Chapitre 3 [1/2]
Recommandation musicale : illicits affairs de Taylor Swift
╰┈➤ ❝[note de début] ❞ La deuxième partie arrive la semaine prochaine. N'oubliez pas de commenter, ça m'encourage beaucoup !
Mon cœur s'est accéléré, un frisson a parcouru mon échine. Je me suis retourné lentement, mais la pièce semblait vide. La sensation d'être observée, elle, restait palpable. J'ai scruté chaque recoin, chaque ombre, espérant déceler un mouvement, une forme familière. Mais non, rien. Juste ce miroir, et ce regard perçant que j'étais certaine de ne pas avoir imaginé.
Qui cela pouvait-il bien être ? Un soldat ? Si c'était le cas, il se serait montré. Les gardes ont l'autorisation de fouiller les galeries.
Soudain, j'ai senti un souffle à ma gauche. Un nœud s'est noué dans mon ventre et je suis passée à l'attaque, avec pour seule arme un stylo attrapé en vitesse sur la commode. L'instinct a repris le dessus, je n'arrivais pas à savoir si c'était une bonne chose.
J'ai percuté la silhouette aux yeux verts de tout mon poids. Elle a poussé un cri aigu avant de se débattre sauvagement. C'était donc une femme. Nos corps ont roulé par terre, chacun essayant de maitriser l'autre. Dans le noir, je sentais une carrure sèche et d'épais cheveux.
Après quelques minutes, l'inconnue a fini par prendre le dessus en me plaquant violemment contre un mur. J'étais à bout de souffle. Je m'étais fait battre en si peu de temps que j'en étais ébahie.
Qu'avais-je cru ? Que j'allais pouvoir la battre, avec mes petits bras maigrelets ?
J'ai réussi à me dégager suffisamment pour déclencher l'interrupteur, et la pièce s'est éclairée... sur une petite fille d'à peine douze ans.
J'ai lâché un hoquet d'étonnement. Elle me fixait d'un air méfiant, me maintenant contre le mur. Elle avait beaucoup de force pour son âge. À moins que cela ne soit moi qui n'avais pas été assez attentive en cours de sport, ce qui était une option absolument plausible.
— Qui es-tu ? a-t-elle demandé d'une voix rauque.
J'avais déjà croisé cette fille une ou deux fois dans Subterra. Elle était plutôt petite, avec d'épais cheveux roux en bataille et des yeux émeraude brillant de colère.
— Je te retourne la question, ai-je répondu, toujours plaquée contre le mur. Il me semble que c'est toi qui t'es introduite dans ma galerie.
La petite fille a pincé les lèvres, comme si j'avais gagné un point.
— Luz, a-t-elle marmonné. Luz Ira.
J'ai avalé ma salive, le cœur battant la chamade. La jeune fille me disait vaguement quelque chose.
— Et... Que fais-tu là, Luz ?
Elle m'a lancé un regard si dur que je me serais presque senti coupable d'être chez moi. Les cercles bruns sous ses yeux faisaient ressortir leur éclat meurtrier.
— Écoute, je crois bien qu'on est toutes les deux dans la mouise, si tu vois ce que je veux dire. (Luz a desserré son étreinte sur mes épaules) Ça m'arrangerait si tu voulais bien coopérer.
Je me suis appuyé contre le mur, profitant de cette petite liberté pour reprendre mon souffle. Luz, toujours méfiante, me scrutait avec des yeux qui semblaient analyser le moindre de mes mouvements.
— Que veux-tu dire par « dans la mouise » ? ai-je demandé, l'inquiétude me tordant l'estomac.
Elle a hésité un instant, comme si peser ses mots était une tâche trop complexe pour elle. Puis, elle s'est rapprochée, la voix presque un murmure.
— J'ai entendu des choses. Tu t'appelles Iris Shatner, n'est-ce pas ? Tes parents ont disparu.
J'ai froncé les sourcils. Mes mains ont trouvé instinctivement mon stylo, mais je n'étais pas prête à l'utiliser. Comment connaissait-elle mon nom ? Cette petite fille commençait à me faire peur.
J'ai serré la mâchoire. Ma famille n'était ni à l'infirmerie ni dans ma galerie, mais cela ne voulait pas dire qu'elle avait disparu. Toujours est-il que je n'avais pas envie d'en parler à Luz.
— Les gardes ne vont pas tarder à partir à ta recherche, comme ils me cherchent en ce moment-même. Je me suis dit que tu pourrais m'aider.
Elle m'a fixé quelques secondes en attendant ma réaction, une lueur étrange brillant dans les yeux. Je me suis demandé un instant si elle n'était pas folle.
J'ai dégluti douloureusement.
— Écoute, je te propose de me lâcher, ai-je articulé d'une voix faussement posée. On va s'asseoir sur le canapé pour que tu puisses m'expliquer tout ça calmement.
Luz m'a lâché et je l'ai conduite à pas lents jusqu'au salon, sans la quitter du regard. C'est ainsi qu'on agit avec les dérangés mentaux potentiellement dangereux, même s'ils n'ont que treize ans.
À peine installées sur le canapé, Luz s'est renfrogné, croisant les bras sur sa poitrine comme méfiante. Je me suis assise à une distance respectable d'elle, les mains posées sur les genoux, cherchant à afficher une expression calme et rassurante. Mais à l'intérieur, le tumulte grandissait. Que savait-elle de mes parents ?
Pour ne pas mentir, j'avais vaguement reconnu le visage de Luz. Il y a quelques années, l'école du troisième et du quatrième étage s'était retrouvée pour une journée de jeu de société, juste avant les vacances. Les élèves ne s'étaient pas mélangés entre eux, formant un groupe à droite de la salle et un autre à gauche qui se lançaient parfois des regards hargneux. À l'époque, les « quatrièmes étages » étaient des riches et les « troisièmes étages » des pauvres. Ce n'était pas plus compliqué que cela.
Je me souviens de Luz. Elle se trouvait à gauche, dans le coin, mais ne jouait pas aux cartes avec les autres. La petite fille semblait minuscule, presque fragile, sous son épaisse chevelure rousse.
Quand elle avait vu que je l'observais, Luz m'avait lancé un regard noir. J'essayais de lui rendre la pareille, en fronçant les sourcils et en tordant méchamment la bouche, mais ma tentative n'avait apparemment pas porté ses fruits. Luz se mordait les lèvres pour ne pas rire.
On s'était regardé encore un moment, sans essayer de faire semblant de se détester. Ses yeux, verts éclatants, étaient si grands qu'ils paraissaient manger son visage.
Nos écoles ne se sont plus jamais mélangées après cet épisode, et je n'ai plus repensé à la petite rousse depuis.
J'ai jeté un regard à Luz, assise sur le canapé à côté de moi. Elle avait grandi, mais cela se voyait plus sur ses traits que par sa taille. Ses yeux n'étaient plus aussi grands, marqués par des cernes marron. Tout paraissait plus dur chez elle, même si elle avait gardé son nez en trompette et ses joues rebondies.
— Reprends depuis le début, ai-je exigé d'une voix que je voulais autoritaire. Ou je te taillade les veines avec mon stylo.
J'ai brandi mon stylo bic en preuve de mon sérieux.
Luz a sifflé en hochant la tête.
— Impressionnant, a-t-elle ironisé. À condition que tu taises, ou je te crève le cœur avec mon poignard.
Elle a sorti une magnifique arme à la lame claire de son sac, qu'elle portait en bandoulière. J'ai bondi en arrière, trébuchant contre un fauteuil. Cette fille était donc vraiment folle ! Il fallait qu'elle parte de chez moi au plus vite.
— Je...ai-je bégayé, les armes sont interdites à Subterra. Et puis, si tu l'avais depuis le début, pourquoi ne l'as-tu pas utilisé avant ?
Ma voix avait tremblé. Luz m'a regardé comme si j'étais un mignon petit chat.
— Je ne veux pas te faire de mal, voyons. Juste que tu m'écoutes.
Elle a essuyé son poignard contre son haut d'un geste nonchalant.
— Quant à ça, c'est à mon père. Je lui ai emprunté avant de m'enfuir, il voudrait que je puisse me défendre s'il n'est pas là.
Je me suis rassise, méfiante.
— Où est-il ?
Luz m'a lancé un regard soutenu.
— Probablement avec tes parents.
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