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Chapitre 26 : Reflets silencieux

La Team Taka était partie en mission, laissant le repère d'Orochimaru étrangement calme en leur absence. Sans rien de particulier à faire, Kie errait dans les couloirs sombres et sinueux du repaire. Les bruits de ses pas résonnaient contre les murs, interrompant de temps à autre le silence pesant de ce lieu. Elle arpentait les lieux comme un fantôme, une silhouette silencieuse qui glissait de pièce en pièce, ses pensées perdues dans un brouillard familier.

Alors qu'elle longeait un corridor qu’elle n’avait jamais vraiment exploré auparavant, elle s'arrêta brusquement. Au bout du couloir, une petite silhouette se dessinait dans la pénombre. Une enfant, peut-être âgée de six ans, se tenait là, immobile, les yeux fixés sur le sol. Elle portait une robe simple et délavée, qui contrastait avec la froideur du repaire.

Kie s’approcha lentement, ses pas se faisant plus légers, observant la petite fille avec une certaine curiosité. L'enfant finit par lever la tête, et leurs regards se croisèrent. Ce qui la frappa, c'était l'absence totale d'expression sur le visage de la fillette. Ses yeux violets clairs étaient inertes, comme s'ils étaient vidés de toute émotion, tout comme ceux de Kie.

La petite fille, bien que d'apparence fragile, ne montra aucun signe de peur ou de surprise face à cette inconnue qui s’approchait d’elle. Elle la fixa simplement, de ses yeux qui semblaient scruter l'âme même de Kie. Puis, lentement, elle ouvrit la bouche, ses mots s'échappant avec une lenteur étrange, comme si chaque syllabe pesait lourd sur sa langue :

"Qui... es-tu ?"

Kie, fidèle à elle-même, ne répondit pas avec sa voix. Elle sortit son carnet de sa poche, et y écrivit son nom d'une main assurée, avant de le tendre vers la fillette. La petite lut les lettres silencieusement, puis releva son regard vers Kie, toujours aussi inexpressive.

"Kie... Moi, c'est Nuri," dit-elle doucement, sa voix semblant résonner à peine dans le couloir désert. "Je... je ne t'avais... jamais vue avant."

Kie inclina légèrement la tête, ses yeux blancs observant la fillette avec une intensité calme. Il y avait quelque chose de déroutant à propos de Nuri, une impression de miroir qui semblait les relier, comme si elles partageaient un lien au-delà des mots, au-delà de leurs silences respectifs.

Après un instant, Nuri s’approcha un peu plus près de Kie, levant un bras pour toucher le carnet encore entre ses mains. Son geste était lent, presque hésitant, mais lorsqu'elle reprit la parole, une certaine assurance semblait teinter ses mots :

"Toi aussi... tu es comme... eux ? Comme les... autres qui sont forts... ici ?"

Kie ne répondit pas directement, mais ses yeux s’attardèrent sur le visage de Nuri. Elle percevait dans la voix de la fillette une fragilité, une lenteur qui laissait entrevoir qu'elle avait du mal à parler, que chaque mot demandait un effort particulier. Mais au-delà de cette difficulté, il y avait une étrange forme de détermination dans ses yeux.

Pour toute réponse, Kie hocha la tête, un signe discret, une affirmation qui n'avait pas besoin de mots. Nuri comprit rapidement que la jeune fille qui se tenait devant elle était différente des autres. Elle pouvait le sentir, à la façon dont Kie se déplaçait, à son silence lourd de significations, et à cette aura de puissance silencieuse qui émanait d'elle.

"Mais toi... tu es... différente. Tu n'as pas... l'air méchante, comme les autres," murmura Nuri, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, presque imperceptible.

Kie observa ce sourire timide, puis écrivit une nouvelle phrase dans son carnet avant de le tendre à Nuri.

"Et toi, pourquoi es-tu ici ?"

La petite fille regarda les mots, puis leva les yeux vers Kie, comme si elle pesait soigneusement sa réponse. Elle détourna légèrement le regard, son expression devenant plus trouble, comme si elle tentait de rassembler des souvenirs flous.

"Je... ne sais pas vraiment... Je suis... ici depuis longtemps," dit-elle finalement, sa voix s'éteignant doucement. "Les adultes... ne me regardent pas beaucoup. Ils... disent que je suis... inutile."

Kie resta silencieuse, mais son regard se fit plus perçant. Elle comprenait sans vraiment le dire ce que c'était que d'être ignorée, mise à l'écart, sans explication. Elle glissa une nouvelle note vers Nuri, une simple phrase qui résonna comme un écho dans ce lieu désert.

"On est peut-être pareilles."

Nuri fixa les mots, puis regarda à nouveau Kie, un éclat étrange dans ses yeux violets. Un lien invisible semblait s’être tissé entre elles, une compréhension mutuelle qui ne nécessitait ni explications ni grands discours. Deux êtres qui, dans la froideur de leur quotidien, avaient trouvé en l’autre un reflet troublant de leur propre existence.

Alors, dans ce couloir sombre du repère, les deux silhouettes se tinrent côte à côte. Elles ne disaient rien, mais dans le silence qui les entourait, une forme de connexion naissait, fragile mais sincère.

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