Chapitre 72

— Où est-ce que tu m'emmènes ? dis-je, un sourire dans la voix.

Ander a insisté pour que je porte un foulard le temps de m'emmener à cet endroit mystère et je brûle d'impatience. Je veux savoir où il nous amène ! Alors en attendant, il me tient par le bras, m'indiquant où je ne dois pas marcher.

Il y a eu un petit trajet en voiture qui a duré une vingtaine de minutes et c'était assez long de ne pas pouvoir voir devant moi. Ander s'ennuyait alors il s'amusait à me chatouiller et le chauffeur a vraiment dû nous prendre pour des imbéciles. Ensuite, nous sommes sortis et maintenant, je sens des graviers sous mes pieds, ce que je ne manque pas de lui faire remarquer.

— Le sol, il y a des graviers.

— Vraiment ? dit-il d'un ton sarcastique.

Et je brûle d'envie de lui donner une tape mais j'ai peur de me rater et de le frapper au mauvais endroit, comme sur sa récente blessure au bras que je n'ai pas envie de rouvrir. Nous marchons ce qui me paraît être une éternité et je réalise que c'est beaucoup trop perturbant de ne rien voir devant soi. J'entends juste le chant des oiseaux et tout autour de moi, une odeur de bois se dégage.

— Nous sommes dans une forêt ?

Il ne répond pas et je le devine en train de sourire comme un enfant. Il me tire alors un peu par le bras et s'arrête. J'attends qu'il reparte mais rien ne se passe, un long silence s'écoule et il déclare :

— Nous sommes arrivés.

— Je peux l'enle...

— Non. Attends un peu.

Il reprend ma main et me fait avancer sur ce qui semble être une passerelle. Je n'entends plus rien, tout a l'air si paisible que je meurs d'envie de savoir où nous sommes. Peut-être qu'il est venu dans une forêt pour m'assassiner et ainsi récupérer Ecclosia ?

— Attends une seconde, tu vas devoir lever les pieds.

Et j'attends, comme il le dit. Le temps semble si long que je me mets à bailler et il rit. Je sens alors ses mains sur ma taille et il me tire vers lui sauf que je loupe un pas et que j'atterris droit sur lui. Et alors, la sensation est bizarre. L'endroit où je finis semble bouger au mouvement de... De l'eau !

— Une rivière ? tenté-je.

— Raté.

— La mer !

— Toujours pas.

— Un étang ?

— Eileen, pourquoi diable irais-je t'emmener dans un étang ?

— Une flaque ?

Et nous éclatons de rire. Ses doigts se promènent alors sur mon visage et j'attends qu'il retire mon foulard mais il n'en fait rien. Je le sens s'approcher et je deviens anxieuse, beaucoup trop. Ses lèvres rejoignent les miennes et je sens mes joues rosir à leur contact. Ses mains agrippent fermement ma taille pour m'attirer contre lui et j'essaie de me défaire de sa prise mais il ne me lâche pas.

Son baiser s'intensifie en même temps que ses mains se baladent sur mon corps et n'y tenant plus, je lève les mains pour enlever le foulard. Je le retire d'un mouvement sec et le jette à côté de moi. Sauf qu'à côté de moi, c'est de l'eau. Plein d'eau autour de moi. Je tourne la tête pour voir le visage d'Ander qui se retient d'éclater de rire.

Je tends le bras pour récupérer le foulard que je viens juste de jeter dans l'eau et fronce les sourcils. Ander et moi sommes sur une barque. Une barque ? Mais qu'est-ce que c'est que...

— Nous avions toujours la balade au lac des Cylles à faire.

Alors je promène mon regard tout autour de moi. Nous sommes sur un magnifique lac bordés d'arbres tous plus majestueux les uns que les autres. Le soleil va bientôt se coucher et le ciel commence à devenir rose. Je laisse mes yeux se perdre entre la beauté du spectacle autour de moi et la beauté d'Ander. Ses prunelles bleus me dévisagent, dans l'attente d'une réaction.

Et je lance :

— C'était ma balade à moi, qui t'a autorisé à venir ?

Mon sourire me trahit et Ander réplique, l'air vexé :

— Parce que tu aurais préféré emmener Rewind que moi ?

— Pourquoi pas ? Il est toujours plus sympathique que toi et râle beaucoup moins.

Il me fusille du regard mais son cinéma ne dure pas assez longtemps. Il saisit les manches en bois pour ramer et fait mine de faire la tête en avançant.

Alors, une question me vient en tête.

— Pourquoi ton père a-t-il a fait légitimé Sebastien ?

— Je devenais trop problématique, je suppose. Sebastien a toujours été le petit chien fidèle. Mon père pensait pouvoir comploter contre moi alors que j'agissais dans son dos.

Un silence s'ensuit. Il parle de son père avec une indifférence que je comprends d'une certaine manière.

— Et Cecilia ? Qu'est-ce qu'elle deviendra ?

— Elle repart à Imir, répond-il. Rewind s'en va demain.

Mon cœur se serre à cette annonce. Rewind part ? Mais comment...

— Je croyais qu'il restait, dis-je avec un ton de regrets.

Ander hausse les épaules et balaie l'horizon du regard.

— Il doit repartir chez lui. Un prince ne peut jamais s'absenter trop longtemps.

— Mais Bianca, elle...

Je ne finis pas ma phrase. Ander m'interroge du regard mais je ne dis rien. Bianca et Rewind avaient l'air si attachés que cela me fait mal au cœur... Il ne peut pas partir comme cela, tout de même.

— Il a dit qu'il reviendrait de temps en temps, ajoute-t-il.

Et j'ai un mauvais pressentiment. J'ai peur qu'il ne revienne pas, jusqu'ici il avait l'air vraiment proche de Bianca et vice-versa, alors déjà que ma sœur ne va pas bien en ce moment... Je n'ai pas envie qu'elle souffre encore plus.

— Il va me manquer, dis-je.

— À moi pas, réplique Ander.

Je retiens un rire et m'exclame :

— Avoue quand même que tu l'apprécies !

— Jamais.

Il me lance un regard noir et je lève les yeux au ciel en m'installant plus confortablement sur la barque, me laissant aller à la contemplation du ciel. Je sens qu'Ander me fixe mais cela ne me dérange même pas. Mon cœur s'accélère peut-être toujours autant et je l'entends ramer un moment puis il s'arrête.

Je ne relève pas la tête mais je sens toujours ses pupilles posées sur moi. À me dévisager. Je me consume pour la millième fois depuis des mois.

— J'ai envie de t'épouser.

Mon cœur s'arrête. Comme un avion en plein air, comme une vieille automobile qui n'a plus d'essence. L'oxygène me manque alors que je lève la tête vers lui. Il ne me quitte pas du regard, par peur, comme si j'allais m'évaporer.

Il se penche et sort une petite boîte de sa poche. Il baisse les yeux quelques secondes, comme en pleine réflexion puis il prend une grand inspiration. Comme si ce qu'il s'apprêtait à faire était quelque chose de difficile.

Il relève alors la tête, les yeux brillants et il ouvre la boîte avec cette même alliance qui décorait le siège en velours depuis des semaines. La même bague qu'il a fait tomber lorsqu'il m'a vue avec Sebastien. Une bague qui nous définit tous les deux, qui définit notre passé comme notre futur.

— J'ai envie de t'épouser depuis des semaines, à dire vrai, avoue-t-il.

Ses yeux capturent les miens. Je me noie une seconde fois dans ses yeux, dans sa beauté, dans ce qui le compose.

— Et je ne suis pas très doué pour les demandes, je crois... Alors je suppose qu'aller droit au but est la meilleure solution.

Il s'arrête et je lâche un sourire. Il panique, je le vois. C'est à peine s'il n'y a pas une goutte de sueur qui perle sur son front.

— Alors, tu veux bien m'épouser ? Devenir ma femme et tout ce qui va avec ?

Et j'éclate de rire en même temps que je me jette dans ses bras et que la barque tangue. Nous sommes à deux doigts de tomber et Ander me tient contre lui, si fort que j'en mourrais presque.

Je ris encore, si bien que des larmes dévalent mes joues et je me mets à pleurer. Génial comme demande en mariage. Je raconterai à mes enfants plus tard que je pleurais le jour le plus important de ma vie.

Je m'écarte un peu et Ander fronce les sourcils.

— Pourquoi tu pleures ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Et mon cœur fond. Il essuie mes larmes, se redresse et je tente de le rassurer en prétextant l'émotion. Il finit par saisir sa petite boîte, sort la boîte et me prend la main. Il glisse le fin bijou à mon annulaire et dépose un baiser sur mon front.

Sa bouche descend sur ma bouche et nous nous embrassons comme ça. Sur une barque en plein milieu d'un lac, sous un coucher de soleil des plus resplendissants, sur sa main liée à la mienne pour l'éternité, parce qu'au final c'est cela.

Peu importe les obstacles que nous auront à franchir ensemble, notre amour demeurera éternel.




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heyyy

officiellement c'est la fin du livre mais il reste un épilogue (que je m'en vais écrire)

Bref, l'histoire n'est pas totalement fini, je ferai mes remerciements et tout le tralala dans la prochaine partie (je sors l'épilogue aujourd'hui)

(ps : j'espère que la fin n'est pas trop brusque j'ai voulu faire quelque chose d'assez symbolique avec la balade, la bague etc...)

(n'hésitez pas à donner votre avis)

Bizz bizz

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