Chapitre 5 (suite) : Échos du passé

Kie lui tendit le carnet avec une hésitation palpable. Ses doigts tremblaient légèrement, mais son regard restait fixe, comme si elle offrait une part d’elle-même qu’elle n’avait jamais osé partager auparavant. Sasuke s'approcha, prenant le carnet entre ses mains avec précaution, comme s'il tenait un objet fragile sur le point de se briser.

Il l'ouvrit lentement, ses yeux parcourant les pages. Ce qu’il vit le frappa de plein fouet. Les pages étaient couvertes de dessins sombres et de symboles énigmatiques, des éclats de ce qu’il devinait être son monde intérieur. Les images représentaient des paysages tourmentés, des figures humaines aux traits déformés par la souffrance, des ombres qui dansaient autour d’elles comme des spectres. Au fil des pages, il décela aussi des phrases, des mots tracés à la hâte, comme des cris étouffés de désespoir et de confusion.

"C’est… c’est toi ?" réussit-il à articuler, troublé par ce qu’il découvrait. "Tout cela…"

Kie se mit à jouer nerveusement avec ses doigts, détournant le regard.

"C'est tout ce que je ne peux pas exprimer," répondit-elle finalement, sa voix à peine audible. "Les dessins sont mes pensées, mes peurs, mes souvenirs… Mais ils ne sont jamais complets. Je ne sais pas comment décrire ce que je ressens, alors je les dessine. C’est plus facile, d’une certaine manière."

Sasuke tourna la page, découvrant une illustration d'un paysage désertique, où se mêlaient une tempête et une silhouette solitaire. Le ciel était assombri, et des éclairs semblaient déchirer l’air, symbolisant une lutte intérieure. Cette image le toucha profondément, résonnant avec son propre sentiment de solitude et de désespoir.

"C’est… si puissant, c'est toi qui a fait ça ?"

"Oui."

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Le lendemain matin, le soleil se leva lentement, sa lumière dorée filtrant à travers les feuilles des arbres. Konoha s’éveillait, et les bruits de l’académie des ninjas résonnaient dans l’air frais. Les élèves se regroupaient, prêts à commencer une nouvelle journée d’entraînement, mais une tension palpable flottait autour de Kie. Sasuke, à ses côtés, était conscient que quelque chose avait changé en elle. La promesse de partager son monde avait commencé à résonner en elle, mais le chemin qui l’attendait restait semé d’embûches.

Kie se tenait à l’écart, comme d’habitude, observant les autres élèves qui se rassemblaient pour la première leçon. Sa silhouette semblait toujours aussi vide, mais il y avait une lueur d’intention dans son regard, comme si elle était prête à sortir de son cocon. Sasuke la rejoignit, déterminé à lui montrer qu’elle n’était pas seule.

"Tu as décidé ce que tu allais dire aujourd’hui ?" demanda-t-il doucement, le regard posé sur elle.

Kie hésita, mordillant sa lèvre inférieure.

"Je… je vais essayer," finit-elle par murmurer, le défi palpable dans sa voix. "Mais je ne sais pas si je peux."

Sasuke posa une main rassurante sur son épaule.

"Prends ton temps. Les autres ne peuvent pas te blesser si tu restes forte."

Elle acquiesça, mais il pouvait voir la peur dans ses yeux. Alors qu’ils se dirigeaient vers le groupe, une partie de lui se demanda s’il avait fait le bon choix en l’encourageant à parler. Les rumeurs avaient déjà commencé à se répandre, et il savait que les élèves étaient curieux de la fillette mystérieuse qui se tenait à l’écart.

Le professeur de l’académie, un homme imposant au regard sévère, rassembla les élèves, se préparant à débuter le cours. Kie se tenait un peu en retrait, mais Sasuke veillait à ce qu’elle soit près de lui. Les autres élèves l’observaient, des murmures circulant parmi eux.

"Regardez-la, elle est encore là, comme un fantôme," chuchota Ino à Sakura, qui acquiesça d’un air moqueur.

Sasuke sentit son sang bouillonner à l'entente de ces mots.

"Assez," intervint-il soudain, sa voix résonnant dans le silence. "Vous n’avez aucune idée de qui elle est."

Les rires s’éteignirent, et un murmure de surprise parcourut le groupe. Les regards se posèrent sur lui, l’étonnement se mêlant à l’incrédulité.

"Qu’est-ce que tu sais d’elle, Uchiha ?" demanda un garçon, le défi dans les yeux.

Sasuke se tourna vers Kie, son regard déterminé.

"Je sais qu’elle est plus forte que vous ne le pensez. Elle peut très bien se défendre, même si elle ne parle pas."

Kie le regarda, surprise par son audace. Cela lui donnait une force qu’elle n’avait pas soupçonnée en elle. Elle avait toujours été la cible des moqueries, mais maintenant, avec Sasuke à ses côtés, elle se sentait un peu moins seule.

Le professeur, ayant observé la scène, intervint.

"Calmez-vous. Nous sommes ici pour apprendre, pas pour juger les autres. Kie, si tu souhaites te joindre à nous, tu es la bienvenue."

Les murmures reprirent, mais cette fois, il y avait une note de curiosité dans l’air. Kie se tourna vers le professeur, son cœur battant la chamade. Elle pouvait sentir les regards de tous fixés sur elle, mais quelque chose en elle s'éveillait.

"Je… je vais essayer de parler," réussit-elle à dire, sa voix tremblante mais résolue.

Le groupe se tut, attendant avec impatience ses mots. Kie prit une profonde inspiration, sentant le poids des attentes sur ses épaules. Elle se redressa légèrement, comme si elle voulait se forger une nouvelle identité.

"Je ne suis pas ici pour faire du bruit. Je… je ne suis pas comme vous," commença-t-elle, ses yeux balayant la foule. "Je suis Kie. Je suis… différente."

Les élèves l’écoutaient attentivement, le regard surpris. Sasuke se tenait près d'elle, fier de sa bravoure.

"Je ne parle pas beaucoup," poursuivit-elle, sa voix s’adoucissant. "Mais je ressens des choses que vous ne pouvez pas voir. J’ai des souvenirs que je ne comprends pas, mais je suis ici, et je veux… je veux apprendre."

À ces mots, une vague de murmures parcourut le groupe. Certains élèves échangèrent des regards étonnés, tandis que d’autres demeuraient sceptiques. Ino, avec son air désinvolte, avait l’air de vouloir répliquer, mais Sakura lui fit signe de se taire.

Sasuke, quant à lui, sentait que quelque chose changeait. La vulnérabilité de Kie, sa capacité à partager une part d’elle-même, créait une nouvelle dynamique au sein du groupe.

"Si tu veux apprendre, nous t’aiderons," dit enfin Hinata, la timidité s’éclaircissant dans sa voix. "Nous pouvons devenir… amis."

Les mots de Hinata résonnèrent dans l’air, apportant une chaleur inattendue. Kie baissa les yeux, visiblement touchée par la gentillesse de la jeune fille.

"Merci," murmura-t-elle, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. "Je… je vais essayer de me joindre à vous."

À cet instant, Sasuke réalisa que la journée allait être différente. Il n’y avait plus seulement de l’hostilité autour de Kie, mais une ouverture, une possibilité d’amitié. Les élèves commençaient lentement à percevoir en elle non pas une ombre, mais une jeune fille avec ses propres luttes, ses propres aspirations.

Les cours continuèrent, et au fil des heures, Kie commença à s’impliquer. Elle ne parlait pas beaucoup, mais elle observait attentivement, s’efforçant de comprendre le monde qui l’entourait. Les autres élèves, intrigués, l’incluaient dans les exercices, tentant de briser cette barrière qui l’avait séparée d’eux pendant si longtemps.

À la fin de la journée, alors que le soleil commençait à se coucher, un sentiment d’accomplissement envahit Kie. Elle avait fait un pas vers l’avant, un pas qui lui semblait monumental. Sasuke, marchant à ses côtés, pouvait sentir la légère lumière qui émanait d’elle.

"Bien joué," lui dit-il, une fierté palpable dans la voix. "Je savais que tu pouvais le faire."

Kie le regarda avec gratitude, le regardant comme un phare dans son obscurité.

"Merci d’avoir cru en moi," répondit-elle, la voix encore teintée d’émotion.

Sasuke haussait les épaules avec désinvolture, mais à l'intérieur, il se sentait renforcé par leur connexion. La nuit approchait, mais l’obscurité n’était plus une ennemie. Pour la première fois, Kie pouvait entrevoir une lueur d’espoir, une voie vers la compréhension.

Alors qu’ils marchaient côte à côte, deux silhouettes se découpant contre le ciel crépusculaire, Sasuke comprit que les véritables luttes n’étaient pas seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur. Ensemble, ils pourraient affronter les ombres qui les hantaient.