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Chapitre 27 : Entre les Ombres et la Lumière

La bibliothèque du repaire d'Orochimaru était un lieu sombre, rempli de volumes poussiéreux et de rouleaux anciens, vestiges d'un savoir perdu ou interdit. Kie y passait la majeure partie de ses journées, parcourant silencieusement les étagères de bois usé, à la recherche de réponses aux questions qu'elle gardait enfouies en elle. Les pages des vieux livres craquaient sous ses doigts tandis qu'elle absorbait chaque mot avec une attention rigoureuse, comme si elle tentait d'y trouver une échappatoire à sa propre réalité.

Mais ce jour-là, le calme de la bibliothèque fut perturbé par un bruit sec. La porte de la pièce se referma brutalement derrière elle, suivie du cliquetis distinctif d'une clé qui verrouillait la serrure. Kie leva les yeux de son livre, ses sourcils se fronçant légèrement. Elle n'eut pas à attendre longtemps pour découvrir la source de cette interruption.

Karin, ses cheveux rouges éclatants et son regard brûlant de colère, se tenait devant la porte. Ses bras étaient croisés, et une expression de défi marquait ses traits. Elle s'avança de quelques pas, réduisant la distance entre elle et Kie, laissant une tension palpable envahir l'air.

"Écoute-moi bien, Kie," lança Karin, sa voix trahissant une jalousie à peine contenue. "Je ne sais pas ce que tu cherches à faire en restant dans les parages, mais une chose est claire : tu ferais mieux de rester loin de Sasuke."

Kie la fixa sans ciller, ses yeux inexpressifs dissimulant la moindre émotion. Elle demeura immobile, sa silhouette fine et calme, comme une ombre parmi les ombres de la bibliothèque. Karin s'impatientait visiblement face à ce mutisme implacable, son irritation montant d'un cran.

"Ne fais pas semblant de ne pas comprendre," continua-t-elle, sa voix se faisant plus menaçante, presque un murmure venimeux. "Sasuke n'a pas besoin de quelqu'un comme toi. Tu n'es qu'un poids mort, une présence inutile. Il ne te voit même pas, et si tu crois qu'il te doit quelque chose parce que tu traînes dans ses parages, détrompe-toi tout de suite."

Kie laissa tomber le livre qu’elle tenait, le bruit sourd résonnant dans la pièce étroite. Ses yeux blancs se plantèrent dans ceux de Karin, mais elle ne répondit pas. Pas un mot, pas un geste. Ce silence, aussi lourd que le poids des secrets qu’elle portait, eut le don de mettre Karin encore plus en colère.

Karin s’approcha davantage, jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de Kie, son souffle court et ses poings serrés. Ses mains tremblaient légèrement de rage, tandis qu’elle cherchait désespérément à percer cette façade indéchiffrable qui la narguait.

"Écoute, je ne te le répéterai pas. Reste loin de lui. Ne lui parle plus. Il est à moi, tu entends ?"

Mais face à cette déclaration pleine de jalousie et de frustration, Kie demeura de marbre, son expression impassible comme un masque inébranlable. Elle resta silencieuse, comme si chaque mot de Karin se heurtait à un mur invisible, incapable de la toucher. Elle se contenta de fixer la jeune femme, laissant la tension emplir la pièce jusqu'à l’étouffement.

Karin serra les dents, visiblement furieuse de ne provoquer aucune réaction chez Kie. Elle finit par reculer d’un pas, ses mains toujours crispées, mais cette fois plus incertaines.

"Je te préviens, Kie. Si tu ne m'écoutes pas, tu le regretteras," murmura-t-elle finalement avant de tourner les talons. Elle déverrouilla la porte avec un geste brusque et sortit, laissant la pièce retomber dans le silence oppressant de la bibliothèque.

Kie resta immobile un moment, ses pensées flottant dans un silence insondable. Elle baissa les yeux vers le livre qu'elle avait laissé tomber, le ramassa lentement et le remit en place sur l’étagère. Elle était habituée à ces confrontations, à cette agressivité qui la poursuivait depuis son enfance. Mais au fond d'elle, une légère inquiétude semblait s'éveiller, une petite flamme vacillante dans la pénombre de son esprit.

Elle reprit sa lecture, comme si rien ne s'était passé, mais les mots de Karin résonnaient encore dans les coins sombres de la pièce. Pourtant, aucune expression ne venait troubler la sérénité glaciale de son visage. Elle restait Kie, fidèle à elle-même, imperméable aux menaces et aux jalousies, marchant toujours seule dans l'obscurité qui l'entourait.

La journée tirait à sa fin lorsque Sasuke retrouva Kie sur le terrain d'entraînement, un lieu isolé où seuls le vent et le bruissement des feuilles accompagnaient leurs silences. Le soleil déclinait à l'horizon, projetant des ombres longues et déformées sur le sol rocailleux. Kie attendait là, calme, tenant son carnet entre les mains.

Sasuke, les bras croisés, la regardait sans rien dire. Il avait l’habitude de ses silences, mais quelque chose dans l'attitude de Kie semblait légèrement différent aujourd'hui. Elle s'approcha de lui, ouvrit son carnet, et le tendit lentement. Sur les pages, une simple phrase, écrite d’une main ferme et régulière :

"Karin m'a dit de rester loin de toi."

Il lut les mots, ses yeux se durcissant tandis qu'il s'efforçait de masquer la colère qui bouillonnait en lui. Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de fixer Kie, ses pensées tourbillonnant dans son esprit. Kie, fidèle à elle-même, resta impassible, observant chaque micro-réaction de Sasuke, mais sans esquisser le moindre mouvement ou la moindre expression.

Sasuke soupira, tentant de réprimer la vague de ressentiment qui montait en lui. Malgré sa froideur apparente, une lueur de contrariété passa furtivement dans son regard, un instant trop court pour être remarqué. Il plia le carnet et le remit à Kie, se retournant vers l’horizon sans un mot.

Mais au fond de lui, une décision venait de se prendre, et il savait ce qu’il devait faire.

Plus tard, la nuit tombée, Sasuke marcha d'un pas déterminé vers la chambre de Karin. Les couloirs du repaire étaient déserts, plongés dans l’obscurité, éclairés seulement par la faible lueur des torches murales. Lorsqu’il poussa la porte de la chambre de Karin, celle-ci leva les yeux, visiblement surprise de le voir ici à une heure si tardive.

Un sourire flottait sur ses lèvres, une lueur d’espoir dans son regard. Elle se leva, sa voix douce et empressée :

"Sasuke... Je ne m'attendais pas à te voir ce soir. Tu veux me dire quelque chose ?"

Elle espérait, au fond de son cœur, que ces mots cacheraient enfin ce qu’elle avait toujours attendu de lui. Mais le visage de Sasuke demeurait impassible, son regard aussi tranchant que le froid de l'hiver.

"Karin," dit-il, sa voix basse mais empreinte d'une autorité glaciale. "Ne t’avise plus de parler à Kie comme tu l’as fait. Et surtout, ne t'avise pas de lui dicter ce qu'elle doit faire."

Karin déglutit, son sourire se figeant. L'espoir dans ses yeux se mua rapidement en une expression de déception, de colère et de frustration.

"Mais Sasuke, je voulais juste... je pensais que... je pensais que tu me comprenais," balbutia-t-elle, tentant de masquer la blessure qui transparaissait dans sa voix. "Elle ne fait que... traîner dans tes parages, elle n’a rien à faire ici !"

Sasuke fit un pas en avant, son regard perçant clouant Karin sur place.

"Ce n'est pas à toi de décider qui a sa place ici ou non. Tu n'as aucun droit de lui parler de la sorte," répliqua-t-il, son ton se faisant plus dur. "Si tu t’avises encore de lui dire quoi que ce soit... tu le regretteras."

La menace dans sa voix était claire, tranchante comme une lame, et Karin recula légèrement, sentant l'intensité du regard de Sasuke. Ses mains tremblèrent un instant, la laissant voir à quel point elle avait franchi une limite.

Pourtant, elle tenta de se redresser, essayant de dissimuler sa peur derrière une façade de défi :

"Pourquoi... pourquoi tu la défends comme ça, Sasuke ? Tu tiens à elle ?"

Mais Sasuke, fidèle à sa nature, resta de marbre. Il détourna le regard, ne lui offrant aucune réponse, se contentant de lui tourner le dos pour quitter la pièce. Avant de disparaître dans l'ombre du couloir, il s'arrêta et ajouta d'une voix froide :

"Ne te fais pas d'illusions. La prochaine fois, je ne serai pas aussi clément."

Puis il s'en alla, laissant Karin seule avec ses pensées, sa colère et sa jalousie. Une fois la porte refermée derrière lui, elle serra les poings, sentant ses yeux se remplir de larmes de frustration. Mais elle savait que Sasuke ne reviendrait pas sur ses mots.

Pendant ce temps, dans la solitude de sa chambre, Kie continuait à écrire dans son carnet, ignorant tout de ce qui venait de se jouer entre Sasuke et Karin. Ses pensées vagabondaient, dérivant dans les méandres de ses propres souvenirs et de sa réalité présente, sans imaginer un seul instant la tempête qui se déchaînait autour d'elle.

Le lendemain, alors que le soleil peinait à percer les nuages gris au-dessus du repaire, Kie entendit un léger coup à sa porte. Elle ouvrit, découvrant Nuri qui se tenait là, une expression hésitante sur son visage. La petite fille leva les yeux vers Kie, une question silencieuse flottant dans son regard violet.

"Pourquoi... tu ne parles pas ?" demanda-t-elle, sa voix douce résonnant dans le silence de la chambre.

Kie resta immobile, incapable de formuler une réponse. Les mots restaient coincés dans sa gorge, comme s'ils n'avaient plus de place dans son monde depuis longtemps. Elle fixa Nuri, mais aucune explication ne parvint à franchir ses lèvres. Nuri la regarda avec une curiosité mêlée de compréhension, puis hocha simplement la tête, comme si elle acceptait ce silence.

Le soir venu, une nouvelle étrange parcourut le repaire. Orochimaru ordonna à tous ses subordonnés, à l'exception des gardes et autres membres de la sécurité, de venir dîner ensemble. Une grande table épaisse fut installée dans la salle principale, remplie de plats variés et de boissons. Orochimaru, assis à l'une des extrémités de la table, dominait l'assemblée de son regard perçant, tandis que Kabuto, son bras droit, prenait place à l'autre extrémité.

Les membres de la Team Taka et les autres élèves prirent place autour de la table. Kie s'installa en face de Sasuke, avec Nuri à ses côtés. Sasuke jetait de brefs coups d'œil vers Kie, sans rien laisser paraître de ses pensées. À côté de Sasuke, Karin se tenait droite, ses yeux s'attardant avec agacement sur Nuri. De son côté, Suigetsu était assis en face de Jûgo, un sourire narquois aux lèvres.

La tension palpable dans la pièce rendait le repas inconfortable. Les conversations étaient rares, et la plupart des convives préféraient se concentrer sur leur assiette. Puis, Suigetsu rompit le silence en remarquant :

"Hé, Nuri, tu sais que tu devrais être félicitée pour ce que tu fais ici. C’est pas rien de survivre dans cet endroit lugubre, même pour une gamine comme toi."

Orochimaru, sans même lever les yeux de son plat, acquiesça d’un léger signe de tête, approuvant les paroles de Suigetsu. Mais Karin, elle, ne l’entendit pas de cette oreille. Un éclair de colère traversa son regard, et elle se tourna vers Nuri avec une expression dédaigneuse.

"Félicitée, elle ? Cette gamine est complètement inutile ici. On aurait dû la laisser derrière depuis longtemps. Tout ce qu'elle fait, c'est traîner dans les pattes de tout le monde," lança-t-elle, sa voix teintée de mépris. Puis, ses yeux se tournèrent vers Kie, une lueur encore plus sombre traversant ses traits. "Et toi, Kie, tu ne vaux pas mieux. Froide, insensible... Tu sers à rien. Même un chien aurait plus d’utilité que toi."

Kie resta impassible, son visage dénué de toute émotion, mais ses poings se serrèrent légèrement sous la table. Elle baissa la tête, évitant de croiser le regard de quiconque. Autour d'elle, la tension monta d’un cran, et le silence s’épaissit.

Nuri, troublée par les mots cruels de Karin, tourna ses grands yeux violets vers la femme aux cheveux rouges. Sa voix tremblante et hésitante rompit le silence tendu.

"Méchante ? Elle ?"

Il y avait dans ses mots un mélange de confusion et de tristesse, comme si elle ne comprenait pas pourquoi quelqu'un pourrait penser cela de Kie. Elle baissa les yeux, touchée par la dureté des propos de Karin, mais pensant aussi à la douceur cachée qu'elle avait pu percevoir chez Kie, une douceur qu’elle savait enfouie derrière ses barrières silencieuses.

Karin resta silencieuse un instant, surprise par l'intervention de Nuri, mais elle haussa les épaules, ne daignant pas lui accorder plus d'attention. Nuri regardait toujours Kie avec une incompréhension palpable, tandis que cette dernière restait silencieuse, semblant accepter les mots de Karin sans protester.

De son côté, Sasuke observait toute la scène sans dire un mot. Ses yeux passaient de Karin à Nuri, puis revenaient se fixer sur Kie, une lueur indéchiffrable traversant son regard. Il ne dit rien, mais il semblait que quelque chose dans cette scène, dans cette froideur apparente, l’intriguait plus qu’il ne voulait le montrer.

Le dîner se poursuivit dans une ambiance tendue, chacun cachant ses véritables pensées derrière des masques de neutralité. Mais pour Nuri et Kie, ce moment marqua un tournant silencieux dans leur relation, une nouvelle étape dans leur étrange amitié naissante, faite de compréhension tacite et de secrets enfouis.

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