𝐿𝐼𝐴𝑅𝑆 | 𝐂𝐇𝐀𝐏 • 𝟐𝟏

𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐏𝐋𝐀𝐘 𝐓𝐇𝐄 𝐆𝐀𝐌𝐄
𝐈𝐅 𝐘𝐎𝐔 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐊𝐍𝐎𝐖 𝐓𝐇𝐄 𝐑𝐔𝐋𝐄
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— 𝑖 𝑠𝑤𝑒𝑎𝑟 𝑜𝑛 𝑚𝑦 𝑙𝑖𝑓𝑒 𝑡ℎ𝑎𝑡'𝑠 𝑖'𝑣𝑒 𝑏𝑒𝑒𝑛 𝑎 𝑔𝑜𝑜𝑑 𝑏𝑜𝑦 —







ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ

𝑯 𝒐 𝑾
I N S A N E
𝗶𝘀
𝑚𝜑 𝑓𝜇𝑐𝜅𝜄𝜋𝑔
𝐌 𝐈 𝐍 𝐃

ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ  ᴰᴼ ᴼᴿ ᴰᴵᴱ







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ᵂᴴᴼ'ˢ ᵀᴴᴱ ᴺᴱᵡᵀ ᵀᴬᴿᴳᴱᵀ





      L'HALLUCINATION ;
      Un phénomène fascinant et parfois troublant, est une expérience sensorielle qui trompe la perception sans stimulus externe correspondant. Elle peut se manifester sous différentes formes, que ce soit visuelle, auditive, olfactive, gustative ou tactile, souvent perçue avec une clarté et une réalité saisissantes. Les hallucinations peuvent survenir pour diverses raisons comme des troubles mentaux, des problèmes neurologiques survenu à cause d'un accident violent, d'un stress post-traumatique ou sous l'influence de drogues. Elles soulèvent des questions profondes sur la nature de la réalité subjective et la capacité du cerveau à générer des perceptions erronées, offrant une fenêtre unique sur les mécanismes complexes de la cognition humaine et de ses limites.

Qu'est-ce que tu fais ici ?

Maera tourna la tête, les pieds se balançant dans le vide alors qu'elle était assise sur le bord du toit de l'hôpital. Ses longs cheveux noirs et ondulés, une particularité héritée de sa mère mais qu'elle détestait, étaient soulevés par la douceur du vent. La vue panoramique de la ville s'étendait devant elle, un contraste frappant avec l'agitation de ses pensées. Elle aperçut son grand frère, Yeosob, qui s'approchait avec précaution. D'un bon mètre quatre-vingt-cinq, il attrapa la rambarde avec assurance, passa une jambe par-dessus avec précaution, puis se laissa glisser pour s'asseoir à côté d'elle sur le béton froid.

Hé, soeurette, dit-il en s'installant, ressentant le froid du béton à travers ses vêtements. Tu devrais faire plus attention, tu sais.

Maera haussa les épaules, le regard perdu dans l'horizon. Elle se sentait étrangement calme malgré la hauteur vertigineuse et le vide sous ses pieds.

J'avais besoin de prendre l'air, répondit-elle d'une voix détachée. Ici, au moins, personne ne peut m'atteindre.

     — Pourquoi tu aimes tous ce qui est si dangereux ? il lui demanda, évitant de regarder la distance qui les séparait du sol. Tu n'as vraiment peur de rien, ma parole.

     — Et pourquoi tu as peur de tout ? elle lui demanda en observant les voitures rouler au loin.

     — C'est une bonne chose d'avoir peur, ça nous empêche de commettre des délits, et ça prouve qu'on n'est pas totalement insensible, il lui donna un petit coup de coude.

      En finissant par rencontre son regard, il déglutit car elle semblait le fusiller des yeux.

      — Désolé, ce n'était pas ce que j'insinuais !

Pourtant c'est ce que ta bouche à dit.

Elle allait se lever, mais il la retient en posant son bras sur son épaule afin de la serrer contre soi.

Allez Maera, arrête de toujours faire la tête, au moins avec moi. Dis-moi plutôt pourquoi tu t'es encore disputée avec Mira ?

      Elle fut surprise qu'il ait su pourquoi elle était cette fois en colère et agacée. Il remarqua son expression d'étonnement et compris ses interrogations.

      — Maman est remontée contre toi, alors j'ai compris que Mira a encore fait des siennes.

      — Cette pute-

      — Hé, c'est ta soeur ! il lui fit une pichenette.

Elle gronda en se massant douloureusement le front.

      — Non, c'est une salope qui fait tout pour rendre de ma vie un enfer, elle grogna.

      — Mais qu'est-ce que tu racontes ? il s'offusqua. C'est normal que vous vous disputiez, ça arrive dans chaque famille. C'est pas pour autant qu'il faut la renier de ton coeur et l'insulter quand bon te semble.

      Maera ravala sa langue. Elle ne voulait pas qu'il soit impliqué dans ses histoires dramatiques, qui la faisaient suffisamment chier comme ça. Son frère avait déjà bien assez à gérer de son côté en tant qu'avocat de la famille Hwan. D'ailleurs, si leur mère apprenait qu'il a succomber aux mots mielleux de leur grand-père, pour qu'il rejoigne son camps, elle péterait une durite.

Elle préférait donc éviter de s'étendre sur le sujet et lui montrer à quel point sa vie était un chaos. Elle ne voulait pas voir la déception sur son visage habituellement souriant. Si elle lui racontait la vérité sur tout ce qu'elle endurait à cause de Mira et ses salopes de copines ou de sa mère et d'univers en lui-même, sa perception de la famille se briserait en morceaux et il ne pourrait plus supporter cette vérité brûlante.

      Ce n'est pas grave, elle était habituée, cette dernière ne pouvait pas faire grand chose, après tout, elles étaient mineurs et jumelles. Sa mère trouverait toujours à dire que c'est juste des chamailleries entre soeurs et qu'avec sa fratrie, ça a toujours été comme ça. Il n'y a pas à dramatiser pour si peu. Bien sûr, subir l'humiliation, se faire constamment harceler au lycée parce qu'elle était différente, plus imposante, plus intelligente, plus talentueuse, plus belle avec ses yeux verts... cela étouffait tellement Mira,  qu'elle avait besoin de relâcher sa jalousie en la décrédibilisant auprès du monde qu'elle était censée fréquenter.

      — Tu sais quoi ? Oublie, j'ai pas envie d'en parler, elle gronda en crispant son poing.

Yeosob observa sa sœur avec une tendresse mêlée de préoccupation. Il connaissait bien cette façade qu'elle arborait, ce masque de nonchalance qu'elle portait pour dissimuler ses tourments.

Tu sais que tu peux toujours me parler, ajouta-t-il en posant une main réconfortante sur son épaule. Quoi qu'il se passe, je suis là pour toi.

Maera tourna enfin son regard vers lui, ses yeux reflétant une tristesse qu'elle ne pouvait cacher.

      — J't'en prie, arrête de me repousser. Je ferai mon possible pour soulager le poids de tes peines, soeurette, il attrapa sa main pour la serrer dans la sienne.

     La jeune fille observa leurs mains, sentant presque sa lèvre trembler par l'envie de tout lui dévoiler, mais elle n'avait pas assez de courage pour parler de ce qui peser son coeur. Car cette histoire ne concernait pas seulement sa soeur, ses stupides copines ou sa mère. C'était bien plus profond, bien plus dur à évoquer. Le problème ne disparaitra pas juste parce qu'elle s'est libéré de ses secrets. Et pourtant, elle avait envie de... d'être entendue.

     Lorsqu'elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose, son frère avait disparu. Surprise, son cœur s'emballa, craignant qu'il se soit écrasé au sol pendant qu'elle était perdue dans ses pensées. Un bourdonnement lointain commença à résonner dans ses tempes. Quelque chose n'allait pas, le décor avait soudainement changé.

      — MAERA !

      En se retournant, ses yeux s'écarquillèrent à la vue d'une scène horrifiante. À travers le halo d'une porte, elle aperçut des flammes dévorant le corps de Yeosob, qui hurlait en frappant contre la vitre, la suppliant de l'aider.

      — YEOSOB ! hurla-t-elle.

      Maera se précipita vers la porte, le cœur battant à tout rompre. Ses mains tremblaient tandis qu'elle cherchait désespérément une poignée, une ouverture, n'importe quoi pour libérer son frère. Mais il n'y avait rien. Ses poings frappaient violemment contre le métal impassible, chaque coup résonnant comme un cri de désespoir.

      — Yeosob, je vais t'aider ! cria-t-elle, sa voix brisée par la terreur.

      La chaleur des flammes léchait le verre, distordant la silhouette de Yeosob qui se débattait, ses hurlements déchirant l'air. Maera voyait la chair de son frère fondre sous ses yeux, une vision cauchemardesque qui la rendait folle de terreur. Sa gorge était serrée, chaque cri un effort douloureux.

      — AAAAAH, SOEURETTE, AIDE-MOI, J'T'EN PRIE, J'AI TELLEMENT MAL !!

      Les larmes coulaient sur le visage de Maera, brouillant sa vue. Elle frappait la porte avec une frénésie désespérée, ses poings saignant à chaque impact.

      — YEOSOB, JE VAIS TE SORTIR DE LÀ ! hurla-t-elle, la voix brisée par les sanglots.

      Elle cherchait autour quelque chose et attrapa un bâton qu'elle se mit à cogner avec toute la force contre le verre trop résistant. Il plaquait ses mains contre la vitre, les yeux suppliants, cherchant désespérément une issue. Maera hurlait, frappant avec une force démesurée contre la porte, violant ses propres muscles. Chaque coup résonnait dans un écho de douleur et de détresse. La chaleur intense et l'odeur âcre de la chair brûlée l'entouraient, l'étouffaient. Ses cris se mêlaient aux hurlements de son frère, créant une symphonie de désespoir qui semblait durer une éternité.

Soudain, elle sentit quelqu'un l'attraper par derrière. Elle se débattit, luttant contre l'étreinte, tendant sa main vers son frère. Ses doigts effleurèrent le verre brûlant, laissant une marque sanglante. Sa vue était brouillée par les larmes, mais elle ne pouvait détourner les yeux de la scène horrifiante devant elle.

Maera poussa un hurlement primal, une expression brute de sa douleur et de son impuissance. Elle n'entendait plus rien, que des bruits sourds de vol qui surplombait ses tympans alors qu'elle voyait son frère calciner de l'autre côté, plaquant ses mains contre le halo, avant de commencer à suffoquer.

HAH...

Maera inspira en se réveillant.
Ses yeux s'ouvrirent lentement, clignant plusieurs fois pour chasser les derniers vestiges de sommeil. Sa conscience la ramenait douloureusement à la réalité. En tournant la tête, elle aperçut la lumière de la lune qui pénétrait à travers la baie vitrée de sa terrasse, baignant la pièce d'une lueur argentée. Elle fixa le plafond, le regard perdu dans les motifs familiers, cherchant un ancrage. Puis, avec une lenteur presque mécanique, elle leva ses mains devant elle. Elles tremblaient légèrement, sentant quelque chose de liquide couler sur ses tempes, mouillant son oreiller. C'étaient des larmes silencieuses qui avaient coulé de ses yeux, sans qu'elle ne s'en aperçoive, trop éprise par cette violence qui l'avait étranglée dans son sommeil.

La noiraude attrapa une des gouttes avec la pulpe de son doigt, l'observant avec une fascination morbide.

Ça fait six ans que je n'ai pas pleuré, espèce de traîtresse, murmura-t-elle, la voix emplie de dédain. N'ose plus réapparaître.

Oui, elle parlait à ses larmes, à son corps, à sa conscience qu'elle avait appris à contrôler avec une rigueur impitoyable. Depuis longtemps, elle s'efforçait de ne pas être "sensible" au monde qui, selon elle, n'avait plus rien à lui offrir.

Se redressant lentement, Maera se dirigea vers la terrasse, ouvrant la porte pour laisser entrer l'air frais de la nuit. La brise nocturne caressa son visage, effleurant sa peau comme une main apaisante. Elle s'accouda à la rambarde, regardant les lumières de la ville en contrebas, se perdant dans le spectacle hypnotique des rues illuminées.

Les souvenirs des dernières années défilèrent dans son esprit, des souvenirs qu'elle avait enterrés profondément pour éviter qu'ils ne l'écrasent. La perte, la douleur, les attentes déçues. Tout cela était encapsulé dans chaque larme qu'elle refusait de laisser couler. Elle savait que les cauchemars étaient inévitables, des manifestations de ses démons intérieurs qu'elle ne pouvait pas ignorer éternellement. Pourtant, elle se refusait à céder, à montrer la moindre faiblesse.

Maera resta un long moment immobile, écoutant les murmures de la ville, tentant de retrouver son calme. Elle se força à inspirer profondément, à expulser la tension de son corps. Elle devait être forte, pour elle-même. La vulnérabilité n'était pas une option. Personne ne la sauvera, personne ne la comprendra. Elle est vouée à survivre et mourir seule.

En se retournant pour rentrer à l'intérieur, elle se figea brusquement, exorbitée, elle plaqua sa paume contre ses lèvres pour étouffer un cri qui traversa sa gorge pour atterrir contre sa main. Les frissons parcoururent sa peau, et des minis-secousses attaquèrent ses membres. Elle vit l'ombre de son passé se tenir devant elle, recouvert de brûlure.

Y-Yeosob ?

Salut, soeurette.




Kim Namjoon se tenait debout devant son propre bureau, ses bras tendus en avant, l'une de ses mains posée sur l'autre dans un geste de respect formel. Il sentait tout son corps envahi par une pression impossible à contenir et pourtant, il faisait abstraction à toute forme de tremblement ou de crainte. Son regard était fixé sur l'homme assis dans son siège, le fondateur d'un immense Empire industriel, étant une figure redoutée et respectée à parts égales. Sa présence imposante semblait occuper tout l'espace de la pièce, créant une tension palpable.

Monsieur Hwan Do Jin était un homme aux traits sévères, avec des cheveux grisonnants soigneusement coiffés en arrière. Ses yeux perçants semblaient scruter l'âme de ceux qui avaient la malchance de croiser son regard. Craint par tous ceux qui travaillaient pour lui car il pouvait détruire tout une vie et respecté par ses rivaux, il incarnait l'autorité et le pouvoir absolus. Aujourd'hui, il avait pris le temps de rendre visite au proviseur adjoint, car il avait participé à la création de cette université, un établissement conçu pour faire éclore les meilleurs élitistes de la société. Il avait demandé à rester seul avec lui, faisant sortir tous les autres enseignants et ses propres gardes du corps attendant derrière la porte du bureau.

Namjoon, bien qu'habituellement confiant et assuré dans son rôle de jeune directeur de l'université, ressentait une légère nervosité en présence de cet homme. Il savait que cette rencontre n'était pas anodine. Chaque geste de Monsieur Hwan était calculé, chaque visite soigneusement planifiée pour servir un objectif précis. Le proviseur adjoint s'efforçait de maintenir une posture droite et digne, bien conscient que le moindre signe de faiblesse pourrait être perçu comme une faute impardonnable.

Monsieur Hwan, c'est un honneur de vous accueillir ici, dit Namjoon d'une voix ferme, bien que teintée de respect. Mais que me vaut votre soudainement visite ?

Hwan hocha légèrement la tête, ses yeux perçants ne quittant pas Namjoon une seule seconde.

Je suis venu voir de mes propres yeux les progrès réalisés par cette institution. J'ai de grandes attentes, vous le savez.

Namjoon acquiesça, sentant le poids des attentes de Monsieur Hwan peser lourdement sur ses épaules.

Nous avons travaillé sans relâche pour atteindre l'excellence. Nos étudiants sont parmi les meilleurs du pays, et nous continuons d'innover dans nos méthodes d'enseignement.

Le grand-père de Maera resta silencieux pendant un moment, évaluant les paroles de Namjoon. Puis ses yeux se durcirent légèrement.

Alors pourquoi des rumeurs et des scandales ameutants l'anarchie dans cette école ont atteins mes oreilles ? dit-il d'une voix basse mais lourde de sens, ce qui fit tressaillir Namjoon. Depuis quelque temps, quelqu'un chercherait à nuire à la réputation de Sarang en exposant la vie de certains étudiants problématiques.

Namjoon sentit un frisson glacé courir le long de sa colonne vertébrale. Il avait espéré que ces incidents passeraient inaperçus aux yeux de Monsieur Hwan, mais c'était une illusion. Rien n'échappait à l'attention de cet homme.

Nous avons eu certes quelques incidents récents, mais nous faisons tout notre possible pour maintenir l'ordre et la sécurité au sein de l'université. Je m'assure personnellement de trouver celui qui cherche à renverser l'hiérarchie que vous avez bâti. Quant à Hwan Maera... il choisit ses mots pour ne pas offusquer le fondateur, elle est souvent la source de quelques troubles.

Monsieur Hwan fixa Namjoon d'un silence pesant, cherchant la vérité derrière ses mots. L'adjoint soutint son regard, essayant de transmettre une confiance qu'il ne ressentait pas entièrement.

Et ce malencontreux incident qui lui est arrivé récemment à cause d'un élève qui avait des soucis familiaux, cela ne se reproduira pas. J'ai l'intention d'appliquer un système qui me permettra d'avoir un oeil sur chaque étudiants, de ce qu'ils font à longueur de journée au sein de cette institution, de leur échange via internet. Désormais, rien ne m'échappera, et je pourrai anticiper toutes actions suspects afin de pouvoir discrètement résoudre le problème.

Le directeur Hwan écoutait attentivement, son visage impassible trahissant peu de ses pensées. Le silence qui suivit ses paroles sembla s'étirer, créant une atmosphère presque oppressante. Namjoon sentait chaque seconde peser sur ses épaules.

Monsieur Kim Namjoon, dit-il finalement, les promesses ne suffiront pas. Les actions doivent suivre, et les résultats doivent être immédiats. Les scandales doivent cesser, et l'ordre doit être rétabli, il gronda.

Namjoon sentit une montée de stress mais fit de son mieux pour la masquer. Il savait que le membre de l'aristocratie ne se contenterait pas de mots. Il voulait des résultats tangibles, des preuves de la supériorité de l'université qu'il avait contribué à bâtir. Alors il invita Monsieur Hwan à le suivre jusqu'à une pièce adjacente, une salle de contrôle à la pointe de la technologie qu'il avait récemment aménagée.

      En franchissant la porte, Le fondateur découvrit un mur entier de moniteurs affichant des images en direct de diverses parties du campus. Chaque angle, chaque couloir, chaque espace commun était sous surveillance constante. Le jeune proviseur se dirigea vers le centre de la salle, où une console de contrôle sophistiquée permettait de zoomer, pivoter et analyser chaque flux vidéo.

      — Voici le cœur de notre nouveau système de surveillance, expliqua Namjoon. Grâce à ces caméras et à des algorithmes avancés de reconnaissance faciale, nous pouvons identifier chaque étudiant et suivre leurs mouvements en temps réel. Les logiciels d'intelligence artificielle que nous avons intégrés sont capables de détecter des comportements suspects, comme des altercations, des regroupements inhabituels ou des actions potentiellement dangereuses.

      Il fit un geste vers un écran particulier qui affichait une interface complexe de communication numérique.

      — De plus, nous avons mis en place un système de surveillance des communications. Chaque message envoyé via les réseaux de l'université est analysé par un programme de filtrage qui recherche des mots-clés et des patterns associés à des activités illicites ou perturbatrices. Les données sont cryptées pour protéger la vie privée des étudiants, mais toute communication suspecte est immédiatement signalée à notre équipe de sécurité.

      Namjoon tapa quelques commandes sur le clavier, et une série de graphiques apparut sur un autre écran, montrant des analyses de données en temps réel.

      — En combinant les informations visuelles et numériques, nous pouvons créer des profils comportementaux pour chaque étudiant. Si un individu commence à agir de manière anormale, nous en sommes avertis immédiatement. Cela nous permet non seulement de prévenir les incidents avant qu'ils ne surviennent, mais aussi d'intervenir de manière discrète et efficace. Nous pourrons alors convoquer les étudiants concernés pour des entretiens, les orienter vers des conseillers, ou prendre des mesures disciplinaires appropriées sans alerter tout le campus.

      Monsieur Hwan écoutait attentivement, impressionné par la sophistication du système. Namjoon continua, son ton devenant plus passionné.

      — Je suis convaincu que ce système renforcera la sécurité et l'harmonie au sein de l'université. Il nous permettra de préserver l'intégrité de notre institution et de protéger nos étudiants des influences néfastes. Ce n'est pas seulement une question de surveillance, c'est une question de bienveillance proactive. Nous ne voulons pas seulement punir, mais prévenir, soutenir et guider nos étudiants pour qu'ils puissent se concentrer sur leurs études et leur avenir.

      Namjoon se tourna vers Monsieur Hwan, espérant voir dans ses yeux une approbation pour ces mesures radicales mais nécessaires.

      — Vous pouvez vous comptez parmi les rares personnes que j'ai décidé d'épargner, dit-il enfin, sa voix grave résonnant dans la pièce. Sachez que j'aurais très bien pu achever votre carrière ici, en raison des nombreux scandales qui ont éclaboussé cette école sous votre surveillance et que vous n'avez pas su contenir. Les conséquences auraient pu être désastreuses, mais vous avez démontré une efficacité qui m'ont convaincu de vous accorder une seconde chance.

      — Je vous le promets, Monsieur Hwan. Je serais à la hauteur de vos attentes.

Monsieur Hwan hocha la tête, satisfait pour l'instant. Il tendit la main, et Namjoon la serra avec fermeté, un signe de respect mutuel et de reconnaissance.

Avant que je n'oublie. Faites en sorte d'étouffer l'affaire avec Lee Hyunjun afin que cette histoire n'entache pas la réputation de Sarang, et que les parents ne songent pas à retirer leurs enfants de notre établissement. Ma nièce doit être mise à l'honneur lors de la fête dé fiançaille. Récompensez-la pour son courage et sa noblesse durant cet événement. Elle incarne l'aristocratie, et je veux que chaque personne présente grave dans son esprit que ma famille est intouchable. Quiconque oserait s'en prendre à nous se retrouverait confronté à des conséquences impitoyables.

Namjoon hocha la tête. Puis, sans un mot de plus, il tourna les talons et quitta le bureau, accompagné par le proviseur qui le guidait vers la sortie avant que les autres enseignants ne prennent le relai. L'homme resta immobile un moment, en le voyant s'éloigner. Puis quand la tumulte de la venue du « fondateur » s'éloigna en écho dans les couloirs, il revint vers sa pièce secrète.

      Le jeune adulte s'appuya sur une table en soufflant de soulagement, rassuré d'avoir pu échapper à sa licence. Il tourna sa tête vers ses écrans et observa chacun des élèves se situer dans divers ailes de l'école. En se rapprochant un peu plus du mur, croisant ses bras, celui-ci remarqua la présence de Park Hara qui discutait avec ses amis dans la salle de repos pour les étudiants, riant avec eux.

      Puis il passa sur une autre vidéo, Park Jimin en train de pianoter son nouveau article sur l'ordinateur de la salle journalistique. Min Yoongi qui composait une mélodie dans le studio d'enregistrement musicale. La nouvelle élève Yeo Ruby Jane se pavanant de ses exploits auprès de ses admirateurs. Kim Taehyung était en train de dessiner dans un cours d'art. Choi San en train de faire de l'escrime contre un adversaire. Trois autres nouveaux étudiants qu'il scruta rapidement avant de chercher deux principaux fauteurs de trouble.

      Jeon Jungkook et Hwan Maera, ils n'étaient pas là aujourd'hui, ni les deux derniers jours.

      — Qui que tu sois, Justicier des Déchus, il murmura une promesse, je te coincerai.


      CRIMSON PALACE
Il baignait dans une atmosphère enivrante. La musique résonnait avec une intensité qui faisait vibrer les murs richement décorés. Des serveurs élégamment habillés naviguaient habilement entre les tables, portant des plateaux chargés de boissons raffinées. Les verres cliquetaient, les bouteilles s'ouvraient dans un bruit de libération, et le parfum des cocktails exotiques se mêlait à l'air. La fumée des cigares et des cigarettes s'élevait paresseusement vers le plafond. Depuis le second étage, derrière les fenêtres teintées d'un bureau privé, Seokjin observait ce spectacle avec une attention presque prédatrice. Debout, une main tenant un verre de whisky.

Le bureau était une pièce opulente, décorée avec goût et richesse. Des étagères en bois massif abritaient des livres reliés de cuir et des objets d'art précieux. Un tableau représentant une scène mythologique accrochait le regard derrière lui, ajoutant une aura de grandeur et de mystère à son personnage. Sur son bureau, des documents soigneusement empilés côtoyaient des gadgets technologiques dernier cri.

Il porta son verre à ses lèvres, savourant le goût fumé du whisky tout en continuant de surveiller la foule. De temps à autre, son regard s'arrêtait sur une personne en particulière, évaluant son comportement, ses interactions. Leurs regards se croisèrent, puis le jeune homme s'était soustrait de sa conversation, avant de monter des escaliers. En chemin, il apercevait des clients déambuler dans les couloirs, se dirigeant vers leurs chambres. Au-dessus du bar, se trouvait un hôtel, offrant une intimité pratique pour ceux qui en avaient besoin après une nuit d'adrénaline.

En traversant la passerelle, il jetait un coup d'œil à la fête qui battait son plein en contrebas. Les lumières vives et la musique pulsante créaient une ambiance électrisante, mais à chaque pas, il s'éloignait de cette agitation pour entrer dans un monde plus feutré. En ouvrant la porte du bureau, la cacophonie de la fête s'estompait presque instantanément, remplacée par un silence apaisant.

Il s'avachit sur le canapé, retroussant les manches de sa chemise noire avant de croiser ses jambes sur la table basse. Il tourna la tête vers Kim Seokjin, qui était assis derrière son bureau, une expression indéchiffrable sur le visage.

Qu'est-ce que t'as aujourd'hui Gguk ? Encore de mauvaise humeur ? demanda Seokjin.

Quand est-ce que tu comptais me dire que Hwan Maera va travailler ici ?

Sans attendre de réponse, Gguk prit une boîte de cigarettes demeurant sur le meuble sous ses pieds.

Je comptais le faire.

Hn, soupira-t-il en allumant son mégot avec son briquet. J'vais te la mettre où je pense, cracha Gguk. On avait un accord. C'était les conditions, tu t'en souviens ? De me tenir au courant de toutes les affaires du Crimson.
On est des putains de partenaire ou pas ?!

Ouais, ouais, c'est bon, répondit-Seokjin en se levant pour s'installer en face de lui.

Gguk tira une taffe de sa clope, laissant la fumée s'élever paresseusement vers le plafond. Alors qu'il le regardait se servir d'un verre d'alcool.

Je t'assure que je gère la situation. Je n'aurai jamais accepté qu'elle travaille pour nous, si ce qu'elle nous proposait n'était pas interessant et surtout rentable.

Seokjin le rendit curieux, alors celui-ci alla chercher un document sur la schématique de ses projets et il revint le tendre à son partenaire. Ce dernier, en maintenant sa cigarette entre les lèvres, attrapa le dossier et commença à lire son contenu. Cela le força même à faire tomber ses jambes au sol, en lâchant une dernière bouffée, par l'étonnement.

      — Cette fille est ingénieuse, confia Seokjin avec excitation. T'imagines comment vont augmenter notre gains avec sa vision du divertissement qu'elle propose ?

      — Elle est givrée ouais, confia Gguk en s'énervant.

      — Je pensais que t'allais aimer ses idées, il fit une moue. Elles sont excellentes pour divertir le public ! Un genre de Squid Game mais moins gore et plus safe quoi. Chaque semaine, les événements et les thèmes changent.

      — Hwan Maera est une folle à alliée hyper calée dans l'ingénierie et se trouve obligée d'étouffer un tel talent car son grand-père a d'autres projets pour elle. Mais je ne pense pas que ce « loisir » qu'elle suggère soit anodin.

      Son acolyte était perturbé par ses propos, ne comprenant pas où il voulait en venir. Gguk vit son expression rempli de question et soupira en posant le document sur la table, écrasant sa clope dans le cendrier.

      — Il y a six ans de ça, cette femme a créé pour un projet de classe, un escape game. Mais il a été refusé par ses professeurs car ça sortait du cadre de leur consigne et de l'éthique. Alors elle l'a testé sur nous, on a failli y laisser la peau. Elle n'avait que dix-huit ans à l'époque, confia Gguk. Imagine à quel point sa fantaisie a évolué depuis ?

      Seokjin fut surpris de cette révélation, il en déglutit, imaginant à quel point cette femme devait être tordue et intelligente. Il n'en savait rien, puisque son seul nom était déjà un privilège pour l'embaucher.

Et il y a un an... elle a crée un nouveau genre de jeu qui a coûté le coma à... Gguk s'agaça en crispant son poing. Putain, on est vraiment dans une impasse. La virer sera impossible sinon elle creusera bien profond et finira par découvrir le laboratoire souterrain et le but de la conception des bonbons cerises.

      — Alors qu'est-ce qu'on fait ? Dans tous les cas, toi-même tu l'as dit, elle nous sera fatal. demanda Seokjin.

      Gguk se mit à faire les cent pas en fourrant ses doigts dans sa crinière. Il renversa sa tête, n'arrivant pas à trouver une solution.

      — C'est Jungkook le plus intelligent de nous, il va trouver quoi faire. Tu vas devoir tout lui raconter quand je vais me retirer, s'assit Gguk sur le canapé. Tu as bien intérêt à lui transmettre chaque détails.

      Ce dernier hocha la tête, puis le vit se détendre, et d'un coup, il y eu un très faible sursaut presque imperceptible. La personne en face de lui cligna quelques secondes des paupières, avant d'examiner le décor et finir par dévisager Seokjin qui était à chaque fois impressionné par ses switchs.

      — Jungkook ? il demanda prudemment.

      — Oui, il sortit son portable de la poche pour vérifier la date et l'heure. Il m'a volé deux jours cet enfoiré. Il continue de ne faire qu'à sa tête.

      Il alla se lever en composant le numéro de Maera pour savoir où elle était.

      — Jungkook, on a un gros problème.

      Le noiraud croisa ses yeux en s'arrêtant dans son élan, le téléphone encore suspendu à son oreille. L'expression de son partenaire alimentait son mauvais pressentiment, et quand il entendit à l'autre bout du fils, la voix de sa camarade, il raccrocha.

   


       Taehyung avait apporté avec lui un panier chargé de café fraîchement préparé et de viennoiseries alléchantes lorsqu'il arriva devant la majestueuse demeure des Hwan. Les domestiques, qui le connaissaient bien en tant que futur fiancé de leur jeune maîtresse, l'accueillirent avec des sourires réservés, mais avec un brin d'inquiétude dans les yeux. Celui-ci n'avait pas eu de ses nouvelles pendant une semaine, et aujourd'hui, c'était leur fête de fiançailles.

Il semble que Mademoiselle soit dans une humeur exécrable ce matin, Monsieur Kim, murmura l'une des salarié en l'escortant vers l'escalier menant aux chambres de cette dernière.

Elle serait nerveuse à cause de notre soirée ? Ce n'est même pas le jour de notre mariage pourtant, il plaisanta.

Et bien, Mademoiselle a refusé qu'on vienne la déranger. Elle jetait des objets dans tous les sens en hurlant, criant et parlant dans le vide. Elle n'a même pas voulu voir son amie Hara qui s'inquiète pour elle.

      — Et ce genre de comportement lui arrive souvent ? il demanda en arrivant à l'étage.

      — La dernière fois qu'elle a eu cette crise... elle se pinça la lèvre. C'était quand son frère est mort.

      — Elle avait un frère ? il fut étonné.

      L'employée regarda de droit à gauche, afin de s'assurer qu'elle n'était pas trop indiscrète.

      — Son grand frère était un avocat qui travaillait pour la famille Hwan, mais personne ne devait connaitre leur lien afin d'éviter que la mère de Mademoiselle s'en mêle. Puis, une tragédie est survenue, et il a été retrouvé brûlé. Mademoiselle l'a vu de ses propres yeux mourir. Le malheur s'est enchainé et sa soeur jumelle s'est suicidée trois semaines plus tard. Son père a eu une crise cardiaque, et sa mère a complètement perdue l'esprit suite à ces malheureux événements...

      Après ces événements tragiques qui firent la une des journaux, Maera était considérée comme maudite. Tous ceux qui osaient se rapprocher d'elle finissaient par se blesser ou mourir dans des circonstances cruelles et inexplicables. Les gens superstitieux, terrifiés par cette série de calamités, préféraient garder leurs distances, fuyant toute source potentielle de malédiction. Des rumeurs ont mêmes immergé comme quoi, elle les a tué pour l'ascension.

Taehyung ressentit un pincement au cœur en découvrant cette sombre réalité. Cette révélation funeste aurait pu pousser n'importe qui au désespoir, voire à mettre un terme à sa vie. Pourtant, Maera avait transformé cette douleur en une force inébranlable, fortifiant son esprit jusqu'à le rendre impénétrable. Il comprenait désormais pourquoi elle semblait si détachée, si insaisissable.

       Son attitude cynique et son comportement cinglant n'étaient pas simplement des traits de caractère, mais le résultat d'années de souffrance et de résilience. Chaque épreuve qu'elle avait endurée l'avait forgée, affinant son esprit comme on aiguise une lame. Ou peut-être, pensait-il avec une pointe de mélancolie, était-elle simplement née ainsi, une âme solitaire destinée à naviguer dans un monde qui ne la comprenait pas.

      Le blondin parcourut rapidement le couloir, arrivé devant la porte de la chambre de sa fiancée, il frappa doucement, mais il n'obtint aucune réponse. Inquiet, il décida d'entrer doucement. La pièce était plongée dans une semi-pénombre, les rideaux tirés fermement pour bloquer la lumière du matin. Des livres, des verres de vases et des vêtements semblaient être jetés négligemment sur le sol.

      — Maera ? appela-t-il doucement, ses yeux s'adaptant lentement à la faible lumière ambiante. C'est Taehyung. S'il te plait, me balance rien dans la gueule, mon visage c'est mon gagne pain, tenta-t-il de détendre l'échange.

      Aucune réponse. Il remarqua un mouvement sous les draps du lit.

      — Pourquoi tu te caches sous les draps ? demanda-t-il, s'approchant du lit avec précaution. T'es revenue à ton enfance ?

     Elle ne répondit pas, mais il pouvait sentir une tension étrange dans l'air, comme si elle allait surgir pour l'assommer. Avec un soupir, Taehyung tira doucement les rideaux pour laisser entrer la lumière du jour, illuminant la pièce d'une douce lueur.

      — Je t'ai apporté quelque chose à manger. Tu devrais sortir de là et prendre un peu de café. Ça va peut-être te faire du bien.

      Elle resta immobile, visiblement en proie à une détresse intérieure qu'elle ne voulait pas montrer. Taehyung savait qu'il devait être patient, mais aussi persévérant, alors il se pencha vers elle, essayant de tirer sur le drap doucement.

      — Je sais que le médecin t'a dit de ne pas faire trop d'effort et te reposer. Mais là, ça fait une semaine.

      Toujours rien, il allait retirer le draps encore un peu, la patience atteignant sa limite.

      — Je ne te demanderai pas de me donner des explications sur ce qui te tracasse. J'ai juste besoin de m'assurer que tu es en vie...

      Il tapota doucement son doigt contre sa silhouette, espérant la faire réagir.

      — Je te rappelle qu'on est des partenaires. On s'entraide à rester sur la surface de ce monde cruelle. Alors s'il te plait, tu veux bien faire l'effort de me donner un signe de vie avant que j'appelle les pompes funèbres ?

     Son coeur s'emballa, craignant de la découvrir morte sous le linge, car peut-être sa blessure s'est réouverte et qu'elle a perdu du sang.

      — Mon coeur ?

Là, il l'entendit soupirer, un long souffle de résignation. Doucement, elle baissa le tissu, dévoilant deux petites sphères vertes qui s'efforçaient de s'adapter à la violente lumière émanant de la baie vitrée. Les rayons du soleil se reflétaient dans ses iris, leur donnant une lueur presque éthérée, tandis qu'elle plissait les paupières pour atténuer l'éclat aveuglant.

Je t'ai dit de ne pas m'appeler mon coeur, elle grogna.

Tu veux que je t'appelle Honey peut-être ? il sourit, amusé. Darling ? Sweetheart ? Désolé mais j'essaie d'être le plus aimable possible.

Elle se redressa difficilement, chaque mouvement provoquant une grimace alors que ses muscles tiraient douloureusement autour de sa blessure. Ses yeux parcoururent la pièce, scrutant chaque recoin à la recherche d'une présence familière ou menaçante. Lorsqu'elle constata qu'elle était seule, sa poitrine s'affaissa de soulagement, laissant échapper un souffle qu'elle ne savait même pas retenir.

Donne-moi un ordre, et j'irai massacrer Kook. C'est à cause de lui que t'es dans cet état non ?

     Il ajusta soigneusement le coussin derrière son dos, et Maera suivit ses gestes du regard, légèrement perturbée par cette bienveillance inhabituelle. Taehyung n'était pas du genre à se montrer attentionné; lui, c'était plutôt un connard. Ou peut-être c'était une façade soigneusement construite, dans l'espoir de séduire celui qui était, par nature, véritablement cruel. Ses pensées tourbillonnaient, essayant de comprendre ce qui motivait réellement l'héritier à agir de la sorte.

Non, il n'a rien à voir, enfin, du moins, pas directement.

Taehyung se dirigea vers la table où il avait posé un panier de gobelets, en prit un et le tendit ensuite à Maera. Elle l'observa quelques secondes, ses yeux fixés sur le mug comme si elle cherchait à percer un mystère. Voyant son hésitation, il insista, bougeant légèrement la main pour l'encourager. Finalement, elle céda, tendant la main pour accepter le café, intriguée par cette attention inattendue.

      — Qu'est-ce qu'il te prend ? elle fronça les sourcils. Pourquoi t'es tout d'un coup, au petit soin avec moi ? J'aime pas trop ça.

      — Yah, on va se marier, c'est normal que-

      — C'est un arrangement Tae, notre contrat ne t'oblige pas à mettre en scène toutes ces futilités, pour être dans mes grâces, ou je ne sais ce que tu cherches à faire, elle confia calmement.

     Le concerné la scruta tandis qu'elle avalait son café, faisant d'abord une petite grimace avant de finir par apprécier son goût. En la voyant repousser son amabilité, il se rendit compte qu'elle n'avait jamais été habituée à un semblant de tendresse ou d'attention. Elle avait probablement dû prendre soin d'elle-même depuis son enfance. Contrairement à lui, dont les parents, bien qu'imparfaits, s'étaient toujours souciés de son bien-être et de son avenir dans la société, craignant que le monde le rejette pour sa différence.

Mais elle, son regard, portait une solitude si profonde qu'elle semblait capable de faire pleurer son âme. C'était le même regard qu'il avait souvent vu chez Jungkook lorsqu'ils étaient plus jeunes, des yeux qui parlaient de vies vides et d'existences vécues de manière machinale, sans véritable joie ni chaleur. Peut-être que c'était l'un des attrait qui l'avait captivé chez ce fou.

Le blond s'assit au bord de son lit, suffisamment près pour mieux contempler ses traits. Maera arqua un sourcil, le voyant tenter de percer les défenses qu'elle avait vigoureusement érigées. Lorsqu'il leva sa main vers son visage, alors que les siennes se réchauffaient autour de sa boisson chaude, elle fit un mouvement de recule pour l'empêcher de la toucher. Ce geste aurait dû le dissuader, et sa paume resta suspendue un instant dans l'air, mais le contact visuel qu'ils partagèrent lança un assaut de frissons le long de sa colonne vertébrale.

Elle ne dit rien, curieuse de savoir ce qu'il cherchait à faire, et ce silence le poussa à frôler sa joue du bout des doigts. Il sentit un souffle traverser ses lèvres, et bizarrement, son cœur s'emballa à cette simple et légère agitation de l'air qui provenait d'elle. Ses cheveux, tels des plumes de corbeau, ondulés et légèrement ébouriffés, encadraient une peau pâle et un visage saturé par la fatigue. Ses paupières inférieures étaient faiblement bouffies et ses lèvres roses, gonflées, ajoutaient une touche de vulnérabilité à son apparence.

      — Qu'est-ce que tu fais ? elle demanda.

      — C'est fou, t'es plus belle sans ton maquillage. Genre vraiment au naturel, t'es parfaite.

Le contraste entre sa beauté éthérée et l'épuisement visible sur son visage éveillait en lui un désir étrange. Et dans ce chaos d'interrogation, il se surprit à éprouver une affection sincère pour elle, un désir de percer cette carapace et de découvrir la véritable Maera, celle qui se cachait derrière les sarcasmes et l'indifférence apparente.

Si tu continues à dire des évidences qui sautent aux yeux, je vais finir par croire que je te plais.

J'suis juste fier d'avoir comme futur épouse une beauté assortie à la mienne. Au moins, tu ne me feras pas trop d'ombre.

Elle leva les yeux au ciel, laissant échapper un faible mais minuscule sourire qu'il ne manqua pas de remarquer, ce qui le ravi, bien plus qu'il ne le crut.

Si tu ne te sens pas bien, on peut repousser la fête de ce soir.

Je n'ai pas vraiment le choix, mon grand-père a fait venir des figures importantes à qui il veut me présenter comme le portrait de la Joconde au visiteur de notre musée chaotiques. Il attend beaucoup de cette union. Et je ne peux pas me permettre de tout faire foirer, j'ai besoin qu'ils me repèrent.

D'accord, je t'aiderai.

Maera se souvint alors de quelque chose, de cette nouvelle information qu'elle détenait sur Jungkook. En considérant son fiancé boire son café, elle se rappela qu'ils se connaissaient depuis longtemps, et qu'elle n'a jamais vraiment demandé plus de détails.

Jeon Jungkook, il vient d'une famille riche non ?

Taehyung se figea, des frissons froids parcoururent son dos, craignant d'en révéler trop.

Pas la peine de chercher à me cacher la vérité. Je sais déjà bien suffisamment sur lui.

Cela l'interpella, il arqua les sourcils.

À... quel point ?

Je sais qu'il étudiait au lycée Jeonson avec toi et Shiho. Que son oncle a été arrêté pour trafic humain. Suite à ça, il a perdu tous ses actions. Jeon a ensuite disparu de la surface et tu n'as plus eu de ses nouvelles. Mais je me rappelle d'un détail que tu m'avais révélé, lors de notre premier rencontre, ses yeux scintillaient. Qu'une certaine année, il s'est complètement renfermé, qu'il a changé du jour au jour. Tu te souviens ?

Le blondinet se frotta la nuque nerveusement en évitant ses yeux, mais elle saisit sa mâchoire fermement pour le forcer à soutenir son regard.

Ce changement brusque, c'était parce qu'il a développé un trouble dissociatif de l'identité. C'est pour ça que tu m'as dit de ne pas tomber amoureuse de lui car ça fera mal ? Parce que celui qui te plait vraiment, c'est l'une de ses identités ?

      Voilà qu'elle savait maintenant. Ce dernier se pinça la lèvre, hésitant de confirmer ce fait.

      — Que comptes-tu faire avec cette information ? il souffla.

      — Je sais que si le comité de Sarang découvre qu'un étudiant avec un passé trouble, un handicap mental et un comportement agressif, en plus de dealer des substances illicites aux autres élèves pour corrompre leur avenir, fréquente leur établissement, il sera exclu sans la moindre hésitation. Les règles sont strictes et ne laissent aucune place pour ceux qui ne sont pas parfaitement sains d'esprit.

Ce discours eut le don de piquer à vif les nerfs de son partenaire.

Jungkook n'est pas un monstre, aussi arrogant et désagréable puisse-t-il être, gronda Taehyung en serrant les dents. Imagine à quel point cela doit être insupportable de vivre avec des identités multiples qui te volent ton temps, tes souvenirs. Se réveiller dans des endroits inconnus, ne jamais avoir de contrôle sur ses propres actions, même s'il lutte désespérément pour y parvenir. À sa place, je ne tiendrais pas longtemps.

Maera ne fut pas surprise par cette défense véhémente pour Jungkook ; elle comprenait que cela découlait des sentiments que Taehyung nourrissait pour lui. Elle l'écoutait avec une attention mesurée, consciente des défis monumentaux que son camarade devait affronter quotidiennement en raison de sa pathologie. Elle-même n'était pas étrangère à la complexité des troubles mentaux. Sa propre incapacité à ressentir des émotions, à éprouver de la compassion, la rapprochait dangereusement de la sociopathie. Elle savait pertinemment que tuer quelqu'un ne lui ferait ni chaud ni froid.

Peut-être, murmura-t-elle finalement, sa voix trahissant une rare inflexion de douceur, peut-être que nous sommes tous un peu brisés, chacun à notre manière.

Elle détourna les yeux, fixant un point invisible dans la pièce, son coeur s'emballa à la vue d'un passé, tandis que Taehyung, toujours assis en face d'elle, la regardait avec regret, ne voulant pas paraître insensible à sa douleur. Il saisit sa main, capturant à nouveau son attention.

Maera, je-

Et je peux te garantir que je serais la dernière personne à le juger, elle l'interrompit, si Jeon n'avait pas l'intention de me nuire. Il me l'a de nombreuse fois confirmé. Le jour où Lee Hyunjun m'a tiré dessus, il était là.

      Taehyung fut exorbité, puisque cette information n'a pas été révélée.

      — Tu sais quel était son premier réflexe quand je me vidais de mon sang ? elle haussa les sourcils, tandis qu'il l'écouta attentivement. Me demander si je voulais mourir, ou être sauvé, elle s'indigna. Il hésitait, ce qui veut dire qu'il avait l'intention dès le départ, de me détruire. Il me l'a dit lui-même. Que si je découvrais la vérité sur lui, je le haïrai.

Quelle vérité ?

      Maera se tut, consciente qu'il était impossible de révéler à Taehyung ses actions passées. L'aversion de Jungkook envers elle était compréhensible pour ceux qui ignoraient les détails de ses manigances. Ce jeu qu'elle avait initialement conçu pour le divertissement s'était transformé en un piège cruel, utilisé pour contraindre le neveu d'un meurtrier et d'un violeur à trahir sa famille et à subir lui-même des pertes dévastatrices. On lui avait souvent répété que la pomme ne tombait jamais loin de l'arbre, une vérité amère qu'elle connaissait trop bien.

      Le soucis, c'est que Maera ignorait complètement que c'était Jeon Jungkook qu'elle avait maltraité lors des jeux. Elle ne connaissait même pas son prénom, puisqu'elle l'avait juste nommé : L'héritier déchu de Jeonson, un nom qui l'a précédé au lycée. Manifestement, d'une manière ou d'une autre, ce dernier avait découvert son rôle central dans ce plan, même si elle n'avait pas agi seule, influencée par une voix insidieuse qui avait manipulé son esprit pendant des années.

      Alors Jungkook a surement commencé à nourrir une vengeance à son égard et celui de sa famille.

« ㅡ Lorsqu'on a couché ensemble, tu savais qui j'étais ? avait demandé Jungkook un jour. Ou cette nuit j'étais une autre de tes parties de chasse à l'homme.
J'ignorai absolument qui tu étais. Je t'ai vu, je t'ai voulu et je t'ai obtenu. Ça s'arrête là.
Et, il murmura en se penchant à son oreille, qui te dit que c'est toi qui m'a obtenu ? »

Ce souvenir s'était immiscé dans l'esprit de Maera avec une intensité troublante et dévastatrice. C'était comme si toutes les pièces d'un puzzle complexe commençaient enfin à s'assembler. Elle comprenait désormais que Jungkook avait méthodiquement tissé leurs interactions, orchestrant chaque pas de leur relation avec une précision calculée. Peut-être avait-il même maitrisé la situation pour la pousser à solliciter son aide dans la quête du Justicier des Déchus. Et si, en réalité, il était ce Justicier, comme elle avait osé le soupçonner dès le début ?

L'impact de cette révélation laissa l'aristocrate bouleversée. Son esprit tourbillonnait de nouvelles questions, ses pensées se heurtaient à la réalité. Elle avait cru contrôler la situation, mais maintenant, elle comprit que Jungkook manipulé les événements.

      Sa respiration s'accéléra, un souffle court et irrégulier qui semblait s'échapper malgré ses efforts pour le retenir. Son cœur battait avec une intensité presque douloureuse, tambourinant contre sa poitrine comme pour tenter de s'échapper de sa cage thoracique. Les mains crispées autour du gobelet, elle sentit le café chaud se répandre maladroitement entre ses doigts, une tâche brune se formant lentement sur le sol.

      La pièce tourna légèrement autour d'elle, une sensation de vertige la saisissant. Son camarade, non, son ennemi, avait préparé le terrain pour détruire tout ce qu'elle avait bâti pour s'élever au sein de la famille Hwan, et maintenant cela semblait s'effriter sous ses pieds. Les implications de ses propres actions, de ses alliances, de ses choix, des mensonges et les manipulations auraient des conséquences irréversibles. Son esprit était une toile d'araignée complexe de dilemmes moraux et de stratégies de survie, où chaque fil tiré risquait de tout faire voler en éclats.

      — Et ben soeurette, elle entendit à nouveau la voix de Yeosob qu'elle s'efforça d'ignorer. On commence enfin à éprouver de la peur ?

      Tais-toi, elle pensa furieusement.

      Maera lutta pour reprendre son calme, tentant de refouler l'angoisse et la colère qui menaçaient de l'engloutir. Se faisant violence pour faire disparaître le fantôme de ses cauchemars qui prenait le malin plaisir de la narguer, puisqu'il était revenu des morts, pour hanter son esprit, touché par ce fichu stress post-traumatique provoqué par la balle qu'elle avait reçu, déclenchant des hallucinations.

Maera, qu'est-ce qu'il t'arrive ? s'inquiéta Taehyung en la voyant paniquer pour la première fois.

Jungkook, je sais ce qu'il compte faire. Je me demandais bien pourquoi il était si calme quand il a appris qu'on allait se marier, elle haleta. Il va tout faire pour gâcher cette fête. Il doit certainement savoir que mon grand-père fera venir des personnes influentes et que j'ai l'intention de me servir d'eux pour...

Elle se tint la poitrine, incapable de retrouver sa respiration.

Enfin quelqu'un qui va te faire redescendre sur terre, croisa Yeosob les bras.
    
Je ne le laisserai pas ruiner tout ce que j'ai fait pour en arriver à là ! elle lui cria dessus.

Taehyung fut surpris en la voyant parler au vide, il chercha le point qu'elle fixait.

Doucement, soeurette, tu vas effrayer ton fiancé, il sourit. D'ailleurs, je te parie qu'une fois marié avec toi, lui aussi, il voudra sauter du toit ? Ou il va opter de brûler pour ne plus souffrir ?

ARRÊTE ! elle ferma les yeux. Je t'ai dit de partir ! elle attrapa le gobelet qu'elle balança vers lui. Retourne d'où tu viens !

      À ces mots, il sembla se dissiper dans l'air ambiant. Maera garda les yeux fixés sur les rideaux, tentant de retrouver son calme. Les battements de son cœur résonnaient encore dans ses oreilles, témoignant de la fureur et de la frustration qui la tourmentaient.

      Elle sentait le besoin pressant de se libérer de cette tension, de purifier son esprit et son corps. Sans plus attendre, elle se débarrassa de sa robe en la laissant tomber au sol avec dédain.

      — Je vais prendre ma douche, attends-moi ici, déclara-t-elle d'une voix tendue. C'est moi qui détruira en première ce connard de Jeon.

      Taehyung ouvrit la bouche pour répondre, mais elle ne lui laissa pas le temps. D'un pas déterminé, elle se dirigea en sous-vêtements vers la salle de bain, claquant la porte derrière elle avant qu'il ne puisse insister davantage.

      — Bon sang... Qu'est-ce qu'il se passe...


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J'SUIS EXCITÉE

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