𝐿𝐼𝐴𝑅𝑆 | 𝐂𝐇𝐀𝐏 • 𝟎𝟓
𝐋 𝐈 𝐀 𝐑 𝐒
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⟅⟆ :make me: . . ⇢ ˗ˏˋ fuck me ˎˊ˗ ꒰
𝐼 𝐶 𝑂 𝑁 +⁺ 𝑨 𝑫 𝑫 𝑰 𝑪 𝑻 𝑰 𝑶 𝑵
ㅡ 𝐈 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐇𝐀𝐕𝐄 𝐀 𝐃𝐈𝐑𝐓𝐘 𝐌𝐈𝐍𝐃
𝐽𝑈𝑆𝑇 𝐴 𝑆𝐸𝑋𝑌 𝐼𝑀𝐴𝐺𝐼𝑁𝐴𝑇𝐼𝑂𝑁 ㅡ
〤
burn the way I love, burn the way I kiss
feel like I'm alive, feel like I'm dead
༗
YOU are the sin of 𝑮𝑶𝑫
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LA FOLIE
Certains disaient qu'une fois étant proie de son sort, elle emportera leur raison en enfer. Ils propageaient que cela altérait les facultés mentales du sujet, le forçant à enfreindre des normes sociaux, tout en dégradant la conscience de son porteur. Et pourtant, c'était souvent de ses lèvres que la vérité prenait sens. Mais personne n'avait envie de croire les paroles d'un malade, car il était possédé par un démon essayant d'égarer ceux étant sains d'esprits. Son invasion était un défaut psychique foudroyant, des antécédents héréditaire ou provoqué par des événements déplorables. C'était l'expression d'une démesure incontrôlable enfouit dans la profondeur des balafres de nos âmes.
Elle n'épargnait aucun être qui avait un sens commun, que cela soit des illustres inconnus ou même des figures de renommées, elle était difficile à appréhender par la raison. À son exposition sous certaines formes, que ça soit artistique ou physique, elle était le reflet d'une extrême souffrance gardée dans un profond mutisme. Elle finissait par manifester un délire débordant, provoqué par la société elle-même. Chaque questionnement de la vie et des circonstances traumatisantes suscitaient un dérèglement psychologique du patient.
Avec le temps, Maera s'était convaincue que ses réflexions allaient au dessus des idées sociaux, d'un dogme établi par ceux qui avaient suffisamment de ressource pour l'ériger au fil des années. La folie était le jugement qu'on lui attribuait souvent, par défaut de ne voir que le bout de leur nez. Mais seul un fou voyait au delà des préjugés, au delà de toute conformité que les plus hautes figures conviaient à adopter. Parce que l'esprit déployait les questions les plus pertinentes et pour les expliquer, il n'y resterait qu'une marré d'énigmes, toujours à dénouer.
Le fou voyait la transparence de la réalité, mais encore la réalité était attachée au regard de l'Homme qui lui-même n'appliquait que ce qu'il comprenait. Et faute de ne vouloir saturer davantage d'interrogation sur la conception de l'essence même qu'il représente, il étouffait la recherche de la vérité. Nous ne sommes pas fait pour ce monde, et la nature ne cessait de nous le répéter. Et seul l'esprit troublé, débridé à tort et à travers y voyait cette évidence que bon nombre ne voulait entendre. Ainsi se voyait Maera, la source d'une démence qu'elle seule pouvait comprendre et gérer.
Cette dernière observa son ami dormir enroulé d'une couverture, après avoir passé une heure dans la baignoire à pleurer et se remémorer de ce traumatisme qui allait la poursuivre quelques temps avant qu'elle ne comprenne qu'elle ne craignait plus rien. Elle s'était assurée de lui dire que ce qu'il s'était passé n'était pas sa faute, qu'elle ne devait surtout pas croire que les actions d'autrui provenaient d'un comportement déplacé de sa part. Et qu'elle fera en sorte que ces ordures ne puissent plus jamais lui faire du mal. Après avoir été forcé par Hara de rester avec elle, Maera lui donna des somnifères car celle-ci n'était pas parvenu de trouver le sommeil, trop tétanisé de revivre le même soir.
Désormais l'étudiante était comme assommée, et c'était mieux ainsi, afin que cette nuit soit maintenant derrière elle. Mais ce n'était pas le cas de l'aristocrate qui ferma la porte avant de se rendre dans la salle de bain, où elle observa à travers le miroir, le sang d'un agresseur circuler sur son minois. Elle effleura chaque petite goutte séchée sur sa peau en se souvenant encore de cette excitation qu'elle avait ressenti en étant à deux doigts de buter cet homme. Elle ne l'avait pas spécialement cogner par pur plaisir, non, elle l'avait utilisé comme un sac de frappe sur lequel elle pouvait extérioriser sa colère accumulée de toute la journée.
ㅡ Hé, se tint Jungkook au seuil de sa porte. C'est à ton tour.
ㅡ Quoi ? elle se tourna vers lui.
ㅡ T'es pas allée de main morte, il pointa du menton les blessures de sa main. Viens, il mut sa tête pour qu'elle le suive.
La demoiselle soupira en baissant son bras avant de le rejoindre dans la pièce à vivre, où elle prit place sur le sofa. Il y avait plusieurs matériaux de soins posés sur la table basse qu'elle avait utilisé pour s'occuper des petites lésions d'Hara, ayant été dans un transe tellement elle revivait cet instant de barbarie.
Jungkook plia sa jambe pour s'asseoir à son tour, attrapant un antiseptique et un coton sur lequel il versa le liquide marron, avant de prendre la main de cette dernière. Il épongea doucement ses plaies sèches, ouvertes et ensanglantées. Elle l'observa faire dans un mutisme qu'ils partageaient quelques minutes.
ㅡ Pourquoi tu n'as pas fui en me voyant disjoncter ?
ㅡ J'ai vu bien pire, que j'en faisais des cauchemars.
ㅡ Et là, t'en fais plus ?
Le loup solitaire se tut en arrêtant de bouger, il se rappela de toutes ces nuits en sueur, et de ces moments de paralysie qui le rendait fou. Il enroula la bande autour de sa main, sans répondre. Elle fut alors curieuse, mais il ferma le sujet avant même qu'elle ne puisse s'y aventurer.
ㅡ Pourquoi t'étais dans cet état ? il demanda.
ㅡ Ils se sont pris à Hara.
ㅡ Non, j'crois pas que ton défoulement sur ce type était dû à leur comportement, il leva ses yeux vers elle. Ta rage n'était pas lié à eux. C'était plutôt quelque chose de personnel.
Maera souffla intérieurement, elle détourna le regard afin d'éviter la pression de ses prunelles. Car il n'avait pas tort, sa raison n'avait plus répondu à aucune loi de moralité à cet instant. La fureur qui s'était répandue dans les canaux de son organisme était un jaillissement de son esprit, de ses souvenirs perturbés par les vices, de chaque parole blessante qui avait brûlé ses oreilles, de chaque mot qui avait criblé sa peau, de ces horribles agissements qui avaient heurtés son corps, de ces longues lames qui avaient transpercé de nombreuses fois son coeur. De la nature humaine qui la rendait nauséabonde.
Elle n'avait pas envie d'en parler, de lui révéler le néant qui évoluait dans sa poitrine au fur et à mesure qu'elle respirait, bouffant la moindre magnanimité qui lui restait. La jeune femme préféra garder le silence, pour ne pas susciter sa pitié, car elle détestait ça. Jungkook n'insista pas, il prit une lingette et tira Maera vers lui, elle fit un bond inattendu et se retrouva penchée dans sa direction. La force qu'il a usé pour la rapprocher de lui la laissa de quelque peu perplexe, il semblait être assez râblé. Ce dernier essuya les traces de sang sur sa figure, commençant par sa tempe.
ㅡ Tu sais, il entama, d'habitude, ce sont les mecs qui se font soigner après une bagarre, dans la majorité des œuvres littéraires ou cinématographiques. Et ce sont aussi eux qui sauvent les héroïnes en détresse.
ㅡ Faut croire que je suis l'exception qui confirme la règle, elle confia.
Jungkook se pencha vers son cou. Maera sentit le souffle du coréen la chatouiller.
ㅡ Je pense que c'est mort pour essayer de séduire Hara, elle commença. Je ne crois pas qu'elle voudra se rapprocher d'un quelconque mec.
ㅡ Ouais, il soupira, mais on s'en fout de ça. Le plus important, c'est qu'elle rétablisse.
Il inclina sa tête sur le côté, essuyant ses clavicules, complètement absorbé par sa besogne. Elle suivit la ligne de sa mâchoire bien définie et séduisante, l'un des attraits qui fut sa faiblesse. Ses pupilles glissèrent le long de son nez vers la forme de ses douces lèvres où un piercing était accroché au coin.
ㅡ Alors tu renonces ? elle suivit le remuement de ses yeux.
ㅡ T'as envie que j'y renonce ? il la regarda.
Elle ne répondit rien à sa question, elle ne savait même pas ce qu'elle pourrait lui dire. Et son sourire qui se façonna sur ses chairs pleines la perturba.
ㅡ J'ai l'impression que je t'intéresse Swan, il lança.
Sa tête se pencha vers sa poitrine exposée par son décolleté, afin d'effacer cet acte d'hostilité qui marqua son épiderme. Les prunelles de la demoiselle accompagnaient les gestes qu'il faisait, sans même protester.
ㅡ Ce n'est pas un peu tôt de faire des conclusions hâtives ?
Ce dernier écartait le tissu de sa robe beige midi boutonnée en maille, côtelée et fendue sur le devant, avant de nettoyer sa cuisse nue tâchée par la violence. L'aristocrate retint son souffle au mouvement intense de ses mains. Elle sentit sa peau s'enflammer sous ses doigts vigoureux, les cellules de son corps éclatèrent en petits bruits secs et répétés.
ㅡ Tu crois ? il murmura, le visage baissé.
Chaque endroit sur laquelle sa main passait, il laissait une traînée de feu qui faisait palpiter ses artères. Une notification du téléphone de Maera l'arracha de cette atmosphère un peu trop déferlante à son goût. Elle se leva du canapé pour aller le chercher, laissant l'air frais de la pièce, atténuer ses pulsions. En déverrouillant son écran, la demoiselle aperçut une vidéo qui fit froncer ses sourcils. Puis elle se raidit, Jungkook remarqua ses muscles tendus. Il se hissa de même pour la rejoindre et se positionna à côté pour voir de quoi il s'agissait. Il vit alors un enregistrement où elle était en train de tabasser des hommes.
ㅡ Hwan Maera, à ton avis, si la police voyait cette vidéo, qui croiront-ils ? Ceux que tu as amoché, ou toi ? lut le noiraud. Signé, le Justicier des Déchus. Ps : Merci pour ce surnom, je le garde pour moi.
Voila que maintenant, le sang de Maera crépitait violemment dans toutes les avenues de son anatomie. Son coeur s'emballa d'impatience de retrouver cette enflure qui avait certainement l'intention de lui nuire avec ce média. S'il tombait entre les mauvaises mains, elle pourra perdre tous ceux pour quoi elle se battait.
Jungkook vint aussi de recevoir un message. En extirpant son portable de la poche, il ouvrit ce dernier et regarda le contenu avec une irritation qui le fit soupirer. Sa camarade se pencha à son tour et constata des photos de celui-ci où il vendait des sachets de bonbons en forme de cerise, recevant de l'argent en retour. Ces deniers ne semblaient pas être juste des confiseries au vu des vidéos de gens défoncés après leur administration.
ㅡ Jeon Jungkook, à ton avis, si l'université apprenait que tu vends de la drogue, qui se fera expulser ? Ceux qui ont consommés ta marchandise, ou toi ? lut Maera. Signé le Justicier des Déchus. Ps : Je vous tiens au jus de mes prochains pas.
Le coeur du jeune homme se mit à frapper plus fortement dans sa cage thoracique, il était certain d'avoir fait attention, d'avoir été très discret. Cet enfoiré, il fallait le retrouver impérativement avant que les choses ne se dégradent pour lui. Si le comité de l'université apprenait ce qu'il faisait, il perdra toute chance d'avoir un quelconque avenir, où que ce soit.
L'aristocrate tourna sa tête vers le noiraud alors qu'il ferma les paupières.
ㅡ Tu deales ? elle s'ahurit.
ㅡ Comment je paie les frais de scolarité à ton avis ? il maugréa.
Elle savait bien qu'il n'était pas non plus ingénu, et que visiblement ce gars fut un menteur, puisqu'il disait avoir besoin de l'argent pour les frais de soins d'un membre de sa famille. En fait, c'était peut-être pour rembourser des dettes. Trop de théorie possible se bousculait dans sa tête, elle n'avait pas le temps d'y songer, car il y avait plus important.
ㅡ Visiblement, cet enfoiré prépare un truc. On est les prochains sur sa liste, elle grogna.
ㅡ Non, je n'ai pas l'impression.
ㅡ Qu'est-ce que t'en sais ?
ㅡ Parce qu'il nous a contacté directement contrairement aux victimes, il la regarda. Il a dit qu'il nous tiendra au courant de ses prochaines actions, alors il ne nous considère pas comme des cibles. Il sait que toi et moi, nous sommes actuellement dans la même pièce car les messages se sont envoyés au même moment. Ce qui veut dire qu'il nous espionne depuis le début puisqu'il a enregistré nos délits. Donc, ça ne peut signifier qu'une chose, il repoussa ses cheveux, il a l'intention de nous faire chanter pour ses propres intérêts.
Maera fourra ses mains dans les cheveux, en faisant les cents pas pour essayer de comprendre ce qu'il avait vraiment l'intention de faire ce connard de Justicier. Même si elle parvenait à faire taire son affaire contre ces types amochés, elle a beaucoup d'ennemis qui trouveront un moyen pour la renverser.
ㅡ Faut que je rentre, il rangea son portable en allant mettre ses chaussures.
ㅡ Quoi ? Et on fait quoi avec cet enfoiré ? elle le suivit.
ㅡ Moi je vais essayer de le retrouver à travers les caméras de surveillance du périmètre où il nous a filmé, peut-être qu'il apparaîtra sur une quelconque vidéo.
ㅡ Et moi qu'est-ce que je fais ?
ㅡ Toi, tu veilles sur ta pote, faut qu'on s'organise tous sur la version des choses si ça dérape. On se retrouve à la fac demain pour en parler. Il va sûrement nous contacter pour nous dire ce qu'il veut de nous, alors d'ici là...
Il pencha son visage vers le sien, elle vit ses traits austères se contracter.
ㅡ Ne l'alimente pas de nouveaux délits.
Maera crispa ses dents, il prit son silence comme une réponse, et se dépêcha de mettre sa veste en quittant sa demeure.
L E
L E N D E M A I N
Yoongi n'a pas cessé toute la nuit de se retourner dans son lit. Les mots durs qu'il avait employé contre Maera le hantait jusqu'à lui faire voir un rêve étrange où elle était sur un toit, tentant de mettre fin à ses jours. À l'idée qu'elle puisse finir ainsi par sa faute le torturait. Il avait la mauvaise habitude d'être brusque dans ses propos lorsque quelque chose le dérangeait, à en oublier le tact. Et juste après il le regrettait, se rendant compte du poids de ses paroles que pouvait prendre une fois le mal fait. Il ne lui avait même pas donné le temps de s'expliquer ou même tenter d'entendre sa version des choses qu'il l'avait agressé. Cela perturba son sommeil tellement fort qu'il fut de mauvaise humeur dès le matin.
Ce dernier étant dans l'amphithéâtre de la fac, fixait le vide en repensant à chaque lettres qui avaient quittés sa bouche. En se mettant à la place du receveur, il aurait sûrement câblé au point de haïr tout le monde. Il n'arrivait pas à se concentrer, en repensant au cauchemar qu'il eut à son violent réveil, même s'il essayait de se convaincre qu'il n'avait rien fait de mal, sa conscience n'était pas du même avis.
Durant ses heures de cours, pas une seule fois il n'avait croisé celle qui avait hanté son esprit la nuit. Par précaution, alors que ses amis lui disaient d'aller rejoindre la cafétéria pour manger, il décida de monter les escaliers pour aller jusqu'au toit. Lorsqu'il alla à la rencontre de l'air frais, il chercha dans chaque coin de cette terrasse la présence de celle-ci. En se penchant à la rambarde, sa raison se détendit, sachant que son rêve n'allait pas se réaliser. La demoiselle était bien plus forte que ça, voire elle avait même complètement ignoré ses paroles ou oublié ce qu'il avait dit, tellement elle était imbue de soi.
C'est un peu plus rassuré qu'il finit par descendre, espérant qu'il n'avait pas de quoi s'inquiéter. Le jeune homme marcha dans le couloir, le téléphone à la main, il écrivit un message à Jungkook pour savoir où ce dernier était afin qu'ils puissent manger ensemble. Sans recevoir de réponse, il passa à côté de certains élèves venant de revenir de la cafétéria. Quand l'extérieur par où il circula devint un peu plus vide, il entendit un son. Cela venait d'un conservatoire situé à quelque pas de lui.
Celui-ci en replaçant la lanière de son sac sur l'épaule alla vérifier qui jouait d'un instrument dans la bâtisse. En suivant le bruit, il se dirigea vers une porte qu'il ouvrit doucement, intrigué par la mélodie. Étant lui-même un passionné de la musique, il se demandait qui interprétait aussi bien un tel morceau. Lorsqu'il ouvrit la porte, il vit quelqu'un étant debout à tenir un violon, accompagné par d'autres objets à cordes provenant d'une vidéo de son portable.
Cette personne reproduisait une musique qu'il avait déjà entendu d'innombrables fois, un son qui l'avait profondément touché, un son qui avait émoustillé les cellules de son cerveau, provoquant des sentiments intenses. Chaque tonalité que ses phalanges enchaînaient sur les cordes à partir de son archet, elle avait le don de faire frétiller l'esprit du jeune homme. Le rendre plus faible, le soumettre à cet orchestre de sirène, qu'il ne fit même pas attention de s'être assis sur un siège à l'écouter.
Hwan Maera était là aussi gracieuse qu'un cygne blanc, droite et élégante, elle mouvait sa main bandé par des gestes brutes, laissant échapper de la nostalgie à chacun de ses coups. Le chaos de ses émotions s'extirpait du violon pour former des symboles, déclenchant des mouvements abrupts de son corps. Ses muscles pulsaient d'une hostilité musicale, l'acharnement cognait contre les parois de son esprit. Elle voulait que toute sa frustration se métamorphose en mélodie, et une averse de rage brutalisait chacun de ses organes composés de fibre.
Chaque accord crissé sur les cordes était un hurlement de son coeur, une vague d'écho qui heurtait sa raison. Chaque partition qu'elle soulevait d'un ton aigüe était sa mélopée émotionnelle. Et que les sons bas étaient comme un archet criblant sa chair pour en faire sortir une douleur sanguine. Cette exécution artistique puisait dans sa frénésie, expulsant ses beuglements regorgéss de toxine. Une tempête de tourment l'avait pris en otage, et son interprétation démesurée était le reflet de son âme. La folie avait pris la maitrise de ses mains, et ses doigts se déchiraient à cette frasque qu'elle répandait dans la pénombre de cette salle.
Elle aurait pu entendre les murmures du diable qui l'encourageait à prendre le chemin des déchus. La voix de sa conscience était l'amant d'un doux péché. Les souvenirs peintes par d'innombrables malheurs faisaient surface dans un fanfare de passion. Yoongi voyait à travers une violence intense qu'elle exprimait de son jeu, l'amertume de ses songes, de cette lacération qu'elle infligeait sur sa propre personne. Maera ne semblait pas avoir repéré un public indésirable, car ses yeux étaient fermés. Les notes qui se ficelaient, prirent une grande dimension dans l'esprit de jeune brun.
Lui qui aimait composer des sons, manier les paroles et créer une symphonie, il percevait l'aristocrate d'un oeil nouveau. Il la vit sous un autre jour, complètement différente, éloignée de la réalité dans laquelle il s'intoxiquait. La jeune femme n'avait plus l'air d'une folle à lié dont le regard se remplissait de bien d'horribles idées. Bien que cette oeuvre sensorielle était une pure démence, elle montrait là, un autre aspect de sa personnalité que personne n'a jusqu'ici, eu la chance de remarquer.
Jamais il ne l'aurait cru, si ses oreilles ne l'avaient entendus. Ces deux minutes semblèrent être un endroit de liberté. Et lorsque les vibrations du violon se turent, et les cordes d'aciers cessèrent d'être frotté par sa flamme incandescente, Maera sortit lourdement d'une transe épisodique dans laquelle, celle-ci s'était enrobée. Une fois qu'elle reprit sa lucidité, elle soupira en repoussant ses cheveux, sentant un sorte de soulagement d'avoir pu extérioriser d'une certaine façon son irritation du matin. C'est en rangeant l'instrument afin de le rendre au propriétaire qu'elle éteignit son portable et attrapa son sac. Et c'est là qu'elle aperçût Yoongi en bas de l'estrade à la contempler, encore bouche bée.
ㅡ Je ne savais pas que tu jouais du violon.
L'aristocrate se sentit confuse et importunée par sa présence. Mais après les paroles d'hier, elle n'avait pas spécialement envie de le voir et lui parler, alors elle descendît rapidement les escaliers. Cependant le jeune homme se précipita de se lever pour la rattraper et l'arrêter par le poignet.
ㅡ Maera attend- laisse-moi-
ㅡ Je ne suis pas intéressée, elle retira son bras.
ㅡ J'aimerai m'expliquer, il la suivit.
ㅡ Ça-ne-m'intéresse-pas, elle articula en allant ouvrir la porte.
ㅡ S't'eu plait, il plaqua sa main contre la porte en la bloquant dessus.
Elle s'arrêta devant cette impasse et finit par se retourner vers lui, il se rapprocha un peu plus, au point où son souffle flagellait chaque particule de son visage. La demoiselle retint sa respiration par la proximité qu'il réduisait. Elle entendait la pulsation de son regard parcourir sa peau. Toutes les fois où elle avait voulu que ce moment arrive l'avait toujours mis dans un état de jouissance. Mais là, c'était différent.
ㅡ Cinq secondes, elle céda.
ㅡ Hier, j'ai été trop rude avec toi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'étais-
Putain pourquoi il fallait qu'il soit aussi séduisant avec ses mèches soyeux qui lui tombent sur la figure, elle songea. Maera pouvait voir son épaule nu car il portait un débardeur moulant blanc et une veste marine qui glissa le long de son bras.
ㅡ Et je-
ㅡ Cinq secondes se sont écoulées. T'aurais dû arrêter de respirer pour conserver chaque milliseconde, elle coupa net.
ㅡ Quoi ? Mais je-
ㅡ T'entendre te justifier réduit mon envie de t'écouter. Alors maintenant, comme tu le voulais, je ne t'approcherais plus. Tu devrais aussi t'en tenir à tes engagements.
Elle ouvrit la porte en le regardant avec toujours ce léger air hautain, avant de l'abandonner dans une démarche noble. Yoongi alla dans le couloir et la vit s'éloigner. Il soupira en se sentant davantage mal. Il aurait dû commencer par s'excuser avant d'essayer de justifier son comportement. Il ne savait même pas pourquoi il tenait temps à lui présenter le témoignage de ses regrets. Pourtant c'était lui qui avait tenu à ce qu'elle cesse de l'ennuyer.
Alors pourquoi les rôles se sont inversés ? Pourquoi il avait envie qu'elle lui pardonne ? Ils n'étaient jusqu'ici personne l'un pour l'autre. Elle s'était accrochée comme une sangsue à lui, il la fuyait comme la peste. Et maintenant, qu'elle ne semblait plus s'intéresser à lui, il voulait à tout prix attirer son attention pour engager une conversation.
Jungkook sortait d'une voiture noire et luxueuse dans un coin de son université peu fréquentée. En claquant la porte, et remettant son sac correctement à l'épaule, il vit à travers la vitrine abaissée une personne qui inclina sa tête pour retrouver les beaux yeux de ce dernier. Il lui avait dit ce dont fallait que le loup solitaire retienne. Et que s'il ne voulait pas avoir des soucis supplémentaires par la suite, il fallait être toujours disponible. En arquant un sourcil, il attendit une confirmation du noiraud, ce qu'il fit en hochant la tête. Et une fois que l'inconnu bien sapé fut satisfait de leur accord mutuel, il fit remonter la fenêtre en ordonnant à son chauffeur de quitter les lieux.
Le coréen regarda le véhicule s'effacer dans le paysage afin de ne laisser derrière lui un goût amer qu'il perçut encore dans sa bouche. Ce liquide métallique et désagréable provenant de son hémoglobine, et provoqué par une morsure qu'il se procura lui-même. Il finit par rire, coinçant sa langue dans sa joue, avant de s'aventurer dans un nouveau plan foireux qui l'attendait à bras ouvert, aux creux d'une fac dystopique. En passant le portail puis l'entrée du bâtiment, des élèves marchaient à côté de lui, discutant entre soi.
Les yeux du jeune homme se baladaient sur chaque personne qu'il apercevait, remarquant le moindre remuement des lèvres, des gesticulations, du comportement qu'ils effectuaient. C'est comme voir les choses au ralenti : le rythme de leur respiration, au coup d'oeil furtive, à la direction de leur regard, aux habitudes qu'il retrouvait régulièrement. Ses prunelles visionnaient le moindre détails telle une loupe qui repérait des éléments parasites, révélant alors un certain quotidien de leur vie, ou d'un événement qui aurait pu se produire. Ainsi, il parvenait à constituer leur personnalité, leur façon de penser et même anticiper leur action.
Après avoir assisté à la majorité de ses cours avec l'esprit complètement rouillé par les responsabilités qui s'accumulaient dans sa vie, il ramassa lentement ses affaires à la sonnerie d'un enseignement dans le domaine d'entrepreneur et management. En relevant la tête, il vit le regard insistant de Maera qui était agacée de l'appeler par télépathie. Celle-ci lui fit un signe de tête l'invitant à la rejoindre à leur base secrète de détective : salle de théâtre. Elle partit en première, il ferma son sac avant de descendre les escaliers tranquillement, pour ne pas susciter de questions.
C'est en se retrouvant dans les couloirs qu'il fut subitement interpelé par une personne qu'il n'aurait jamais cru voir. Park Hara, sa crush si jolie et délicate lui demanda s'ils pouvaient parler dans un endroit moins peuplé, le coréen perplexe par cette subite requête, finit par accepter de la suivre dans une pièce assez étroite et sombre où ils entrèrent tous les deux. Jungkook devenait de plus en plus troublé par sa camarade, surtout venant d'une prestigieuse qui jusqu'ici ne savait même pas qu'il existait.
ㅡ Je... J'aimerai te montrer quelque chose. Je ne peux plus garder ça pour moi. C'est trop pour mon esprit. Alors s'il te plait, p-peux-tu garder ça entre nous ?
ㅡ Qu'est-ce que c'est ?
Les mains tremblantes, elle se rapprocha de lui pour lui tendre son portable. Le noiraud la regarda les sourcils arqués avant de le saisir pour visionner une vidéo pendant plusieurs secondes, ou une minute. Il fut assez surpris de voir le contenu du média. Il en fronça les sourcils. En examinant le visage d'Hara, il remarqua qu'elle fut complètement embarrassée et honteuse.
ㅡ Pourquoi est-ce que tu me montres ça ? Est-ce le fait que mon avis ne compte pas à tes yeux que tu le fais sans scrupule ?
Elle demeura agitée en se tordant les doigts, ne sachant où regarder, ni par quoi commencer.
ㅡ La raison pourquoi je suis venu te voir toi et pas un autre c'est parce que tu as été présent... h-hier. Et j'ai aussi entendu dire de Maera que tu t'es débarrassé de ces... enfin connards, et que maintenant je ne craignais plus rien.
ㅡ Elle t'a dit que je m'en suis débarrassé ? il fut surpris.
ㅡ Oui, elle hocha la tête. C'est pourquoi, je me suis permis de te montrer cette vidéo.
Il préféra ne pas contredire la version de l'aristocrate, car elle devait avoir ses raisons. Mais débarrassé dans le sens buter ? Ou juste menacé de se faire buter, elle n'avait pas précisé.
ㅡ Je... Je crois que je suis la huitième victime.
ㅡ Quoi ? il fut confus. Qu'est-ce que tu veux dire ?
ㅡ L-Le Justicier, il expose les étudiants car ils ont commis des crimes n'est-ce pas ? Et ils finissent par devenir eux mêmes des victimes. Et bien... elle ne savait pas comment lui le dire, j'ai-j'ai été mauvaise, et il a décidé de me punir. Donc je suis censée être la huitième victime.
Jungkook comprenait mieux maintenant. Le Justicier voulait punir Hara car elle a été témoin d'un viol collective, qu'elle a même assisté à ce dernier sans y prendre vraiment part, car elle s'était enfuie. Elle n'avait pas réagi, ni dénoncée les agresseurs de la victime qui a quitté la fac d'après les dernières informations. Ce qui a permis aux violeurs de se tirer sans conséquences, alors que l'étudiante qui a été détruite, est partie, voire a disparu depuis l'agression. Et comme la prestigieuse a gardé le silence, elle est devenue la prochaine cible, la huitième, celle qui devait être exposée à son tour pour s'être tu.
Peut-être même que le fait d'avoir attiré Maera dans cette impasse était aussi son plan, afin d'avoir quelque chose de compromettant à son sujet et pouvoir de même la manipuler. Le coréen voyait des liens imaginaires se mouvoir devant ses yeux, comme un hologramme qui faisait bouger divers indices dans tous les sens, reliant certaines données.
ㅡ Je ne voulais pas que les choses soient ainsi, elle trembla des mains. J'ai eu peur lorsqu'on a été toutes les deux... emmenés dans une voiture après une fête... J'avais réussi à m'enfuir toute seule, elle s'abaissa au sol en pleurant. Je suis un monstre mon Dieu.
Le noiraud ne savait pas comment réagir face à cette situation, il se frotta la nuque en soupirant, avant de la rejoindre vers le sol. Il l'observa, chaque millimètre de son visage, sa position, son aspect physique qui n'était pas présentable car elle ne se sentait pas en mesure de maintenir une quelconque beauté. Elle est arrivée en mettant ce qu'elle avait sous la main. Les cheveux étant presque en pétard montraient qu'elle était trop distraite pour se rappeler de leur état, yeux rouges et paupières gonflées, elle a beaucoup pleuré avant de venir. Les chaussettes misent à l'envers, elle était désorientée et trop pressée pour venir à la fac et sûrement se confesser par le débordement de sa conscience. Elle disait la vérité.
ㅡ Ta réaction était humaine, il commença, tu as eu peur et tu as pris une décision. Lorsque nôtre instinct de survie se déclenche, on ne pense pas forcément à la personne qui pourrait être dans le même cas que nous. Nous pensons surtout à nous, comment ne pas souffrir, ne pas subir la violence d'autrui. Certaines personnes parviennent à se sacrifier, d'autres non, c'est nôtre nature. Alors le fait que tu as fui en l'abandonnant sur le coup est compréhensible. Mais pourquoi tu as gardé le silence depuis tout ce temps ? Est-ce parce qu'ils t'ont menacés ?
Elle hocha la tête pour affirmer ses déductions, cachant sa figure entre ses bras, tellement elle avait honte de soi, d'être une si grande trouillarde, qui ne s'était souciée que pour sa peau. Elle s'en voulait horriblement, mais la crainte d'être touchée par la cruauté de l'Homme désactivait un quelconque semblant de rationalité ou d'empathie sur l'instant des événements.
ㅡ Ils ont dit que si je parlais, ils s'en prendront à moi. Et j'ai eu tellement peur d'être une autre victime de ces histoires d'agressions que j'ai... je n'ai pas eu le courage de réagir, d'aider Jia, elle sanglota. Je suis une horrible personne !
ㅡ Non, tu n'es pas une horrible personne Hara, ceux qui sont horribles ce sont ces connards qui ont essayés d'abuser de toi, et ne se sont pas gênés de le faire avec ton amie. Ceux qu'il faut condamner de lâche, c'est eux. Ils sont des pourritures de la société, pas toi, tu m'entends ? T'as rien fait de mal, tu as juste voulu te sauver de leur sauvagerie. Et ils devront subir les répercussions.
Elle leva sa tête, les larmes coulant le long de ses joues, mais les mots du jeune homme parvenaient à la calmer ne serait-ce qu'un peu.
ㅡ Est-ce que le Justicier t'a contacté ?
ㅡ Et bien... elle hoqueta. Il m'a dit de venir à la soirée d'hier en m'envoyant la vidéo de cette nuit où Jia s'est faite... elle eut la gorge nouée, enfin, il m'a dit que si je ne venais pas, hic, il publiera la vidéo. J'ai eu peur que s'il le faisait, je subirai à mon tour la vengeuse des étudiants qui me mépriseraient car je n'ai rien fait...
ㅡ Donc il t'a envoyé la vidéo, t'a fait chanté en te forçant à venir à cette soirée dans le but de te punir en te faisant passer par le même scénario que ton amie. Il voulait que tu éprouves sur ta peau, la même chose que la victime de l'agression, afin que tu comprennes ce que ça fait d'être dans cette situation.
Hara le vit réfléchir, comme s'il parlait à soi-même et tentait de comprendre comment fonctionnait cet enfoiré qui la faisait chanter. Il se demandait maintenant si ce Justicier n'était pas justement l'amie en question qui a décidé d'exposer toutes les personnes déchus. Mais si c'était vraiment elle, cette dernière aurait commencé par trouver un moyen de punir ses agresseurs au lieu de s'attaquer à d'autres délinquants. Enfin bon, dans tous les cas, il n'allait pas la retirer de sa liste.
ㅡ Faut que j'en parle à Hwan M-
ㅡ Non ! elle se mit à genoux en attrapant ses mains, je t'en pris ne lui en parle pas ! Tu as vu ce qu'elle a fait à ces hommes hier ? Je n'ai pas envie qu'elle me regarde avec dégoût si elle apprend ce qu'il s'est passé. Je ne l'ai dit à aucune âme moi-même, alors n'en parle à personne, je t'en supplie, ne le dis à personne que je suis la huitième victime, personne ne doit le savoir ! Pas maintenant, pas tout de suite en tout cas. Promets-moi que tu ne diras rien à propos de tout ce que je t'ai révélé !
Jungkook observa ses mains serrées par les siennes, avant de scruter ses prunelles suppliantes et remplis de larmes. C'était vraiment étrange, y a deux mois, lors de son arrivée dans cette fac, il n'aurait jamais cru qu'une prestigieuse aussi populaire qu'elle finirait par le supplier. Et surtout la fille qui semblait lui plaire avait enfin fait attention à lui.
ㅡ Je verrai ce que je peux faire, il confia. Mais en attendant, tu devrais rentrer chez toi. Demande à une amie ou ton frère de te ramener. Le Justicier ne te touchera plus car si tu étais sa huitième victime, il t'aurait déjà depuis longtemps exposé en public. Il t'a puni pour avoir gardé le silence, c'était de son point de vue, ton seul péché. Et comme tu as été aussi plus ou moins une autre victime, il te laissera tranquille. Ce qui veut dire que les vrais criminels seront ses prochaines cibles.
Elle tremblota légèrement, en reniflant et tentant de se calmer. Le fait de lui avoir confié ce secret qu'elle avait un moment gardé la soulagea. Jungkook ne sembla pas la juger, cela avait accroît un certain réconfort qu'elle avait besoin. En se relevant du sol, il fit de même, la voyant corriger son apparence et effaçant plus gracieusement de ses doigts ses larmes. Elle se souvint de s'être affichée avec vulnérabilité devant un trivial, ce dont elle avait en horreur, mais le désespoir menait les gens vers les actions allant à l'encontre de leur principe.
ㅡ Que comptes-tu faire ? elle demanda en coinçant des mèches derrière l'oreille.
ㅡ Je vais tenter de découvrir ce qu'a l'intention de faire le Justicier. Je pense que pour le moment tu es hors de danger.
ㅡ J'aimerai que tu me tiennes au courant si... si tu as du nouveau. Parce que j'ai peur qu'il veuille à nouveau s'en prendre à moi.
Elle se frotta nerveusement les mains sur la jupe, alors qu'il inclina la tête en soupirant, la trouvant séduisante même dans cette situation.
ㅡ Je te tiendrai au courant, alors tu peux rentrer l'esprit calme.
ㅡ Je te remercie, elle inclina poliment la tête.
ㅡ Il n'y a pas de quoi.
Il eut un silence incommode, Hara ne savait plus quoi dire ou faire, trop gênée car elle s'est rendue compte qu'ils étaient dans une pièce étroite et presque dans le noir. Sans vouloir le vexer, elle n'avait pas d'idée pour justifier son départ.
ㅡ Bon... euh faut que j'y aille, il avoua.
ㅡ Oh... elle rougit, oui, bien sûr... Je vais rentrer moi aussi, b-bon, à plus tard peut-être. Enfin, q-quand tu auras de quoi... tu sais...
ㅡ Oui, je te préviendrai au moindre indice concernant cette affaire, ça marche ?
Hara hocha prestement la tête avec timidité, il ouvrit la porte et sortit en premier. Celle-ci soupira de soulagement en se rattrapant à une étagère. L'idée d'avoir été seule avec un homme après ce qu'il s'est passé la nuit dernière était devenue terrifiante quand elle a reprit sa clairvoyance. D'habitude, elle n'approchait pas les gars, mais après que Jungkook les avait aidé à rentrer chez Maera et a assisté au soin de cette dernière, elle ne semblait plus éprouver de l'indifférence comme auparavant. Et puis, il ne l'avait même pas jugé pour avoir été une peureuse et se porta garant pour s'occuper de cette affaire, cela lui procura un sentiment de sécurité.
Quant au loup solitaire, il se dépêcha d'aller rejoindre le bâtiment de la salle de théâtre où sa partenaire devait l'attendre depuis un moment. La conversation qu'il avait eu avec Hara tourna dans sa tête sans qu'il remarque son arrivée dans la pièce qu'occupait l'aristocrate. Celle-ci était enfoncée dans un siège avec lassitude et agacement. Lorsqu'elle l'aperçut descendre les marches une à une dans des petits sursauts, elle se redressa péniblement.
ㅡ Mais où est-ce que tu étais ? elle râla.
ㅡ J'ai eu quelque chose à faire au passage.
Il la rejoignit en sortant son ordinateur portable de son sac pour le poser sur une table. Elle se redressa pour se rapprocher de ce dernier.
ㅡ Bon, tu as du nouveau ?
ㅡ Non, il avoua, je ne l'ai pas vu sur les caméras de surveillance aux alentours du quartier où tu as été filmé. Le Justicier savait exactement où se placer dans les angles morts. Ça me pousse encore plus à croire que c'était un coup monté.
ㅡ Tu veux dire qu'il m'a attiré dans cette impasse en faisant d'Hara une sorte d'appât, dans l'intention de fabriquer un truc compromettant sur moi et de me faire ensuite chanter avec ?
ㅡ Ouais, c'est ce que je veux dire.
Maera fut encore plus irritée par cette information. Si c'était une mise en scène dans le but de la manipuler, alors il avait aussi provoqué cette agression afin qu'elle s'énerve et tabasse ces mecs. Donc, ces types seraient des acteurs que le Justicier a engagé ? Non, elle refusait d'y croire. C'était impossible.
ㅡ Mais pourquoi moi ? elle demanda.
ㅡ Peut-être qu'il a une dent contre toi ? Ou alors il a découvert que tu enquêtais sur lui ?
ㅡ Mais comment il aurait su ? Toi et San, vous êtes les seuls au courant de mes intentions.
ㅡ C'est certainement pas moi qui t'a balancé, je n'ai pas d'intérêt de le faire, puisque je suis aussi menacé. Alors il ne reste plus qu'une personne.
ㅡ Choi San ? elle le fixa suspicieuse. Tu penses qu'il était depuis le début du côté de cette enflure ?
ㅡ C'est qu'une supposition. Tu sembles le connaître mieux après tout.
En réfléchissant à cette possibilité, elle la garda dans un coin pour y retourner.
ㅡ Je ne sais pas, il allait ouvrir la bouche, oui, je ne vais pas écarter cet élément, mais j'ai dû mal à croire qu'il serait un complice ou juste mêlé à cette histoire. Il n'est pas comme ça.
ㅡ Seulement parce que vous avez couché ensemble, tu n'as pas envie d'y croire ?
ㅡ J'ai bien couché avec toi, et c'est pas pour autant que je m'acharne à te soupçonner.
ㅡ Touché, il acquit. Bien, dans ce cas, il nous reste plus qu'à le surveiller. Où il va, ce qu'il fait, avec qui il parle, les messages qu'il envoie ou les coups de fils qu'il reçoit.
ㅡ Ouais, mieux vaut prévenir que guérir, elle accepta. Mais on fait quoi avec ces messages qu'on a reçu hier ? Il n'a toujours rien écrit.
ㅡ On attend, j'suis sûr qu'il finira par nous contacter.
Il s'assit sur un tabouret, en allumant son ordinateur. Maera prit place à côté, en épluchant des documents des dernières victimes.
ㅡ Du coup, qu'est-ce qu'on a à propos du Justicier des Déchus ? elle l'interrogea.
ㅡ Déjà le fait que c'est un gars ? Dans ton message, il t'a remercié pour le surnom que tu lui as donné, il n'a pas corrigé la terminaison du nom, il remarqua.
ㅡ Soit la personne qui se cache derrière veut nous faire croire que c'est un homme. Ça lui conviendrait, pour qu'on ne la cherche pas parmi les femmes, elle constata.
ㅡ Bien vu Swan.
Il la regarda avec impression, elle lui sourit ironiquement avant de se concentrer.
ㅡ Il nous faut rétrécir la liste des suspects, elle commença. Toi qui semble très observateur, quel serait le profil de nôtre cible à ton avis ?
ㅡ Le Justicier est intelligent car il semble avoir des pas d'avance sur tout le monde. Il est sûrement quelqu'un comme moi.
Il pencha sa tête vers son oreille, un malin sourire ornant ses lèvres, alors qu'elle soupira.
ㅡ Tu te jettes des fleurs Jeon.
ㅡ Pourquoi tu ne me soupçonnes pas ?
ㅡ Car entre vous, il y a une grande différence.
ㅡ Laquelle ? il fut curieux.
ㅡ Il ne se soucie pas du tort qu'il pourrait commettre, elle observa ses fichiers, il pense avec une certaine cruauté en cherchant à exposer ses proies. Une chose que je ne vois pas en toi.
Jungkook ne s'attendait pas à ce qu'elle perçoit les choses ainsi. Mais rien ne lui garantissait son innocence, il pouvait très bien jouer un rôle.
ㅡ Et je ne crois pas que tu joues un rôle, elle finit par croiser son regard.
Cela l'épata sur le moment, elle avait comme lu dans ses pensées.
ㅡ Alors tu as une totale confiance en moi ?
ㅡ Certainement pas, elle arqua un sourcil. T'es un putain de dealer. Tu m'expliques comment t'as fait pour en arriver là ?
ㅡ Ce ne sont pas tes affaires, il reprit son sérieux.
ㅡ Oh, donc vendre de la drogue à des étudiants de la fac où j'étudie ne sont pas mes affaires ?
Cette dernière lui montra un sachet de ces bonbons en question qu'elle tenait entre ses doigts, il écarquilla les yeux en se demandant comment elle les avait eu.
ㅡ Rends-moi ça, il alla lui le prendre.
ㅡ Pas si vite, elle retira sa main en se levant et reculant. Tu vas t'expliquer Jeon. Je n'ai pas envie de faire affaire avec un menteur qui me mettra dans la merde parce que j'ai eu la stupide idée de le fréquenter.
Il descendit de la chaise en marchant vers elle doucement, les traits du visage plus austères.
ㅡ Swan, me le fais pas répéter, rends-moi ce sachet, il grogna. Et puis comment tu l'as eu?
ㅡ C'est tombé de ton sac, quand-
ㅡ Peu importe, passe-le moi.
ㅡ Pourquoi tu t'énerves aussi subitement ? Non vraiment ta réaction est étrange. Qu'est-ce qu'a cette drogue de si différent que ça te met dans cet état ? elle sortit le bonbon du sachet. Elle a des effets magiques ? Ou c'est du poison?
ㅡ Swan.
Il crispa ses dents en se rapprochant plus rapidement, elle recula en observant le stupéfiant en forme de cerise.
ㅡ Est-ce qu'ils sont dangereux ?
Le fait que ces sucreries pouvaient provoquer un risque l'excitait fortement. Elle adorait être dans des situations critiques, c'était jouissif d'expérimenter un excès de folie. En voyant l'étudiant se jeter sur elle, Maera se précipita de le mettre dans sa bouche. Il fut encore plus irrité, et attrapa sa mâchoire pour la forcer à le recracher. Mais elle se mit à rire intérieurement avant de tenter de l'avaler.
Le jeune homme ne voyait plus d'autre solution que de capturer sa bouche avec la sienne, elle voulait le repousser, mais il saisit son poignet et plaqua l'aristocrate contre le bord de la table, lui suscitant un gémissement de douleur. Le coréen tordit son bras derrière son dos pour la priver d'une quelconque force dominante. Il serra plus fermement sa nuque avec sa main libre, écarta ses lèvres et récupéra avec sa langue le bonbon. Elle émît un grognement mais il ne tint pas compte de cela et finit par avaler lui-même la drogue.
Maera qui ne le sentit plus dans son orifice s'énerva, elle percevait de son torse irradier une puissance et une rage bestiale contre sa poitrine. Sa respiration s'accéléra à mesure que la colère enflait en elle, mais plus il mettait la pression sur ses badigoinces, plus l'adrénaline qui circulait dans ses veines la poussa à finalement se consentir à cette accolade. Cette chaleur étouffante provenant du noiraud lui donnait l'impression qu'elle pourrait y brûler.
Elle glissa ses doigts dans sa crinière qu'elle empoigna violemment, Jungkook geignit faiblement par son geste abrupt. La frénésie vibrait sous sa peau, elle lui mordit fortement la lippe jusqu'à ce que la douleur s'ensuit. Il lâcha à son tour un râle fervent avant de s'arracher à sa bouche hargneuse. Et leur buste trépida intensément, leur souffle tropical s'embrumait autour d'eux, leurs chairs pleines étaient consumés d'inflammations.
ㅡ Ne fais plus jamais ça Swan, il grogna en se touchant du dos du pouce la lèvre, si tu ne veux pas m'énerver davantage.
ㅡ Si m'embrasser est un des symptômes de ta colère, dans ce cas quelle sera la prochaine étape ? elle pencha sa tête sur le côté.
ㅡ Je t'ai prévenu, ne compte plus sur moi pour cette enquête, si tu touches encore à mes affaires.
Le vibrato de sa voix viril faisait frémir même ses petits poils. Le torse du jeune homme compactait tellement ses seins qu'elle avait encore plus chaud. La main râblé qui tint en otage son poignet lui suscitait des crépitements dans son estomac. Jungkook scruta un à un ses iris verts, il passa sa langue sur sa babine, la retenant ensuite avec ses dents. Le corps dense du loup la poussa davantage à le provoquer, à même saisir à nouveau sa bouche hostile. Cette tension torride qui les effleura si soudainement commença a faire monter le sang vers leur tête, au point où ils en oubliaient leur engagement.
Mais un mail qui surgit sur l'écran du coréen interrompu une nouvelle avalanche de frisson. Il s'écarta rudement d'elle qu'une fraîche brise la fouetta dans son élan, faisant descendre la canicule au plus bas. Elle se frotta l'avant-bras et y aperçut les empreintes de ses doigts. La vache, il est fort, pensa-t-elle. Voilà que cette rage dont elle fut témoin l'intrigua. Jusqu'ici, il s'était montré assez flegme et inoffensif. Ce qui voulait dire qu'il avait bien plus de secret qu'il n'en avait l'air. Cela augmenta sa curiosité.
ㅡ Tu ferais mieux de voir ça, il lança sèchement.
ㅡ Tu vas me faire la gueule parce que je voulais un peu te taquiner ? elle soupira.
Il la fusilla du regard, elle leva les yeux au ciel avant de se rapprocher de l'ordinateur. Maera vit qu'il avait reçu un courriel, et dessus elle lut :
T H E H U N T F O R
L I A R S
RÈGLE N°𝟎𝟏 🍒 | ──── Obéir aux ordres sans chercher à protester, quel qu'ils soient.
⤷ Dans le cas d'un refus, les informations compromettantes seront publiés.
RÈGLE N°𝟎𝟐 🍒 | ──── Interroger les menteurs mentionnés dans la liste, soutirer des aveux et trouver des preuves.
⤷ Dans le cas d'une dissimulation de données, vôtre parcours d'étudiant sera à son terme.
RÈGLE N°𝟎𝟑 🍒 | ──── Aucun droit de chercher l'identité du Justicier des Déchus.
⤷ Sinon vous perdrez tous ceux à qui ou à quoi vous tenez.
RÈGLE N°𝟎𝟒 🍒 | ──── N'en parler à personne de la chasse aux menteurs.
⤷ Si une figure d'autorité l'apprend, vos proches ou amis deviendront des cibles.
RÈGLE N° 𝟎𝟓 🍒 | ──── Ne pas faire de connerie qui mettra nôtre confiance mutuelle en doute.
⤷ Sentence, vos vies seront mis en jeu, au sens propre, vous disparaîtrez.
Sur ce, je vous souhaite une bonne chasse aux menteurs.
𝐋𝐎𝐑𝐃, 𝐒𝐀𝐕𝐄 𝐌𝐄, 𝐌𝐘 𝐃𝐑𝐔𝐆 𝐈𝐒 𝐌𝐘 𝐂𝐀𝐍𝐃𝐘
愛 ┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈ 愛
05% █████▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒
Les choses vont devenir croustillantes.
Bon j'avoue le délire avec les règles c'est du déjà vu dans une de mes fictions, mais c'est absolument pas le même concept. C'est juste que le Justicier aura besoin de deux mains qui feront le sale boulot à sa place.
J'ai trop hâte, y aura de la turbulence lors de vôtre voyage. Vous serez emmené dans un petit univers d'enquête, de problème sociaux, de pleins de sujets divers. Vous ferez aussi la rencontre de nouveaux personnages chacun avec leurs défauts. Je suis pressée de vous les présenter !
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