Chapitre 3
Je me retourne lentement en même temps que Lina et plisse les yeux. Deux hommes nous font face, abrités également sous un parapluie noir. Je les détaille discrètement, tout en ayant les sourcils froncés, l'air dur. Les deux ont les cheveux bruns et je me demande s'ils ne sont pas frères ou quelque chose comme ça parce qu'ils se ressemblent vachement.
— Euh, Bianca ? dit Lina en se tournant vers moi.
Je réalise seulement maintenant qu'il y a eu un gros silence entre nous et lorsque je baisse les yeux vers l'un des deux hommes tenant mon ombrelle, je réagis enfin.
— Ah, oui, c'est à moi. Je l'ai laissée...
— Sur le banc, me coupe l'homme de droite.
C'est le même qui tient mon ombrelle. Pour qui se prend-il à me couper ainsi ? Je me retiens de le fusiller du regard. Qu'est-ce que je déteste la gente masculine !
Je finis par m'avancer vers lui, suivie de Lina et tend le bras pour qu'il me donne mon ombrelle mais il n'en fait rien. Il m'étudie soigneusement, un sourire aux lèvres. Ses cheveux bruns sont désordonnés mais il a un visage assez angélique, totalement différent de celui de Rewind. Et pourquoi je me mets à penser à cet énergumène ?
— Vous comptez me la rendre aujourd'hui ou demain ? m'agacé-je.
— Demain est une option assez intéressante.
Et son sourire s'étire. Je ne me retiens pas de l'assassiner de mes yeux. Bon sang, mais quel est le problème des hommes ? Toujours à rester dans mes pattes et à devoir intervenir dans ma vie. Je lui arrache presque l'ombrelle des mains alors que l'homme a côté de lui pousse un soupir en me voyant faire.
— Excusez mon amie, Messieurs, elle est quelque peu fatiguée en ce moment.
Lina, toujours le bon mot. Je me retiens de tous les assassiner et de partir en courant. Je n'aime pas les gens, je ne les ai jamais aimés je crois. L'homme sur la gauche se contente de dévisager Lina et je me mets à penser que les deux ont un sérieux problème. N'auraient-ils donc jamais vu de femmes de leur vie ?
— Pardonnez-nous, intervient l'homme de gauche, nous ne nous sommes pas présentés. Je m'appelle Therys et je suis le prince héritier, aîné de la famille royale de Socrenia. Et voici mon frère, William.
Je maudis déjà ce William. Il continue de me regarder avec un sourire béat comme si je le faisais rire. Rewind ne se serait jamais moqué de la sorte ainsi ! Il m'aurait repoussée, pour sûr... Il faut que je cesse de penser à lui, cela en devient affligeant.
Therys donne un coup de coude à son frère qui se racle alors la gorge en se redressant. Il s'adresse directement à moi :
— Pardonnez-moi de mes manières, lady...
Il s'interrompt, attendant visiblement que je lui donne mon prénom mais je n'en fais rien et un lourd silence prend place. Lina s'exaspère à mes côtés et répond à ma place :
— Bianca, elle s'appelle Bianca. Cadette de la famille royale d'Ecclosia. Et je suis Lina, de la famille royale de Lucrenda.
Le sourire de William s'efface alors qu'il me dévisage avec curiosité. Je relève la tête, enfin fière que mon haut rang me serve à quelque chose : je peux me la péter devant ces deux abrutis sortis de nulle part.
— Toutes mes condoléances à vous deux, intervint Therys en s'inclinant dans un signe de respect.
William l'imite et Lina les remercie. Alors qu'ils se redressent, j'examine leurs vêtements. Therys porte un haut boutonné de couleur rouge velour et montant jusqu'au cou et un pantalon noir assez basique. Il a de loin l'allure d'un roi alors que William porte juste une grande chemise blanche ample assortie à un bas marron. Avec ses grosses bottes, il ressemble à un garçon d'écurie mais je me retiens de le lui balancer.
— Vous êtes donc déjà arrivés ? reprend Lina pour combler le silence.
Elle s'avance vers eux et je ne râle pas, pour une fois. Nichée sous mon parapluie, j'attends patiemment que nous rentrions pour que je puisse dormir. Ah mais oui, il y a un repas à tenir, j'aurais presque oublié.
— Nous sommes arrivés il y a une dizaine de minutes et avec William, nous voulions visiter les lieux. Le palais est si grand que nous avions peur de nous perdre ! répond Therys.
Et les deux rient. Moi, je fixe ses cheveux. Ils sont parfaitement plaqués en arrière et il pourrait être assez séduisant en d'autres termes. Il a le visage assez agréable à regarder et les traits fins comme son frère. William, lui, fixe le sol, l'air pris dans une contemplation.
— Oh, je vois, je pourrais vous faire visiter après le repas si cela ne vous gêne pas !
Therys lui offre un sourire chaleureux et les joues de Lina rosissent légèrement. La pluie commence à s'arrêter et nous marchons, les discussions des deux emplissant l'air. Je me contente d'écouter, perdue.
— Il pleut beaucoup ici ? intervient William.
Il contourne son frère pour venir directement se poster à mes côtés, ses yeux fixés sur moi. Il attend une réponse et je me demande sur le moment si j'ai envie de lui répondre. Il ne voulait même pas me rendre mon ombrelle !
Ses yeux se font si insistants que je pousse un soupir. Allez, je peux bien faire un effort et sympathiser avec lui. Rien ne m'oblige à lui reparler demain.
— D'ordinaire, non pas vraiment. Mais ces jours-ci, il faisait assez chaud alors je suppose que c'est normal.
— À Socrenia, il fait tout le temps très froid l'hiver et très chaud l'été, c'est assez difficile à vivre.
Je me rends compte que nous nous sommes éloignés de Lina et Therys qui sont déjà bien devant. J'ignore pourquoi, mais la compagnie de Monsieur voleur d'ombrelle ne me dérange pas plus que cela au final.
— Quel temps fait-il à Ecclosia ?
— Au nord, assez froid et au sud assez chaud.
— Comme dans la quasi totalité des pays du royaume, sourit-il.
Je ne réagis pas. Je suis là à parler météo avec un inconnu, on peut dire que c'est le cliché sur excellence.
— Votre pays ne vous manque pas trop ?
Si, et je compte bientôt repartir. D'ici une semaine, je prendrai ma valise et je m'en irai loin d'ici.
— Non.
Je le vois qui m'observe et mon visage devient cramoisi. Je relève la tête pile au moment où un rayon de soleil se dessine au loin et illumine directement ma tête. L'appel de Dieu ! Il vient m'annoncer que cet individu devant moi me veut du mal.
— J'ai l'impression que vous mentez.
Il esquisse de nouveau un sourire alors que je braque ma main sur mon visage pour contrer le soleil. D'un mouvement que je n'attendais pas, il saisit délicatement ma main et l'abaisse, ses yeux se plongeant dans les miens.
Je me détourne vivement de lui, ignorant les messages que m'envoient mon corps et réplique froidement :
— Vous n'êtes personne pour me donner vos impressions.
J'essaie de me dépêcher de rentrer mais le voleur d'ombrelle me suit derrière. Il monte rapidement les marches et me dépasse même. Je ne le regarde même pas, si je daigne lui adresser la moindre attention il croira n'importe quoi vis-à-vis de mes intentions. Alors je gravis les marches puis arrivée en haut, alors que je vais pour rentrer, sa voix résonne :
— Je ne vous donnais pas mes impressions, j'essayais d'être sympathique.
Je relève la tête vers lui. Therys et Lina ont continué leur promenade et cet homme est obligé de me suivre. Le soleil vient alors taper sur son visage et je fronce les sourcils. Il ne devrait pas être couché à cette heure-ci ? Quoiqu'il en soit, le voleur d'ombrelle a les yeux marron assez clair qui ressortent plutôt bien. Un détail qui me frappe et que j'essaie d'ignorer.
— Parce que me dire que je mens c'est se montrer sympathique ? rétorqué-je de vive voix.
Ses yeux croisent les miens et il fait un pas en avant alors que je recule. Je brandis mon ombrelle en le menaçant.
— Ne m'approchez pas.
Il n'en fait qu'à sa tête. Il fait un pas de plus et je le déteste. Je le hais profondément alors que je ne le connais même pas. Ne peut-il pas me laisser tranquille ? Je n'ai rien demandé à personne et il a fallut qu'il vienne m'agacer.
— Je voulais simplement voir vos yeux.
Un psychopathe. Il est un réel psychopathe ! Pourtant, il n'en a pas l'attitude.
— Ce n'est pas une manière d'aborder quelqu'un, surtout lorsque vous venez de rencontrer ce quelqu'un il y a à peine dix minutes !
Il se fige et son visage se ferme. Les mains dans le dos, il se contente de baisser légèrement la tête mais ses yeux ne quittent pas mon visage.
— Je suis navré, je pense que nous sommes partis sur de mauvaises bases vous et moi. Nous pourrions peut-être repartir à zéro...
Et il fait de nouveau un pas, saisit mon poignet et c'est la goutte de trop. Une seconde à peine s'écoule et je regarde sa main sur mon poignet ; un haut-le-cœur me prend. Je me détache vivement de lui et réplique farouchement :
— Je ne veux pas repartir à zéro, je ne veux pas vous parler !
Et je m'en vais. Sans un regard pour lui, sans l'ombre d'une attention, je rentre à l'intérieur en même temps que ma poitrine se remplit brusquement d'air. Je commence à paniquer, sincèrement et cela, par sa faute.
Je hais profondément cet homme.
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Hey hey!
J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^ Je n'ai pas posté depuis mercredi mais je vais essayer de reprendre petit à petit un rythme d'écriture.
N'hésitez pas à commenter et à voter comme d'habitude :)
Le prochain chapitre sortira peut-être aujourd'hui
À bientôt
💓
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