Chapitre 16 [1/2]

Recommandation musicale : Runaway de The Rigs

Tarek Davies était sans hésitation le pire conducteur que je n'ai jamais connu.
D'accord, mon expérience était un peu limitée, mais vous avez compris l'idée.

Tarek a accéléré et le moteur a rugi bruyamment. Je me suis retrouvée projetée de l'autre côté, à moitié allongée sur Luz. La jeune fille a grogné en me repoussant, agrippée à son siège comme si sa vie en dépendait. Pour être honnête, c'était probablement le cas.

— Tarek ! ai-je crié en m'agrippant frénétiquement à la poignée au-dessus de la fenêtre. Êtes-vous sûr de savoir manier cette machine démoniaque ?

Il a éclaté de rire, un rire un peu trop joyeux pour la situation.

— Bien sûr que je sais conduire ! J'ai appris tout seul.

— Oh super, on va tous mourir, a marmonné Luz, le visage blême.

Un silence horrifié a flotté entre nous tandis que la voiture rebondissait sur la route cabossée. Tarek, quant à lui, semblait s'amuser comme un fou. Au loin, j'ai aperçu le pont en bois que nous avions emprunté quelques jours auparavant.

— Ne me dites pas que...

— Ne t'en fais pas, Iris ! a crié Tarek pour couvrir le vacarme ambiant. La dernière fois, cela a très bien marché.

Le pont se rapprochait de plus en plus. J'ai eu une vision horrifiante de la voiture sombrant dans la rivière à vitesse grand V. J'ai hésité à m'agripper au bras de Luz, mais je me suis ravisé lorsqu'elle a commencé à vomir.

D'un coup, la voiture a bondi sur le pont de bois et je me suis retrouvée collée contre mon siège, le cœur prêt à exploser. Le véhicule a cahoté sur les planches, le bruit des roues résonnant comme des coups de canon dans la nuit silencieuse. Luz gémissait à côté de moi, incapable de parler entre deux haut-le-cœur.

Un craquement sinistre a retenti sous nos pieds. J'ai plaqué mes mains sur mes yeux, refusant d'assister à ma propre mort.

Mais... rien ne s'est produit. Après quelques interminables secondes, j'ai osé rouvrir un œil. Nous avions traversé. Nous étions toujours en vie. J'ai pris une grande inspiration, le souffle court.

— Plus jamais ça, ai-je soufflé.

Luz s'est contentée d'un gémissement plaintif.

Tarek affichait un sourire vantard sous ses lunettes rondes, mais je voyais bien qu'il n'en menait pas large.

— Et voilà, mesdemoiselles, une traversée parfaitement maîtrisée. Je vous l'avais dit.

— Je vous déteste, ai-je répondu d'un ton morne.

Je me suis rappelé la crise de panique que j'avais eue sur ce pont il y a quelques jours. Si Iris-du-passé savait...

Je me suis calée contre mon siège, essayant de calmer mon rythme cardiaque tandis que la voiture cahotait sur la route défoncée. Le pont se faisait de plus en plus petit derrière nous.

Luz semblait sur le point de s'évanouir. Elle avait le teint verdâtre et ses doigts crispés s'enfonçaient dans le tissu du siège.

— Tu vas tenir le coup ? lui ai-je demandé en jetant un regard inquiet vers elle.

Elle m'a adressé un geste vague, comme pour me dire de la laisser tranquille.

Le reste du voyage a été plus calme. Comme Tarek ne voulait pas qu'on s'arrête pour nettoyer le vomi de Luz, une odeur nauséabonde régnait dans la voiture. Luz avait fermé les yeux, la tête contre la vitre, probablement en train d'essayer de ne pas vomir une seconde fois.

Le nez pincé, j'ai ouvert une fenêtre.

On a roulé ainsi pendant une heure, peut-être deux. Comme Luz s'était endormi, j'ai discuté un peu avec Tarek. J'ai appris qu'il avait trouvé cette voiture par miracle près du pont et qu'il ne savait pas s'il en existait d'autres. Tarek avait mis des années avant de déjouer ses secrets et de comprendre comment l'utiliser sans risques.

Il m'a expliqué qu'il ne l'utilisait que très peu (je me suis retenue de répliquer que cela se voyait), car Élisabeth et lui se déplaçaient rarement sur de longues distances.

Tarek a continué à rouler, l'air satisfait, comme s'il venait de réaliser un exploit. Moi, je restais méfiante. Ce n'était pas tant la voiture qui me dérangeait – après tout, c'était plutôt pratique – mais plutôt le fait que Tarek la conduisait comme s'il jouait sa vie à chaque virage.

Les paupières battantes, Luz s'est réveillé.

— Quand est-ce qu'on arrive ? a-t-elle marmonné.

Tarek a jeté un coup d'œil à une vieille montre attachée à son poignet

— Dans quelques minutes.

Luz a poussé un soupir las et s'est laissé retomber contre la vitre.

Le paysage défilait autour de nous, une étendue sombre et désertique, seulement éclairée par la pâle lueur des étoiles. Tarek s'était efforcé de contourner chaque forêt afin d'éviter de rentrer dans un arbre.

— On y est, a dit Tarek. On va marcher jusqu'au repère du Minotaure afin de ne pas se faire repérer.

Il a arrêté la voiture derrière un buisson gigantesque et nous sommes descendus. Le soleil commençait à se lever. 

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Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?

J'ai trop hâte de publier les prochains chapitres héhé, j'ai tellement aimé les l'écrire !

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