𝐿𝐼𝐴𝑅𝑆 | 𝐂𝐇𝐀𝐏 • 𝟐𝟓

𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐏𝐋𝐀𝐘 𝐓𝐇𝐄 𝐆𝐀𝐌𝐄
𝐈𝐅 𝐘𝐎𝐔 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐊𝐍𝐎𝐖 𝐓𝐇𝐄 𝐑𝐔𝐋𝐄
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— 𝑖 𝑠𝑤𝑒𝑎𝑟 𝑜𝑛 𝑚𝑦 𝑙𝑖𝑓𝑒 𝑡ℎ𝑎𝑡'𝑠 𝑖'𝑣𝑒 𝑏𝑒𝑒𝑛 𝑎 𝑔𝑜𝑜𝑑 𝑏𝑜𝑦 —







ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ

🍒

𝑯 𝒐 𝑾
I N S A N E
𝗶𝘀
𝑚𝜑 𝑓𝜇𝑐𝜅𝜄𝜋𝑔
𝐌 𝐈 𝐍 𝐃

🍒

ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ







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ᵂᴴᴼ'ˢ ᵀᴴᴱ ᴺᴱᵡᵀ ᵀᴬᴿᴳᴱᵀ





« Bien le bonjour pour une autre journée avec Radio Sarang, et je suis Goo Hani. Aujourd'hui, on démarre les informations sur le retour du Roi de notre université, oui je parle bien de Hwan Shiho. L'héritier d'une des familles les plus influentes de Séoul ! Il s'était longuement absenté pour un échange scolaire aux États-Unis mais, visiblement, sa présence ce matin a éveillé pas mal de sujets. Il semblerait que beaucoup de choses vont changer, je le sens à la tension dans l'air. »

      Les mots de Goo Hani flottaient dans l'air, se propageant à travers le campus avec cette énergie effervescente propre à la "Radio Sarang". L'animatrice, connue pour son ton espiègle et son flair pour les potins croustillants, captait toujours l'attention, surtout lorsqu'il s'agissait des Hwan, cette famille d'élite entourée d'intrigues.

      Les étudiants circulaient dans les couloirs, certains ricanant doucement à l'écoute des piques lancées par Hani, d'autres se penchant vers leurs amis pour discuter des rumeurs qui se répandaient comme une traînée de poudre. La fac vivait au rythme de cette radio, une sorte de bourdonnement constant, où chaque nouvelle lancée par Goo Hani trouvait rapidement son écho.

« Et ce n'est pas un secret que la Reine Hwan Maera pourrait se sentir menacée pour l'entreprise familiale. Qui des deux héritiers parviendra à garder le trône de fer appartenant aux Hwan ? C'est un combat qui va sûrement opposer deux adversaires pleins de ressources. Bien qu'ils soient de la même lignée, ils restent des rivaux. »

      Ce genre de rivalité fascinait le public. Les étudiants se passionnaient pour cette lutte de pouvoir au sein d'une famille si influente, et la radio jouait ce rôle de chroniqueur quotidien des événements, amplifiant chaque geste et parole. Dans l'ombre des discussions, les rumeurs se transformaient en vérités non vérifiées, et les exagérations prenaient des proportions épiques. Le retour de Shiho ne laissait personne indifférent, et les paris étaient déjà ouverts quant à ce qui se passerait ensuite.

« Et je- crrrr.... crrrrr, qu'est-ce qu'il se pascrrrrrr. Han Yeol vérifie le- crrrrrr tssssssss »

      Un bruit strident se répandit dans les enceintes. Puis, soudainement, une série de notifications envahit tous les téléphones en même temps. Un son distinct et presque synchronisé se propagea, comme une vague silencieuse. Les étudiants regardèrent leur téléphone, certains intrigués, d'autres légèrement irrités par cette interruption inattendue. La notification semblait provenir d'une source anonyme, sans nom, ni numéro.

       En déverrouillant leurs écrans, un étrange phénomène se produisit. Une vidéo commença à s'afficher automatiquement, mais ce n'était pas une vidéo normale. L'écran clignotait, glitchait, des lignes de pixels déformées dansaient sur le fond noir, créant une atmosphère oppressante. Le son, une sorte de bourdonnement électrique, s'intensifiait à mesure que l'image s'éclaircissait.

      Apparaissait alors une silhouette encapuchonnée, le visage dissimulé par un masque noir sans traits distincts. Il parlait avec une voix modifiée, déformée par un logiciel, grave et métallique, partagé même à travers les enceintes :

      « Étudiants de Sarang. »

      Un silence étrange régnait, comme si le campus tout entier s'était figé. Ceux qui regardaient la vidéo restaient immobiles, fascinés et inquiets.

      « Vous pensez que vous êtes en sécurité, protégés par vos privilèges, vos statuts, ou l'influence de vos familles. Mais à partir de maintenant, je vais vous montrer ce qu'il en coûte de vivre dans cette illusion. »

      Un frisson parcourut les spectateurs, certains échangeaient des regards nerveux.

      « Je vais détruire cette fausse paix que vous chérissez tant. Un par un, je viendrai pour ceux qui pensent être intouchables. Vous croyez pouvoir vous dissimuler derrière des murs invisibles, mais ces murs sont déjà en train de s'effondrer. »

      La vidéo glitcha de nouveau, l'image se fragmentant avant de se reformer. Des symboles cryptiques apparaissaient en arrière-plan, comme des fragments de données ou des messages codés. La silhouette avançait lentement vers la caméra.

      « Le Justicier des Déchus, comme vous le nommez, voit tout, sait tout. Il n'y a aucun endroit où vous pouvez vous cacher. Chaque mensonge, chaque trahison sera exposé. Ceux qui abusent de leur pouvoir, ceux qui écrasent les autres sous leur statut... Je viens pour vous. Et personne, pas même vos parents, ne pourra vous sauver. »

      L'image devint instable, l'écran se couvrit de bruits parasites, comme si la transmission venait de subir une interférence majeure. Puis, juste avant que la vidéo ne s'éteigne, les derniers mots résonnèrent, clairs et glaçants :

      « Le compte à rebours a commencé. Soyez prêts. »

      L'écran se coupa brusquement, laissant chaque étudiant seul face à son téléphone, le souffle court. L'ambiance sur le campus s'était métamorphosée en une tension palpable. Les murmures s'élevèrent rapidement dans l'air. Les regards se croisaient, pleins d'inquiétude. Le Justicier des Déchus venait de déclarer la guerre, et personne ne savait qui serait la prochaine cible.

      Les messages anonymes et mystérieux faisaient déjà le tour, certains disaient que des vidéos semblables avaient été envoyées à tous les élèves du campus. D'autres prétendaient que ceux qui avaient des choses à cacher devaient s'attendre à des révélations imminentes.

Maera qui avait reçu la même vidéo fut agacée. En prenant tranquillement son déjeuner, elle vit que son acolyte avait fait des siennes. Et qu'elle devait maintenant gérer ce problème.


Une sérénité pesante régnait, avant que le silence soit brisé par des coups insistants contre la porte. Allongé sur un lit à peine fait, Jungkook, vêtu d'un simple jogging noir, émergea lentement des limbes du sommeil. Ses cheveux furent en bataille et ses paupières encore lourdes de fatigue par ses nombreuses heures passées devant l'ordinateur afin de restaurer ses donnés. Il allait faire regretter amèrement à Jimin et Taehyung de s'être introduits chez lui et d'avoir arraché ses câbles sans la moindre délicatesse.

Cet incident le conforta d'ailleurs dans l'idée de renforcer la sécurité de son domicile, la rendant aussi imprenable que celle du Pentagone. Il faut dire que son talent pour le hacking venait surement de l'admiration qu'il partageait avec son père pour le système informatique et les jeux vidéos quand il était encore enfant.

Voilà que l'avalanche d'assaut contre sa porte s'intensifiant au point que les voisins hurlaient de la fermer. Il grogna en se redressant, chaque mouvement trahissant son irritation grandissante. Les coups se faisaient de plus en plus pressants.

Avec un soupir exaspéré, il se leva d'un pas traînant et se dirigea vers la porte. Lorsqu'il l'ouvrit brusquement, une lumière vive inonda la pièce, contrastant avec l'obscurité où il se trouvait quelques instants plus tôt. Cela lui arracha un râle sauvage et une torsion du visage.

      — Baise mieux ta pute ! cria un connard de son appartement, sous-entendant qu'elle faisait chier.

      — J'ai intérêt, vu la somme que je lui paie, pour qu'il bouffe décemment ma chatte, lui répondit-elle sans détourner son regard du noiraud.

      Sa repartie crue et insolente laissa le type abasourdi, le réduisant au silence, suffisamment pour qu'il se sente gêné et stupide. Et Jungkook ne sut quoi ajouter, encore dans le flou, dépouillé des bras de Morphée.

T'en as mis du temps, dit-elle avec une pointe d'exaspération dans la voix.

      Son regard descendit involontairement sur son torse nu et ruisselant, où elle remarqua des piercings qui ornaient délicieusement ses tétons, lui ajoutant un côté extrêmement alléchant.

      Ce corps masculin révéla des muscles finement sculptés par les années d'entraînement. Ses cheveux, en désordre, formaient un contraste saisissant avec la netteté de ses traits, des mèches tombant librement sur son front et encadrant sa figure. Il dégageait une séduction naturelle, une beauté brute et presque sauvage.

      Un frisson parcourut sa colonne vertébrale, mais elle reprit rapidement contenance.

      — Swan, tu m'expliques c'que tu fous ?

Maera entra dans la pièce, son parfum Libre de Yves Saint Laurent se mêlant à l'air vicié du loyer, entra au contact des narines du jeune homme qui savoura ces quelques secondes de paradis. Ses talons claquaient sur le sol usé, chaque pas résonnant comme un jugement silencieux.

Le déchu, trop fatigué pour contester cette intrusion soudaine, soupira profondément. Avec une lassitude témoignant son manque de conviction, il tourna les talons et retourna se coucher, ignorant royalement la présence de Maera. Son lit l'accueillit à nouveau, et il s'y laissa tomber, prêt à replonger dans ses rêves, laissant l'aristocrate explorer son domaine sans se soucier des raisons de sa venue.

      Maera jeta un coup d'œil critique autour d'elle, inspectant le maigre mobilier épars, et les vêtements abandonnés çà et la, exposant la vie simple et désordonnée qu'il menait. C'était un petit studio, niché au sous-sol d'un vieux bâtiment occupé par des résidents peu recommandables, voir vulgaire. Un endroit isolé où personne n'aurait eu l'envie de s'aventurer, surtout pas les gens de la haute société. 

      Elle parcourut la pièce du regard : un comptoir faisait office de cuisine, la vaisselle empilée dans l'évier, le frigo contenait à peine quelques aliments, tous du genre instantané. Des murs aussi ternes qu'une âme égarée, et un parquet laissant à désirer.

Ce type est fauché, pensa-t-elle à voix haute.

      — Il doit sûrement payer ses frais de scolarité grâce aux deals, marcha Yeosob près de la cuisine.

Maera avait une aversion pour les personnes sans le sou. Rester ne serait-ce qu'une minute dans cette pièce lui donnait la nausée. Puis, il y avait ce coin avec des câbles qui attiraient son attention. Tout semblait complètement chaotique, vu que Taehyung et Jimin y étaient passés pour le voler. Il n'y avait plus d'ordinateur, visiblement, Jungkook avait dû tout déplacer quelque part. Et il a filmé cette vidéo du matin, surement dans une pièce secrète.

      En cherchant, elle ne trouva qu'une salle de bain et des toilettes. La pièce principale regroupant chambre séparée par des petites marches, salon et cuisine était à peine éclairée par un faible rai de lumière qui perçait à travers une petite fenêtre en hauteur, projetant des ombres douces et tremblantes sur les murs nus et le sol de béton.

      Elle marcha jusqu'au lit, observant Jungkook allongé sur le ventre de son matelas, dévoilant son immense tatouage sur son dos bien muni, un dessin qui captiva toute l'attention de la demoiselle ne pouvant s'empêcher d'effleurer sa peau.

Du bout de ses ongles, elle retraça la calligraphie disant : sous ta peau, le serment du Diable. C'était comme une promesse, un châtiment qu'il comptait faire subir à son prochain. Cela avait eu le don d'émoustiller la fragilité de ses cuisses, la provoquant encore plus à vouloir se faire étrangler par cet engagement.

      Sous le poids de ce geste, les muscles du coréen se contractèrent, son corps en proie d'une chaleur insupportable, appréciant malgré lui ce contact grisant de ses ongles. Il tourna sa tête, afin d'observer l'expression qu'elle devait afficher à cet instant précis. Et apercevoir la fascination, voire une certaine délectation sur ses traits était un spectacle qu'il ne sembla pas détester. Ça avait eu plutôt le don de le rendre fou. Elle finit par rencontrer son regard en sortant quelque chose de sa poche.

      — C'est quoi ça ? elle lui montra son portable.

      Jungkook vit un message s'affichant sur son écran disant : « Prochaine cible : Na Arong, et vous avez pas intérêt à foirer. »

      — J'croyais que c'est toi le Justicier.

      — Au début ouais, c'était moi.

      Elle fit une expression d'interrogation, arquant un sourcil et plissant légèrement le front. Son regard perçant fixait Jungkook, traduisant clairement son mécontentement face à sa réponse évasive. Elle tapota nerveusement du bout des doigts sur son bras, croisé contre sa poitrine, manifestant son impatience.

C'est tout ce que tu as à dire ? demanda-t-elle, sa voix trahissant une pointe d'agacement. Si avant c'était toi. Maintenant ce n'est plus le cas ? C'est ce que tu veux dire ?

Jungkook, sentant la pression monter, poussa un long soupir. Il détourna brièvement le regard, cherchant ses mots, visiblement irrité par la situation. Il savait qu'elle ne le lâcherait pas si facilement. C'était une dure à cuire, parvenant à ses fins.

      — Tu te souviens du soir où Hara s'est faite agressée et que tu as tabassée plusieurs types ?

      Elle acquit impatiente qu'il vienne à bout, comme s'il faisait exprès d'étirer le suspense.

      — Bah, à partir de là, quelqu'un d'autre a décidé de prendre les choses entre ses mains. Il s'approprie tous mes efforts.

      — Tu veux dire que la personne s'est emparée de ton rôle ? elle demanda.

      Il s'étira sur le lit en se tournant sur le dos tandis qu'elle s'agaçait de son nonchalance.

      — C'est ton Justicier 2.0. Un Copycat. Tu n'avais pas remarqué que les méthodes étaient différentes ? Ma manière d'exposer mes cibles consistait à provoquer le chaos. Alors que notre maitre chanteur soutire les aveux des victimes, pour ne pas soulever de scandale.

     Maera commença à réfléchir, comprenant les agissements qui semblaient assez différents, en effet.

      — Contrairement à toi, il ne cherche pas à détruire la réputation de Sarang, elle comprit. Mais plutôt de purger l'école des mauvaises personnes et préserver son prestige.

      Il se hissa de son lit.

      — Bingo, il insista sur le « go ».

      Donc toi, t'es juste son hacker, et cette personne donne les noms qu'elle cible afin qu'on les élimine du système.

      Jungkook fit craquer son dos en soupirant, massant le muscle qui se tendit sur son épaule, afin de soulager les contractions encore gravé de la nuit à rassembler son setup et de le déplacer en lieu sûr.

      — Et il se sert de ton ingéniosité, pour soutirer leur aveux.

      Le cerveau de Maera commençait à bourdonner, comme si tous les liens de son enquête se dépiéçaient en plusieurs morceaux pour se reconstruire en un nouveau puzzle petit à petit.

Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? elle grogna.

      Il attacha ses cheveux en chignon, contractant ses pectoraux et ses biceps qui parvenaient à la distraire un peu trop facilement. Bien plus qu'elle ne l'aurait voulu même.

Je voulais que tu savoures ta petite victoire avant de voir la frustration sur ton visage, il souffla. Après tout, tu as envoyé tes sbires pour me cambrioler. Et ça, ça ne restera pas impuni, Swan.

      Il défaisait les lacets de son pantalon, tandis qu'elle scrutait le long de son torse, et ces piercings qui démangeaient à un haut point sa langue.

      — Il y a peut-être un Copycat. Mais j'ai encore des preuves contre toi qui peuvent t'incriminer en tant que Justicier des Déchus. T'as oublié ? Alors arrête de me briser les ovaires, tu veux.

      Il pencha légèrement la tête, ses pas réduisirent cette espèce de champ qui les gardait à distance. L'odeur étrange de sueur et de cerise se dégageait de lui ; le fruit préféré de Maera. Le goût était un équilibre de douceur, d'acidité et de complexité fruitée. Sa couleur d'un rouge vif à rouge foncé et sa chair aqueuse la faisaient saliver d'avance. Un parfum qui semblait appartenir qu'à ce type.

       — J'ai remarqué un truc à ton sujet, il murmura. Tes pupilles se dilatent chaque fois que je fais un pas vers toi, dit-il doucement, sans la quitter des yeux. J'te fais autant d'effet, Swan ?

      Le froncement de ses sourcils fit sourire davantage le jeune homme. Elle tapota nerveusement du bout des doigts sur son bras, avant de poser sa main sur sa hanche.

      — Tes mains sont crispées, un détail que tu essaies de camoufler en posant négligemment ta main sur ta hanche. Ce geste indique que je te perturbe et que notre proximité est visiblement dangereuse pour toi.

      Maera plissa les yeux, un éclair de défi dans son regard. Elle n'aimait pas ça, qu'il lise en elle. 

      — Ton sourire...  il vacille, comme si...

      Il fit une pause, observant attentivement sa réaction. A ce suspens, l'aristocrate fut impatiente, irritée, sur les nerfs.

      — Comme si, j'échappais à ta logique. Tu essaies de me comprendre, de me mettre dans une case, comme tu fais avec tout le monde. Mais tu n'y arrives pas, et ça te perturbe. Juste un peu, mais assez pour que je le remarque.

      Un silence lourd s'installa. Maera, qui d'habitude parvenait toujours à manipuler les situations à son avantage, semblait cette fois désarçonnée. C'était subtil, presque imperceptible, mais pour Jungkook, chaque détail comptait. Il la voyait comme un puzzle dont il commençait à assembler les pièces.

      Les mains toujours dans les poches, il inclina légèrement la tête près de son oreille, étudiant les traits de son visage comme un enquêteur face à une scène de crime. Il remarqua l'imperceptible tremblement de ses doigts, sa respiration légèrement plus rapide qu'elle ne l'aurait voulu. Cela ne semblait pas être la peur... Non, c'était plus passionnel, plus bouillonnant.

       — Ne me teste pas Jeon, tu sais que me défier relève du suicide. Tu te souviens comment ça s'est fini, il y a six ans, elle sourit, un sourire narquois et dépourvu de toute empathie.

      Il forma une bosse dans sa joue, se souvenant de son implication dans une affaire qu'il essayait de résoudre encore aujourd'hui. Il ne devait pas oublier, pourquoi sa haine envers elle était alimentée. Il n'avait pas le droit de lui pardonner ce qu'elle a fait à Kang Jian. Et visiblement, cette dernière ne se souvenait pas d'avoir gâché la vie d'une innocente avec ses jeux.

      Il passa à côté d'elle pour se diriger vers les douches, l'empêchant de se rincer l'oeil, afin de retirer ses derniers vêtements.

      — La prochaine fois que tu t'immisces dans mes affaires, t'auras intérêt à courir vite. Mes chiens de l'enfer t'agripperont les fesses, dit-il.

      Un bruit sourd résonna dans la gorge du coréen, Maera ne put ignorer un tel grognement.

      — Tu te prends pour Hadès ou quoi.

       Elle roula des yeux tandis qu'il disparut dans la salle de bain, retirant ses bas qu'il balança sur une chaise. Quelque chose venait de tomber de la poche du pantalon de Jungkook. La noiraude, interpellé, alla le récupérer et vit que c'était un genre de petit sachet avec des bonbons cerises. Encore cette drogue étrange...

      Il fallait qu'elle comprenne quelles étaient ces effets pour que ce dernier lui ait catégoriquement interdit d'en prendre.

Puis elle quitta la salle.



Jungkook dévorait son repas sans réelle attention à ce qui se passait autour de lui. Assis de manière détendue, les jambes écartées et le dos droit, son haut moulait sa silhouette athlétique tandis qu'il mâchait lentement. Peu de gens lui prêtaient attention, il avait cette capacité innée à se fondre dans la masse, à rester invisible. C'était précisément ce qu'il appréciait : cette invisibilité, ce silence, une existence qui glissait sans faire de vague.

      Cependant, l'univers avait une manière bien particulière de troubler la tranquillité, et quand les regards dans la cafétéria commencèrent à converger vers lui, il comprit que quelque chose avait changé. Quelqu'un se tenait là, juste devant lui, attirant l'attention de tous. L'aura imposante de cet intrus déformait l'espace autour d'eux, créant un point de tension que Jungkook n'avait aucune envie de gérer.

      D'un geste presque paresseux, il leva les yeux, déjà exaspéré avant même de voir le visage qui l'attendait. Et bien sûr, ce n'était autre que Hwan Shiho. Le "Roi" de l'université, avec sa prestance arrogante et ses manières de faux-culs. Jungkook s'y attendait, mais il espérait, vainement, que ce moment serait repoussé à un futur indéterminé.

     — J'arrive pas à croire que t'es là, lança Shiho, un sourire en coin, jouant l'étonné.

      Jungkook arqua un sourcil, peu impressionné par cette fausse surprise.

      — C'est pas comme si tu ne le savais pas déjà, rétorqua-t-il, impassible.

      Les murmures dans la salle augmentaient en intensité, alimentés par la curiosité. Pourquoi Shiho, l'héritier des Hwan, s'intéressait-il à un simple étudiant boursier ? Les observateurs ne comprenaient pas ce qui se jouait, mais Jungkook, lui, connaissait la raison de cette attention soudaine. Il n'avait cependant aucune intention de la divulguer. Le jeu qu'ils étaient sur le point d'entamer ne concernait qu'eux deux.

      Le monarque scrutait son sujet, notant les changements physiques. Le garçon qu'il avait connu au lycée n'était plus. Jungkook avait pris du muscle, sa présence imposait davantage qu'avant. Ses cheveux longs, ses tatouages et ses piercings lui donnaient une allure qu'il n'aurait jamais imaginée auparavant.

     — J'imaginais nos retrouvailles dans un cadre plus sophistiqué, avoua Shiho d'un ton sarcastique.

      Sans même lui accorder un regard, Jungkook continuait de manger tranquillement, comme si les mots de Shiho n'avaient aucune importance.

      — Comme le jour de mes funérailles ? lâcha Jungkook, la tête penchée, sa voix froide et désinvolte.

      Shiho comprit immédiatement l'allusion. Jungkook faisait référence à l'incident où Maera avait failli perdre la vie, à cause de quelqu'un qui, de toute évidence, avait agi sur ordre du roi. Mais Jungkook restait indifférent, refusant de lui offrir la satisfaction d'une quelconque réaction émotionnelle.

      — Dommage que ta cousine ait été au mauvais endroit, au mauvais moment. Je devrais la remercier d'ailleurs, elle a été d'une grande aide, dit Jungkook avec une pointe de cynisme, se penchant vers la table pour provoquer davantage son ennemi.

      Mais ce dernier, sans même lever les yeux, chuchota avec une voix rauque et cruelle :

     — Dis, Shiho, tu m'en veux encore pour t'avoir défiguré ? Ou c'est parce que j'ai sauté ta précieuse petite "sœur" ?

     Les mots de Jungkook frappèrent Shiho de plein fouet. L'héritier ne pouvait pas croire ce qu'il venait d'entendre. Jungkook venait de confirmer ses pires doutes, avec une audace qui dépassait l'entendement. L'expression du souverain aurait pu se déformer en un mélange de colère et de choc s'il n'était pas doué pour le dissimuler, tandis que l'ombre de tous les malheurs de Sarang savourait intérieurement ce moment. Il venait de déclencher la guerre, et il était prêt à en assumer les conséquences.

     — Tu vas regretter d'avoir oublié où est ta place, lança Shiho, son sourire glacial accroché aux lèvres. T'inquiète pas Jeon, bientôt, tu seras six pieds sous terre.

     Jungkook, un sourire narquois aux lèvres, restait impassible, ses yeux noirs étincelant de défi. À ce moment-là, plusieurs des amis de Shiho firent leur apparition, certainement inconscients du contexte qui se jouait sous leurs yeux. Ils riaient bêtement, essayant de faire diversion, conseillant à Shiho de ne pas perdre son temps avec un "insignifiant".

      Shiho, malgré sa colère, prit une grande inspiration. Il n'était pas du genre à harceler ses proies de manière frontale. Il préférait les manipuler psychologiquement dans l'ombre, comme un prédateur patient et rusé.

Des bruits de pas résonnèrent tel un tonnerre dans le couloir de la fac. L'agitation semblait se propager, une vague invisible qui transportait avec elle une énergie fébrile. Les rires, les cris étouffés, les chuchotements excités, tout cela fusionnait en un bourdonnement incessant, un écho qui rebondissait contre les murs froide. Les conversations, portées par des voix diverses, tantôt graves, tantôt aiguës, faisaient vibrer les murs. Maera, assise dans une classe, fronça les sourcils.

Elle n'était pas du genre à prêter attention aux tumultes extérieurs. D'ordinaire, rien de ce qui se passait dans les couloirs de cette université prestigieuse ne pouvait perturber ses études.

Le vacarme, inhabituel, semblait s'intensifier à mesure que les secondes passaient. Les bruits de pas s'accumulaient, les voix devenaient plus frénétiques, comme si quelque chose d'extraordinaire venait de se produire. Elle ne pouvait plus ignorer l'agitation qui se répercutait jusque dans son propre cours, habituellement si silencieux, réservé uniquement aux héritiers des grandes familles.

Avec un soupir discret, Maera posa son stylo sur son bureau et détourna son regard du tableau numérique. L'écran affichait des équations complexes, des graphiques destinés à la former pour prendre la relève de l'empire familial. Mais tout cela, d'un coup, lui parut si lointain. Son esprit vacillait sous la curiosité. Elle attrapa son portable qui reposait à côté d'elle.

Le téléphone vibra. Un flot de notifications envahissait son écran, toutes issues du chat des étudiants. Ce chat, habituellement rempli de banalités et de messages sans importance, était aujourd'hui saturé de commentaires enfiévrés. Les doigts de Maera glissèrent rapidement sur l'écran tandis qu'elle lisait les premières lignes. Ses yeux s'élargirent légèrement à mesure qu'elle décryptait ce qui se disait :

╭───────────────────────────╮
T'as vu ? Le roi a provoqué un duel !
╰───────────────────────────╯
╭────────────────────────╮
Incroyable, il affronte un trivial,
     un pauvre type !
╰────────────────────────╯
╭────────────────────────╮
     Ils se battent en salle d'escrime !
╰────────────────────────╯

Maera se redressa, ses doigts se crispant autour du téléphone. « Le roi. » Dans cette université, ce surnom ne pouvait désigner qu'une seule personne : Hwan Shiho. Le prodige, héritier d'une lignée prestigieuse et influente, était pratiquement vénéré par ses pairs. Sociable, amicale, distant mais indiscutablement talentueux, Shiho régnait sur l'élite étudiante comme un monarque, inébranlable, presque inattaquable.

Mais un duel ? Contre un trivial ? Un étudiant de classe moyenne, sans héritage ni nom à défendre ? C'était pas son genre. Il aimait affronter les gens de son calibre, des personnes qu'il considérait comme intelligente et valait son temps.

Elle cliqua sur l'une des vidéos partagées dans le chat. L'image tremblait un peu, visiblement capturée à la hâte par l'un des nombreux spectateurs rassemblés pour observer l'affrontement. La caméra montrait Shiho, debout sur la piste d'escrime, imposant dans sa tenue blanche, le masque relevé, ses yeux durs fixés sur un adversaire que Maera n'arrivait pas encore à discerner. Le bruit des spectateurs excités envahissait l'audio, des cris étouffés par l'émotion.

Maera scrolait rapidement pour trouver plus de détails. Les messages se succédaient à une vitesse folle.

╭────────────────────────╮
     C'est un certain Jeon Jungkook
qu'il affronte !
╰────────────────────────╯
╭────────────────────╮
    Le gars qui avait été accusé
    d'harcèlement scolaire ?!
╰────────────────────╯

Le nom fit écho dans l'esprit de Maera. Jeon ? Pourquoi Shiho s'en prenait-il à lui ?

      Elle se leva brusquement, laissant derrière elle, son cours, et sortit précipitamment de la salle, suivant le flot d'étudiants qui se dirigeaient vers la salle d'escrime qui était en ébullition. Tout autour de la piste, des étudiants de la faculté s'étaient rassemblés, leurs chuchotements excités formant un bruissement. Certains se penchaient en avant, suspendus à chaque mouvement, tandis que d'autres échangeaient des paris murmurés, les yeux rivés sur les deux figures qui se faisaient face au centre de la pièce.

C'est à ce moment-là que Maera fit son entrée dans la salle. D'un geste nonchalant, elle balaya son sac à main pour repousser les mouches qui se tenaient sur son chemin. Et ils s'exécutèrent sans aucune résistance, bourdonnant dans leur barbe. Ses yeux verts se posèrent sur son cousin, elle s'approcha sans se presser, ses talons émettant un son net sur le sol.

      Hwan Shiho, grand, élégant, arborait un air de désinvolture presque provocant. Il ajusta son masque, ses yeux lançant un bref regard vers la foule d'élèves en délire qui l'acclamait en silence. Et quand il aperçut Maera, parmi eux, ses pupilles se mirent à scintiller. Cependant, elle ne le regardait même pas, toute son attention semblait appartenir à son adversaire. Il jeta un coup d'œil à Jungkook, réservant un regard froid à celui qui avait autrefois été son meilleur ami.

      Un murmure parcourut l'assemblée tandis que les deux jeunes hommes prenaient position sur la piste. Les observateurs, tous fébriles, sentaient que ce combat ne se résumait pas à une simple démonstration sportive.

      Maera s'approcha du journaliste qui prit des photos de cet affront.

      — Jim, tu m'expliques ce qu'il se passe ici ? Pourquoi Shiho a provoqué Jeon en duel ?

      — Ils se sont percutés dans la cafet et j'crois que le louveteau lui a dit quelque chose qui l'a mis en colère. Tu connais la suite.

Jungkook aurait provoqué son cousin ? Mais pourquoi ? Ce n'était pourtant pas son genre. Lui qui préférait se terrer dans l'ombre afin d'éviter de socialiser. Quelque chose échappait à sa compréhension, elle devait comprendre quoi.

Shiho se mit en garde, son fleuret levé, l'élégance dans le geste. Un fin sourire traversa ses lèvres, comme s'il devinait déjà l'issue de ce duel. Et dire qu'il avaient été comme des frères, inséparables, avant que l'argent, la jalousie et les ambitions démesurées ne les séparent.

Le signal du début du combat fut donné. D'un bond rapide, les deux escrimeurs avancèrent. Shiho, avec sa technique impeccable, lançait des attaques rapides, précises, visant à désarçonner immédiatement Jungkook, il voulait l'écraser dès le début, le faire plier sous sa maîtrise. Il esquivait avec une férocité contenue, ripostant avec des coups francs, cherchant les failles dans l'armure parfaite de son ennemi.

Dommage que Lee Hyunjun ait raté sa cible, murmura Jungkook entre deux passes, sa voix narquoise.

Le concerné se redressa légèrement après une parade, un sourire arrogant se dessinant sur ses lèvres, dissimulé par le casque. Il avait compris son sous-entendu, puisque c'était lui qui avait ordonné à Lee Hyunjun de prendre Jungkook pour cible et lui tirer dessus. Mais au lieu de ça, se crétin avait tiré sur Maera, ce qui changea ses projets.

Shiho attaqua avec une précision chirurgicale. Ses frappes étaient fines, nettes, chacune visant une ouverture minuscule dans la garde de son opposant. Ses jambes, légères et agiles, lui permettaient de bondir en avant et de se rétracter avec la même aisance, comme un prédateur dansant autour de sa proie. La fluidité de ses gestes contrastait avec l'intensité des échanges, son masque immobile comme une armure, impassible.

Le jeune homme d'en face, lui, était différent. Moins raffiné dans ses attaques, mais animé par une énergie farouche. Sa force résidait dans son impassibilité. Il parvenait à repousser les assauts avec une combativité brute, contrebalançant les mouvements gracieux de Shiho par des ripostes. Chaque coup semblait venir du cœur, porté par une rage contenue, une frustration vieille de plusieurs années.

      Là où Shiho semblait jouer avec la technique, Jungkook incarnait la lutte. Il ne cherchait pas à être élégant, il cherchait à briser son ennemi. Leurs épées s'entrechoquaient dans une symphonie métallique, le bruit sec résonnant dans toute la salle. Les deux combattants étaient si concentrés qu'ils semblaient avoir oublié l'audience autour d'eux.

       Les élèves étaient à bout de souffle, leurs regards passant d'un combattant à l'autre. Maera retenait sa respiration sans même l'avoir remarqué. Elle ignorait les conditions de ce duel, quelle punition allait subir le perdant et quelle récompense aura le gagnant. Elle savait juste que Shiho était champion en escrime et qu'il était impitoyable quand il s'impliquait quelque part.

Le tableau de score affichait plusieurs points pour le roi de Sarang qui prenait le dessus de la partie. Ses mouvements étaient impeccables, précis au point de contrôler chaque rotation de son propre corps. Certains lançaient des commentaires sur la médiocrité de mouvement exécuté part cet élève insignifiant.

L'aristocrate voyait que son acolyte était en mauvaise posture, qu'il ne savait absolument pas comment contrer son opposant au vu de ses gestes dépourvus de logique. Il n'avait certainement aucune notion d'escrime. Alors pourquoi avoir accepté ce duel s'il allait perdre face à celui qui en était l'As.

Le fleuret fendant l'air dans des arcs parfaits, produisant des claquements secs à chaque rencontre d'acier. La pointe s'enfonçant dans le tronc de l'uniforme, arrachant un cri de victoire à l'élève représentant le prestige, et un grognement au jeune trivial qui retira son casque, le temps qu'ils reprennent leur souffle.

Il soupira, le front en sueur, ses yeux rencontrant subitement deux belles pierres de jade qui le fixaient en se mordant nerveusement la lèvre. C'est la première fois qu'il la voyait les nerfs agités. Serait-elle inquiète par l'issue de ce combat ? Espérait-elle qu'il perde afin de se réjouir de sa défaite ? Pour qui cette inquiétude était dédiée cette fois ? Son cousin ? Ou lui ?

Jungkook remit le casque. Les élèves acclamèrent le roi pour qu'il foute une raclée à l'ennemi. Ce dernier leur promis de ne pas les décevoir.

Les deux escrimeurs se firent face, leurs visages dissimulés derrière leurs masques grillagés, le silence envahit la salle.

En garde ! cria l'arbitre.

L'atmosphère était tendue. Les lames se lèvent, effleurent le bout de leurs épées, prêtes à jaillir comme des éclairs.

Allez !

Instantanément, Shiho bondit, cherchant à déstabiliser Jungkook par une série de feintes rapides. La pointe de son épée file comme un serpent, visant le flanc, mais le dealer esquiva d'un mouvement fluide, le métal scintillant dans la lumière. Le choc des lames résonna, un son métallique.

Le trivial avança, l'œil fixé sur la moindre ouverture, son bras tendu dans une ligne parfaite. Shiho, légèrement déstabilisé, recula, mais c'était un leurre. Il pivota brusquement et, d'un geste fulgurant, tenta une botte secrète en visant le dos de Jungkook. Mais son adversaire repoussa la lame avec un claquement sec, et enchaîna une riposte immédiate. Sa pointe transperça l'air.

À un moment, Shiho tenta une feinte élégante, déviant le fleuret de son combattant avec une parade en cercle avant d'avancer pour toucher. Mais Jungkook esquiva de justesse et contre-attaqua avec une brutalité inattendue. L'arme du roi faillit se plier sous le choc, et pour la première fois depuis le début du duel, il fut contraint de reculer, une étincelle de surprise dans ses yeux.

      Ce coup marqua un tournant. Jungkook, le souffle court, vit la faille. Il ne cherchait plus seulement à défendre, mais à prendre le contrôle du duel. Ses attaques devenaient plus intenses. Il fit une pression de 500 grammes contre son torse, marquant un point, faisant sonner le tableau.

      Shiho, malgré toute sa technique et son assurance, commençait à sentir la tension. Il restait rapide, précis, mais cette fois, la fluidité de ses mouvements semblait se heurter à l'impulsivité de Jungkook. C'était comme si la maîtrise parfaite se fissurait sous les coups violents et imprévus d'une tempête.

En fait, il avait l'impression que l'atmosphère avait soudainement changé. Comme si depuis le début, son adversaire ne s'était pas donné à fond. Maera aussi remarqua que la position de son camarade était différente comparé au déroulement de la partie. Le corps du jeune boursier prenait une posture plus élégante et professionnelle. Elle n'avait rien à voir avec son air brutal de tout à l'heure.

      Jungkook inclina faiblement sa tête, comme s'il calculait les trajectoires, diamètres et positions de Shiho, anticipant et mesurant les mouvement de son ennemi dans son ensemble avec les autres facteurs le soutenant dans sa réussite. Il se pencha, changea son cheminement et fit courber son épée, la pointe se logeant dans le dos de son adversaire.

À cette image, une pensée frôla son esprit. Est-ce que... depuis le début, il aurait fait semblant d'être incompétent ? Afin de donner à son adversaire l'impression qu'il allait succéder à la victoire ? Tout ça n'était qu'une illusion ? En réalité, Jungkook ne faisait qu'observer les actions et techniques de son adversaire pour mieux pouvoir les anticiper après ?

      Une vague de doute l'envahit alors que les pièces du puzzle semblaient soudainement s'assembler dans son esprit. Les mouvements maladroits, brutes, imprévisibles, les faux pas... tout cela n'était peut-être qu'un masque, un jeu subtil destiné à tromper. Jungkook, loin d'être dépassé, aurait pu être en train de disséquer, d'analyser, chaque attaque de Shiho. Chaque gesticulation qu'il avait cru déceler, chaque faiblesse apparente, n'étaient que des leurres, destinés à attirer l'ennemi dans un piège soigneusement tendu.

     Un frisson parcourut l'échine de Maera, quand elle vit la confiance qui dominait le corps de son camarade. Que ses gestes étaient un témoignage de sa fougue dont elle n'arrivait à se défaire. Toutes les fois où il bougeait un millimètre pour attaquer, la poitrine de l'aristocrate s'enflammait d'intérêt. Elle se demandait si c'était une de ses identités qui avaient pris le dessus.

Le choc des lames s'était intensifié, leurs mouvements devenant flous sous la vitesse fulgurante de l'échange. Mais soudain, tout s'arrêta. Jungkook, d'un geste aussi précis qu'implacable, trouva l'ouverture parfaite. Tout c'est passé trop vite, Le déchu s'était déplacé d'un seul coup, tourna sa main dans son dos, et grâce à ça, il toucha le ventre de sa cible, marquant la touche décisive.

      L'arme de Shiho fut éjectée sur le sol. Le signal sonore résonna dans toute la salle. Le tableau s'illumina : victoire pour Jungkook. Mais contrairement à ce que l'on aurait pu attendre, aucun cri de triomphe, aucune exclamation ne brisa le silence qui s'était abattu. 

Shiho, figé, constata que sa main était vide. Sa défaite, aussi inattendue que brutale, rebondit dans ses oreilles. Pas un murmure. Pas un souffle. Les regards se tournèrent vers lui, mais celui-ci ne bougea pas, sa respiration à peine perceptible sous le masque.

      Son adversaire retira son casque, soufflant un coup. Il le lâcha au sol d'un geste nonchalant, avant de retirer un fils dans son dos, sous les chuchotements des élèves. Ils étaient partagés entre la frustration et l'admiration par le résultat de ce duel.

Ah la la, retira Shiho son masque. J'ai été vaincu. C'était un bon combat, dit-il en applaudissant.

      Face à son action, comme si c'était un signale d'autorisation, les élèves le rejoignirent dans ses applaudissements. Il se rapprocha du gagnant et lui tendit la main afin de montrer aux autres sa bonne foi.

       — Quelle récompense veux-tu, puisque tu as gagné ? il demanda.

Tout le monde attendait de voir ce que Jungkook allait répondre, alors qu'il retirait un à un ses gants, observant la main de son adversaire suspendu dans l'air. Les murmures continuaient à parcourir la salle.

      — Je te le ferai savoir quand j'en aurai besoin, il posa ses gants dans sa main.

       À ces mots, il tourna pour partir tandis que Shiho resta planté là, serrant ses gants avec une certaine fureur qui grandissait en lui. Mais il ne montra rien, juste un faible sourire en coin qui frétilla.

      Une allée fut dégagée lorsque Jungkook s'engagea à partir, passant à côté de Maera qui n'eut droit à aucune salutation de sa part. Juste de la froideur qui accompagna ses pas jusqu'à la sortie. Celle-ci se mordit la joue avec amertume, encore obsédée par l'idée qu'il faisait de l'escrime, son sport préféré.

Elle se rendait compte qu'elle ne savait rien de lui, que ce gars était aussi imprévisible qu'elle. Et cela la désavantageait beaucoup. Son objectif était de contrôler ce gars et pour se faire, il fallait avoir toutes les informations à son sujet.

      Et puis, Maera remarqua qu'il ne l'avait pas une seule fois effleuré des mains depuis tout à l'heure, et ça ne semblaient pas spécialement lui plaire. Pour elle, c'était comme une routine à laquelle, il l'avait habitué.

      Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, l'aristocrate avait commencé à noter quelque chose de subtil mais indéniable chez lui, un attrait qui lui plaisait malgré elle : il était toujours tactile et seulement avec elle.

      Ses gestes étaient devenus un peu plus proches, un peu plus prolongés au fil du temps, sans en avoir pris conscience. Lorsqu'il était nerveux et agacé, ses doigts frôlaient machinalement ses longs cheveux, jouant avec ses boucles ou frottant son pouce sur la peau de sa nuque. Ça avait le don d'électriser toutes ses fibres avec une intensité délicieuse.

      En passant derrière elle, il laissait sa main se poser brièvement sur ses reins, une caresse furtive mais ébranlante, comme un mouvement de possession, qu'elle ne pouvait refuser, enclin à l'accueillir avec ferveur.

      Et ses phalanges écrasants ses lèvres qui ne supportait pas le poids de ses intentions, ou sa langue léchant son doigt, muni d'un esprit débraillé, c'était purement une connotation sexuelle.

Shiho se rapprocha de sa cousine, se plaçant dans son dos afin de souffler contre son oreille. Un sentiment de dégoût remonta dans sa poitrine, en sentant sa présence indésirable.

Si tu continues à lui tourner autour, je ne réponds plus de rien.

Quoi, tu comptes aussi le tuer ? elle tourna sa tête vers lui.

      Cette fois, je dirais de mieux viser. Hyunjun était un incapable.

      Maera le regarda avec étonnement, il attira sa curiosité et cela le fit sourire de plus belle.

      — Me dis pas que-

      — Ce connard ne devait pas te blesser, grogna Shiho, effleurant des doigts l'endroit où la balle l'avait transpercé.

      Le coeur de la noiraude commença à cogner plus rudement dans sa poitrine, mais elle ne montra pas qu'il avait su perturber la moindre fibre de son corps.

      — Ce n'était pas moi la cible de Lee Hyunjun. Mais Jeon Jungkook... elle comprit.

      — Je te l'ai dit, même pendant mon absence, j'ai eu ouïe de chacune de tes fréquentations.

Les élèves se ruèrent sur Shiho pour le rassuré que sa défaite n'était dû qu'un coup de chance de la part du boursier. Il leur sourit à chacun, montrant qu'il n'était pas affecté par ce genre de futilité comme l'échec.

Maera l'observa avec dédain, lisant de l'hypocrisie pure sur son visage.

Alors quelqu'un l'espionnait depuis tout ce temps. Peut-être une taupe qui travaillait pour lui. Un détective privé ? Un élève de Sarang ? Quelqu'un qui serait proche de Maera ? Tout le monde était suspect. Elle devait découvrir qui il avait engagé.


      — Comment avancent vos recherches sur notre Justicier ? demanda Namjoon, son ton empreint d'impatience.

      Il s'appuyait nonchalamment contre le bord de son bureau, ses bras croisés. Il fixait Park Jimin, assis dans une des chaises en face de lui. Le silence dans le bureau était lourd, presque oppressant. Le jeune journaliste avait l'air tendu, conscient du poids de la mission qui lui avait été confiée. Cela faisait plusieurs semaines que Namjoon l'avait chargé de dénicher une piste sur ce fameux "Justicier des Déchus", l'individu mystérieux qui, par ses vidéos et ses actes, menaçait de ternir la réputation de l'université Sarang.

      Le Justicier avait pris pour cible des figures influentes, dévoilant leurs secrets et exposant les failles de ceux qui pensaient être intouchables. Chaque attaque avait frappé comme un coup de tonnerre, et avec chaque nouvelle révélation, le climat de confiance sur le campus se désintégrait un peu plus. Ce phénomène inquiétait profondément Namjoon. Si l'image de l'université continuait à se détériorer, c'était son autorité, et même sa carrière, qui seraient mises en péril.

      — Je vous ai donné tout le temps nécessaire.

      Park Jimin se tortillait nerveusement sur son siège, triturant distraitement le stylo qu'il tenait entre ses doigts. Il savait pertinemment que Namjoon ne plaisantait pas. La survie du club de presse, qu'il avait mis tant d'efforts à bâtir, dépendait de sa réussite. Si les informations qu'il fournissait ne menaient à rien, Namjoon n'hésiterait pas à fermer son association, comme ils l'avaient convenu.

      Le rédacteur n'avait pour le moment aucune preuve tangible pour la soumettre à son proviseur. Puisque Maera avait récupéré les vidéos qui pourrait incriminer Jeon Jungkook pour violation de la vie privée d'autrui. Au début il ne comprenait pas pourquoi cette dernière ne l'avait pas encore balancé. Jusqu'à ce que ses pensées soient éclaircis par une explication.

      Maera y voyait un intérêt personnel. Elle ne bougerait pas tant que ça ne lui rapporterait pas quelque chose de significatif. Alors il s'est dit qu'elle cherchait à manipuler Jungkook à sa guise avant de le faire tomber. C'est pourquoi, il comptait exploiter cette information à son avantage.

      — Écoutez, Monsieur Kim, commença Jimin en prenant une profonde inspiration. Je ne vais pas vous mentir, ce Justicier est plus rusé que je ne l'avais anticipé. Il brouille ses traces à chaque fois, et ses vidéos sont lancées depuis des serveurs cryptés, quasiment impossibles à localiser. Mais... ce n'est pas parce que je n'ai pas encore de preuve tangible que je suis à court d'idées.

      Namjoon arqua un sourcil, son regard perçant sondant Jimin, essayant d'évaluer la sincérité de ses propos. Le silence qui suivit amplifia la tension.

Je vais faire sortir le Justicier de sa tanière en jouant un double jeu, expliqua Jimin, ses yeux brillant d'excitation. Je vais essayer de le persuader que mon aide pourrait lui être utile, afin qu'il m'intègre dans ses projets. Quand j'aurai gagné suffisamment de sa confiance, je pourrai me rapprocher de lui et exposer son identité.

Namjoon fronça les sourcils, réfléchissant aux implications de ce plan risqué. Il se redressa légèrement, son regard analysant Jimin. Le journaliste venait de proposer une stratégie interessante mais pas suffisamment élaboré et sûre:

Tu es conscient que si tu fais ne serait-ce qu'un faux pas, il te fera tomber avant même que tu puisses comprendre ce qui t'arrive, dit Namjoon, son ton grave. Ce Justicier n'est pas un amateur. Il maîtrise chaque détail, chaque mouvement.

Jimin hocha lentement la tête, bien qu'un soupçon d'anxiété ait traversé son regard. Il savait que ce qu'il proposait n'était pas sans risque, mais il n'avait plus le choix. Le temps pressait, et plus ce Justicier restait dans l'ombre, plus sa réputation en tant que rédacteur de l'université était en jeu. Sans parler de l'avenir de son club de presse.

Je le sais, répondit-il, sa voix plus basse, mais ferme. Il doit bien y avoir un moment où il baisse sa garde. Personne n'est invincible.

Namjoon soupira et se frotta les tempes. Il savait que ce plan reposait sur de nombreuses incertitudes. Mais Jimin avait raison sur un point : continuer à chercher le Justicier à l'aveuglette ne menait à rien. Depuis des semaines, ce mystérieux individu avait pris un malin plaisir à manipuler leur environnement, à les faire douter, et à exposer des vérités inconfortables. Il fallait l'approcher autrement.

Très bien, finit par dire Namjoon, toujours pensif. Le Justicier est une ombre, il se fond dans les fissures du système. Pour qu'il te fasse confiance, il va falloir que tu te rendes indispensable.

Jimin acquiesça, conscient de l'enjeu. Namjoon avait raison, il devrait jouer son rôle avec précision. Le Justicier ne ferait preuve d'aucune pitié si jamais il découvrait la supercherie. C'était une véritable partie d'échecs qui se jouait désormais.

Je vais commencer par m'infiltrer dans certains cercles. Voir qui pourrait être déjà en contact avec lui. Et je compte bien utiliser mes ressources pour créer un appât irrésistible, proposa Jimin.

Namjoon se redressa, croisant les bras sur sa poitrine.

Fais ce que tu dois faire, mais garde-moi informé.

L'étudiant s'apprêta à quitter le bureau quand la voix de Namjoon le retint une dernière fois.

Au fait, Park Jimin ?

Jimin se retourna vers lui, intrigué, les sourcils légèrement arqués.

Que sais-tu de Hwan Shiho ?

Le nom résonna dans la pièce comme une note dissonante. Le regard habituellement lumineux et plein de curiosité de Jimin s'assombrit aussitôt. Namjoon ne manqua pas de remarquer ce changement soudain, l'expression de l'étudiant trahissant quelque chose de plus profond. Il était évident que le journaliste en savait plus qu'il ne laissait paraître, et cette question semblait réveiller en lui des souvenirs ou des sentiments qu'il préférait éviter.

C'est un type contre qui il ne faudrait pas se frotter, répondit Jimin après un silence pesant, la voix plus grave qu'à l'accoutumée. Il est... bizarre, et flippant. Toujours le sourire aux lèvres, même quand il est énervé. On peut jamais deviner à quoi il pense vraiment.

Namjoon fronça légèrement les sourcils. Ce n'était pas la première fois qu'il entendait des rumeurs similaires sur Shiho, mais venant de Jimin, cela semblait plus sérieux, plus personnel.

Tu le connais bien ? demanda le proviseur, en sondant l'étudiant.

Jimin secoua légèrement la tête, mais son hésitation en disait long.

Pas vraiment, répondit-il finalement. Mais disons qu'il laisse une impression... marquante. Ce genre de gars sait toujours ce qu'il veut, et il a les moyens de l'obtenir, d'une façon ou d'une autre. Il contrôle tout autour de lui, les gens, les situations. Comme s'il jouait à un jeu dont lui seul connaît les règles.

Namjoon absorba l'information. Hwan Shiho était effectivement quelqu'un de plus compliqué qu'il n'y paraissait. Il pouvait sentir qu'il y avait encore plus d'histoire derrière cette façade.

Bien, tu peux disposer, dit Namjoon.

Jimin s'inclina avant de quitter la pièce, refermant la porte derrière lui. Une fois seul, Namjoon se redressa et se dirigea vers une salle adjacente, une pièce discrète que peu de gens connaissaient. Elle était équipée d'une bonne quinzaines d'écrans de surveillance, chacun affichant en temps réel les vidéos captées aux quatre coins de l'université. Une sorte de veille silencieuse, une vigie permanente où chaque mouvement était scruté.

Namjoon s'avança vers les écrans en sortant une petite boîte de clopes de la poche du pantalon. Ses doigts en extirpèrent une cigarette, qu'il porta entre ses lèvres avant d'arquer sa paume pour l'allumer avec un briquet en métal qui claqua sèchement. Une fois la flamme éteinte, il tira une première bouffée, laissant la fumée se mêler à l'air lourd de la salle.

Il s'appuya nonchalamment contre le bord d'une table, les yeux rivés sur les écrans. Leurs lumières vacillantes illuminaient son visage impassible. Chacun des écrans montrait des angles différents de l'université : les couloirs, la cafétéria, les salles de classe, les entrées principales. Les étudiants vaquaient à leurs occupations, semblant insouciants.

Sa vigilance ne se relâchait jamais, surtout depuis l'apparition du Justicier des Déchus, cette enflure qui s'était donné pour mission de perturber l'ordre de Sarang. En scrutant les visages des élèves, Namjoon se concentrait sur ceux qu'il avait déjà commencé à suspecter.

Il tira une autre bouffée de sa cigarette, observant un groupe de filles discuter à la sortie du bâtiment principal, puis un élève en retard se précipitant vers sa classe. Rien ne semblait suspect pour le moment.

Son regard s'attarda sur une silhouette familière. Shiho se tenait près d'un distributeur automatique, les mains dans les poches, observant distraitement les étudiants qui passaient autour de lui. Il paraissait détaché, comme s'il appartenait à un monde différent de celui qui l'entourait. Pourtant, alors que Namjoon continuait de l'observer, quelque chose changea.

Il se tourna lentement, comme s'il sentait le poids du regard invisible posé sur lui. Son visage se leva légèrement vers l'une des caméras de surveillance. Un sourire faible se dessina sur ses lèvres. Il fixa l'objectif pendant plusieurs secondes, un contact visuel qui semblait se prolonger indéfiniment à travers l'écran. Puis, d'un geste décontracté, il leva la main pour faire un salut nonchalant, comme s'il savait exactement qui l'observait.

Namjoon resta immobile. Ce simple geste était plus qu'une provocation. Shiho savait. Il savait qu'il était constamment surveillé, et ce sourire, ce salut... c'était un jeu. Un jeu de pouvoir, où chacun testait les limites de l'autre. L'héritier ne cherchait pas à se cacher, au contraire. Il voulait que le proviseur sache qu'il était pleinement conscient de chaque mouvement observé.

Le basané instinctivement se mit à chercher quelqu'un d'autre sur les vidéos, en se souvenant de la nuit où Shiho s'en était pris à une de ses élèves. Mais il ne vit nul part Park Hara, ce qui intensifia son sentiment d'inquiétude à son égard.

La nuit était tombée.
      Gguk siégeait sur un tabouret d'un bar du Crimson Palace à l'ambiance tamisée, où il buvait dans un verre de l'alcool. Certains clients discutaient entre eux, d'autres jouaient à la table de billard, et consommaient des bières en plaisantant ou faisant des paries. La barmaid nettoyait quelques récipients avec sa serviette, tout en observant d'un coin de l'oeil, le jeune homme qui portait des vêtements en cuir, souligné part un t-shirt blanc, avec des piercings par-ci et par-là. Un corps sculpté à la proportion parfaite, totalement son genre de gars. Elle s'approcha de lui afin de tenter sa chance et se plaça devant lui.

Je te sers un autre verre ? elle se pencha sur le comptoir, un sourire malicieux aux lèvres.

Le noiraud en voyant son approche venir de loin, se garda de sourire, amusé de voir ce qu'il va se passer.

Je veux bien un truc plus corsé s't'eu plait, ma belle, il se tint le menton de la paume.

Elle attrapa deux bouteilles différentes pour faire un mélange avant de lui verser dans un autre verre. Il le saisit et l'avala cul-sec sous ses yeux ahuris. Il semblait bien tenir l'alcool, au vu de ce qu'il a bu.

Dis, qu'est-ce qu'un beau gosse comme toi fait seul ici ? T'attends peut-être quelqu'un ?

Gguk posa son verre vide avec un léger tintement, puis leva les yeux vers la barmaid, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres percées. Il jouait le jeu, comme toujours, laissant son regard la détailler rapidement avant de répondre.

Peut-être que j'attends quelqu'un, ou peut-être pas, répondit-il d'une voix rauque, ses yeux sombres étincelant légèrement sous la lumière tamisée du bar.

La barmaid haussa un sourcil, amusée, mais aussi intriguée. Gguk avait une aura magnétique, un mélange d'assurance qui attirait l'attention sans qu'il ait à faire le moindre effort. Pourtant, il ne semblait jamais s'investir dans aucune des interactions.

Un gars comme toi doit pas rester seul trop longtemps, elle insista en s'accoudant sur le comptoir, son regard aguicheur se posant sur lui. T'as l'air d'être un habitué de la solitude, mais... je suis sûre qu'on pourrait arranger ça.

Gguk inclina légèrement la tête, réfléchissant à sa réponse tout en jouant distraitement avec le bord de son verre. Il appréciait cette petite danse verbale.

C'est mignon de proposer, mais disons que la solitude et moi, on s'entend bien, souffla-t-il en penchant la tête vers elle. Ça évite les ennuis, tu vois ?

Des ennuis, hein ? Du genre à te suivre où que t'ailles ? demanda-t-elle, soudain plus curieuse.

Gguk esquissa un sourire plus large, un sourire qui ne montait pas tout à fait jusqu'à ses yeux, comme s'il connaissait bien ce genre d'ennuis et qu'il en jouait. Mais avant qu'il ne puisse répondre, une vibration familière retentit dans la poche de son blouson en cuir.

Il glissa sa main dedans, attrapant son téléphone. En déverrouillant l'écran, ses yeux se plissèrent. Un message de son ouragan.

Voilà, mes ennuis.

La barmaid lui lança un regard perplexe, visiblement intriguée par cette remarque énigmatique.

Et juste à ce moment là, la porte de l'entrée s'ouvrit. Et tous les regards de la salle tombaient sur une jeune femme impossible à ignorer. Son élégance habituelle accentuée par une tenue soigneusement choisie : une chemise noire à manches longues, avec plusieurs boutons partiellement déboutonnée, dévoilant une ligne nue et verticale de son buste, révélant qu'elle ne portait pas de soutien-gorge. Plutôt un bijou de poitrine, dont des délicates chaînes métalliques ornées de cristaux étincelants, soulignaient ses courbes naturelles de seins. Le haut était rentré dans une jupe crayon moulante noire en cuir, qui accentuait les courbes de ses hanches, avec une fente en hauteur de sa cuisse gauche, offrant à la fois un aspect audacieux et une liberté de mouvement. La taille était encerclée par une fine ceinture noire.

Gguk avait les yeux rivés sur elle. Il lui était impossible de dévier le regard, le poids de sa présence écrasait tout l'espace. Elle incarnait une grâce aristocratique, avec un léger air de supériorité flottant autour d'elle. Maera était la reine incontestée même si beaucoup la détestait, ou la craignait non seulement pour son nom de famille, mais pour son comportement exécrable, d'autres rêvaient presque de goûter au luxe qu'elle pouvait offrir.

Toutes les personnes qui ne la connaissaient pas encore finissaient par tomber sous son charme. Jusqu'à ce qu'elle ouvre sa bouche ou que ces ignorants voient l'illusion se dissiper comme les effets d'une substance psychotrope. Elle aurait arraché le flambeau au Diable car son mépris des conventions sociales, la poussait à les enfreindre. Si elle avait une idée, elle la réaliserait, même s'il fallait marcher sur des têtes ou des cadavres. Hwan Maera était imprévisible, dangereuse, insatiable, chaotique. Personne ne pourrait anticiper ses pas ou déceler ses intentions.

Maera s'était avancée sans ménagement, sa main s'abattant sur le comptoir, attirant immédiatement l'attention des clients et de la barmaid qui, par instinct, recula d'un pas pour éviter d'être prise dans l'orage imminent. Gguk restait imperturbable, ses yeux sombres glissant lentement vers la jeune aristocrate.

Je ne comprends pas, pourquoi mon larbin ose-t-il m'ignorer alors que j'essaie de le joindre ? demanda-t-elle, sa voix tranchante.

Gguk ne lui prêta que peu d'attention, reposant nonchalamment son verre vide sur le comptoir. L'agacement se lisait dans chaque fibre de son corps.

Tu veux aussi me mettre un collier et une laisse ? Ça semble être ton genre, au point où t'en es, la fêlée, répliqua-t-il, son ton moqueur coupant l'air comme une lame.

Maera ne broncha pas à l'insulte, au contraire, elle le fixa longuement, scrutant son visage avec intensité. Elle était capable de désarmer quelqu'un d'un simple regard, mais cette fois, c'était différent. Il y avait quelque chose dans son observation qui allait au-delà de l'agacement habituel.

Tu n'es pas Jeon, n'est-ce pas ? C'est une des autres identités qui me parle, là, répondit-elle froidement.

Gguk arqua un sourcil, surpris par cette perspicacité. Il détourna légèrement la tête, se demandant comment elle avait pu deviner. Peu de gens étaient capables de discerner cette subtilité en lui.

Comment... ? murmura-t-il.

Maera s'approcha encore plus près, réduisant l'espace entre eux.

Je me suis souvent demandée pourquoi Jeon, à certains moments, m'appelait "la fêlée" ou m'ignorait complètement, me traitant avec une haine démesurée. Et maintenant je comprends, continua-t-elle, son regard ne quittant pas le sien. Toute ton attitude crie l'animosité. Ces piercings, ces vêtements en cuir, ton air détaché et ces deals... Ce n'est pas le genre de Jeon. C'est parce que tu es une autre identité. Une autre personne. Aie-je tort ?

Gguk serra les dents, son regard fuyant le sien. Il n'aimait pas la tournure de cette conversation. Elle avait mis le doigt sur la vérité. Et pire encore, elle lui parlait comme s'il était une entité distincte, séparée du Jeon qu'elle connaissait. Et c'est ainsi qu'il voulait qu'on le perçoit et cela l'irritait au plus haut point.

      — Comment je dois t'appeler ?

      — Qu'est-ce que ça peut t'foutre ?

Il demanda d'un mouvement de doigt, qu'on lui sert un autre verre.

      — Faut bien que je puisse savoir à qui je parle, où tu préfères que je te donne un surnom ? Tu sais moi et les-

      — Gguk, il grogna, juste Gguk.

      Un sourire narquois s'enticha de ses lèvres et elle prit place sur un tabouret juste à côté de lui. Le fait de parler à une autre identité que Jeon la subjuguait.

Combien vous êtes en tout ?

La barmaid lui versa à nouveau de l'alcool tandis que l'aristocrate lui demanda quelque chose de plus léger.

Pourquoi je devrais même te répondre ? grimaça Gguk en tournant légèrement la tête. T'as pas autre chose à faire ? Comme jouer la salope de service par exemple ? Dans les séries, les garces comme toi font vivre l'enfer aux filles innocentes. Brise pas la chaîne des clichés et arrête de me casser les couilles.

Maera ne réagit pas à l'insulte, un sourire imperceptible flottant sur ses lèvres. Elle sortit calmement son téléphone et commença à noter plusieurs phrases, ses doigts pianotant sur l'écran. Le son des touches qui résonnait semblait provoquer encore plus l'irritation de Gguk. Il suivait chacun de ses mouvements du coin de l'œil, agacé.

Qu'est ce que tu fous ?

Je prends des notes sur ta personnalité. Gguk est quelqu'un de colérique, utilisant un langage cru, libertin et dealer à ses heures perdues. Voilà tout ce que je sais de toi pour le moment.

Pourquoi tu prends des notes ?

Et pas très futile en plus.

Va te faire foutre ! siffla-t-il, ses yeux lançant des éclairs.

Très sensible quand on le traite de con, elle pianota.

La patience de Gguk atteignit ses limites.

Yah, espèce de connasse ! grogna-t-il en se jetant pour arracher son téléphone.

Mais Maera fut plus rapide. En un mouvement fluide, elle attrapa son col, le tirant vers elle. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Leurs nez se frôlaient presque, et pour la première fois, Gguk se tut, déstabilisé par cette proximité inattendue. Il sentait sa respiration chaude contre sa peau, et cela le démangeait.

T'as un sérieux problème, murmura-t-il.

Tu n'as pas idée à quel point, répondit-elle doucement, son souffle effleurant ses lèvres.

Je ne sais pas ce que vous avez tous à la détester, mais je suis dingue de cette fille, lança Doona. Enchantée ma belle, moi c'est Doona, elle lui tendit la main.

Doona, deuxième identité de Jungkook, 33 ans, styliste.

Maera, observant cette scène avec fascination, hésita une seconde avant de tendre sa main en retour. Doona était tout le contraire de ce qu'elle s'attendait : provocante, directe et sans filtre. Mais à peine l'aristocrate eut-elle esquissé un geste que Gguk intervint, furieux.

La touche pas ! gronda-t-il, attrapant brusquement sa propre main pour la retirer. C'est une tarée cette nana.

Doona se contenta de rouler des yeux, à peine affectée par son emportement. Mais c'est une voix plus grave qui se fit entendre alors.

Gguk, contrôle ton langage. Ce n'est pas ainsi que l'on s'adresse à une femme, dit calmement Ryu.

Ryu, la troisième identité de Jungkook, 40 ans, légiste.

Où sont passées tes bonnes manières ? le gronda-t-il.

Ryu s'avança doucement, sa posture plus posée et son regard plus mature. Il se pencha vers Maera avec une courtoisie glaciale.

Mademoiselle Hwan, je me présente, je suis Ryu, le plus âgé d'entre eux, dit-il en prenant délicatement la main de la demoiselle.

Dans un geste d'une élégance surannée, il baisa le bout de ses doigts.

Nous nous sommes rencontrés une fois. Vous vous souvenez de cette devinette sur les cadavres ? C'était moi, je portais un masque.

Maera, troublée, ne pouvait détacher son regard du jeune homme. La transition entre ses différentes personnalités était incroyable, presque envoûtante. Chaque identité semblait parfaitement distincte, avec ses propres manières, son propre comportement. Cela dépassait de loin ce qu'elle avait imaginé.

Incroyable... murmura-t-elle, à la fois déstabilisée et intriguée.

Gguk, ou plutôt Ryu à cet instant, ne montra aucune émotion à son émerveillement. Il se contenta d'observer calmement.

Vous êtes vraiment... différents, tous autant que vous êtes, ajouta-t-elle, comme pour elle-même.

C'est ce que l'on pourrait dire, répondit Ryu d'un ton égal, avant de se redresser.

Merci, ça fait plaisir à entendre, sourit Doona. D'ailleurs, j'adore comment tu t'habilles. J'aimerai vraiment créer une tenue sur ton corps. Il est parfait pour-

Le coeur de Maera se mit à battre soudainement d'adrénaline, de plus en plus en extase par cette situation loufoque.

Bande de crétin ! intervint Gguk, On peut pas faire confiance à cette tarée, qu'est-ce qui vous prend ? Vous ne savez pas qu'elle est une menace pour Jungkook ?! Pourquoi vous vous exposez aussi facile. Vous avez plus interêt à vous montrer, sinon j'vous fous la misère.

Maera nota que Gguk semblait la détester plus que les autres et qu'il était peut-être le chef parmi ces identités. Elle ignorait encore la raison de cette distinction, mais elle allait en savoir bientôt plus.

Et comment je fais pour faire revenir Jeon ? elle demanda.

Pourquoi ? croisa Gguk les bras. Tu veux encore le fourrer dans tes histoires merdiques où je dois le sauver ?

Quelles histoires ? elle arqua les sourcils.

Gguk n'en dit pas plus. Il attrapa son verre, but cul-sec avant de le reposer à sa place.

Tu veux pas les briser à quelqu'un d'autre ? J'ai plus intéressant à faire.

Il se leva en attrapant sa veste en cuit qu'il mit, pour partir.

Jeon Jungkook.

À l'évocation du nom "Jeon Jungkook," un silence s'installa dans l'air. Gguk se figea comme si quelque chose avait changé en lui, et Maera n'eut pas besoin de le voir pour le comprendre. Elle s'approcha doucement, ses yeux scrutant chaque détail de son visage pour capter ce basculement.

Jeon ? murmura-t-elle, hésitante. Est-ce que c'est toi ?

Les yeux de Gguk, habituellement perçants et remplis de rage, étaient désormais différents. Plus calmes, plus profonds. Il plissa légèrement les sourcils, l'air confus, comme s'il émergeait d'un rêve.

Swan ? répondit Jungkook en fronçant les sourcils, visiblement perturbé.

Ce simple mot eut l'effet d'une décharge électrique chez elle. Maera se mordit la lèvre, à moitié fascinée, à moitié séduite par ce retournement inattendu.

Putain, c'est trop jouissif, souffla-t-elle, ses yeux pétillants d'excitation.

Elle tendit une main vers son visage, caressant sa joue avec une douceur déconcertante. Elle le détaillait, intriguée par ce changement soudain de comportement. Mais il attrapa sa main fermement, la retirant de sa joue avec un regard empreint d'incompréhension.

Jeon, ou du moins la personnalité qu'elle avait réussi à invoquer, semblait désorienté par cette situation. Il s'écarta d'elle, l'air visiblement perturbé, et sans un mot de plus, quitta le Crimson Palace d'un pas précipité et se dirigea vers sa moto. Il sortit son casque et ses gants, puis enfonça la clé dans le contact.

Mais à l'instant où le moteur rugit faiblement, un son perça le silence du parking : des talons frappant le sol avec une régularité presque martiale. Il leva les yeux et aperçut Maera, sortant du bâtiment et s'avançant vers lui. Chaque pas, marqué par le claquement calculé de ses aiguilles, semblait résonner dans l'air, rendant sa présence solennelle, presque imposante.

Où est-ce que tu vas ?

Elle réduit le vide entre eux, ses yeux retraçant les veines qui s'exhibaient sur ses mains robustes, ces mêmes mains qu'il recouvra de gants noirs.

Je n'ai pas de compte à te rendre, il attacha le scratch.

Maera s'assit sur le siège de sa moto suivit par le regard de son camarade. Elle croisa ses jambes, laissant une vue sur sa cuisse nue — qu'il ne manqua pas de sonder — balançant faiblement son pied.

Mais tu sembles oublier un détail important, elle pencha sa tête.

Son talon glissa lentement le long de la cuisse du jeune homme qui se tint devant elle, exerçant une pression subtile à travers son pantalon. Il essaya de contrôler ses émotions, son regard dérapant sur son bijou de poitrine qui brillait à la lueur de la lampadaire. Encore un peu et il pourrait apercevoir ses seins.

Tu es MON larbin.

Elle semblait prendre un malin plaisir à remonter son pied vers sa zone la plus sensible, appuyant son aiguille avec plus de force. Jungkook serra la mâchoire, un faible grognement échappant de sa gorge tandis qu'une grimace déformait ses traits. Ses prunelles furent suspendus sur ses lèvres couleurs cerises qui s'entrouvraient lentement, attisant une tension qui bouillonnait en lui.

Swan-

Elle écrasa plus fermement son membre qu'il en gémit de douleur. Il saisit violemment sa cheville d'une poignet de main afin de l'arrêter. Maera percevait une certaine satisfaction devant ses réactions.

Descends de là, il gronda.

Force-moi.

Agacé, Jungkook s'approcha brusquement, écartant d'un mouvement abrupt ses cuisses pour se glisser entre elles, la forçant à enrouler ses jambes autour de son bassin. Le contact de ses doigts sur sa peau brutalisèrent ses cellules maintenant en feu. Le sol disparut l'espace d'un instant de ses pieds. Il la souleva sans effort, ses mains puissantes agrippant fermement ses hanches. Une étincelle de surprise traversa le regard de l'aristocrate. Puis, sans la moindre hésitation, il pivota sur ses talons, la maintenant contre lui. Son corps fut tendu par la force de ses bras, l'obligeant à s'accrocher à sa nuque pour ne pas perdre l'équilibre, le souffle court.

Il finit par la faire asseoir sur l'arceau en acier froid. Elle tressaillit légèrement en sentant le métal glacé contre ses fesses. Ses mains gantées rugueux vinrent se plaquer de part et d'autre d'elle, emprisonnant ses mouvements. D'un geste lent mais résolu, il inclina la tête, ses lèvres à quelques millimètres de son oreille. Elle retint son souffle, la sensation brûlante de son haleine de nicotine contrastant avec la fraîcheur ambiante.

Ton larbin, tu dis, un sourire ironique fuit ses lèvres. Si tu penses que je vais facilement me soumettre, tu me connais mal.

Ils disent tous ça, avant de finir par aboyer pour moi.

Elle plaqua son genou entre ses cuisses, il retint son envie de succomber.

       — Tu sais... je cautionne ton comportement seulement parce que...

    La chaleur de son souffle sur sa jugulaire la frappa, agressant sa peau, envoyant une décharge électrique, à mesure que les lèvres du coréen frôlaient son cou. Puis, dans un murmure à peine audible, il laissa échapper des mots contre sa peau : « Tu es mon péché mignon. » Son pouls s'emballa, pulsant dans ses artères. Ses lèvres humides laissèrent une trace légère sur sa gorge, et contre toute attente, elle n'en fut pas dégoûtée.

      Au contraire, cette sensation déclencha en elle un frisson inattendu. La tiédeur de sa salive, mêlée à sa présence rapprochée, éveillait ses sens avec une intensité qu'elle n'aurait jamais cru possible. Chaque fibre de son être semblait vibrer en réponse.

      Mais alors qu'elle se laissait enfin emporter par cette sensation agréable, la tension qui s'était accumulée en elle se brisa brutalement, la figeant. Jungkook rompa leur proximité d'un geste détaché, la laissant là, assise sur cet arceau froid. La frustration monta en elle, ses doigts se crispèrent. Elle réalisa qu'il la larguait, sans aucune once d'hésitation, avant de s'écarter en reculant.

Où est-ce que tu vas ? siffla-t-elle, sa voix trahissant son irritation.

Il s'arrêta à quelques pas, une lueur amusée dans le regard, et fit passer sa jambe par-dessus sa moto avec nonchalance.

Dis-moi, Swan, tu ne deviendrais pas accro à moi ? lança-t-il, d'un ton narquois, saisissant son casque qu'il mit sur sa tête.

Maera leva les yeux au ciel, incapable de contenir son exaspération. Ses lèvres se pincèrent brièvement tandis qu'elle croisait les bras sur sa poitrine, son corps se raidissant sous l'effet des mots de son camarade.

Si tu crois que je vais te laisser t'en tirer comme ça, rétorqua-t-elle,

Elle ne voyait que ses yeux, scintillants de défi à travers le visière de son casque. Cependant, le regard du noiraud remplaçait toutes paroles, défiant et provocateur. Jungkook lui répondit par un hochement de tête avant de poser ses mains sur le guidon, faisant gronder le moteur de sa moto avec un bruit rauque et puissant.

Il baissa la vitre teintée d'un mouvement rapide, remonta la béquille avec aisance, puis souleva ses pieds pour les poser sur le repose-pieds. Détournant le visage, il démarra son engin et se tira.

      — On va enfin bien s'amuser, elle se mordit la lèvre. Et je vais savourer chaque partie de notre jeu.

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Qu'avez vous pensez de tout ça ? 🥹

Je promets que ça va devenir plus intense 🔥

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