𝐿𝐼𝐴𝑅𝑆 | 𝐂𝐇𝐀𝐏 • 𝟐𝟒
𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐏𝐋𝐀𝐘 𝐓𝐇𝐄 𝐆𝐀𝐌𝐄
𝐈𝐅 𝐘𝐎𝐔 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐊𝐍𝐎𝐖 𝐓𝐇𝐄 𝐑𝐔𝐋𝐄
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— 𝑖 𝑠𝑤𝑒𝑎𝑟 𝑜𝑛 𝑚𝑦 𝑙𝑖𝑓𝑒 𝑡ℎ𝑎𝑡'𝑠 𝑖'𝑣𝑒 𝑏𝑒𝑒𝑛 𝑎 𝑔𝑜𝑜𝑑 𝑏𝑜𝑦 —
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𝑯 𝒐 𝑾
I N S A N E
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𝑚𝜑 𝑓𝜇𝑐𝜅𝜄𝜋𝑔
𝐌 𝐈 𝐍 𝐃
ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ
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ᵂᴴᴼ'ˢ ᵀᴴᴱ ᴺᴱᵡᵀ ᵀᴬᴿᴳᴱᵀ
Hara se tenait au centre de la pièce, les poings serrés, observant Namjoon qui, après un soupir résigné, s'approcha d'elle. Il savait qu'elle ne le laisserait pas partir sans obtenir ce qu'elle voulait : des techniques de défense. Mais il ignorait qu'à cet instant, la détermination de Hara était bien plus complexe que ce qu'il pouvait imaginer. Surtout après l'avoir vu terrorisé lors des fiançailles de Hwan Maera.
En l'ayant suivi jusqu'aux toilettes à cause de l'expression qu'elle avait eu, le jeune proviseur l'avait intercepté. Hara tremblait entre ces deux mains rigoureuses qui essayaient de la calmer en lui demandant ce qu'il s'était passé. Elle n'avait pas voulu lui en dire plus, et le supplia de commencer enfin ces entraînements de défense qu'elle voulait à tout prix connaitre.
Namjoon était quelqu'un de trop investi pour ses élèves. Il ne voulait que le meilleur pour eux, c'est pourquoi il cherchait éperdument ce Justicier qui avait l'intention de détruire la réputation de beaucoup d'entre eux.
— Commençons par quelque chose de basique. Je vais te montrer comment te libérer d'une saisie au poignet.
Le proviseur se plaça devant elle, adoptant une posture calme et concentrée. Ses mouvements étaient maîtrisés, empreints d'une certaine élégance malgré sa taille imposante. Il tendit doucement la main et attrapa le poignet de Hara avec fermeté. Le contact de sa peau contre la sienne fit naître une vague de chaleur inattendue chez la demoiselle. Elle sentit ses muscles se tendre, non pas par la pression de la prise, mais à cause de la proximité entre eux.
— Respire, murmura Namjoon, sa voix basse et apaisante résonnant entre eux. La première règle, c'est de ne pas paniquer. L'adrénaline peut jouer contre toi. Alors calme-toi.
Hara hocha la tête, essayant de se concentrer sur les instructions, bien que son esprit fut distrait par le regard de Namjoon. Ses doigts étaient chauds, et malgré la fermeté de sa prise, il y avait une douceur dans la façon dont il la tenait, comme s'il veillait à ne jamais lui faire de mal.
— Ce que tu dois faire, continua-t-il, c'est tourner ton poignet dans la direction du pouce de ton agresseur, là où la prise est la plus faible.
Il guida doucement son mouvement, ses doigts effleurant son bras alors qu'il tournait lentement son poignet pour lui montrer la technique. Chaque contact déclenchait une vague de frissons dans le corps de Hara. Elle imita son geste, tentant de reproduire cette fluidité, mais la tension dans ses muscles la trahit.
— Relax, susurra Namjoon, ses yeux rencontrant les siens. Laisse-moi faire.
Il saisit de nouveau son poignet, mais cette fois avec plus de fermeté, et lui montra la trajectoire avec plus de précision. Ses phalanges glissèrent lentement sur son bras, lui montrant exactement où exercer la force et où relâcher. Ce simple contact la troubla plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle pouvait sentir l'électricité de sa paume contre son épiderme tendue.
Elle exécuta à nouveau le geste, cette fois avec plus d'assurance, et parvint à se libérer de sa prise. Namjoon hocha la tête, mais Hara sentit son cœur s'accélérer, bien plus que ce que la simple excitation de réussir aurait dû provoquer.
— Ok, dit-il, reculant légèrement pour la laisser reprendre son souffle. Maintenant, imagine que quelqu'un essaie de t'attraper par derrière.
Namjoon se plaça derrière elle, et Hara sentit immédiatement son corps se tendre. Elle entendit son souffle régulier percuter son oreille, et quand il posa doucement ses mains sur ses épaules pour lui montrer la prochain position, elle retint sa respiration.
— Ce que tu dois faire ici, confia-t-il d'une voix basse, presque intime, c'est d'abord te stabiliser. Si tu es prise par surprise, il faut que tu sois capable de réagir rapidement, sans perdre l'équilibre.
Il ajusta ses pieds, ses doigts effleurant à peine sa taille. Il déplaça ses bras, les plaçant dans une posture défensive, tout en expliquant la logique derrière chaque mouvement. Mais Hara avait du mal à se concentrer pleinement sur ses paroles.
— Ensuite, tu pivotes rapidement comme ça, exprima-il, en plaçant sa main contre son bras pour la guider à faire un demi-tour rapide. Tu utilises l'élan de l'autre personne pour la déstabiliser.
Hara tourna comme il l'avait montré, ses cheveux effleurant le visage de Namjoon alors qu'elle effectuait le mouvement. Elle sentit brièvement sa présence encore plus proche, son souffle effleurant sa nuque. La sensation la fit frissonner, une décharge électrique parcourant sa peau.
— Bien, murmura-t-il, sa voix légèrement rauque alors qu'il relâcha doucement son bras. Tu commences à comprendre.
Hara resta immobile un instant, les sens en éveil, tentant de calmer son souffle. Elle sentait encore le poids de ses mains sur elle, l'intensité silencieuse de son regard. C'était étrange, cette proximité physique avec Namjoon, qui jusque-là n'avait été qu'une figure d'autorité distante dans sa vie d'étudiante. Mais à cet instant, il y avait quelque chose de plus intime dans leurs interactions, comme un lien qui s'était tissé à travers ce simple échange.
— Je... je pense que je saisis, dit-elle finalement, sa voix plus basse.
Son regard se fit légèrement plus scrutateur. Il semblait percevoir quelque chose. Mais il n'en dit rien. Il se contenta de lui montrer une nouvelle technique, sans jamais relâcher cette attention concentrée sur elle, ses gestes précis, ses touchers toujours calculées.
— Une autre leçon, dit-il en se mettant en position, les genoux légèrement fléchis. La posture. Tu dois être stable sur tes appuis, prête à réagir à n'importe quel mouvement.
Il s'approcha doucement, ajustant les pieds de Hara avec ses mains pour les mettre à la bonne largeur.
— Comme ça, murmura-t-il, puis se recula pour évaluer la position. Bien. Maintenant, imagine qu'un agresseur te saisit au poignet. Que fais-tu ?
Sans attendre, il attrapa violemment son poignet droit, testant sa réaction. Hara fronça les sourcils, essayant instinctivement de tirer son bras, mais Namjoon la retint facilement.
— Pas comme ça. Si tu essaies de te débattre de cette manière, tu n'y arriveras pas. La clé est d'utiliser l'élan de l'autre personne contre elle.
Il relâcha son poignet et lui montra un mouvement rapide et fluide, tournant son bras pour s'extraire de sa prise imaginaire. Le frôlement de ses doigts contre sa peau, la chaleur rassurante de son corps, tout cela lui faisait tourner la tête.
Elle ignorait pourquoi, alors qu'elle détestait la gente masculine. Est-ce parce qu'elle n'avait jamais vraiment couché avec un homme ? Ou que celui-ci était différent de tous ceux qu'elle avait pu côtoyer.
— Essaie.
Hara prit une grande inspiration, puis imita le mouvement. D'abord maladroit, elle se retrouva de nouveau piégée par la force de Namjoon. Tout son dos ressentit la puissance de son torse, et cette perception caniculaire la rendait nerveuse. Ses oreilles devaient être tellement rouge, et quand ses lèvres effleurèrent le bout sans le vouloir, son coeur s'emballa.
Mais elle recommença, concentrée, et à la troisième tentative, elle réussit à se libérer.
— On va accélérer un peu, il ordonna.
La séance se poursuivit, Namjoon introduisant des techniques plus complexes : comment déséquilibrer un adversaire, où frapper pour provoquer le maximum de douleur en cas d'agression, et surtout, comment réagir rapidement dans des situations inattendues. À chaque démonstration, Hara absorbait ses conseils avec un sérieux impressionnant, s'améliorant à chaque tentative.
Au bout d'une heure, ils étaient tous deux essoufflés et firent une pause, buvant chacun des boissons différentes. Hara, assise sur une chaise un peu à l'écart, scrutait discrètement son proviseur, qui semblait absorbé par l'écran de son téléphone.
Il tenait une bouteille d'eau énergétique d'une main, en avalant de petites gorgées, tout en consultant plusieurs messages, probablement liés à ses innombrables responsabilités. Ses sourcils se fronçaient parfois, comme si quelque chose l'irritait, mais il restait calme, affichant cette maîtrise de soi qui le caractérisait tant.
Hara, malgré elle, laissait son regard glisser sur lui avec une attention toute particulière. Elle l'observait sans un mot, se concentrant d'abord sur les gestes rapides et précis de ses doigts tapant sur l'écran tactile, avant de se perdre ailleurs.
Ses yeux s'attardaient sur chaque fibre tendue sous la peau légèrement hâlée, trahissant des heures d'effort à pratiquer des combats illégaux. Le tissu de son t-shirt se tendait à chaque mouvement de ses biceps, et Hara ne pouvait s'empêcher de remarquer la courbe harmonieuse de ses muscles, rendus encore plus saillants par la fine pellicule de sueur qui les recouvrait.
Elle déglutit, se sentant un peu gênée par ses propres pensées. Elle détourna les yeux, tentant de se ressaisir, mais malgré elle, son regard revenait à lui, attiré comme un aimant. Il y avait quelque chose d'étrangement apaisant et à la fois troublant chez Kim Namjoon. Il ne ressemblait pas à ces adultes distants et froids, grincheux et cernés. Certes il était jeune pour un directeur adjoint, mais il dégageait une chaleur rassurante, une aura de confiance qui forçait le respect.
Tout en se mordillant la lèvre inférieure, elle sentit une vague de chaleur monter à ses joues. Peut-être était-ce la fatigue, ou alors la longue séance d'entraînement qu'ils venaient de finir, mais il était indéniable que la proximité de son proviseur éveillait en elle des sensations qu'elle ne savait pas nommer.
Elle l'observait encore comme elle le faisait depuis un an, sans même qu'il ne le remarque, espérant qu'il ne capte pas son regard insistant. Ses cheveux légèrement ébouriffés, ses lunettes reposant sur le haut de son nez, le calme avec lequel il balayait chaque notification sur son téléphone... tout cela créait une image à la fois intimidante et fascinante.
Puis, sans prévenir, il releva la tête. Leurs regards se croisèrent. Elle s'étouffa avec l'eau de sa bouteille et se mit à tousser soudainement, sentant son cœur rater un battement. Namjoon rangea son portable pour se rapprocher d'elle précipitamment.
— Vous allez bien Mlle Park ? demanda-t-il soudain, sa voix grave brisant le silence entre eux.
Hara hocha vivement la tête, trop nerveuse pour répondre tout de suite. Elle sentit la main de l'homme suspendu au dessus de son dos, comme s'il craignait de la toucher en dehors de l'entraînement. Et cette attention de sa part renforça sa perception positive de lui. Son regard profond heurta ses cellules. Un sentiment incontrôlable la narguait.
— Monsieur Kim, vous avez faim ? elle demanda subitement.
Cette questionna l'étonna sur le moment.
— J'aimerai vous remercier pour votre aide. Je vous invite ! Qu'est-ce que vous aimez ? Je connais un restaurant-
— Je ne crois pas que ça soit judicieux qu'on dine ensemble, il se redressa.
Hara arqua les sourcils face à son refus. Sur le moment, elle fut vexée et visiblement Namjoon l'avait remarqué.
— Même si ça vient d'une bonne intention, il reprit, la société aura la fâcheuse tendance à la pervertir.
Avec cette formulation, elle comprit ce qu'il voulait dire et ça la frustrait davantage qu'à cause des gens stupides, elle ne pouvait pas faire ce qu'elle voulait.
— Alors nous n'avons qu'à diner à votre-
Elle fut soudainement interrompu par la voix de Siri qui venait de dire « Hwan Shiho vous appelle, voulez-vous répondre ? » ce qui pétrifia son corps. Son proviseur vit l'expression horrifiée à la seule mention de cet élève et fut inquiet.
Hara se précipita à attraper son portable de son sac et de s'éloigner de Namjoon afin de répondre. Ce dernier la suivit des yeux et remarqua qu'elle tremblait de tout son être. Son timbre si doux auparavant s'agitait, se réduisant à un murmure de soumission.
— T-Tout de suite ? elle déglutit. D-D'accord. Non pas la peine de m'envoyer ton chauffeur, je te rejoindrai par mes propres moyens. Bien...
Elle attendit qu'il raccroche en premier, et fixa longuement son écran, complètement paralysée. C'est au contact de la paume de Namjoon sur son épaule, qu'elle sursauta en claquant violemment sa main afin de la rejeter, le visage déformé par la terreur. L'homme était déconcerté par une telle réaction. Il comprit que quelque chose clochait.
— Mademoiselle Park, qu'est-ce qui vous terrifie à ce point ?
— Rien, je vais y aller. Merci pour aujourd'hui, elle s'inclina.
Elle se précipita de ramasser ses affaires pour quitter la salle, tandis que son proviseur se frotta la nuque, nerveux par ce coup de fils qu'elle avait reçu. Il avait un mauvais pressentiment.
Son portable sonna à son tour. En l'extirpant, il fixa l'écran se demandant si ne pas répondre serait correcte. Mais il finit par décrocher.
Plus tard.
Namjoon portait un costume noir à trois pièces très élégant qui marquait davantage son allure de gentleman. Il marchait derrière une jeune femme accompagnée d'un réceptionniste qui les guidait vers une table pour deux. Passant près des consommateurs de repas luxueux. De temps à autre, le tintement métallique des couverts contre la porcelaine se faisait entendre, ajoutant une mélodie presque imperceptible à ce fond sonore, tandis que les verres s'entrechoquaient légèrement, créant une cadence irrégulière mais familière.
Une fois arrivé, l'employé s'éclipsa laissant les clients prendre leur aise. Ainsi le proviseur de Sarang tira la chaise, un geste qui se valait rare de nos jours, afin que sa compagne puisse s'y reposer. Elle récompensa sa galanterie d'un sourire et s'assit sur son siège, mettant dans le coin de sa tête une note pour cette action.
L'homme lui fit face, et tous deux attrapèrent la carte de menu tendu par un serveur et ils firent défiler les pages avant de commander des plats riches en alimentation. Dans le cadre feutré du restaurant, ils échangeaient des propos légers tout en savourant un vin exquis et délicatement choisi.
Namjoon se considérait chanceux de pouvoir passer ce Samedi en compagnie d'une femme aussi fascinante que Baek Soa. Ravissante, élégante, et dotée d'une intelligence vive, elle semblait tout avoir pour plaire. Non seulement elle dirigeait avec brio une entreprise de rédaction prospère à Séoul, mais elle rayonnait d'une indépendance assumée, une qualité que ce dernier admirait chez ses interlocutrices.
Leurs caractères se complétaient plutôt bien, chaque échange fluide et stimulant. Namjoon avait toujours été attiré par les femmes instruites, et Soa, avec sa culture et sa répartie, ne dérogeait pas à la règle. Il aimait les discussions profondes, celles qui creusaient sous la surface, et Soa était parfaitement à la hauteur de ses attentes.
Autour d'eux, le restaurant fourmillait de vie, une rumeur continue de conversations se mêlant au tintement des couverts et au frôlement délicat des verres. La lumière tamisée, teintée d'une douce chaleur, enveloppait leur table, créant une bulle d'intimité propice aux confidences. Namjoon s'était installé confortablement face à elle, observant avec attention ses gestes gracieux, tandis que Soa, la tête légèrement inclinée, le fixait avec curiosité.
— Ça fait longtemps que vous n'avez pas été dans une relation ? demanda-t-elle en posant son menton délicatement sur sa main, ses yeux sondant les siens avec un intérêt sincère.
Namjoon sourit légèrement, prenant une gorgée de vin. La question, bien que directe, ne le surprenait pas vraiment. Il s'y attendait, c'était le genre de sujet qui finissait toujours par venir sur la table, surtout dans ce genre de rendez-vous.
— Eh bien, pour être honnête, j'ai consacré énormément de temps à ma carrière ces dernières années. Ma dernière relation sérieuse remonte à... environ cinq ans, je crois, répondit-il, le regard légèrement pensif, comme s'il calculait mentalement cette période avec une certaine distance.
Baek Soa arqua un sourcil, visiblement étonnée par sa réponse. Elle n'y croyait pas vraiment. Un homme comme Namjoon, à trente-neuf ans, avec son charisme indéniable, son physique séduisant et sa réussite professionnelle, semblait bien trop intéressant pour être resté célibataire aussi longtemps.
Comment un homme de son âge, avec son allure sophistiquée, n'aurait-il pas une épouse et des enfants à la maison ? Cela semblait improbable, presque inconcevable. Elle le fixa un moment, réfléchissant à cette idée, se demandant si son travail avait réellement pris autant de place dans sa vie.
— Cinq ans ? Vraiment ? répéta-t-elle, un peu dubitative, sa voix marquée par un mélange de surprise et d'amusement.
Namjoon haussa les épaules en riant légèrement.
— Ça peut paraître long, je suppose, mais... je crois que j'étais tout simplement absorbé par mon travail. J'ai dû faire des choix, et les relations amoureuses n'étaient pas ma priorité à ce moment-là, expliqua-t-il avec un calme désarmant.
Soa hocha doucement la tête, tout en scrutant Namjoon avec une certaine admiration cachée derrière son regard analytique. Il était rare qu'un homme aussi sexy qu'accompli soit aussi pragmatique. La plupart des hommes à son âge cherchaient désespérément à s'établir, à construire une famille, à se conformer aux attentes sociales. Mais lui, semblait avoir pris un chemin différent.
Leur conversation continua, bercée par l'atmosphère feutrée du restaurant, entre des éclats de rires légers et des confidences plus profondes. Mais malgré leur alchimie évidente, quelque chose dans l'esprit de Soa restait intrigué. Namjoon lui apparaissait comme un homme d'une complexité inattendue, et cette distance volontaire qu'il semblait entretenir avec les relations amoureuses la rendait curieuse, presque impatiente d'en savoir plus sur ce qu'il cachait derrière cette façade.
Alors qu'ils parlaient de sujets tantôt triviaux, tantôt plus sérieux, l'attention du proviseur fut soudainement attirée par des silhouettes.
Le temps sembla ralentir un instant. Il aperçut Hwan Shiho, un étudiant de son université, ainsi que ses parents respectifs arriver vers sa direction. Mais la scène qui le prit par surprise fut autre.
Il ne put s'empêcher de ressentir un léger choc en voyant Park Hara derrière. D'habitude, il ne la voyait qu'en cours ou lors des entraînements, dans un contexte académique et purement professionnel, mais ce soir, il aurait pu ne pas la reconnaître.
Sa tenue, une robe noire asymétrique, attirait irrésistiblement le regard. Le tissu satiné épousait ses formes de manière raffinée, dévoilant une épaule nue tandis que l'autre était drapée dans une longue manche ajustée. La fente audacieuse révélait sa jambe à chaque pas, en même temps que le jeu subtil de la lumière sur le tissu brun.
Hara dégageait une élégance et une maturité qui lui avaient jusque-là échappé. Sa longue chevelure blonde ondulée cascadait sur son épaule dénudée, une mèche rebelle masquant partiellement son regard, créant une aura de mystère. Ses lèvres, teintées d'un rouge délicat, formaient un contraste saisissant avec la paleur de sa peau. Elle avait l'air si adulte que dans d'autres circonstances, il l'aurait confondu avec une femme d'affaire. Et chaque pas, accompagné par le léger claquement de ses talons, semblait résonner davantage dans la tête de Namjoon.
Il fut brièvement subjugué, ne pouvant s'interdire de noter l'assurance avec laquelle elle avançait, son regard indifférent, et la manière dont sa présence imposait le respect. Cette opposition entre l'élève sérieuse, timide et cette nouvelle facette adulte de Hara provoqua en lui une prise de conscience soudaine, presque déstabilisante. Il n'était plus en train de voir la jeune fille sur les bancs de l'université, mais une femme, en pleine métamorphose.
Alors qu'elle avançait avec ses parents et ceux de son fiancé vers une table, Namjoon remarqua qu'elle l'avait vu. Leurs regards se croisèrent brièvement, mais Hara détourna les yeux, feignant l'indifférence, comme si cette rencontre fortuite n'avait pas eu lieu. Pourtant, ce court échange visuel suffisait à trahir une reconnaissance mutuelle, un instant où chacun prenait note de la présence de l'autre.
Ils furent dirigés juste à côté de Namjoon qu'ils semblaient avoir reconnu. Au lieu de l'interrompre, ils inclinèrent la tête pour le saluer, mettant un sourire courtois aux lèvres par pure formalité, avant de se détourner. Il pouvait entendre le murmure de leurs conversations, tandis que, lui, tentait de se recentrer sur sa propre soirée. Sa compagne, absorbée par leurs échanges, ne remarqua pas son trouble.
Le proviseur entendait les parents parler de retrouvailles et de fiançailles. D'affaires politiques et d'entreprises. De la prospérité de leur progéniture, de leur avenir, en riant au blague de Shiho qui glissa sa main sur la cuisse d'Hara. Elle se tendit à son contact, s'efforçant de ne pas montrer son désarroi.
— J'ai tellement hâte qu'ils se marient, souffla la mère de Shiho, sa voix empreinte d'une douce excitation. Ces deux-là sont faits pour être ensemble, n'est-ce pas, Soo Hee ?
Soo Hee, la mère de Hara, acquiesça avec un sourire complice, les yeux pétillants d'une satisfaction presque vaniteuse.
— Je suis entièrement d'accord avec toi, Mi-Jin. Ils incarnent à eux seuls le prestige et l'avenir de nos entreprises. Depuis qu'elle est toute petite, Hara n'a jamais eu d'yeux que pour Shiho, ajouta-t-elle avec une note de tendresse. Mais, tu sais... il a toujours été un peu mesquin avec elle, elle fit une petite moue théâtrale.
Shiho, un sourire flottant sur ses lèvres, baissa la tête avec un léger éclat de rire. Il attrapa son verre de vin, l'observant tournoyer avec nonchalance, avant de relever les yeux vers la table.
— Vous savez, il y a un dicton qui dit que lorsqu'un garçon taquine une fille, c'est qu'elle lui plaît, dit-il d'une voix suave, presque charmeuse. Sa persévérance, sa douceur... toutes ces qualités ont fini par conquérir mon cœur, ajouta-t-il en regardant Hara. J'ai réalisé qu'elle était la seule capable de m'aimer tel que je suis. De me rendre meilleur.
Hara serra son couteau avec une force telle qu'elle aurait presque pu en briser le manche. Elle lui lança un regard noir, chargé de mépris et de défiance. Ses yeux semblaient lui hurler qu'il n'était rien d'autre qu'un menteur éhonté, un comédien habile dans l'art de manipuler les apparences. Elle savait mieux que quiconque que cette ordure était bien loin d'être un homme bon. Son regard froid et perçant aurait pu le déstabiliser, mais Shiho, loin d'être effrayé, semblait même s'en amuser.
Il aimait la voir ainsi, ses yeux brillants de colère, son visage tendu par une rage qu'elle peinait à contenir. C'était ce nouveau contraste qu'il appréciait chez elle. Il préférait de loin cette Hara-là, indomptable, farouche, à celle qu'elle avait été autrefois, un véritable pot de colle, toujours prête à tout pour lui plaire. Le changement, cette passion furieuse qu'elle semblait maintenant nourrir à son égard, l'intriguait profondément.
Autour de la table, les parents ne percevaient rien de cette tension silencieuse. Pour eux, ce moment représentait simplement la continuité d'une union qu'ils avaient toujours souhaitée et envisagée comme l'accomplissement parfait de leurs ambitions familiales.
— Bon, me revoilà, dit Soa en revenant à sa table, déposant son portable sur la surface avec un sourire contrit. Désolée pour le dérangement, je devais absolument répondre à cet appel.
Namjoon leva les yeux de son verre, un sourire compréhensif se dessinant sur ses lèvres.
— Je comprends tout à fait, répondit-il en inclinant légèrement la tête. Avec le travail que vous faites, vous devez être très sollicitée. Si vous préférez écourter cet entretien...
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Soa se pencha légèrement vers lui, réduisant la distance entre eux de manière subtile mais significative. Il sentit immédiatement un changement dans l'atmosphère, une intensité nouvelle dans le regard de la rédactrice.
— Sommes-nous vraiment obligés de ne parler que de cet interview ? souffla-t-elle avec un sourire intrigant. Vous m'intéressez bien plus que cela, Monsieur Kim Namjoon. Vous êtes différent de tous ces hommes que j'ai rencontrés auparavant. Et d'ailleurs... vous ne ressemblez en rien à la réputation de votre clan à Osaka.
Namjoon resta un instant silencieux, légèrement surpris par l'orientation directe de la conversation. Il n'avait pas souvent l'occasion d'être abordé de cette manière, surtout dans un contexte professionnel. Soa le déstabilisait, mais il ne pouvait nier qu'elle piquait sa curiosité. Il savait que derrière cette franchise se cachait une femme calculatrice, habituée à tirer des informations subtiles de ses interlocuteurs.
Pendant ce temps, à la table située juste à côté d'eux, Hara s'était détachée de la conversation familiale. Le rire de sa mère, les remarques complaisantes des parents de Shiho, tout cela s'effaçait peu à peu alors que son attention était désormais focalisée sur la conversation de son proviseur. À la mention du nom de Namjoon, son oreille s'était tendue presque instinctivement. Elle connaissait cette voix : Baek Soa, une rédactrice influente qu'elle avait croisée à plusieurs événements mondains.
Les paroles de Soa la troublèrent. Ce n'était pas tant l'intérêt que la femme portait à son proviseur qui la surprenait, mais plutôt le ton et les sous-entendus dans ses propos. Cette référence à Osaka... la curiosité d'Hara fut piquée à vif. Elle fixa discrètement le profil de Namjoon, qui souriait à son interlocutrice. Une expression qui, jusqu'alors lui fut verrouillée par son apparence rigoureuse.
— Vous avez bien fait vos devoirs on dirait, baissa Namjoon son visage pour jouer avec le rebord de son assiette.
— J'ai toujours été une étudiante assidue, proviseur Kim, elle flirta avec lui, son talon montant le long de son tibia.
Un sentiment étrange traversa Hara, indescriptible, comme un courant froid dans sa poitrine. Elle ne parvenait pas à lui donner un nom, mais cela ne fit qu'amplifier la mauvaise humeur qui grondait déjà en elle. À cet instant, Shiho saisit sa main avec une apparente tendresse, la pressant dans sa paume avant d'y déposer un baiser sous les regards admiratifs des autres convives, jouant son rôle avec une aisance digne de duper les plus grands acteurs.
Les parents éclatèrent de rire, plaisantant sur son audace, louant son amour si manifeste pour une "beauté" comme Hara. Elle, de son côté, sentait une nausée monter lentement, un haut-le-cœur qui s'immisçait dans sa gorge, formant un nœud serré, presque étouffant. Ses lèvres se pincèrent alors que son fiancé, apparemment galvanisé par le dégoût visible sur son visage, fit glisser sa main sur sa cuisse. Il y enfonça ses doigts avec une fermeté qui trahissait ses véritables intentions. Hara, crispée, lutta pour ne pas réagir. Ses yeux brillèrent un instant de douleur, mais elle s'efforça de garder une expression neutre, masquant tout sous une façade impassible.
Cependant, Namjoon n'en manqua pas une miette. Depuis quelques instants déjà, il ne cessait de jeter des coups d'œil dans leur direction, ses instincts éveillés par l'inconfort de la jeune femme. Il savait que s'immiscer dans cette scène causerait plus de tort que de bien, mais chaque fibre de son être se contractait sous l'indignation. Son poing, serré sous la table, trahissait sa colère silencieuse. Shiho, profitant de la dissimulation qu'offrait la nappe, monta sa main encore plus haut, flirtant avec une zone intime, un geste à la fois possessif et provocateur.
Namjoon sentit un frisson de rage parcourir sa colonne vertébrale. À cet instant, des souvenirs refirent surface avec une clarté déconcertante : ces moments où Hara, mal à l'aise et terrifiée, l'avait supplié de lui apprendre des techniques de défense. Il n'avait jamais compris l'urgence de ses demandes... jusqu'à présent. Le voile se levait enfin, révélant la réalité effrayante qui se cachait derrière ses silences, et cela le mit dans une colère noire. Une colère qu'il peinait à dissimuler, si bien qu'il voulut intervenir.
Et soudain, Hara brisa le silence. Sa voix, douce mais ferme, fendit l'air, résonnant :
— Je veux rompre les fiançailles.
Le choc sembla important, au vu du silence qui s'installa avec brutalité. Même Soa, jusqu'alors absorbée par sa conversation avec Namjoon, tourna la tête, les yeux écarquillés. Elle chuchota d'un ton incrédule :
— Mon Dieu, cette fille a du cran de le faire en public.
Namjoon ne répondit rien. Il se contenta de la regarder ce que qu'il se passait.
— C-Chérie... balbutia sa mère, encore sous le coup de la surprise. Mais qu'est-ce que tu racontes là ?
— Je ne veux plus épouser Hwan Shiho, déclara Hara, la voix posée mais ferme.
Les mots flottèrent un instant dans l'air, comme suspendus dans le temps. Shiho cligna des yeux, frappé de plein fouet par la surprise. Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres.
— Attends... mon ange, dit-il d'un ton faussement inquiet, la voix tremblante d'une panique qu'il peinait à dissimuler. J-Je... J'ai fait quelque chose de mal ? Pourquoi tu... ?
— J'ai simplement perdu tout intérêt pour toi, rétorqua-t-elle, son ton plus tranchant. Alors je ne vois pas l'intérêt de poursuivre cette mascarade.
Un silence lourd et oppressant s'abattit sur la table. Les parents des deux étudiants échangèrent des regards, ahuris, cherchant des réponses là où il n'y en avait pas. Quant à Shiho, il resta figé, déstabilisé par la franchise soudaine de Hara, surtout en présence de tant de témoins. Cette fille, qui d'habitude se montrait si docile, venait de briser l'image parfaite qu'ils s'étaient tous efforcés de maintenir.
— Désolée d'avoir plombé l'ambiance, mais je n'ai plus la force de supporter cette soirée, dit-elle avant de se lever.
Elle laissa tomber sa serviette sur la table, ignorante du repas froid et intact qui trônait encore devant elle. Les regards des convives suivirent chacun de ses gestes alors qu'elle s'éloignait. Un malaise palpable enveloppa la salle tandis qu'elle s'évanouissait de leur champ de vision. Shiho, désespéré, s'excusa précipitamment auprès des parents, leur promettant d'arranger la situation. Il assura que Hara ne pensait pas un mot de ce qu'elle disait, une tentative maladroite de sauver les apparences.
— Je vais la rattraper... je suis sûr qu'on peut en parler, balbutia-t-il avant de se lever à son tour pour la suivre.
Hara, quant à elle, quitta le restaurant à grands pas, la respiration haletante. L'idée de rester une minute de plus en leur compagnie lui était devenue insupportable. La froideur de l'air extérieur la frappa dès qu'elle mit un pied dehors, mais cela ne fit que renforcer sa résolution. Elle parcourait rapidement le trottoir, cherchant du regard un taxi, lorsqu'elle sentit une main saisir brutalement son bras.
Avant qu'elle ne puisse rétorquer, Shiho l'avait tirée avec force vers un coin plus sombre, à l'abri des regards indiscrets. Ses doigts s'enroulèrent autour de son bras comme un étau, et la violence du geste la déséquilibra.
— Je peux savoir à quoi tu joues ? il demanda avec un calme absolu. Rassure-moi, c'était une mauvaise blague ?
Elle essaya de se libérer de sa prise mais sans lui laisser le temps de réagir, Shiho attrapa sa mâchoire d'une main, la forçant à marcher en arrière vers le mur rugueux d'un bâtiment adjacent.
— Tu as visiblement oublié que tu n'as aucune décision à prendre.
Hara, le dos plaqué contre la pierre froide, lutta pour reprendre son souffle, choquée par l'intensité soudaine de l'agression. Elle mordit ses joues sous la pression des doigts du jeune homme, et son cœur tambourinait dans sa poitrine, la peur l'envahissant.
— Lâche... moi ! siffla-t-elle entre ses dents, sa voix tremblante de rage et de peur.
Shiho, un sourire cruel étirant ses lèvres, n'obéit pas. Il resserra davantage son emprise sur sa gorge, sa respiration brûlante contre son visage.
— Je n'ai pas fini de jouer avec toi, mon ange, murmura-t-il d'une voix basse et menaçante. Tu es à moi. Tu m'appartiens jusqu'à ce que je décide de m'en lasser. Et pas avant.
Hara luttait désespérément, essayant de repousser son torse de toutes ses forces, mais il s'appuyait lourdement contre elle, son corps bloquant toute tentative de fuite. Il l'avait piégée, chaque fibre de son être cherchant à la soumettre. Ses ongles griffèrent vainement la veste de Shiho, alors qu'elle sentait son propre souffle se faire court sous la pression de son emprise.
— Dis-moi... tu veux vraiment finir comme Kang Jian ? lâcha-t-il soudainement, son visage se rapprochant dangereusement du sien, ses yeux perçants et vides de remords.
À la mention de ce nom, Hara écarquilla les yeux, la terreur envahissant brutalement son esprit. L'évocation de ce passé obscur la frappait comme un coup de massue, ravivant des souvenirs qu'elle avait tout fait pour enterrer. Kang Jian. La soirée fatidique où plusieurs personnes furent coupables d'un crime impardonnable, dont Shiho fut l'initiateur et elle... une témoin impuissante. Son corps se pétrifia sous l'assaut de la panique, ses muscles se raidissant jusqu'à l'immobilité complète.
Elle pouvait revoir chaque scène avec une clarté brutale : les rires cruels, la violence sans retenue, et l'horreur dans les yeux de Jian... Une horreur qu'elle reconnaissait maintenant dans ses propres yeux. Ses jambes semblaient prêtes à flancher sous le poids de ce souvenir, et sa volonté vacillait.
— Tu crois que je ne suis pas au courant de ce que tu as fait pendant mon absence ? susurra-t-il à son oreille, sa voix teintée de menace. Que tu n'as pas pu t'empêcher d'ouvrir ta grande bouche pour parler de cet incident ?
La colère dans son ton se mêlait à une pointe de triomphe malsain. Shiho lâcha un instant sa mâchoire, uniquement pour fouiller dans sa poche et en sortir son téléphone. Il chercha une vidéo, ses yeux fixés sur l'écran avant de la tourner vers elle.
Sur la vidéo, Hara apparaissait, debout devant un groupe d'étudiants attentifs. Elle était en train de leur témoigner avec courage, racontant avoir été victime d'attouchements, expliquant comment une autre élève avait disparu à cause des agissements d'un groupe de garçons influents. Le ton de sa voix était empreint de douleur.
Hara sentit son estomac se nouer en reconnaissant cette scène. Comment avait-il pu la trouver ? Elle comprit alors avec une clarté terrifiante qu'il n'avait jamais cessé de la surveiller, même lorsqu'il était loin d'elle. Chaque pas, chaque mot qu'elle avait prononcé dans l'espoir de dénoncer ces actes abjects n'avait fait que renforcer son emprise sur elle. Ses actions étaient connues de lui depuis le début. Une sueur glaciale parcourut son dos.
— T'as vraiment cru que tu pourrais me défier, hein ? susurra Shiho en approchant ses lèvres de son oreille. Je te briserai si tu continues à jouer les héroïnes.
La main de Shiho se mit à caresser ses clavicules avec une douceur trompeuse, un contraste terrifiant avec sa précédente violence. Il savourait chaque seconde, observant l'effet de ses paroles se refléter dans les yeux effrayés de Hara.
— Tu vas retourner à l'intérieur, murmura-t-il, ravaler tes conneries et t'excuser. Je me suis bien fait comprendre ? Ou tu veux vraiment tester ma putain de patience ?
Sans attendre de réponse, il pressa soudainement la jonction entre la clavicule et l'épaule, là où la peau est la plus sensible. Un cri de douleur échappa à Hara, étouffé par la détresse qui l'envahissait. Les larmes lui montèrent aux yeux, brouillant sa vision tandis que la douleur irradiait le long de son bras.
— Eh bien, eh bien... Quel titre devrais-je mettre à mon prochain article ? La face cachée d'un des héritiers des Hwan, peut-être ? lâcha une femme. J'suis sûre que les lecteurs vont adorer.
Ils tournèrent la tête à l'unisson vers une femme se tenant là, son téléphone à la main, en train de filmer la scène. Derrière elle, se tenait le proviseur Namjoon, ses traits crispés, défaisant sa montre.
Les doigts de Shiho se détachèrent lentement de l'épaule de Hara, comme s'il contrôlait chaque mouvement avec soin. Il ne parut pas le moins du monde nerveux par l'apparition soudaine de la femme qui filmait, ni par la présence de Namjoon. Au contraire, il afficha un léger sourire, poli, presque amusé.
— Enregistrer la vie privée d'autrui à leur insu est interdit, Madame, dit-il avec une douceur feinte.
Son regard glissant vers l'appareil qui continuait de capturer chaque seconde de la scène. La rédactrice ne se laissa pas impressionner. Elle rétorqua, sa voix tranchante :
— Vous avez raison, cette vidéo ne sera peut-être pas suffisante devant un juge... Mais elle pourrait vous causer bien plus de tort une fois diffusée sur les réseaux sociaux. Vous imaginez l'impact, n'est-ce pas ?
Shiho haussa légèrement un sourcil, mais aucun signe réel d'agacement ne perça à travers son masque de calme. Son sourire s'élargit presque imperceptiblement, dissimulant le moindre trouble intérieur.
— Vous avez raison, je suis allé un peu trop loin, concéda-t-il en adoptant un ton conciliant, avant de se tourner vers Hara. Pardonne-moi, mon ange. J'ai vraiment agi comme un connard.
Sans lui laisser le temps de réagir, il saisit sa main et déposa un baiser sur ses doigts avec une théâtralité déconcertante.
— Mademoiselle Park, intervint calmement Namjoon, brisant l'instant en s'avançant d'un pas. Je vais raccompagner Baek Soa chez elle. Souhaitez-vous que je vous dépose aussi ? Ce serait plus prudent.
Avant que Shiho n'ait l'occasion de réagir ou de proposer une alternative, Hara, d'un geste décidé, accepta :
— Oui, je veux bien, si cela ne dérange pas Madame Baek.
Baek Soa, qui observait la scène avec un œil attentif, se rapprocha de Hara avec un sourire bienveillant, posant doucement ses mains sur ses épaules comme pour l'apaiser.
— Bien sûr que non, ma belle, répondit-elle avec une douceur rassurante. Allons-y, on vous raccompagne.
Elles s'installèrent toutes deux dans la voiture du proviseur, qui venait d'arriver devant eux. Namjoon, après un dernier coup d'œil pour s'assurer que tout allait bien, allait monter à son tour quand il s'arrêta brusquement, une idée traversant son esprit. Lentement, il se retourna vers Shiho, et son regard se fit plus tranchant, plus menaçant qu'auparavant.
— Je vous reverrai à l'université, jeune homme. J'espère sincèrement ne pas être obligé de prendre de mesures sérieuses contre vous, ajouta-t-il d'une voix lourde de sens.
Shiho, imperturbable, sourit de nouveau, avec cette même assurance inquiétante.
— Comptez sur moi, Monsieur Kim, répondit-il avec une légèreté presque provocante. Je me tiendrai à carreau. Merci de prendre soin de ma chère fiancée. Faites très attention à elle. Je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux, ajouta—t-il.
Ses mains rentrées nonchalamment dans ses poches, ses yeux brillants d'une lueur que son Namjoon n'apprécia guère. Le proviseur le dévisagea un instant de plus, sans ajouter un mot, puis il monta dans la voiture. Le moteur démarra, et tandis qu'ils s'éloignaient, Shiho resta planté là, une ombre souriante sur ses lèvres, observant son jouet disparaître dans la nuit.
Namjoon gara sa voiture en douceur devant l'appartement de Baek Soa, qui était restée assise à l'arrière aux côtés de Hara, offrant à la jeune femme du réconfort. Soa avait été patiente tout le long du trajet, tentant de rassurer la jeune demoiselle, lui proposant même de porter plainte pour harcèlement psychologique ou, à défaut, de publier la vidéo qu'elle avait enregistrée plus tôt. Bien que celle-ci n'ait pas capturé grand-chose, elle aurait pu susciter une réaction publique, assez pour faire trembler Shiho.
Toutefois, Hara déclina cette proposition, le regard baissé. Elle savait pertinemment que si elle agissait contre son fiancé, il s'en prendrait à elle avec encore plus de violence, sans la moindre répercussion. Shiho avait ce talent inné pour s'en sortir indemne, peu importe la gravité de ses actes. C'était un cercle vicieux dont elle ne voyait pas d'issue.
— D'accord, souffla Soa. Mais si tu changes d'avis, ou si tu as besoin d'aide...
Elle plongea dans son sac pour en sortir une carte de visite.
— Voici mon numéro, tu pourras me contacter à tout moment. Je ferai tout ce que je peux pour te soutenir.
Hara prit la carte avec gratitude, inclinant légèrement la tête en signe de respect.
— Vous êtes vraiment gentille, Madame Baek. Merci pour tout.
Soa acquiesça doucement, puis sortit de la voiture, suivie de Namjoon qui fit le tour pour la rejoindre. Ils échangèrent quelques mots à voix basse, une conversation que Hara ne pouvait entendre.
Pourtant, malgré la distance, un détail ne lui échappa pas : Un sourire espiègle arbora les lèvres de son proviseur, mettant en évidence ses fossettes. Un genre de sourire qui ferait craquer n'importe qui. Un sourire qui fit brusquement palpiter ses fibres sensorielles.
Et la rédactrice tendit sa main vers celle de Namjoon, effleurant ses doigts avec familiarité. Ce simple contact entre eux déclencha en elle une vague d'émotions confuses. Une étrange sensation d'inconfort la traversa alors qu'elle les observait, légèrement trop proches à son goût.
Elle ne comprenait pas pourquoi cela la troublait autant, mais un sentiment indéfinissable s'installait dans son cœur, quelque part entre la frustration et l'envie. Namjoon, si distant et formel en temps normal, semblait ici se comporter différemment. Plus détendu, presque complice avec Soa, une opposition frappante. Quand son proviseur lui jeta un coup d'oeil, Hara détourna rapidement le regard, serrant inconsciemment la carte de visite entre ses doigts.
Un soupir lui échappa alors qu'elle appuya sa tête contre la vitre, fixant distraitement les lumières de la ville qui défilaient à travers le flou de ses pensées. Ce malaise persistant s'infiltrait sournoisement, s'ajoutant à la longue liste de préoccupations qui encombraient déjà son esprit. La fatigue émotionnelle la rongeait, et elle ne trouva plus la force de se battre contre cette angoisse qui la tenaillait.
Elle ne remarqua même pas que la voiture avait repris sa course à travers les rues nocturnes de Séoul. La nuit, habituellement apaisante, ne parvenait pas à calmer ses nerfs aujourd'hui. Son esprit s'égarait, revenant constamment à Shiho et leur passé.
De son côté, Namjoon jeta plusieurs coups d'œil furtifs à travers le rétroviseur, surveillant son étudiante, son visage fermé et tendu. Il se demandait s'il devait lui parler, lui poser quelques questions pour s'assurer qu'elle allait bien. Pourtant, quelque chose l'en retenait, craignant que ce soit déplacé ou qu'il franchisse une limite invisible.
Le rôle d'un proviseur imposait une certaine distance, et il le savait. Mais l'homme en lui ressentait le besoin de faire davantage, d'offrir à Hara plus qu'un simple soutien administratif.
Il se racla légèrement la gorge, perturbé par le silence épais qui les enveloppait. La détresse de Hara, bien qu'elle essayât de la cacher derrière une posture digne, ne lui échappait pas. C'était la troisième fois qu'il la voyait aussi vulnérable, elle qui d'ordinaire arborait une façade si joyeuse et optimiste. Loin de la jeune étudiante insouciante qu'il avait l'habitude de voir.
— Votre petite-amie est vraiment une bonne personne, confia Hara, la tête appuyé contre la vitre. Je suis désolée d'avoir gâché votre rencard.
— Ce n'est pas ma petite-amie, il répondit honnêtement. Ni un rencard. Alors ne vous en faites pas pour le dérangement.
— Oh...
Hara sentit de la légèreté à sa réponse.
— Je te ramène chez toi, quelle est ton adresse ? demanda-t-il.
— Je ne veux pas rentrer chez moi, souffla-t-elle doucement, comme si chaque mot était une épreuve. Je n'aurai pas la force de confronter mes parents ce soir.
Le regard de Namjoon se glissa à nouveau vers le rétroviseur, tentant de capter son expression. Elle semblait, en cet instant, moins une étudiante qu'une jeune femme d'affaires éreintée par les conflits de la haute société et lui son chauffeur privé.
— Pouvez-vous me déposer au Crimson Palace, s'il vous plaît ? poursuivit-elle. J'y passerai la nuit... et demain, j'essayerai de parler à ma famille.
Le Crimson Palace, c'était aussi là qu'il résidait depuis quelques mois, un hôtel qui offrait à ses occupants un refuge discret et luxueux. Un endroit où l'on pouvait se cacher du monde extérieur, du jugement et des attentes. Il comprenait son besoin de se retirer, de trouver un espace loin de tout, même pour une nuit.
Ils arrivèrent dans le parking souterrain, et après avoir coupé le moteur, il sortit de la voiture, ouvrant la portière de Hara pour l'accompagner à l'intérieur. Le hall feutré de l'hôtel les accueillit avec ses lumières tamisées.
Ils montèrent dans l'ascenseur côte à côte, mais aucun mot ne fut échangé. L'engin émit un léger tintement en atteignant leur étage. Le couloir, tout aussi silencieux, se déroula devant eux tandis qu'ils avançaient l'un à côté de l'autre. Sa chambre fut juste face à celle de son proviseur.
Celui-ci lui jeta un dernier regard, cherchant à déceler si elle avait besoin de plus, d'une parole réconfortante, d'une main tendue. Mais elle se contenta de rentrer dans sa chambre et claquer la porte. Une fois seul dans la sienne, le basané resta un instant immobile. Le regard éteint de Hara hantait ses pensées. Mais il ne pouvait pas faire grand chose, tant qu'elle ne l'aurait pas demandé.
Namjoon soupira en arrachant sa cravate avec impatience, la jetant négligemment sur le sofa. D'un geste brusque, il déboutonna son col, se débarrassant de sa veste qu'il laissa tomber sans y prêter attention. Se dirigeant vers le comptoir, il attrapa un verre en cristal, y versa une dose d'alcool, le regard perdu dans ses pensées. L'image de Hwan Shiho, si décontracté malgré la situation, l'énervait.
Il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait bien pu se passer entre ses deux élèves pour que Hara soit paralysée par la peur en présence de Shiho. Elle n'avait même pas tenté de se défendre, malgré les techniques qu'il avait pris soin de lui enseigner. La racine de sa peur semblait bien plus profonde, plus psychologique. Namjoon ressentait un besoin presque urgent de l'aider à s'en libérer.
Après avoir avalé d'un trait le contenu de son verre, il se servit une nouvelle rasade, ses pensées toujours embrouillées. Soudain, son téléphone vibra dans sa poche. Il l'extirpa et fixa l'écran un instant avant de répondre : Baek Soa. D'un mouvement du doigt, il accepta l'appel, portant l'appareil à son oreille tout en se dirigeant vers le canapé.
— Mademoiselle Baek ? répondit-il d'une voix posée.
— J'espère que vous êtes bien rentré ? demanda-t-elle.
— Oui, tout s'est bien passé, répondit-il en s'asseyant sur le canapé, croisant ses jambes sur la table basse.
Il laissa un léger sourire étirer ses lèvres, quoique fatigué, avant d'ajouter :
— Je ne m'attendais pas à recevoir votre appel. Vous ai-je laissé une si grande impression ?
— Effectivement, admit-elle. Quand vous avez soudainement décidé d'intervenir dans les affaires de vos élèves, guidé par ce mauvais pressentiment, mettant fin à notre propre diner, j'ai tout de suite vu à quel point vous vous souciez d'eux. Cela m'a marqué. À mon époque, les adultes dans les écoles n'étaient pas aussi impliqués. Beaucoup d'entre nous ont fini par commettre l'irréparable par leur manque de considération.
Namjoon tourna distraitement son verre entre ses doigts, repensant à la colère qui l'avait envahi en voyant Shiho s'en prendre à Hara. La rédactrice Baek l'avait empêché de réagir avec violence, lui rappelant les risques légaux d'une telle action, surtout face à quelqu'un de la stature de Shiho Hwan. Il soupira, se rendant compte qu'elle l'avait probablement sauvé d'une situation bien plus compliquée.
— Oui, j'ai bien failli... perdre le contrôle, avoua-t-il, un léger rire sans joie s'échappant de ses lèvres. Voir une de mes étudiantes aussi... terrifiée, incapable de réagir, ça m'a mis hors de moi. Je sais que Shiho est intouchable à bien des égards, mais parfois, je me dis que certaines personnes mériteraient vraiment d'être remises à leur place.
Il porta le verre à ses lèvres, avalant une longue gorgée. Son esprit restait bloqué sur la scène où Hara, normalement si déterminée, était restée figée face à Shiho. Cela dépassait la simple peur.
— Vous avez fait ce qu'il fallait, lui rappela Soa doucement. Il n'y a rien de pire que de se retrouver dans une situation où l'on pense pouvoir tout résoudre par la violence. Croyez-moi, je l'ai vu se produire trop souvent dans ce monde.
Namjoon hocha la tête, même si elle ne pouvait pas le voir. Il savait qu'elle avait raison, mais il n'était pas homme à rester les bras croisés face à l'injustice.
— Ce n'est pas que je veuille tout résoudre par la force, expliqua-t-il. C'est juste que, parfois, les mots ne suffisent plus. Quand quelqu'un comme Shiho, qui abuse de son pouvoir, reste impuni, ça... ça vous donne l'impression que vous êtes impuissant, que peu importe ce que vous faites, il continuera.
— Mais vous n'êtes pas impuissant, Namjoon. Vous avez aidé Hara ce soir, même si elle ne l'a pas encore réalisé. Elle sait qu'elle pourra compter sur son proviseur, une figure assez autoritaire pour lui donner de la force d'agir, et cela peut déjà faire toute la différence.
Ses paroles le touchèrent. Soa semblait avoir un don pour trouver les mots justes, pour faire ressortir le positif dans les situations les plus complexes. Il devrait peut-être songer à avoir un vrai rencard avec elle.
— Peut-être, murmura-t-il en reposant son verre.
Il y eut un court silence à l'autre bout du fil, comme si Soa réfléchissait à ses propres souvenirs et luttes.
— Vous savez, commença-t-elle lentement, Hara n'est pas la première jeune femme à se retrouver dans cette situation. Le monde dans-
Soudain, quelqu'un frappa à sa porte. Namjoon fronça les sourcils, fixant un instant l'entrée, avant de s'excuser brièvement auprès de Soa au téléphone. Il se leva lentement, traversant la pièce pour voir qui pouvait bien venir à une heure aussi tardive. Serait-ce Seokjin qui venait combler son manque de sociabilité ? Lui qui adore débarquer pour une partie de beuverie démesurée.
Il s'attendait déjà à le rembarrer en ouvrant la porte d'un mouvement abrupt, mais ce n'est pas le visage de son ami qu'il trouva, plutôt celui d'Hara. Elle était là, dans sa robe noire moulante, l'épaule dénudée attisant les espiègles, les cheveux blonds bouclés ravageant les plus faibles.
Il chercha ses mots, mais avant qu'il ne puisse prononcer quoi que ce soit, elle franchit la distance entre eux. Sans prévenir, elle posa ses lèvres sur les siennes. Le geste fut si inattendu que Namjoon resta figé, son portable glissant lentement de son oreille. Les sons à l'autre bout de la ligne s'évanouirent, mais il n'y prêta aucune attention, son esprit entièrement monopolisé par ce moment.
Hara se laissa emporter par le clair de lune lui faisant prendre de mauvaises décisions. Le doux contact de leur chair était agréable, mais elle le rompit, alors que son proviseur fut déconcerté. En le voyant encore choqué, elle mordilla nerveusement sa lèvre, comme si elle réalisait tout juste ce qu'elle venait de faire. Son visage était marqué par la honte, surtout en percevant ce mutisme trop longtemps préservé par ce dernier.
Namjoon était le seul homme qui ne l'effrayait pas. Le seul dont les touchers ne la dégoutaient pas. Un gentleman qui savait maitriser son sang-froid et agir pour la bonne cause. Combien même sa bienfaisance était de la pure courtoisie envers tout être, elle se sentait en sécurité à ses côtés. Et il a fallu qu'il soit son proviseur, et elle l'étudiante de son université.
Il approcha son téléphone à son oreille pour reprendre l'appel qu'elle avait interrompu.
— Excusez-moi Soa, j'ai eu... un contretemps.
Un contretemps... ce mot ricocha dans sa tête comme une médiocrité qu'elle semblait visiblement illustrer. Elle était juste un putain de contretemps pour lui. Cette phrase fut le facteur des douleurs qu'elle éprouva dans la poitrine. Elle comprit que c'était fini sans même avoir commencé et ça eut l'effet d'un charbon qu'on jetait dans une fournaise en combustion, alimentant sa colère.
— Mons-
Namjoon plaqua son index contre ses lèvres pour l'initier au silence et ça la laissa sans voix. Il échangea quelques politesses avec la rédactrice Baek, tandis que ses yeux furent suspendus à sa bouche. Il se servit de son pouce pour effacer la trace de rouge à lèvre étendue sur les coins charnues de la demoiselle. Ce geste eut le don de faire monter la chaleur à ses joues, enflammant ses fantasmes les plus inavoués.
— Oui, je vous recontacterai prochainement. Bonne nuit, il souffla en raccrochant.
Il rangea calmement son portable, avant de croiser les yeux coupables de son étudiante. Il la força à rentrer à l'intérieur, inspectant du regard s'il n'y avait personne qui les avait vu, avant de fermer la porte derrière lui.
— Park Hara, tu es émotionnellement instable, c'est pourquoi tu as agis avec autant d'inconscience-
— Vous me plaisez, Monsieur Kim.
Namjoon se figea, déconcerté par la confession directe. Les mots s'étranglèrent dans sa gorge, lui manquant complètement sous le coup de la révélation inattendue. Le silence s'étira entre eux, tandis qu'Hara se redressa légèrement.
Elle en avait assez de fuir, assez de refouler ses peurs, ses désirs. Depuis trop longtemps, elle avait sacrifié ses propres envies pour répondre aux attentes des autres, et pour une fois, elle refusait de se censurer.
— Depuis un moment déjà, elle poursuivit, sa voix plus assurée malgré les battements frénétiques de son cœur. Depuis le premier jour, où vous vous êtes présenté à la cérémonie de la rentrée en tant que proviseur adjoint. Et que tout le long, vous avez toujours été impartial dans votre jugement et totalement intègre. Vous ne pensiez qu'au bien de vos élèves et je me suis demandée pourquoi vous vous impliquiez autant.
Namjoon inspira profondément, se pinçant l'arête du nez en un geste d'exaspération. Il cherchait des mots qui ne blesseraient pas, mais qui mettraient fin à cette situation avec la fermeté nécessaire. Car il savait, au plus profond de lui, que c'était impossible. Inacceptable.
— Écoute... commença-t-il, mais elle ne lui laissa pas le temps de poursuivre.
— Vous pensez sans doute que ce que je ressens n'est qu'une passade, des sentiments d'une adolescente confuse, en quête de nouveauté, d'expériences... Mais vous avez tort. J'ai vingt trois ans, et je sais exactement ce que je veux. Ce qui me séduit chez vous, c'est votre maturité, votre galanterie, vos convictions, tous ces qualités qui font de vous la personne que vous êtes.
Namjoon resta un instant pétrifié sous le flot des paroles d'Hara, ses mots s'infiltrant lentement dans son esprit comme une vague qui bousculait ses certitudes. Son regard oscillait entre la surprise et l'incrédulité alors qu'elle s'avançait vers lui, son visage empreint d'une sincérité désarmante.
— Peu importe, continua-t-elle avec une ferveur nouvelle, si vous participez à des combats illégaux, si cette violence vous libère de quelque chose que je ne peux comprendre. Vous n'êtes certes pas parfait, mais la personne que vous êtes maintenant, c'est ce qui compte, et non celle du passé. Vous êtes le seul homme qui ne me dégoûte pas, elle se rapprocha de lui. Le seul homme qui m'attire au point où je suis incapable de penser à rien d'autre qu'à vous. Me poussant à croire que tout n'est pas perdu.
Ces mots furent le déclic d'un mécanisme qui était suspendu dans un flux de temps interminablement éprouvant. Elle venait de remettre en mouvement l'aiguille de l'horloge, jusque-là figée dans l'attente de quelque chose que lui-même ignoré.
Namjoon était incapable de formuler la moindre réponse, les mots refusant de franchir ses lèvres. Ce qu'elle disait allait à l'encontre de tout ce qu'il savait, de tout ce qu'il avait mis en place pour maintenir une distance professionnelle et émotionnelle. Mais là, face à cette déclaration nue et sans artifice, il ne savait pas quoi faire.
— Je me fiche de ce qui vous précède, de l'écart d'âge, ou du fait que vous soyez mon proviseur, poursuivit-elle, sa voix ferme. Ce qui compte, c'est l'humain que vous êtes.
Il aurait voulu dire quelque chose, mettre un terme à cette conversation, mais rien ne sortit. Il se retrouvait désarmé, paralysé par sa déclaration. Son cerveau tentait de trouver un moyen de s'en sortir sans la blesser, sans la rejeter trop brutalement. Mais Hara, voyant ce silence s'éterniser, commença à reculer, les larmes au bord des yeux. Elle était prête à fuir, son corps tendu comme une corde prête à rompre.
— Je comprends que vous n'avez pas besoin de ça. Vous préférez sûrement une femme comme Madame Baek Soa, quelqu'un de fort, de déterminé, pas une fille terrifiée, incapable de se défendre correctement. Mais je devais vous dire ce que je ressentais, même si ça n'a aucun sens pour vous.
Namjoon baissa la tête, frottant son visage avec une irritation visible. Il ne savait pas comment gérer cela. Il était fatigué, irrité même, de se retrouver dans une situation qui le mettait dans une position aussi compliquée, tiraillé entre ce qu'il ressentait et ce qu'il devait faire. Il aurait dû la repousser, lui expliquer qu'elle se trompait, que ce qu'elle ressentait n'était qu'une illusion, un fantasme passager. Mais son silence, lourd et pesant, en disait bien plus qu'il ne le voulait.
Hara se redressa, l'angoisse montant en elle. Son instinct lui hurlait de fuir, de partir avant que l'humiliation ne soit totale. Elle fit un pas en arrière, s'inclinant légèrement dans un geste empreint de respect.
— Je suis désolée de vous avoir dérangé avec mes sentiments stupides. N'y prêtez plud attention, je ne m'attends à rien de vous, murmura-t-elle, la voix tremblante.
Elle se retourna, prête à disparaître, mais à peine avait-elle tourné les talons que Namjoon, d'un mouvement vif, saisit son coude avec une délicatesse inattendue malgré la fermeté de son geste. En la tirant subitement vers lui, sa main, brûlante, glissa jusqu'à sa nuque. Hara sentit un frisson intense parcourir son échine, la chaleur de sa paume la submergeant. L'air entre eux semblait crépiter, chargé d'une électricité qu'il ne pouvait plus ignorer.
Et puis, sans réfléchir davantage, ses lèvres se scellèrent contre celles d'Hara avec une fougue imprévue, presque désespérée. La blondine, d'abord clouée, ressentit un mélange de surprise, d'envie, mais aussi une confusion profonde. Toutefois, ses mains, tremblantes, agrippèrent les pans de la chemise de Namjoon, comme si elle cherchait dans ce moment un ancrage à son propre chaos intérieur.
Leur baiser devint plus intense, plus rude, une attraction brûlante émanait de leurs corps si proches. Il pencha sa tête de l'autre côté, volant ses lèvres à pleine bouche avec une certaine fureur, faisant vaciller le coeur et les jambes de l'étudiante. Elle sentait le goût d'alcool qui s'infusait dans son palais, lui projetant un semblant d'ivresse. Et son dos se retrouva contre le mur tandis qu'il s'écrasa contre elle, de tout son poids.
Les doigts du basané saisirent ses cheveux pour tirer sa tête en arrière, cherchant à accaparer en profondeur sa cavité charnue. Elle voulut respirer, s'écarter, retrouver l'oxygène dont le manque faisait perdre la notion de ses idées. Sauf qu'il ne jugea pas bon de lui offrir un instant de répit.
Et là, une genre de décharge électrique qu'était la voix provenant derrière sa porte, réveilla Namjoon, faisant affluer le bon sens dans son cerveau. Il écarta brusquement leur visage, leurs souffles étant courts et irréguliers. Il posa sa main sur les lèvres de la coréenne, afin de s'empêcher lui-même d'explorer à nouveau sa bouche qui semblait l'implorer de la combler avec sa langue. Mais il n'avait pas droit de répondre à ses prières.
— Monsieur Kim Namjoon, tapa un employé contre sa porte. Monsieur Seokjin voudrait vous voir à son bureau le plus rapidement possible.
Hara, haletante, son corps vibra en réponse à toute cette tension que Namjoon lui a transmis avec son baiser ardent.
— Putain, jura-t-il pour la première fois devant elle, réalisant sa connerie. J'arrive dans cinq minutes !
Elle cligna des paupières, en déglutissant face à son regard aussi intense que ses cuisses victimes d'une canicule insoutenable. À travers ses yeux, elle y vit un brasier sauvage scellé par des chaines qu'il s'efforçait de contrôler.
— Je n'étais pas sain d'esprit en t'embrassant. Ce que tu convoites est inconcevable pour la société, du moins, tant que tu es dans mon université.
Ces mots la firent revenir à la réalité. Comprenant qu'ils franchissaient une ligne entre deux différentes dimensions. Ses muscles se tendirent face à cette prise de conscience. Et pourtant même en sachant cela, elle voulut briser ces conventions sociales. Parce qu'elle l'avait perçu aux creux de ses tripes, cette attraction qui les à tous les deux enivré en ce cours instant.
— Tu ferais mieux de retourner dans ta chambre, dit-il d'un ton plus dur, et oublier ce qu'il vient de se passer.
Sur ces dures paroles, il ouvrit la porte et quitta la pièce en l'abandonnant dans son silage. Hara fut là, ahurie et interdite.
— Jamais.
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J'ai bossé un mois ou deux sur ce chapitre et changé une bonne dizaine de fois son contenu entier ㅠㅠ
J'aime bien developper les personnages secondaires. Surtout qu'ils auront chacun une importance pour la suite de la trame huhuhu
J'kiffe aussi quand les personnages commentent des erreurs qui auront des conséquences, ça donne de la matière sur quoi travailler. Des sujets tabous à explorer. J'ADORE MOUHAHAHAH
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