𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟑
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C H A P I T R E 3 3
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tw — violence, images
gores décrites
赤い糸赤い糸
赤い糸
QUELQUES ECHOS DE VOIX résonnèrent jusqu'à ses oreilles, éveillant sa curiosité. Ses sourcils se froncèrent. Les bruits lui semblaient sourds, comme provenant de loin mais près à la fois. Ils résonnaient avec force.
Un grognement la prit. Un écran noir était posé devant ses yeux. Il lui fallut quelques secondes avant de réaliser qu'il s'agissait de ses paupières qu'elle avait fermé. Elle était en train de se réveiller d'un très long et pénible sommeil.
Son corps la tiraillait. Non seulement elle était courbaturée mais en plus la position dans laquelle elle était la malmenait. Son dos était endolori ainsi que ses fesses. Elle semblait assise sur un sol dur, le creux de ses reins appuyé à une forme circulaire et ses épaules pendant dans le vide, sa tête basculée en arrière.
Ses bras étaient immobilisés.
Ses sourcils se froncèrent. Elle parvint enfin à ouvrir les yeux. La luminosité était assez faible pour qu'elle n'ait pas trop de mal à s'en accommoder. Mais il lui fallut tout de même battre plusieurs fois des cils pour parvenir à chasser le film flou entre ceux-là et distinguer nettement les alentours.
Il s'agissait d'une très large salle. En son centre, un gigantesque bassin s'étendait. Une piscine. Mais elle était vide. Des traces de boue et de pas étaient visibles dedans, signe qu'elle n'avait pas été utilisée depuis plusieurs semaine, si ce n'était années.
Autour, le sol était en tout aussi piteux état. Quelques graviers et impacts de balle étaient visibles dessus ainsi que sur les murs. Ceux-là semblaient avoir été détruits dans le but d'une rénovation abandonnée : la tuyauterie était visible partout, lui rappelant légèrement le sous-sol dans lequel l'avait enfermée Livai après leur première rencontre.
Maintenant, elle se souvint. Quelques traces lui revinrent en mémoire. L'air soucieux de Livai. Son téléphone. Les messages. La voix d'Erwin dans son dos. Le choc à la tête.
Elle avait encore mal, d'ailleurs. Mais au moins, elle n'avait pas perdu la mémoire une deuxième fois.
Un soupir la prit. Visiblement, le blondinet était parvenu à l'enlever alors même qu'elle se trouvait dans sa maison, aux côtés de diverses personnes armées et entrainées. Et elle eut soudainement envie de sermonner la terre entière. A commencer par elle-même.
— Bien dormie, poupée ? résonna soudain une voix à sa droite.
Elle se raidit. Seul un homme avait le droit de l'appeler comme ça. Et ce n'était sûrement pas celui qui venait d'entrer dans la vaste salle par la porte située à droite de la jeune femme.
Elle lança un regard noir à la tête blond la fixant depuis l'encadrement. Ses cheveux ne semblaient plaqués de chaque côté d'une raie pratiquée au milieu de son crâne que grâce à de la graisse, ses épais sourcils accentuaient son air teigne tandis que sa mâchoire carrée lui donnait l'allure d'un monstre broyant tout sous ses molaires épaisses.
Il la dégoûtait. Car les messages qu'il avait envoyés à Livai ne quitteraient jamais son esprit.
— Désolé, j'ai cru comprendre que mon frère t'appelait comme ça, lança-t-il en faisant référence au surnom qu'il avait utilisé. Je me suis donc dit que ce serait sympa de nous créer un point commun. Surtout que tu vas passer pas mal de temps avec moi.
Elle contracta sa mâchoire en le voyant avancer mais ne laissa aucun geste trahir l'anxiété croissant en elle. Il était hors de question qu'elle lui donne la satisfaction de voir qu'elle n'était pas à l'aise en sa présence.
Il en serait bien trop content.
— Ma chère Galatée, voilà mon problème, lâcha-t-il.
Elle frissonna. Ce nom n'était pas le sien. Mais elle n'était pas bien étonnée qu'il s'en serve. Après tout, un tel monstre chercherait à la déstabiliser par tous les moyens. Qu'importe, elle survivrait à quelques tactiques minables de tortures psychologiques.
En revanche, étant donné le naturel avec lequel il avait pu s'immiscer dans l'entourage de Livai, l'intimider sans que celui-ci ne riposte et même la kidnapper en présence d'autres criminels, elle savait à quel point il était doué.
Aussi devinait-elle les tortures physiques qu'il lui infligerait.
— Comme tu l'as lu, mon père a été tué, lança-t-il en s'arrêtant devant elle, s'accroupissant.
Maintenant à sa hauteur, elle put mieux le détailler. Un sourire aimable habillait ses traits. Il semblait profondément bienveillant, là. Si on excluait bien sûr le fait qu'elle était retenue contre son grés dans ce lieu sordide.
— Mon père a été tué par ma mère, il y a longtemps. Mais le problème c'est que ma mère l'a tué pour protéger Livai...
— C'est pour ça que vous le haïssez ? elle le coupa, le fixant dans les yeux.
Ses épais sourcils se haussent.
— J'ai lu les messages, elle reprit. Votre haine n'est pas dirigée vers votre mère qui a tué votre père mais vers Livai.
Il lui sourit d'un air bienveillant, comme s'il était profondément touché qu'elle ait deviné cela. Il ne s'énerva même pas à cause du fait qu'elle se soit permise de l'interrompre.
— Mon père était un homme bien, il aimait Kuchel. Même quand elle est partie trainer son gros cul de pute auprès d'autres clients et que Livai est arrivé. Il l'a toujours aimée. Mais elle, elle m'aimait pas quand je suis né, je l'ai tout de suite deviné. En revanche Livai, le fils de la putain et de son client, lui, il a eu le droit à tout.
La jeune femme déglutit péniblement. Elle n'était pas passée maitre dans l'art de la psychologie mais elle n'avait pas l'impression que l'homme devant elle était sain d'esprit. Même plus, quelque chose lui disait qu'il était en proie à un délire paranoïaque.
— On aurait pu avoir une belle famille si Livai était pas arrivé !
Elle ne répondit pas, se contentant de l'observer. Son sourire se fanait à mesure qu'il parlait du noiraud, son regard allant se perdre dans ses propres souvenirs et ses poings se fermant. Il était clair qu'il vouait une véritable haine à l'égard de l'homme.
Et Livai, de son côté, n'avait sans doute jamais puni violemment Erwin car, en plus de se sentir coupable du fait qu'il s'agissait de son frère, il avait sans doute réalisé qu'il n'était pas véritablement maitre de ses actes.
— Alors quand mon père a été tué, torturé et abattu comme un chien, je me suis mis en tête de découvrir la vérité. Et quand j'ai su que les personnes qui l'avaient tué travaillaient pour Kuchel, j'ai compris. ELLE AVAIT HONTE DE MOI DONC ELLE A ESSAYE DE TUER NOTRE FAMILLE ! TOUT CA POUR CET ENFOIRE DE LIVAI ACKERMAN, SON VRAI FILS, CELUI QUI AVAIT SON NOM !
La jeune femme fixa Erwin qui venait de se mettre à hurler, agitant les bras dans tous les sens et se levant à moitié pour gronder une personne inexistante, à quelques pas de lui.
Elle en était retournée.
Comment quelqu'un qui avait pu avoir l'air si sain d'esprit, banal lors de leur diner d'affaire venait-il tout juste de se métamorphoser ainsi ?
— Alors je me suis dit que j'allais tuer Kuchel de la même façon pour que Livai voit ce que ça fait, murmura-t-il soudain en s'asseyant en tailleur sur le sol. Mais je ne sais pas qui il préfère entre toi et Kuchel. Laquelle je devrais tuer.
Elle ne répondit pas, se contentant de le fixer tandis qu'il semblait profondément perdu dans ses pensées.
— C'est vraiment le seul point incertain de mon plan..., lâcha-t-il d'une voix douce. Sinon, tout est prêt. J'ai l'arme. J'ai la technique puisque je me suis entrainé.
Elle se figea.
— Entrainé ? répéta-t-elle.
— Oui, pour reproduire les mêmes blessures. Je veux que tout soit exactement pareil que ce qu'elle a fait subir à mon père.
— Il a été tué comment ?
Aussitôt, il haussa les sourcils. Puis, un sourire fendit ses lèvres. Elle sentit un frisson la prendre face à l'air ravi qu'il affichait.
— Tu es la moins méchante de tous, je l'ai toujours su. Les autres, elles m'ont pas posé de question.
— Comment ça, les autres ? demanda-t-elle en se raidissant, craignant de comprendre.
— Bah, celles que j'ai tué avant toi, répondit-il.
Là-dessus, il sortit de sa poche son téléphone. Et, le déverrouillant, entreprit d'ouvrir l'application photographie tout en continuant ses explications :
— J'ai eu du mal à prendre la tête du commissariat. Mais il me fallait ce grade pour ouvrir certaines archives. Et c'est comme ça que j'ai appris le rôle de Kuchel dans le meurtre de mon père et surtout, les circonstances dans lesquels il était mort...
Là-dessus, il montra à la jeune femme une image sur son écran. Il s'agissait d'une photo d'une autre photographie, format papier. Et elle dut retenir un renvoi lorsqu'elle vit les détails de celle-ci.
Un homme, assis sur une chaise. Ses mains étaient attachées dans son dos et seule une chemise l'habillait. Sur ses jambes dénudées, des traces de lacération — visiblement de la torture — étaient visibles. Finalement, sa tête renversée en arrière laissait voir une plaie béante. Il avait été égorgé.
Le coup de grâce.
Si le caractère gore de l'image la fit frissonner et même faillit la pousser à vomir, faisant remonter une bile acide le long de sa gorge, ce ne fut pas tout. Car ces blessures-là, elle les avait déjà vu ailleurs.
— Quand vous dites que vous vous êtes entrainé..., lâcha-t-elle d'une petite voix.
— Ouais, sur les membres de la Rose Noire ! sourit-il en retour, visiblement fier. C'est ces salopes qui travaillaient pour Kuchel et ont tué mon père. Elle et un autre que j'ai jamais retrouvé, un certain Eren Krüger ! Alors je me suis vengé !
— M...Mais...Mais je croyais que... Olympe a dit que...
Un rire le prit face aux bégaiements de la femme. Elle avait devant lui un homme qui avait torturé mentalement un de ses fiancés et avait malmené la Rose Noire, ses collègues. Celui qu'ils cherchaient depuis des semaines.
Et qui avait aussi reçu la tâche d'enquêter sur l'affaire.
— Ah oui ! Que Kuchel avait tué les membres de la Rose Noir et que le Serpent était passé derrière ! lança-t-il. C'est moi qui le lui aie dit. Ce qui permet à cette femme d'être « omnisciente » c'est qu'elle a énormément d'informateurs, dont moi. Le Serpent a disparu de la circulation depuis des années et se fiche de la Rose Noire. Et en réalité, y'a jamais eu de rumeurs d'une clé USB implanté dans la cuisse de qui que ce soit. Mais Olympe est une écervelée qui m'a cru juste parce que j'ai un insigne. Quand je lui ai « confié » ces informations, elle s'est empressée de les répéter !
Son cœur battait avec force tandis qu'elle fixait le blond, furieuse. Toutes leurs suppositions, la guerre entre les Ackerman et la Rose Noire... Tout cela n'était basé que sur un mensonge d'Erwin qui les avait montés les uns contre les autres. Il fallait que tous sachent la vérité. Ce n'était pas Kuchel qui avait tué des membres de la Rose Noire avec une épingle afin d'incriminer Eren et elle. Il n'y avait pas lieu de déclencher une guerre entre leurs clans.
Epuisée, elle ouvrit faiblement la bouche :
— Votre mère doit vous aimer, en fin de compte. Car elle vous a pas dénoncé et, quitte à déclencher une guerre entre les Ackerman et la Rose Noire, elle s'est rendue coupable de votre crime. Même plus, elle a accusé le Serpent d'en être aussi mêlé, incriminant un membre de la Rose Noire.
Brutalement, il se redressa sur ses deux pieds, serrant les poings et se penchant vers sa prisonnière.
— M'AIMER !? ALORS POURQUOI ELLE A TUE MON PERE, HEIN !? SI ELLE M'AIMAIT VRAIMENT, CETTE GROSSE PUTE, ELLE AURAIT LAISSE MON PERE VIVANT ! LUI, IL L'AIMAIT ! IL L'AIMAIT MÊME BEAUCOUP ! MAIS ELLE A DEMANDE A LA ROSE NOIRE QUI TRAVAILLAIT ALORS POUR ELLE DE LE TUER ! HEIN !? ET TOI T'EN SAVAIS RIEN, C'EST CA !? JE SUIS PAS UN MONSTRE, MOI, J'AI TUE QUE LES MEMBRES DE LA ROSE NOIRE DONT J'ETAIS SUR DE LA CULPABILITE ALORS ME FAIS PAS DE LECONS DE MORAL ET JE T'INTERDIS DE ME PRENDRE DE HAUT !!!!
La suite, elle ne le vit pas venir. Mais la chaussure d'Erwin s'écrasa soudain dans son ventre, la forçant à se plier en deux.
— C'EST TOI QUI EST SUR LE SOL ET TU OSES ME PRENDRE DE HAUT !? GROSSE SALOPE !
Un autre coup. Cette fois-ci, il abattit le plat de sa semelle dans son dos, le forçant à s'allonger au sol. Une giclée de sang jaillît de la bouche de la jeune femme.
— JE VAIS TE BUTER, ESPECE DE GROSSE SALOPE !
Mais, malgré la douleur et la violence des coups, malgré l'hémoglobine coulant de sa bouche et son corps tressautant à chaque impact, elle laissa bientôt filer un rire. D'abord fébrile, il se fit entrecouper par les coups d'Erwin.
Mais quand celui-ci entendit la mélodie, il s'arrêta aussitôt.
— POURQUOI TU RIGOLES !?
Face contre terre, elle mit quelques secondes avant de se redresser, lançant un regard à l'homme par-dessus son épaule. Il était toujours debout, là, la fixant depuis sa hauteur. Son visage encore rougi par la rage.
— Elles ont torturé ton père puis l'ont buté. Toi t'as fait l'inverse. T'as tailladé leurs peaux après. Parce que t'avais trop peur d'entendre des cris de douleur, tu te pissais dessus à l'idée qu'elles te maitrisent pendant tu les torturais. Tu voulais les humilier en les foutant à poils mais c'est toi que t'as humilié parce qu'un seul coup d'œil aux scènes de crime montre que t'es qu'un gosse qui chie dans son f...
Sa phrase mourut quand il abattit sa semelle sur sa mâchoire. Puis il recommença sur sa poitrine. Puis son ventre. Ses côtes. Ses hanches. Ses cuisses. Sa rage était infinie. Irrépressible. Incurable.
Et ce fut lorsque cette pensée la traversa, tandis qu'elle crachait du sang sur le sol poisseux, qu'elle réalisa la terrible vérité.
Elle allait devoir se résoudre à le tuer.
赤い糸
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j'espère que ça vous
aura plu !
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