𝟐𝟔 ¦ 𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟔 ━ 𝟐,𝟏𝐊 𝐦𝐨𝐭𝐬
La Mort des Amants, Les Fleurs du Mal,
Cʜᴀʀʟᴇs Bᴀᴜᴅᴇʟᴀɪʀᴇ (1857)

     En ce début de semaine ensoleillé, le campus grouillait de monde. Beaucoup d'étudiant‧e‧s s'étaient installé‧e‧s autour des tables, sur des bancs, ou même sur l'herbe pour profiter des premiers beaux jours de l'année. Mais si l'heure était encore à la détente, cela ne risquait pas de durer ; car d'ici la fin de la semaine, la plupart des universités sonneraient l'ouverture des partiels du second semestre. Leur arrivée rendait fébriles tou‧te‧s celleux qui s'apprêtaient à plancher sur leurs sujets respectifs. On voyait parfois l'ombre d'une fiche de révision, manipulée par des mains un peu tremblantes. Mais la procrastination frappait un bon paquet d'étudiant‧e‧s qui comptaient davantage sur des nuits blanches de dernière minute pour (re)découvrir leurs nombreux cours...

     Contrairement à certain‧e‧s camarades de sa promotion, Marco ne se sentait pas particulièrement angoissé à l'approche des deux prochaines semaines de partiels qui les attendaient. Après trois ans passés à l'université, il avait progressivement réalisé que, en ce qui le concernait, il était préférable pour lui de relire ses cours au fur et à mesure. En effet, l'étudiant en psychologie gardait un très mauvais souvenir des examens de première année, où son anxiété avait pris des proportions démesurées, l'empêchant trop souvent de dormir. Pas question pour lui de revivre ces semaines chaotiques ; Marco avait donc tenté une autre approche. Cette fois-ci, ses fiches synthèses étaient déjà prêtes et apprises depuis longtemps.

    Par précaution, le jeune homme s'était préparé un calendrier de révision, mais il n'était pas inquiet. Il pouvait donc, sans la moindre culpabilité, profiter des quelques jours de répit restant pour faire des activités un peu plus agréables que de relire inlassablement des centaines de pages de cours. Cet après-midi, par exemple, il pouvait sereinement se rendre chez Jean, lequel l'avait justement invité à passer du temps ensemble.

     En ce qui le concernait, l'étudiant en art était au milieu de ses vacances de printemps. L'ESAM adoptait un calendrier différent, puisque ses évaluations de fin de semestre se dérouleraient le mois suivant. Marco savait que cette période serait sans doute très intense pour Jean, ce qui ne leur donnerait pas forcément la possibilité de se voir beaucoup. Il avait donc l'intention de profiter de la présence du jeune artiste avant que celui-ci ne se plonge corps et âme dans des projets ou des révisions de dernière minute afin de valider sa deuxième année.

     Une fois arrivé à destination, Marco appuya sur le bouton numéro seize. Son geste fut aussitôt suivit d'un long grésillement, signe que l'entrée était déverrouillée. Alors qu'il commençait à monter les escaliers, le jeune homme sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Il fut assez étonné de voir que Jean venait de lui envoyer un message, simplement pour l'informer que la porte de son appartement était déjà ouverte. En voilà, une précision étrange. L'artiste se trouvait-il au beau milieu d'un autre projet artistique encombrant ?

     Sans plus y songer, Marco poursuivit son ascension jusqu'au troisième étage. Face au logement numéro seize, il prit tout de même la peine de frapper, pour annoncer son arrivée, puis il tourna la poignée. Il ouvrit la porte en grand, mais lorsque ses yeux se posèrent sur Jean, le nouveau venu marqua un temps d'arrêt. Deux secondes plus tard, Marco entra dans la pièce, referma vivement la porte derrière lui et ne manqua pas de tourner le verrou à double tour. Le dos appuyé contre le battant, il prit le temps d'analyser la situation avant d'ouvrir la bouche.

     — Jean, commença-t-il prudemment. Je peux savoir où sont... Tu sais... Où sont tes vêtements ? souffla-t-il enfin.
     — Dans les tiroirs de ma commode, j'imagine, répondit le principal intéressé d'un air (presque) innocent. Pourquoi ?

     Quoi qu'à peine surpris par cette réponse, Marco prit néanmoins une longue inspiration. Face à lui, sur le lit, Jean était négligemment allongé sur son ventre dans le plus simple appareil. Et il ne semblait guère pressé de remédier à cette apparence pour le moins lascive. Un sourire charmeur aux lèvres, la tête calée entre ses bras croisés, le jeune homme observait son invité avec une telle instance qu'on devinait aisément quel était l'objectif de ce petit manège.

     Marco y songea, lui aussi, et cette perspective ne pouvait évidement que le ravir. Néanmoins, la situation était tant indécente qu'il eut l'irrésistible besoin de vérifier qu'il n'hallucinait pas. Marco s'avança vers le lit à pas mesurés, puis il fit courir une main le long de la colonne vertébrale de Jean, lequel continuait de guetter ses gestes. Les doigts effleurèrent la peau nue de son dos, de ses hanches, de ses cuisses. Mais ils s'attardèrent plus particulièrement sur ses fesses, et sur l'orifice qui s'y trouvait à peine caché. Marco pressa son index et son majeur contre l'intimité de Jean. En les voyant s'y enfoncer sans rencontrer la moindre résistance, il confirma son hypothèse : le châtain s'était encore préparé pour lui.

     — T'es vraiment incorrigible, grogna-t-il pour la forme.

     Marco sentit le sourire coquin de Jean contre ses lèvres, lorsqu'il se pencha pour l'embrasser fiévreusement. Mais plus les doigts de son partenaire caressaient l'extrémité de son rectum, plus le châtain montrait des signes d'impatience.

     — Dépêche, gémit-il en arquant davantage son dos.
     — Non, décida Marco d'un ton sans appel.

     Surpris par son aplomb, Jean chercha à croiser le regard de son beau brun. Or, celui-ci s'était déjà positionné au-dessus de lui, le visage enfuit dans sa nuque, de sorte qu'il ne pouvait plus le voir sans risquer un terrible torticolis. Marco retraça avec sa bouche le même chemin qu'avaient pris ses doigts, quelques instants plus tôt. Il déposa une pluie de baisers humides sur chacune des vertèbres qu'il rencontra, jusqu'à ce que son menton effleure son sacrum et son coccyx. Les mains de Marco se posèrent alors sur les fesses qui le narguaient de leur vulnérabilité depuis son arrivé. Avec une satisfaction évidente, il prit le temps d'en palper la peau blanche qui rougissait aussitôt sous la simple pression de ses doigts.

     De son côté, Jean restait étonnamment silencieux. L'écho de sa respiration agitée était le seul son quittant la barrière de ses lèvres. Celui qui ne tenait habituellement pas en place semblait pourtant docile, quoi qu'on devinait ses sens en alerte. Il fallait rappeler que le jeune homme s'était lui-même mis dans cette situation, laquelle s'avérait cependant un peu différente de son plan original... Il voyait généralement le sexe comme le moyen d'assouvir un désir, une pulsion, un besoin sans se prendre la tête. Il avait l'habitude des ébats passionnés, où l'empressement était le maître mot. Marco en était conscient. Mais aujourd'hui, il comptait bien le familiariser à la frustration, et lui montrer qu'elle pouvait avoir du bon.

     Avec son assurance qui frôlait les sommets, Jean avait le don de le rendre un peu plus fou à chacune de ses frasques. Et c'était tout naturellement que Marco tenait dur comme fer à ce que la réciproque soit aussi vraie. Quoi de mieux pour cela que de lui faire expérimenter la brusque apothéose d'un plaisir paresseux ? Marco était persuadé que personne n'avait jamais osé dénié à Jean son orgasme ; pas même ce dernier. Ce serait pour lui une première fois dont il était ravi d'avoir la responsabilité, tant elle promettait d'être délectable. Quand à la manière dont il allait s'y prendre pour mettre l'artiste dans tous ses états, Marco avait bien sa petite idée...

     Il commença par embrasser le creux de ses cuisses, dont la peau était aussi fine que sensible. Ses propres mains empoignaient toujours fermement les fesses de Jean, qui regagnèrent rapidement son entière attention. N'écoutant que son instinct le plus primaire, Marco les mordilla gentiment entre ses dents : juste assez pour l'exciter, mais pas pour lui faire mal. Les morsures étaient si légères qu'elles s'estompaient quelques secondes plus tard seulement. Afin de remédier à cette lacune, Marco s'appliqua à former une ribambelle de suçons qui seraient les témoins de son passage.

     Les minutes passaient, et Jean commençaient à trouver l'attente un peu longue. En le voyant remuer ses hanches, Marco secoua la tête d'un air réprobateur. L'impatience de son partenaire lui valut une petite tape sur le derrière, laquelle eut le mérite de le laisser pantois. Marco en profita pour passer à la suite des réjouissances ; car le programme qu'il avait imaginé ne faisait que débuter. Ses mains écartèrent les deux masses charnues qui constituaient ses fesses, assez franchement pour étirer le pli qui les séparait habituellement. Jean sentit d'abord un souffle chaud s'écraser contre son intimité, qui fut presque aussitôt suivit par la moiteur d'une bouche. Au premier coup de langue, il laissa échapper un gémissement étranglé.

     C'était, encore une fois, une pratique sexuelle que Jean n'avait jamais essayée, dans un sens comme dans l'autre. Il en avait entendu parler, bien sûr, et savait que l'idée de poser ses lèvres sur cette partie de l'anatomie humaine en rebutait plus d'un‧e. Ce n'était visiblement pas le cas de Marco, qui semblait très concentré sur sa tâche. L'espace d'un instant, Jean se demanda s'il avait déjà de l'expérience en la matière, mais sa propre méconnaissance du sujet ne lui permettait pas d'en juger. Ce qu'il savait, en revanche, c'était qu'il avait terriblement envie de jouir. Certain qu'une double stimulation serait plus efficace, Jean redressa légèrement son bassin afin de pouvoir y glisser une main. En voyant qu'il essayait de se toucher, son partenaire intercepta habilement son poignet.

     — Reste tranquille, tu veux ?
     — Putain, Marco. S'il te plaît...

     Mais son beau brun resta sourd à ses supplications. Par précaution, il attrapa les deux poignets de Jean qu'il bloqua d'une main dans le creux de son dos, au cas où il lui viendrait à l'idée de recommencer. Marco retourna ensuite à sa tâche, sans jamais perdre une miette des réactions de Jean qui avait l'impression de se faire dévorer tout entier. Ce fut d'autant plus le cas lorsqu'il sentit le bout de la langue de son partenaire forcer l'entrée de son intimité pour s'y enfoncer.

     — Bordel, grogna Jean.

     Il crut entendre Marco pouffer derrière lui, mais il n'eut pas le loisir de s'en offusquer car, déjà, celui-ci repartait à l'assaut de son corps. Jean n'avait aucune idée du temps qu'il passa à choyer sa zone la plus sensible, tant chaque seconde lui paressait durer une éternité. Marco ne s'arrêta pas avant de sentir les hanches de son partenaire trembler contre sa bouche. Il pressa deux doigts contre l'intimité de Jean, pour vérifier une dernière fois que celui-ci était suffisamment dilaté. Au vu du son qu'il laissa échapper, le jeune homme était plus que prêt.

     Marco retira rapidement les vêtements qu'il portait depuis le début et dans lesquels il commençait à avoir sérieusement chaud. Avant de poursuivre, il prit également la peine d'enfiler un préservatif. Conscient qu'ils allaient enfin passer à l'étape qu'il attendait depuis si longtemps, Jean avait relevé ses hanches qu'il pressait fiévreusement contre l'entrejambe de Marco. En dépit de sa propre excitation, ce dernier s'amusait encore à faire languir son partenaire en retardant le moment de la pénétration. Lorsqu'enfin, il aligna son sexe tendu face à l'intimité de Jean, celui-ci vit des étoiles.

     Marco s'enfonça lentement, très lentement en lui, mais il s'enfonça jusqu'au bout, comme pour laisser à Jean le loisir d'en ressentir chaque centimètre. Les yeux clos, celui-ci retient sa respiration au moment précis où ses fesses heurtèrent les hanches de son partenaire. Marco marqua alors un temps d'arrêt, profitant de la satisfaction de savoir son sexe enfouit au plus profond de lui. L'orgasme de Jean les surpris tous les deux, tant il fut soudain, car c'était la première fois qu'il jouissait grâce à la seule stimulation interne. Lorsque les tremblements de son corps se furent calmés, Marco l'aida à se retourner sur le dos pour qu'ils puissent se faire face. Sans échanger un seul mot, les deux jeunes hommes partagèrent un même fou rire, puis il retournèrent à leurs affaires.

     Après leur seconde apothéose, Marco se laissa tomber sur Jean qui l'entoura de ses bras, peinant lui aussi à reprendre son souffle. Il y avait quelque chose de particulier, dans cette étreinte, comme une intimité qui n'avait rien de sexuel. Il y avait quelque chose qui, inconsciemment, poussa Jean à murmurer trois petits mots. Il les avait soufflé si bas qu'il n'était même pas certain d'avoir été entendu. Mais lorsqu'il sentit le corps de Marco se crisper contre son cœur, il comprit qu'il venait certainement de se mettre dans de beaux draps.

Nᴏᴛᴇ ᴅᴇ Lʏᴀ
Vous sentez cette douce odeur de philophobie ?

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