𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑 - Uɴᴇ ᴀᴠᴀʟᴀɴᴄʜᴇ ᴅᴇ ϙᴜᴇsᴛɪᴏɴs

⸺ Potter ? Mais pourquoi ?

⸺ Malefoy, je t'en supplie, ne me fais pas de scène. Rentrons, je répondrai à toutes tes questions.

Il me tendit la main. Je le regardai d'abord, incrédule. Puis je m'agrippai à son bras et la sensation désagréable qu'on éprouve lorsque l'on transplane emplit mon corps. Avant de se dissiper. Je me sentis tomber de tout mon poids sur le sol, tel une pierre sans vie. Mes jambes, squelettiques, ne purent amortir la chute, et je m'étalai de tout mon long sur le sol terreux et poussiéreux, pantelant.

⸺ Malefoy. Malefoy, dépêche-toi, s'il te plaît !

Je courus à la poursuite du Survivant tandis que mon esprit formait une avalanche de questions sans réponses. Je me sentais vide. Potter ouvrit la porte de sa grande maison et m'invita à y entrer.

⸺ Je te laisse aller prendre une douche, Malefoy. Je t'emmènerai des habits là-haut. Descends donc dans la cuisine lorsque tu te seras lavé. Je serai ravi de donner des réponses à toutes tes interrogations.

Je m'exécutai, tandis que la tornade se transformait en tourbillon et me donnait la migraine. Je me débarrassai de ma robe. Nu, devant le miroir de la salle de bain, je la déchirai en morceaux : Je voulais réduire mon passé à néant. Je n'avais pas vu mon reflet depuis plusieurs mois, et ce que je vis fut épouvantable. Je voyais un jeune homme aux joues creuses, légèrement musclé mais maigre à faire peur. Mes cheveux sales et poussiéreux collaient à mon crâne et mes cernes semblaient vouloir dévorer mon visage entier.

⸺ Ce n'est pas possible.

Flottant d'abord dans l'espace, les mots prirent forme. Comment avais-je pu croire que j'avais pris la bonne décision ? Je ne pourrai jamais me reconstruire. Jamais. Quelque chose en moi s'était brisé, et ce pour toujours. J'aurais mieux fait de mourir ! Et pourtant, j'étais là, maintenant, coincé chez Saint-Potter pour une année entière. Je sentis les larmes couler sur mes joues. Qu'avais-je fait ?

Et pourtant, quand je sentis l'eau chaude de la douche couler sur ma peau sale et nue, je me sentis mieux. J'avais oublié à quel point l'odeur du savon pouvait être enivrante, et à quel point mes problèmes me hantaient. Momentanément, j'ai oublié. J'ai tout oublié.

Quand je sortis de la cabine, un tas de vêtements était plié sur la table centrale de l'immense pièce. Un mot y avait été laissé.


❝ 𝒱𝑜𝒾𝒸𝒾 𝒹𝑒𝓈 𝓋𝑒̂𝓉𝑒𝓂𝑒𝓃𝓉𝓈 𝓅𝑜𝓊𝓇 𝓉𝑜𝒾, ℳ𝒶𝓁𝑒𝒻𝑜𝓎.

𝒥'𝑒𝓈𝓅𝑒̀𝓇𝑒 𝓆𝓊'𝒾𝓁𝓈 𝓈𝑒𝓇𝑜𝓃𝓉 𝒶̀ 𝓉𝒶 𝓉𝒶𝒾𝓁𝓁𝑒.

ℒ'𝒽𝑜𝓂𝓂𝑒 𝓆𝓊𝑒 𝓉𝓊 𝒶𝓈 𝒶𝓅𝓅𝑒𝓁𝑒́ "𝒮𝒶𝒾𝓃𝓉-𝒫𝑜𝓉𝓉𝑒𝓇" 𝒹𝓊𝓇𝒶𝓃𝓉 𝓉𝑜𝓊𝓉𝑒 𝓃𝑜𝓉𝓇𝑒 𝓈𝒸𝑜𝓁𝒶𝓇𝒾𝓉𝑒́. 𝒞𝑒 𝓆𝓊𝒾 𝓅𝒶𝓇𝒻𝑜𝒾𝓈 𝑒́𝓉𝒶𝒾𝓉 𝒷𝒾𝑒𝓃 𝓂𝑒́𝓇𝒾𝓉𝑒́, 𝒿𝑒 𝓁'𝒶𝓋𝑜𝓊𝑒. ❞


Je pris le mot d'un mouvement sec et le froissai avec rage. Pourquoi Potter avait-il fait cela ? Je le haïssais, de tout mon cœur. Pourquoi avait-il proposé de m'aider ? De quel droit ? Bouillonnant de rage, je pris pourtant les habits d'une main tremblante et les enfilai. Sous-vêtements, pantalon de jogging d'un noir d'encre et chemise blanche. Classique, reposant. Les frusques ne collaient plus à ma peau comme ma robe de prisonnier avait pu le faire récemment. Je me sentais propre, plus libre. Un peu. Car en attendant, ma honte et mes actions ignobles m'avaient sali à jamais. Et ma liberté ? Ce n'était peut-être pas à Azkaban, mais j'étais quand même prisonnier. De mon ennemi juré.

Des sifflements reposés résonnaient depuis l'étage inférieur. J'entendais des bruits de feu crépitant, de vaisselle. Cela me faisait tout drôle. J'avais grandi dans un manoir immense et impersonnel, sombre, silencieux et froid. L'idée de devoir vivre pour l'année à venir dans une petite maison charmante et rustique avec mon pire ennemi et sa compagne, Weaslette, me paraissait si flou.

Je levai le regard vers mon reflet. Je pris une grande inspiration, puis sortis de la salle de bain et descendis les escaliers de bois grinçants pour rejoindre Potter dans la cuisine de sa maison. Il était en train de cuisiner un plat de pâtes avec le sourire. Le bruit de l'eau qui chauffait dans la casserole m'était complètement inconnu, et le décor chaleureux me paraissait très... petit.

⸺ Ah, Malefoy. J'ai presque fini de préparer le repas. Assieds-toi. Quand nous serons servis, je pourrai répondre à toutes tes questions avec plaisir.

Ravalant toutes les insultes qui me venaient à l'esprit, je tirai brutalement une chaise et m'assis dessus. Je posai les coudes sur la table avec un regard provocant, j'attendis de voir sa réaction. Mon père aurait sans doute été pris d'un virulent accès de colère, et je m'imaginai que Potter aurait la même réaction. C'est à peine s'il le remarqua lorsqu'il se retourna ! Il prit l'assiette qui était devant moi et mit plusieurs cuillerées de pâtes dedans, avant de me tendre un sachet de gruyère accompagné d'un sourire. Je lui arrachai le paquet des mains et commençai à engloutir mon plat rapidement. J'avais faim, si faim ! Cela faisait six mois que je subsistais à l'aide d'une petite dose de bouillie trois fois par semaine.

⸺ Pourquoi fais-tu ta cuisine manuellement ? Je comprends que ta petite personne ne veuille pas d'Elfe de Maison, mais tu es un sorcier. Tu pourrais utiliser la magie, lui fis-je remarquer d'un ton dédaigneux. Au fait, où est ta petite amie, la Weaslette ?

Potter leva les yeux vers moi, une flamme intense brillant dans son regard. Qu'avais-je dit ?

⸺ Tes deux questions sont... disons... liées. Combien de temps as-tu été incarcéré à Azkaban ? Cinq mois ?

⸺ Six mois et dix jours, Potter. Mais qu'est-ce que cela vient faire là-dedans ?

⸺ J'y viens. Pendant cette durée, tu n'as pas eu accès aux informations du monde du dehors, n'est-ce pas ?

Sa petite voix compatissante m'énervait au plus haut point. Pourquoi ressentait-il le besoin de m'humilier ? Je le détestais !

⸺ Non, en effet, répondis-je d'une voix glaciale et quelque peu tremblante.

⸺ Oh, c'est donc cela. Ginny et moi nous sommes séparés peu après la Bataille. Elle m'a avoué qu'elle pensait ressentir une attirance envers Luna. Luna Lovegood. Je n'ai pas essayé de la retenir ; à quoi bon ? Ginny a bien le droit d'aimer qui son cœur veut. Homme, femme, ou autre, je ne vois pas ce que cela change. Tout ça pour dire que nous avons rompu. J'ignore pourquoi, mais la situation ne m'a pas dérangé plus que ça. Ginevra savait depuis longtemps que j'étais bisexuel et a réfléchi sur ses propres sentiments. Heureusement : je n'aurais pas voulu la rendre malheureuse en lui faisant croire qu'elle m'aimait.

⸺ Et le lien avec le fait que tu n'utilises pas la magie pour les tâches du quotidien ? grinçai-je, insolent.

⸺ Cette rupture m'a rappelé à quel point l'amour est puissant. Cette rupture m'a rappelé que je n'étais qu'un humain parmi tant d'autres. J'ai reçu une leçon d'humilité. Et j'ai pensé que les Moldus vivaient sans pouvoirs magiques. Je ne voulais pas devenir paresseux car j'en disposais. J'ai décidé de m'en servir moins. C'est tout. Mais passons. N'avais-tu pas d'autres questions plus importantes à me poser à propos de toi ?

⸺ Bien sûr que si.

J'arrêtai de manger pour lui faire face :

⸺ C'est quoi tout ça, Potter ? Ça rime à quoi ? Pourquoi as-tu fait cela ? Qu'avais-tu à y gagner ? Pourquoi toi ? Et que vont dire les gens ? Es-tu devenu fou ? Pourquoi ? Pourquoi as-tu décidé de me pourrir la vie ? Réponds, Potter ! finis-je par hurler en le fusillant du regard.

Je m'étais levé, et je lui faisais face. J'étais fou de rage.

⸺ Pourquoi t'amuses-tu à détruire ma vie ? murmurai-je en tremblant.

L'Élu, qui avait rentré sa tête dans ses épaules, ne s'attendant pas à une telle colère, pâlit encore plus. Il était blanc comme un linge, et cette couleur jurait parfaitement avec ses cheveux corbeau.

⸺ Détruire ta vie ? balbutia-t-il. Mais... au contraire !

⸺ Que crois-tu ? Mon cas est désespéré, Potter. Ce que tu fais ne sert à rien. Peut-être devrais-je me jeter par la fenêtre de ma chambre à l'étage tant qu'il est encore temps.

⸺ Tu ne le feras pas. Pas tant que tu n'auras pas eu de réponses à tes questions. Je le sais, me répondit cet insupportable idiot avec un calme frustrant.

⸺ Alors réponds-moi ! hurlai-je. Réponds-moi, que je puisse enfin te libérer de ta tâche de tutelle d'un meurtrier !

⸺ Je répondrai à une question, me dit ce menteur. Une par jour. Vu la tonne de questions qui te trotte dans la tête, tu devrais pouvoir rester en vie jusqu'à la fin de l'année et changer d'avis quant à tes motivations à mourir.

⸺ Tu n'es qu'un menteur et un hypocrite ! Tu m'avais dit que tu répondrais à toutes mes interrogations !

⸺ C'est vrai, Malefoy. Je t'ai dit cela. Cette petite altercation a fait changer les choses. Je souhaite juste t'aider. Maintenant, choisis bien la question que tu vas me poser.

Je lui adressai un regard noir. Mes mains tremblantes se retenaient de l'étriper. De le tuer. De le faire souffrir jusqu'à sa mort.

⸺ Pourquoi fais-tu cela ? grinçai-je en me mordant la lèvre.

⸺ Parce que je veux t'aider. Tu le mérites. Contrairement à ce que tu penses, tu peux changer et devenir meilleur. Je veux t'aider à cela.

⸺ Mais pourquoi penses-tu cela ? Tu as tout faux ! Qu'as-tu à y gagner ? Tout le monde me déteste, pourquoi veux-tu me faire croire que tu penses différemment ?

⸺ J'ai dit une seule question, Malefoy, me rappela-il de sa voix insupportable.

Retenant mes larmes, je murmurai entre mes dents :

⸺ Depuis la première fois que nous nous sommes parlés, chez Madame Guipure, tu détruis ma vie. Tu t'en souviens, de cette première rencontre ? Oh, je ne savais pas qui tu étais. Mon discours idiot sur les idéologies qui étaient celles de mon père a dû te repousser. Je le sais. Mais ce même père m'avait confié une mission : devenir ami avec toi. Pour que je puisse te rapprocher du Seigneur des Ténèbres plus tard. Dans le Poudlard Express, tu as refusé la main que je t'ai tendue. Elle l'était déjà, mais ma vie est devenue un enfer. Mon père a été furieux. Et pour ne pas me laisser démonter, j'ai dû me forger un masque de gamin insupportable et prétentieux. Pour oublier l'humiliation que j'ai ressentie à ce moment-là. Pour me cacher des coups paternels que je subissais à cause de mon échec. Même si ce n'était pas intentionnel tu as détruit ma vie. Je te hais. Ne le comprends-tu pas ? N'essaie pas de me faire croire que ce n'est pas réciproque. N'essaie pas de me mentir. Tu n'es qu'un monstre. Un monstre ! Seule la haine que je nourris envers toi me permet encore de rester en vie.

Nullement impressionné par cet accès de rage, Potter se redressa d'un air insolent.

⸺ Tu te trompes, Malefoy. Je ne suis pas un monstre. Tu ne me hais pas. Et ce n'est pas ta haine qui te permet de rester en vie. C'est ta pitié envers moi. Pas parce que tu me trouve misérable, non. Parce que tu sais que je ne deviendrais qu'une loque si tu partais dans les bras de la Mort.

⸺ C'est ce que tu crois, dis-je d'une vois empreinte de défi.

Il m'adressa un sourire. Un sourire ! Comment osait-il ?

⸺ Je sais que j'ai raison.

Pris d'un trop gros accès de rage, je lui assénai une claque magistrale et partis me réfugier à l'étage, où je m'écroulai sur mon matelas en sanglotant.

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