𝟏𝟑 ¦ 𝐋𝐀 𝐍𝐔𝐈𝐓

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑 ━ 𝟏,𝟖𝐊 𝐦𝐨𝐭𝐬
La Nuit Étoilée,
Vɪɴᴄᴇɴᴛ Vᴀɴ Gᴏɢʜ (1889)

     Allongé sur le dos, Marco regardait distraitement le ciel nocturne à travers la fenêtre. Il y avait des nuits comme celle-ci qui le faisaient regretter d'habiter en ville, où la pollution lumineuse l'empêchait de distinguer clairement les étoiles, où le silence ne durait jamais assez longtemps. Le klaxon d'un automobiliste bourru se fit entendre jusque dans l'appartement. Le corps étendu contre Marco remua, mais brièvement, ainsi tout portait à croire qu'il ne s'était pas réveillé. Du moins, c'était ce que le brun pensait avant de sentir des doigts lui chatouiller le ventre.

     — Tu ne dors pas ? s'étonna-t-il.
     — T'arrives à dormir, toi ?

     Jean n'avait pas tort. Marco n'y trouva rien à répliquer, alors il se tut, retournant à ses contemplations et ses pensées muettes. Voilà un petit moment qu'il était entré dans cet appartement ; quelques heures, probablement, bien qu'il ait un peu perdu la notion du temps. La semi-obscurité dans laquelle était plongée la pièce lui rappelait qu'ils se trouvaient au milieu de la nuit et qu'ayant cours au petit matin, il ferait indéniablement mieux de dormir. Seulement, ce soir, le sommeil lui manquait.

     Un peu plus tôt, Jean l'avait autorisé dans un murmure à faire ce qu'il voulait de lui. Une demande des plus séduisantes que Marco s'était empressé d'exécuter. Il avait commencé par embrasser Jean contre le mur, à quelques pas de la porte, avec un aplomb qu'on ne lui reconnaissait pas, mais qui fut grandement apprécié. Jean s'accrocha à son cou, laissa glisser une main sous le col de son pull et fit courir l'autre dans ses cheveux bruns qu'il avait à cœur d'ébouriffer. Marco avait compris, dès l'instant où leurs bouches s'étaient rencontrées, qu'ils seraient incapables de s'arrêter à cet unique baiser.

     À peine l'eut-il achevé que Jean s'approcha de nouveau, les lèvres tendues et les yeux à demi-clos. Ils se jaugèrent du regard, se demandant non pas s'ils craqueraient (car là n'était pas la question), mais lequel d'entre eux craquerait le premier. Une lutte d'égo sans grand intérêt dont Marco ne se rappelait d'ailleurs plus l'issue. En revanche, il se souvenait encore vivement de ce qui avait suivi : tous leurs baisers, toutes leurs caresses, tous leurs soupirs. Les vêtements qu'ils avaient abandonnés sur le sol de l'appartement. Les draps dinosaures dans lesquels Jean les avait tous deux fait tomber en riant.

     Quant à ce qu'ils y avaient fait, cela ne risquait pas de finir dans un catalogue pour enfants. Car Jean et Marco ne s'étaient pas contentés de quelques baisers pudiques. Ils avaient laissé la fièvre les consumer. Pour une fois dans sa vie, Marco s'était laissé guider par l'impatience, l'empressement et l'ardeur qu'il sentait brûler en lui. Il avait remis l'heure de la réflexion à plus tard et, maintenant que son rythme cardiaque s'était calmé, il se repassait en boucle les images de cette soirée... incroyable. Le corps de Jean lui semblait encore brûlant contre le sien et la main posée sur son ventre le faisait frissonner. Comment Marco pouvait-il trouver le sommeil dans de telles conditions ?

     La situation aurait pu être différente pour Jean, qui avait l'habitude des coups d'un soir, pourtant celui-ci ne dormait pas non plus. Il se redressa légèrement sur un avant-bras, soutenant sa tête d'une main, tout en continuant de faire courir l'autre sur le torse de Marco dont il attira l'attention.

     — Qu'est-ce qui t'a poussé à venir ?
     — Je n'en suis pas sûr...

     Marco songea aux paroles d'Armin, puis à celles d'Ymir. C'était assurément ses ami‧e‧s qui avaient provoqué chez lui le déclic nécessaire, le déclencheur qui l'avait conduit jusqu'à cet appartement. Mais il n'oubliait pas non plus les doutes, les pensées et les envies qui grandissaient en lui ces derniers mois. Il n'y avait probablement pas d'explication compliquée à son geste ; il voulait retrouver Jean, alors il était venu et il ne le regrettait pas. Avant de répondre, Marco l'attira à lui d'une main derrière sa nuque pour l'embrasser lentement.

     — J'en avais assez d'hésiter.

     Il sentit Jean sourire contre ses lèvres dont il ne se détacha pas de sitôt. Quelques baisers plus tard, il retrouvait sa nouvelle place fétiche : allongé de tout son long sur Marco qui entourait sa taille de ses bras. Ainsi, il pouvait librement plonger dans son cou pour en mordiller la peau sensible ou en humer l'odeur vanillée tout en profitant des caresses de Marco sur son dos nu. Il y avait moins d'empressement dans leurs gestes qui se faisaient plus doux, plus langoureux, plus paresseux. Jean caressa la joue tacheté de son partenaire, songeur.

     — J'ai envie de te dessiner, chuchota-t-il. Je peux ?

     Marco hocha la tête. Il eut soudainement froid lorsque l'artiste se faufila hors du lit, mais celui-ci se réinstalla rapidement au-dessus de lui, un carnet et un crayon en main. Jean alluma également une petite lampe dont la lumière tamisée les éclaira faiblement sans pour autant les éblouir. Maintenant qu'il avait un point de vu intéressant et une vision dégagée, il put commencer à croquer son modèle préféré. Marco avait les cheveux ébouriffés, les joues rougies et les lèvres gonflées. Il était presqu'entièrement nu sous lui et Jean mourrait d'envie de figer ses traits lascifs sur le papier.

     Marco l'observa crayonner en silence, pas vraiment gêné mais pas vraiment à l'aise non plus. Grâce à ses dernières expériences en la matière, il se familiarisait progressivement à l'art de poser pour un artiste. Cependant, il doutait de pouvoir un jour s'habituer au regard passionné que Jean lui réservait. Il le contemplait comme s'il pouvait en voir davantage que ce qui s'offrait à sa vue. Ses yeux ambrés le détaillait avec tant d'intensité, tant d'exaltation que Marco sentait son rythme cardiaque s'affoler en réponse. Il avait l'impression que Jean allait le dévorer tout entier. Lorsque ce dernier se pencha pour l'embrasser, Marco laissa échapper un soupir de contentement.

     — Parfait, commenta l'artiste. Ne bouge pas.

     Un sourire victorieux aux lèvres, celui-ci retourna à son œuvre. De son côté, Marco fit la moue. Les regards indécents de Jean avaient achevé de réveiller son désir ; l'artiste le savait pertinemment, mais il s'amusait à le faire languir. Bien qu'il fut moins expérimenté que son partenaire, Marco aurait mis sa main à couper qu'il était plus à même de garder ses pulsions sous contrôle. Jean voulait jouer avec lui ? Très bien, mais il ignorait visiblement à qui il avait affaire.

     Au lieu de se redresser pour plaquer Jean contre le matelas comme il en mourrait d'envie, Marco posa innocemment ses mains sur les cuisses qui entouraient son bassin. Leur propriétaire lui jeta un coup d'œil suspicieux, mais Marco s'efforça de paraître sage. Il patienta quelques secondes, puis ses pouces commencèrent à tracer de petits cercles contre la peau de Jean, qui ne sembla pas le remarquer. Les caresses de Marco se firent graduellement moins discrètes et plus appuyées. Il faisait courir ses doigts le long de ses jambes, s'attardant tout particulièrement aux creux de ses genoux et à l'intérieur de ses cuisses. Ses poils clairs se faisaient moins denses sur ces zones réputées hétérogènes, ce qui permettait à Marco de toucher directement sa peau sensible.

     Jean comprit suffisamment tôt qu'il était en train de se faire prendre à son propre jeu. Son égo le poussa d'abord à résister, même s'il se désignait déjà perdant. C'était au tour de Marco d'arborer un sourire triomphant tandis qu'il s'amusait de l'entêtement de sa victime. Jean était à deux doigts de se jeter sur lui, et Marco savait parfaitement comment le faire craquer. Il n'eut, pour cela, qu'à faire remonter ses doigts un peu plus haut, de sorte qu'ils effleurent la méchante érection qui déformait le sous-vêtement de Jean depuis dix minutes.

     Ce dernier laissa échapper un gémissement qui sonna sa défaite. Abandonnant aussitôt son carnet et son crayon au milieu des draps, il se saisit des bras de Marco pour l'attirer à lui. Les lèvres de ce dernier furent bientôt trop occupées pour continuer d'arborer un sourire de suffisance. Puisqu'il avait de toute manière perdu à son propre jeu, Jean entendait profiter au maximum des attentions de Marco. Il y avait déjà moins d'hésitation dans ses baisers, moins de retenue dans les mains qui volaient sur son corps. Marco était partout autour de lui. Jean sentait sa peau brûler sous les caresses divines de ses doigts, de ses lèvres, de sa langue. Il avait l'impression de se tenir au milieu d'un brasier perpétuel. Et il s'y laissa consumer.

     — Touche-moi, s'entendit-il lui réclamer.

     Jean parlait évidement de son sexe tendu à l'extrême dans son sous-vêtement, mais Marco fit mine de ne pas comprendre.

     — Mais je te touche déjà, Jean. Veux-tu que je te touche ailleurs ? Je ne peux pas deviner si tu ne me le dis pas clairement. Où veux-tu que je te touche ? Peut-être... ici ?

     Marco posa ses mains sur la taille de Jean et les fit lentement remonter le long de ses flancs, vers sa poitrine. Ses pouces rencontrèrent les tétons percés qui durcirent un peu plus à ce contact. Marco les fit gentiment rouler entre ses doigts, attentif aux réactions de Jean qui s'en mordait la lèvre.

     — Je savais qu'ils te plairaient, souffla-t-il.
     — C'est vrai, reconnu Marco sans détours. Je les adore. Ils sont tellement beaux sur toi... J'ai envie de les dévorer.

     Il se désintéressa un instant des tétons rougis pour s'ancrer dans les yeux grands ouverts de Jean. L'impatience qu'il y décela le poussa à mettre sa proposition à exécution. Sa bouche fila tout droit vers l'un des mamelons gonflés sur lequel elle déposa un baiser, puis deux, puis trois. Marco titilla le bout de chair de sa langue, l'aspira entre ses lèvres et se risqua même à le tirer doucement entre ses dents. Il glissa un regard vers Jean, car il voulait vérifier qu'il ne lui faisait pas mal, mais son partenaire semblait vraiment prendre son pied. Rassuré, Marco s'attaqua au second téton qu'il avait jusqu'alors délaissé, poursuivant son œuvre avec plus d'enthousiasme encore. Les tremblements de Jean lui indiquaient qu'il ne tiendrait plus longtemps, mais Marco se plaisait à le pousser dans ses derniers retranchement. Sous sa bouche, Jean devenait fou.

     — Merde, Marco ! gémit-il lorsqu'il eut atteint sa limite.

     Il empoigna ses cheveux bruns sur lesquels il tira pour déloger sa bouche de sa poitrine où elle y faisait des ravages. C'était délicieux, bien sûr, mais Jean ne pouvait plus supporter cette douce torture ; à ce rythme, son sexe allait exploser.

     — Touche-moi, répéta-t-il tel un mantra entre deux baisers passionnés. Touche-moi en bas. Fais-moi jouir, je t'en supplie.

     Sa propre main retrouva la chaleur du caleçon de Marco qu'il commença à masturber. Lorsque celui-ci consentit enfin à lui rendre la faveur, Jean ne tient pour ainsi dire pas plus d'une minute. En le sentant trembler contre lui, Marco ne tarda pas lui aussi à éjaculer pour la troisième fois de la nuit.

     — Un jour, je te ferais jouir rien qu'avec ma bouche ici.

     Il effleura ses tétons et Jean frissonna à cette promesse.

Nᴏᴛᴇ ᴅᴇ Lʏᴀ
Je vous avais promis un feu d'artifice ; voici déjà de belles étincelles <3

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