Chapitre 62
Bianca s'est enfuie dans les bois, suivie de près par Rewind alors je ne préfère pas m'immiscer. Peut-être que c'est quelque chose entre eux, ou bien peut-être que ma sœur cache un malaise dont j'ignore l'existence. Peut-être que Rewind s'est montré odieux avec elle, mais je ne l'imagine pas du tout comme cela. C'est sûrement quelque chose qui me dépasse.
Quoiqu'il en soit, j'ai décidé de suivre Ander. Le problème étant qu'il a déjà disparu et que je n'ai aucune idée d'où il pourrait se trouver. Je ne sais pas s'il compte parler à son père, annuler le mariage, parler à Cecilia, je n'ai aucune idée de rien.
Alors j'erre dans les couloirs, perdue. Les gardes me jettent un regard étrange et je comprends pourquoi. Je n'ai plus ma place ici mais je n'ai nulle part où aller et Ander est mon seul ancrage. J'aurais tellement voulu être une femme indépendante, libre de ses mouvements avec son propre pays à la tête. J'aurais tellement voulu ne pas dépendre de quelqu'un parce qu'Ander pourrait disparaître du jour au lendemain et jusqu'à maintenant, il est la seule famille qu'il me reste. Il est mon repère, la seule personne que je peux suivre pour le moment et s'il était contraint d'épouser Cecilia, alors ma seule destinée serait l'emprisonnement voire la mort.
— Oh, mais qui vois-je ?
Je fais volte-face, surprise. Cecilia se trouve là, devant moi, perchée sur ses talons. Sa robe blanche lui tombe à la cheville et ses cheveux noirs sont noués en une couronne de tresses, toutes plus sublimes les unes que les autres.
— Qu'est-ce que tu fais ici, Eileen ?
Elle fait quelques pas vers moi et je me maudis intérieurement d'être aussi laide. Mes cheveux forment un tas de boucles désordonnées avec des frisottis et je dois sûrement avoir une tête de cadavre à cause de la nuit dernière.
— J'attends Ander, finis-je par répondre.
Ses yeux m'analysent froidement et elle éclate d'un rire identique à celui des sorcières dans les films.
— Ander concrétise notre mariage. Il est en ce moment même avec le roi dans la salle de réunion. Dommage pour toi, ma belle.
Je la dévisage. Comment une fille aussi jolie qu'elle peut-elle perdre autant de temps ainsi ? Elle se rattache à quelqu'un qui ne l'aimera jamais et cela me rend triste pour elle. Encore faudrait-il que j'ai de l'empathie.
— Tout ce que tu dis est inutile, tu en as conscience, j'espère ? dis-je d'une voix monotone.
Elle hausse un sourcil, moqueuse puis réplique :
— Si tu ne me crois pas, tu n'as qu'à vérifier par toi-même. Il t'a abandonnée et s'est rendu en petit voyage dans le sud afin d'aider ces pauvres...
Et j'éclate de rire. D'un rire tonitruant qui emplit toute la pièce. Ses grands yeux bleu glacial se posent sur moi et elle semble confuse.
— Pourquoi te croirais-je alors que tu ne sais même pas ce que tu racontes. À aucun moment Ander ne s'est rendu dans le sud et tu l'aurais su si tu...
Clic. Elle bouge légèrement la main et brandit devant moi une petite boîte noire. Un boîtier où ma voix résonne alors qu'elle appuie sur un bouton. Et c'est à son tour d'éclater de rire.
— Merci, Eileen, tu es vraiment stupide. J'ai enfin la preuve qu'Ander est un traître. Le roi ne voulait pas le croire, il est justement en ce moment même en train de plaider sa cause ! Il pensait qu'en amadouant son père avec ces maudits écoliers et tous les soi-disant bénéfices qu'il aurait acquis ainsi que la popularité qu'il a, il pourrait le faire changer d'avis mais grâce à toi, tout son petit plan tombe à l'eau.
Je la fixe, abasourdie. Non, le plan d'Ander ne pourrait pas être aussi ridicule... Il avait affirmé sur un ton de rigolade cette excuse bidon ! Mais Cecilia me dépasse en me bousculant de l'épaule, ravie de son enregistrement.
Elle se tourne une dernière fois vers moi et réplique d'un ton supérieur :
— Je te l'avais dit, Eileen. Si je ne peux pas l'avoir, personne ne l'aura. J'ai gagné, tu as perdu, admets-le.
— Mais c'est complètement idiot ! m'exclamé-je. Il perdra le trône par ta faute et tu ne pourras même pas l'épouser.
— Décidément, tu ne comprends rien à rien, ricane-t-elle en me jugeant avec mépris. Par cela, je le force à m'épouser. Je le force à renoncer à mentir, je le remets sur le droit chemin. Grâce à moi, il redeviendra le Ander que j'ai toujours connu. Je lui force la main pour son bien et il le comprendra plus tard. Et puis, s'il se montre toujours aussi réfractaire, il y a différents moyens de torture pour le faire céder. Et s'il refuse toujours -connaissant Ander il est assez solide- il y aura toujours Sebastien pour me satisfaire. Peut-être aurais-je les deux frères lorsque toi, tu n'auras rien d'autre que tes misérables yeux pour pleurer.
Elle me fait un clin d'œil et se détourne. Mon ventre se serre et ma cage thoracique se brûle lorsque je me rends compte de l'énorme erreur que j'ai commise. Je la regarde s'en aller, les poings serrés, la rage me consumant.
Et je ne sais pas ce qui me prend mais je cours vers elle, lui arrache le boîtier des mains. Elle tourne la tête, surprise et sa bouche se forme en un grand O lorsque je la pousse de toutes mes forces. Mince et fragile comme elle est, elle atterrit au sol dans un bruit monstrueux et pousse un cri.
— Tu n'es qu'une sale petite vipère ! crie-t-elle en se relevant.
De toute ma vie, je ne me suis jamais battue. À dire vrai, je n'ai jamais eu besoin de me battre. Mais en voyant le visage rouge de colère de Cecilia, je devine que je vais avoir besoin de mes mains. Je jette le boîtier au sol un peu plus loin et celui-ci vient s'écraser dans un bruit sourd.
Elle va pour me tirer les cheveux mais je l'évite et lui donne un coup dans le dos. Elle s'effondre au sol, se relève et c'est pile à ce moment-là que je me dis que ma mort est proche.
— Je te ferais exécuter, peste-t-elle. Et je ferai regarder le spectacle devant le monde entier et surtout devant Ander !
Et elle fonce vers moi, l'air sûre d'elle. C'est également pile à ce moment précis qu'une voix résonne :
— Oh, ferme-là un peu.
Et Cecilia est projetée de nouveau au sol. Cette fois-ci, elle gémit et ne se relève pas. Et moi je tourne la tête, effarée, pour me rendre compte qu'il s'agit de Rewind. Il pousse un soupir, se frotte les mains puis se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres.
— Comment ça va, Eileen ?
Ma mâchoire en tomberait presque tellement je suis abasourdie des derniers événements.
— Tu viens juste de flanquer un coup de poing dans le visage de ta sœur !
Il reporte les yeux sur Cecilia puis hausse les sourcils, l'air de s'en ficher.
— C'est ma demi-sœur, actuellement. Et puis, elle s'en remettra. Elle fait beaucoup de drama, tu sais, c'est une grande comédienne. J'imagine qu'elle tient cela de notre père.
Il finit par pousser un soupir puis regarde derrière lui.
— Oh, oh, on a un petit problème.
Je reste figée devant le corps inerte de Cecilia.
— Quoi donc ?
— Une horde de gardes droit devant nous.
J'ai tout juste le temps de me retourner qu'une voix puissante résonne :
— Princesse Eileen, vous êtes arrêtée pour haute trahison envers Ecclosia !
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Heeeyyy
J'espère que vous allez bien ?
Le prochain chapitre sortira un peu plus tard (21h-22h) et en attendant je posterai les questions :)
N'hésitez pas à commenter et à voter comme d'habitude, ça fait toujours plaisir ^^
(ps : j'ai conscience que le fait que Rewind et Cecilia soient de la même famille a été complètement oublié : je l'ai dit seulement une fois dans l'histoire. Plutôt que de créer une incohérence, j'ai préféré suivre mon idée de base mais il faudra que je glisse quelques petits rappels dans le livre lorsque je corrigerai tout ça)
Bizz bizz
💓
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