Chapitre 50

— Où est-elle ?

— Si je le savais, je te l'aurais dit, Eileen...

Ce n'est pas possible. Bianca ne peut pas disparaître comme cela, elle m'aurait prévenue ou bien elle aurait dit quelque chose, n'importe quoi, mais elle ne se serait pas volatilisée sans prévenir.

Les pires scénarios surgissent dans mon esprit. La dernière fois que je l'ai vu était quand elle est rentrée à l'intérieur du palais. Et j'ai préféré faire cette stupide course plutôt que d'aller la rejoindre ! La culpabilité me ronge de l'intérieur.

Rewind voit que je suis au bord du gouffre et il s'exclame :

— Ehh... On va la retrouver, Eileen, ne t'inquiète pas. Cela mettra juste un peu plus de temps que prévu...

Sur le moment, je ne comprends pas. Et puis tout s'illumine dans mon esprit. L'union d'Ander et de Cecilia est scellée, je n'ai plus ma place ici. Je ne peux que faire mes valises, rentrer chez moi et pleurer dans mon lit en attendant que Bianca revienne.

Je ramène mes jambes contre mon buste et quelques larmes descendent sur mes joues. Bianca a toujours été là pour moi, c'est elle qui m'a poussée à aller avouer mes sentiments à Ander et j'ai vu qu'elle n'allait pas bien, je l'ai vu et je n'ai rien fait. J'ai préféré penser égoïstement à ma victoire et à Ander. J'ai laissé tomber ma famille pour un garçon qui n'en vaut même pas la peine puisqu'il a signé ces papiers sans aucun scrupule.

Alors, mon cœur se gonfle d'un sentiment nouveau. Une haine pure et simple. J'ai envie de tout saccager autour de moi, de crier, de pleurer, je ne sais pas. J'ai l'impression d'être dévastée, que ma vie ne rime plus à rien. Jusqu'ici, j'avais pensé que les choses commençaient à s'améliorer. Sebastien sort peu à peu de ma vie, Ander vole mon cœur et Bianca nous a rejoint. Et maintenant, Ander l'a piétiné et ma sœur a disparu.

Et s'il lui était arrivé malheur ? Si elle s'était faite enlevée et qu'elle était morte à l'heure qu'il est ? Tout cela, à cause de moi.

— C'est ma faute, soufflé-je. Je l'ai abandonnée...

— Non, Eileen. Bianca est peut-être partie d'elle-même. Avant le coup de feu, avec Arynn on l'a aperçue qui sortait du palais et...

Le coup de feu ? Mais pourquoi serait-elle sortie ? Une question survient alors dans mon esprit.

— D'où provenait ce coup de feu ?

— On l'ignore. Cela venait des bois, ça c'était sûr mais la personne qui a tiré s'est volatilisé.

Je soupire. Et moi qui pensais que l'on avait tiré dans la foule... Quoiqu'il en soit, Bianca a disparu.

— Mais si je n'avais pas fait cette course, peut-être que...

— Eileen, calme-toi. On va la retrouver, d'accord ? Elle est sans doute partie rejoindre quelqu'un de proche. Tu as de la famille quelque part ?

— Excepté mon oncle Ednard, je n'ai...

Je me fige. Je suis sûre que c'est lui ! Il n'a pas supporté son humiliation avec lord Herndon, il serait parfaitement capable d'enlever ma sœur pour la ramener au pays. Oh, mon Dieu. Cela me paraît comme une évidence tout à coup.

— Je sais où elle est, dis-je brusquement.

Je sors de mon lit et grimace quand mes jambes nues entrent en contact avec l'air glacial. Rewind se lève pour m'aider mais je l'arrête de ma main.

— Eileen, tu ne peux pas...

— Si, je peux ! Je vais retrouver Bianca, c'est ma petite sœur et elle a besoin de moi.

Je fais deux pas en avant et il me faut quelques minutes pour m'habituer au fait de marcher. Mes muscles sont engourdis et j'ai du mal à avancer mais je le dois.

Je vais trouver un cheval –je doute que la limousine me soit autorisée– et je vais partir définitivement de ce pays. Plus rien ne me retient ici, Ander ne me veut pas. Il ne me reste qu'Ecclosia et avec un peu de chance, j'arriverai à reprendre ma couronne. Ou avec un peu d'intelligence.

— Eileen, explique-moi au moins ! s'énerve Rewind.

Lassée, je réponds :

— Bianca est sûrement à Ecclosia. Je dois y aller et la retrouver.

— Je viens avec toi.

Je relève la tête. Si je m'écoutais je dirais non mais dans le fond je pourrais peut-être avoir besoin de lui. Me voyant hésiter, Rewind intervient :

— Je te signale que tu es l'héritière d'un des plus puissants pays du monde, ta tête serait mise à prix pour bon nombres de pays ennemis, et notamment le mien.

Surprise, je lève la tête. Il confirme :

— Imir veut dépasser ta nation. Elle n'hésiterait pas à t'écraser. Les espions sont partout, tu ne peux pas traverser Lucrenda toute seule et sans renfort. Je viens avec toi et c'est non-discutable. Tu n'obtiendras l'aide de personne d'autre de toute manière, ta présence n'est plus voulue ici.

Ses mots me blessent et pourtant, je sais qu'il a raison. Mon départ de Lucrenda se fera un jour ou l'autre alors autant partir maintenant et le laisser m'accompagner.

J'acquiesce et il déclare d'un ton toujours aussi enjoué :

— Bien ! Je vais atteler les chevaux, rejoins moi dans une vingtaine de minutes, tu auras peut-être besoin de te préparer.

Je le remercie puis il sort et je le suis. Lui part à gauche, moi à droite et mes pas se font toujours aussi lourds. Je ne lui ai même pas demandé si je m'étais cassée quelque chose mais à ce que je sens, je n'ai pas l'impression d'avoir mal à part à la tête. Je n'ose même pas toucher.

J'avance dans les couloirs du palais prudemment, croisant quelques servantes qui me jettent un regard de pitié. J'imagine que je fais peur à voir mais aucune ne semble se soucier de moi : je ne signifie plus rien. J'imagine que Cecilia domine déjà les lieux.

Je rejoins ma suite qui est restée intacte et m'occupe de faire une toilette. Arrangeant rapidement mes cheveux en une tresse sur le côté, je lave mon visage puis me brosse les dents. Il me faut environ une dizaine de minutes pour être prête. J'ai enfilé un pantalon confortable et un haut assez féminin, décolleté sans être vulgaire.

Je me dirige vers la porte, rassemble un sac d'affaires puis jette un dernier coup d'œil à la pièce, nostalgique. Cette chambre va me manquer, tout comme ce palais. Je me plaisais ici et j'aurais espéré rester un peu plus longtemps.

Je referme la porte derrière moi et reprends le chemin dans le sens inverse. Je me fige quelques secondes quand j'arrive devant l'atelier d'Ander. La porte est ouverte et j'ai peur de le voir. Je sais que je ne me retiendrais pas de fondre en larmes. L'imaginer signer les papiers du mariage me chamboule. Il a signé nos papiers, de force je l'ignore, et maintenant il a accepté ceux concernant Cecilia. J'avais pensé que notre baiser signifiait quelque chose... J'avais mis tellement d'espoir en notre relation que de la voir se creuser sous terre devant mes yeux, et être incapable de faire quoique ce soit, cela me fend le cœur.

Je jette un coup d'œil par les baies vitrées. Le soleil va bientôt se coucher. Redoutant le pire, je passe la tête et m'arrête. Ander est assis devant son bureau, de dos, les volets fermés, sa lampe posée sur le plan de travail un peu plus loin allumée. Il a passé la main dans ses cheveux et a l'air concentré, du moins de ce que je peux voir d'ici.

Je brûle d'envie d'aller le voir, de le serrer dans mes bras mais je ne le ferai pas. Ma dignité me retient. Ma fierté me fait reculer et je me détourne. Il m'a offert son cœur et je l'ai piétiné sans le vouloir. Je lui ai offert le mien, il l'a recueilli un instant à peine pour finit par l'écraser au sol.

— Eileen ?

Je m'arrête nette. Je me retourne lentement et quand je l'aperçois, une douleur fulgurante me transperce la poitrine. J'ignore si c'est parce qu'en le regardant, je me rends compte qu'il est tout pour moi, ou bien à cause de sa trahison.

Ses yeux brillants croisent les miens et j'ai l'impression qu'il a pleuré. Ou qu'il va pleurer. Je ne sais pas, mais il y a une émotion sur son visage que je n'arrive pas à décrypter.

— Eileen... Je...

Il ne finit pas sa phrase et moi je vais pour m'en aller. Je veux faire demi-tour et aller retrouver Bianca. Je ne veux plus jamais le voir mais j'ai tellement envie de le serrer dans mes bras.

— Attends !

Je m'arrête de nouveau et lorsque ses bras m'enveloppent, je perds pieds. Il faut que je me resaissise. Je me détourne de lui et souffle :

— Quel est l'intérêt de vouloir me réveiller si c'est pour m'annoncer ton mariage avec Cecilia ? J'aurais préféré rester endormie pour toujours.

Et ses yeux semblent confus un instant mais il se reprend, il tend les bras pour me toucher mais je le repousse et l'assassine du regard.

— N'ose même pas.

Et je vais pour sortir demi-tour mais la porte se referme avant moi et il me bloque de son bras.

— On doit parler, Eileen. Et tu vas m'écouter avant de te faire des idées.







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Hey heyy

j'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à voter, à commenter comme d'habitude :)

Le prochain devrait sortir aujourd'hui ^^

Bizz bizz

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