Chapitre 14
— Tic et Tac, revenez ici ! s'exclame une voix bien trop familière à mon goût.
Tic et Tac ? Deux gros berger allemand me foncent dessus, leurs pattes s'écrasant sur mes cuisses. Je reste quelque peu surprise. Je n'ai jamais eu réellement peur des chiens mais ceux-ci sont vraiment énormes et disons que... Ce ne sont pas mes chiens. Je ne sais pas à qui j'ai à faire.
— Insupportables ces deux-là. Je vous avais pourtant dressés.
Oh, mon Dieu. Non, par pitié. Je relève la tête et tombe nez à nez avec celui qui hante mes nuits depuis des mois, celui que je n'ai pas revu depuis un an. Celui pour qui je n'oserais jamais me laisser tomber. Celui que...
Rewind se tient devant moi, droit et imposant de toute sa carrure. J'ai l'impression qu'il s'est fortifié et qu'il est encore plus musclé que la dernière fois. J'ai aussi l'impression qu'il a vieilli, ou changé d'une certaine manière. Ses cheveux sont plus courts et sa barbe est coupée ras.
Tic et Tac ont beau m'agresser de leur pattes, nos regards se croisent et ne se quittent plus. J'ai l'impression que... Que quelque chose renaît en moi. Peut-être car le manque que je portais jusqu'ici dans mon cœur était trop important. Juste en le voyant, face à moi, j'ai envie de pleurer et de me jeter du haut d'une falaise pour avoir été aussi stupide. Je me déteste pour être aussi contradictoire. Mon cœur vous dira que je regrette chaque jour qui s'est écoulé depuis son départ. Mon cerveau, lui, protestera et répondra que c'était la meilleure chose à faire.
Pourquoi les deux ne peuvent-ils jamais se mettre d'accord ? Pourquoi en le voyant, j'ai envie à la fois de lui sauter dans les bras et de m'enfuir en courant ? Et pourquoi William est-il si silencieux ?
— Tu as changé.
Ce sont les premiers mots qu'il m'adresse. Je déglutis alors qu'il détourne le regard, brisant ainsi le moment et qu'il s'avance pour récupérer ses chiens. Ceux-ci s'enfuient dans la direction opposée, courant après un papillon.
Rewind m'offre un sourire sincère alors que je ne réponds pas, que des dizaines de mots restent bloqués dans ma gorge. J'ai envie de l'aimer. Mais je suis bousillée.
Son regard passe de mon visage à celui de William et je vois dans ses yeux un semblant d'hésitation. Rewind n'hésite jamais. Il n'est pas comme ça. Il est fier de lui et assuré, sensuel et déterminé. Il est confiant, un poil arrogant et vaillant.
William tend alors la main, une main que Rewind accepte en lui offrant le même sourire que pour moi. Suis-je en train de rêver ? Est-ce possible qu'en un an il ait à ce point changé ? Peut-être a-t-il grandi ? C'est possible. Incroyable mais possible.
— Je vois que tu es bien accompagnée, lance Rewind.
Aucune pique. Aucune pointe de jalousie dans sa voix, aucune émotion. Il est neutre, cordial et parfaitement poli. Rendez-moi le Rewind que je connais. J'ai une version robotisée en face de moi.
— Effectivement, dis-je comme pour briser le silence. Tu as changé aussi. Tu as l'air plus... posé.
— Beaucoup de choses ont changé depuis l'an dernier, Bianca, répond-il. Vous avez rencontré ma famille ?
J'ai envie de pleurer. De m'effondrer. Bon sang, mais qu'est-ce qui lui arrive ! Il n'est pas comme ça, d'habitude.
— Pas encore, répond William à ma place. On est venu discuter un peu sur le sable et pour prendre l'air aussi.
Il me jette un coup d'œil, l'air inquiet. Je suis si mal en point que ça ? Rewind évite mon regard avec soin et se concentre sur le prince. Les deux commencent à discuter et notre hôte nous fait signe de le suivre.
Nous marchons un peu sur la plage, comme pour sympathiser mais ils sont les deux seuls à faire la conversation. Je reste muette comme une tombe, figée comme une statue. Avançant derrière eux, je ne peux m'empêcher de fixer le dos musclé de Rewind.
En prenant la route aujourd'hui, je m'étais imaginée mille scénarios. Rewind m'évitant, ou bien m'accueillant à bras ouverts. Je l'imaginais me détester, ou bien me sourire, me charrier mais jamais je n'aurais pensé qu'il soit aussi neutre et poli. C'est comme si j'étais une simple inconnue pour lui, une amie de longue date. J'ai l'impression que la flamme ardente survivant dans mon cœur jusqu'ici est seule. J'ai le profond sentiment que la sienne s'est éteinte.
— Depuis quand tu as des chiens ? interviens-je en les coupant court à leur discussion.
Rewind me lance un regard par-dessus son épaule alors que j'accélère pour marcher à côté de William. Il semble un peu surpris que je le rejoigne mais je m'en fiche, j'en ai marre d'être derrière eux.
— J'ai toujours eu des chiens, Bianca. Nous avons un chat aussi, Pop's. Je suis sûr que tu l'adorerais.
Non. Le vrai Rewind m'aurait sorti quelque chose dans le style : « J'ai un chat aussi, j'espère qu'il te griffera à sang ! ». Bon, sûrement pas quelque chose d'aussi violent. Mais tout de même.
Je le regarde mauvais et il finit par détourner les yeux sur la mer. Quelque chose ne tourne pas rond. Quelque chose cloche, j'en suis persuadée. Je relève la tête lorsque la main de William effleure la mienne. Lui aussi, je le regarde mauvais.
Je les déteste. Tous autant qu'ils sont.
— Vous avez fait bon voyage ? J'espère que le climat n'est pas trop chaud ici, ils prévoient de lourdes températures pour le tournoi dans les jours qui arrivent et...
Peut-être qu'il s'est fait lobotomisé le cerveau par ses parents ? Ou bien peut-être qu'il a réalisé qu'être gentil et poli était une option intéressante –mais ennuyante–.
William lui répond et j'écoute à peine ce qu'il dit. Nous sommes en train de revenir vers le palais et lorsque nous atteignons le petit jardin de coquelicots, je fronce les sourcils. J'aperçois Eileen et Ander au loin, près de la limousine avec leurs valises. À côté d'eux, il y a quelques personnes que je ne connais pas.
Et au fur et à mesure que nous nous rapprochons, je plisse les yeux. Rewind se tourne alors vers moi, toujours en ignorant mon regard.
— Qu'est-ce que tu voulais dire par "les choses ont changé" ?
Je redoute le pire. Sincèrement. Je le vois hésiter, se tordre les mains, se mordre la lèvre. Ce sont des choses qu'il ne fait jamais, des choses que je ne lui reconnais pas. J'ai l'impression de l'avoir perdu à tout jamais.
Je me crispe et William le sent. Il pose sur moi un regard empli d'empathie et sa main vient même se caler dans mon dos. Son contact suffit à me réconforter le temps de quelques secondes.
Alors, Rewind déclare de but en blanc :
— Je suis fiancé, Bianca.
______________
hey hey
on revoit donc enfin Rewind, Rewind qui aura sûrement changé en 1 an (pour le meilleur comme pour le pire)
j'ai bien aimé écrire ce chapitre, il faut dire que je l'attendais avec impatience eheh
je vous laisse sur cette fin sadique, le prochain chapitre sortira sûrement demain ou d'ici qlqs jours (niahahah)
bizz bizz
🖤
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