne te l'ai jamais dit mais...
Sa bouche dépose un millier de baisers dans mon cou qui font palpiter mon cœur. Je m'agrippe à son veston en même temps qu'il finit sa phrase :
— Tu sens divinement bon.
Ses lèvres aspirent ma peau, la mordille pour y apposer un autre baiser et je fonds d'amour sous sa bouche.
Et puis, je me décide à le repousser. Il fronce les sourcils, l'air inquiet mais je ne le laisse pas le temps de dire quelque chose que ma bouche descend alors sur son cou à son tour. Il pousse un râle de plaisir accompagné d'un petit rire et je souris en embrassant la ligne de sa mâchoire. Ses mains s'agrippent à ma taille et je n'y tiens plus. Lui non plus.
Mes lèvres rejoignent les siennes et il ne dit rien. Je redoute qu'il ait mal mais au contraire, sa bouche saisit avec ardeur la mienne en même temps que nos langues se découvrent et se redécouvrent. Le baiser du labyrinthe n'a rien à voir avec celui-ci.
J'ai l'impression de perdre pied. Que la pièce dans laquelle je suis s'est effondré, que les murs se sont écroulés. J'ai l'impression que nos cœurs se relient, que nos âmes s'enchaînent. Rien ne compte hormis sa bouche sur la mienne, ses mains sur mon corps et cette étincelle qui anime ma poitrine.
Nos respirations deviennent de plus en plus saccadées en même temps que nos lèvres refusent de se quitter. William se lève alors, mes jambes s'agrippant fermement autour de sa taille et il quitte la salle de bains pour rejoindre le lit.
Mes doigts se glissent dans ses cheveux en même temps que ses mains se baladent sur tout mon corps avec avidité. Il pousse un soupir contre mes lèvres en même temps que notre désir augmente.
J'ai besoin de lui.
— Bianca...
Retour à la réalité. On toque à la porte. Contrairement à ce que je pensais, je suis la première à ne pas me dégager de lui. Il doit se faire violence pour s'éloigner et quand il recule, je découvre ses lèvres en sang, ses pommettes rougies.
— Oh, mon Dieu.
Il éclate de rire en voyant mon visage.
— Tu n'as pas vu ta tête, lâche-t-il.
— Non mais Will... Tes lèvres sont en sang.
— Ça valait le coup, répond-il, tout sourire. Je vais ouvrir, reste ici.
Il se lève du lit pour aller ouvrir la porte et je me surprends à reluquer son dos sans aucune gêne. Il revient quelques secondes plus tard, une lettre dans la main et me la tend.
— C'est pour toi, paraît-il.
Je lui prends le papier des mains en même temps qu'il se rassoit sur le lit et lorsque je découvre le sceau royal d'Ecclosia, mon sang se fige.
J'ouvre l'enveloppe en quelques secondes pour y découvrir une lettre. Mon cœur s'arrête. Je reconnais l'écriture.
Ma douce Bianca,
Tu dois sûrement te demander comment j'ai pu réussir à survivre et je serai ravi de te l'expliquer lorsque nous nous reverrons. Je me dois cependant, te te parler d'autre chose pour le moment.
J'ai entendu dire que Socrenia enverrait une armée reconquérir Ecclosia. Je me dois de t'informer qu'ici, l'armée est déjà de note côté. Nous possédons également de nombreuses bombes et armes qui ne seraient pas à ton avantage.
C'est donc pourquoi je te propose un marché. Viens à ma rencontre à Ecclosia et j'accepterai peut-être d'écouter tes amis. Rejoins-moi, et tu auras la chance d'épouser, non pas lord Herndon mais son fils en personne ! Beaucoup plus jeune et sûrement à ton goût.
Refuse ce marché et une guerre éclatera. Pour le meilleur comme pour le pire. Tes amis périront, est-ce ce que tu desires ?
- E
Je repose la lettre, les mains tremblantes. William s'alarme immédiatement et pose sur moi un regard empli d'inquiétude.
— Bianca ?
Je ne dis rien. Ma bouche se scelle en même temps que je réalise le contenu de la lettre. Mon oncle serait bel et bien en vie ? Ou bien quelqu'un se ferait-il passer pour lui ? J'ai vu la lame lui transpercer le ventre. Je l'ai vu mourir de mes propres yeux. Ce n'est pas possible...
Je me rassois sur le lit, les lèvres encore humides de mes baisers avec William alors que celui-ci s'impatiente :
— Bianca ? Que dit cette lettre ?
— Rien. C'est une lettre d'une tante éloignée de ma famille. Elle me dit de prendre soin en ces temps difficiles et qu'elle viendra bientôt me rendre visite.
Il n'en croit pas un mot. Et pourtant, il hoche la tête. Il acquiesce. Il me fait signe que tout va bien. Alors que tout va mal. Mon oncle me fait du chantage en ce moment même et je vais devoir partir au plus tôt d'Imir pour pouvoir rentrer à Ecclosia à temps.
J'imagine de nouveau les barreaux de ma prison se refermer sur moi, les mains de lord Herndon –ou bien encore son fils– et cela me donne envie de mourir. Littéralement. Je ne peux pas revivre le cauchemar que j'ai vécu l'an passé. Je ne veux pas.
Je ne serai pas assez forte, je ne tiendrai pas. J'ai souffert jusqu'ici mais j'ai réussi à garder une bouffée d'oxygène pendant un an et ce, sans la présence de Rewind. Aujourd'hui, tout est différent.
— Bianca, tu m'inquiètes. Sincèrement.
Et son doux visage me donne envie de fondre en larmes. D'exploser. Au contraire, j'implose. À l'intérieur de moi, j'entends mon cœur exploser en mille morceaux.
Je me ressaisis. Comme je l'ai toujours fait jusque-là, je prends sur moi. J'arbore un sourire parfait aux lèvres alors que je lève la tête vers William.
— Tout va bien. Écoute, je suis un peu fatiguée avec les derniers événements. J'aimerais bien me reposer avant les épreuves de demain.
Il hoche la tête de nouveau puis s'abaisse pour saisir ma main, y déposer un baiser frêle.
— À demain, Bianca.
Et sans un mot, il referme la porte derrière lui. D'un mouvement que je trouve trop rapide, il m'abandonne là. Et je brûle d'envie de lui crier qu'il n'y aura pas de demain, qu'il ne me reverra jamais mais je n'en fais rien.
Et pourtant, au fond de moi, j'ai un mauvais pressentiment. William n'abandonne pas aussi facilement.
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