𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟕
















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C  H  A  P  I  T  R  E    2 7

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tw — mention de torture

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赤い糸

             LES LUEURS BLANCHATRES étaient peu avenantes. Malgré elle, un frisson la prit au souvenir de son dernier séjour dans cet hôpital. Quoi qu'elle occupait alors une chambre nettement mieux élaborée et pensée, sans armoire blanche de fer et murs impersonnels.

             La morsure du serpent. Nombre de choses s'étaient écoulées, depuis.

             Elle avait appris son véritable nom, la nature du groupe baptisé la Rose Noire, s'était rapproché de l'héritier Ackerman, s'était éloignée de son époux pour mieux le retrouver et avait peu à peu déserté les réseaux sociaux pour se concentrer dans la traque du mystérieux individu qui cherchait à tuer les membres de la Rose Noire.

             Oui. Bien des moments étaient passés. Aujourd'hui, trois ennemis avaient fait surface. Le premier avait assassiné froidement trois lieutenants. Le deuxième avait tiré sur Marcel — les possibilités qu'il ne s'agisse pas de la même personne étaient accrues compte tenu du fait que le mode opératoire différait. Le dernier avait engagé un groupe de mercenaire pour s'en prendre à elle ce même jour.

             Grâce aux informations délivrées par Olympe Loreen, elle n'était pas sans savoir l'identité du troisième commanditaire qui n'était autre que son beau-père, Grisha Jäger. Le premier cité, quant à lui, semblait connu de Livai mais celui-ci lui avait caché l'information durant plusieurs semaines au moins. Et, finalement, elle s'en allait maintenant quérir des indices sur l'autre.

             Celui qui s'en était pris à Marcel Galliard alors qu'elle s'apprêtait à le serrer dans ses bras.

             Si le clan Ackerman avait embarqué le groupe engagé par Grisha, ils n'avaient pas pu déplacer le tireur d'élite. Après le passage de Porco, l'homme était si amoché que le débrancher un seul instant aurait mis ses chances de survie — et leurs chances de l'interroger — à un chiffre proche de zéro.

             Cela était une aubaine pour la jeune femme qui, un masque sur le visage, un uniforme et faux badge d'infirmière sur le dos ainsi qu'une perruque pour éviter d'être reconnue, s'en allait en direction de la chambre de l'homme. Son chariot tremblait sur le sol tant il était lourd et parcouru de secousses, provoquant un bruit assourdissant dans le silence des lieux.

             Malgré la surpopulation des chambres d'habitude, cette période était plutôt calme. Une aubaine pour les infirmières qui avaient tenu à ce qu'il soit attaché et éloigné de leurs autres patients. Et aussi pour elle qui ne souhaitait pas que des oreilles indiscrètes ne la surprenne.

             Alors, s'arrêtant devant la porte, elle en franchit le seuil sans son chariot avant de nettoyer ses mains en utilisant le distributeur de gel hydroalcoolique fixé au mur. Derrière elle, la silhouette du malade remua un peu. Elle devina qu'il s'était tourné en sa direction.

— Bonjour, le salua-t-elle poliment.

— Bonjour, lui répondit une voix éraillée par la fatigue et les médicaments.

             Un sourire étira les lèvres de la jeune femme. L'homme ne semblait pas le moins du monde soupçonner son identité véritable. Qu'importe, il l'apprendrait bien assez tôt. Car elle avait décidé qu'aujourd'hui marquerait la fin de bien des mystères.

             Elle obtiendrait le nom de son commanditaire, quoi qu'il n'en coûte.

             Se détournant du distributeur, elle approcha le corps. Celui-ci était solidement bandé à divers endroits. Sous les bandes blanches entourant son visage, un œil tuméfié et un nez ensanglanté étaient visible. Décidément, Porco ne l'avait pas raté. Il faisait presque peine à voir.

             Mais elle n'était pas là pour s'apitoyer sur l'état d'un meurtrier. Sa présence n'avait pour seul but les réponses qu'elle exigeait déjà obtenir.

— Vous allez me faire quelques piqures, comme d'hab ? demanda l'homme.

             Par-dessus son masque, elle échangea un regard avec lui avant de plisser les yeux. Elle devinait sa tentative de paraitre avenant. Mais les menottes l'attachant aux barreaux du lit suffisaient à rappeler la vérité sur son identité. Nul ne pouvait se laisser berner.

             Aux yeux de tous, il était un tueur à gages ayant tenté d'abattre un professeur et fait feu dans une école en pleine journée. A ceux de la jeune femme, il ne résumait qu'à une pourriture s'en étant pris au sien.

             Son amnésie importait peu. Il est des liens capables de survivre à n'importe quel choc. Et ses battements de cœur, sa gorge serrée, son sourire naturel suffisaient à lui faire comprendre combien les membres de la Rose Noire avait compté pour elle.

             Ce matin encore, se relevant revigorée, une bandelette froide apaisante sur le front et la gorge dégonflée, elle avait saisi son téléphone pour s'entretenir avec Porco. Ce dernier avait affirmé être dans l'avion afin de rentrer dans la planque.

             Elle avait hâte d'en entendre davantage et espérait bien pouvoir aussi lui apprendre certaines choses.

             Comme le nom de la personne responsable du coma de son frère.

— Une piqure peut arriver si vous ne vous montrez pas sage, répondit-elle dans un sourire charmeur qu'il ne put pas voir mais sembla bien deviner.

             Aussitôt, un rire chargé de capitons de désir franchit ses lèvres.

— Suis-je en train de rêver ou vais-je vivre le fantasme de tout homme ? chantonna-t-il.

— Ni l'un ni l'autre, monsieur Harold, tonna-t-elle fermement.

             Ses yeux s'écarquillèrent sous ses bandages. Son véritable nom. Nul ne l'avait trouvé jusqu'ici.

               Personne. A la seule exception d'Edward.

— A moins que la perspective d'une longue séance de torture ne vous semble alléchante, ajouta-t-elle en sortant un bistouri de sa blouse. Ne vous inquiétez pas, je sais me montrer propre et je désinfecterai mon outil.

               Le tintement régulier du cardiogramme s'agita brusquement. Et, se tournant vers l'appareil, elle regarda rapidement l'écran vert et les nombreux piques tracés par la ligne enregistrant ses pulsions cardiaques.

— Ouh... Deux-cent battements par minute, ce n'est pas bon, monsieur Harold. La moyenne est de soixante à cent, vous n'arrangez pas votre état.

— Qu'est-ce que vous voulez !? s'exclama aussitôt l'homme.

               Les sourcils de la jeune femme se haussèrent quand elle se tourna vers lui. Malgré ses bras blessés, il prit appuie sur ces derniers pour tenter de se hisser vainement loin d'elle. Ses poignets demeurèrent fixés au lit.

               Un faible rire la prit. En dépit des bandages couvrant quasiment la totalité de son corps, la peur demeurait incroyablement visible. Et elle n'avait fait que déballer les outils.

               Elle s'était attendue à bien des réactions mais pas à celle-ci.

— Ça va être encore plus facile que ce à quoi je me suis attendue, commenta-t-elle.

               Tant mieux. Elle souhaitait rentrer au plus vite, de toute façon. Eren lui avait fait part le matin-même de son envie de passer l'après-midi avec elle devant quelques films et il était hors de question qu'elle le fasse attendre.

               Si le sang devait couler, il coulerait. Mais elle serait ponctuelle pour son époux.

— Qui t'a engagé ? demanda-t-elle.

— J... Je sais pas ! répondit-t-il en toute précipitation, secouant la tête.

               Sa réponse ne lui scia guère et elle haussa un sourcil dubitatif, peu enclin à le croire. Il sembla le deviner aussitôt.

— Je... Je vous jure que je vous dis la vérité ! Je sais pas du tout ! Ne me faites aucun mal, je vous en supplie !

               S'approchant, elle posa une main délicate sur son mollet à travers les draps. Il tressaillit à ce contact, visiblement saisi. Un léger sourire étira ses lèvres et elle le fixa. Frémissant, il fit de même en retour derrière ses bandages.

               Ses iris noires tremblotaient dans leurs orbites.

— Tu vas sincèrement essayer de me faire croire que tu n'as aucune idée de l'identité d'une personne qui t'a ordonné de tuer l'un de mes proches ?

               Il acquiesça en toute hâte. Les doigts de la femme se refermèrent brutalement sur sa jambe, menaçant, tandis qu'elle faisait tournoyer le bistouri dans sa main libre.

— J... Je vous jure que c'est la vérité ! J'avais besoin d'argent alors j'ai fait ce que je pouvais ! lâcha-t-il en toute hâte.

               Elle fronça les sourcils puis pencha la tête sur le côté. Quelques pièces du puzzle commençaient à s'assembler.

— Tu trembles à ma venue, ne sais pas qui t'a engagé et ne supporte même pas la simple idée d'être torturé, balançant la moindre information sans hésitation avant même que je ne plante ta chair... Tu n'es pas un professionnel.

— Quoi ? répondit-t-il, trop concentré sur la lame pour réellement écouter ce que je dis.

— Tu n'es pas un tueur à gages, je me trompe ?

               Aussitôt, il se tendit et ses sourcils se haussèrent sous ses bandages. Etant donné sa nature loquace et le fait qu'il était réveillé depuis plus d'une journée maintenant, elle était surprise que les informateurs d'Eren n'aient vu aucun Ackerman pénétrer l'hôpital.

               Il était une mine d'or d'informations.

— Quoi !? Bien sûr que non ! s'exclama-t-il. Je suis un athlète triathlon ! J'ai été engagé pour faire croire à une tentative de meurtre !

— Une tentative de meurtre ? répéta-t-elle. Comment tu pouvais être sûr qu'il y survivrait ? Parce que jusqu'à preuve du contraire, même les médecins ne sont pas sûrs qu'ils puissent !

— Mais c'est ça, le problème ! Ce n'était pas lui ! Je n'ai jamais visé cet homme ! Je ne lui voulais aucun mal ! Mon arme n'était pas dirigée en sa direction !

               L'immeuble depuis lequel avait été tiré le coup de feu était le seul permettant un tel tir. Aucun autre n'offrait un axe si précis et similaire. Et pourtant, cet homme soutenait qu'il n'était pas responsable de ce qu'il s'était produit.

               Il sembla deviner l'air dubitatif de la femme.

— Je devais tirer dans une vitre d'un autre endroit, pas loin ! J'étais en appel vidéo avec quelqu'un qui observait le moindre de mes gestes quand je le faisais ! J'ai d'abord cru que c'était quelqu'un de très méfiant et méticuleux mais, quand la balle a été déviée, j'ai compris !

               Sa phrase lui fait l'effet d'une claque. Les yeux écarquillés, elle le dévisagea, abasourdie. Ai-je bien entendu ce que je viens d'entendre ?

               Sa balle aurait été déviée ?

— Vous reconnaissez donc que c'est votre balle qui a blessé Marcel Galliard ? insista-t-elle, saisie.

               Il hocha la tête frénétiquement.

— Oui mais je l'ai jamais visé ! Je devais juste briser une vitre de banque pour qu'un directeur fasse croire à une tentative d'assassinat sur sa personne, moi ! Rien de grave ! J'ai jamais voulu blesser que qui ce soit et...

               Des larmes perlaient sur ses bandages tandis que sa poitrine se secouait. A cours sûr, cet homme n'était pas un assassin. Juste un excellent pigeon.

               Etant athlète de triathlon, il présentait des facilités avec les armes à feu tout à fait légale. Et, se trouvant derrière l'arme au moment d'un coup de feu, il pouvait être sûr de ne tuer personne lorsqu'il pressait la détente. Aussi, quand la possibilité de gagner beaucoup d'argent sans faire le moindre blessé lui a été présentée, il a souhaité la saisir.

               Qui irait s'imaginer que la balle qu'on tire, contrôle, puisse être déviée ?

               Elle-même n'avait jamais songé à cette possibilité alors qu'il s'agissait de son premier domaine de compétence.

               Je crois cet homme. Il était trop bête pour feindre la naïveté et trop naïf pour ne pas dire la vérité. Oui. Elle était certaine qu'il disait vrai. De plus, cette hypothèse semblait être la plus plausible compte tenu du témoignage de Porco.

               Quand il était arrivé dans l'immeuble et avait trouvé le tireur d'élite, celui qu'il prenait alors pour un tueur à gages était en larmes, les mains levées en l'air en signe de capitulation. Mais cela n'a tout de même pas suffi à apaiser sa peine immense.

               Après avoir perdu trois sœurs d'armes et un frère de sang, renoncer n'était pas envisageable. Alors il avait cédé à de bas instincts en le battant quasiment à mort.

               Et il était là, à présent. Dans ce lit d'hôpital.

— Vous dites que la balle a été déviée, comment est-ce possible ? demanda-t-elle en rangeant son bistouri.

               Aussitôt vit-il cela qu'il laissa filer un long et profond soupir de soulagement, apaisé. La ligne sur le cardiogramme exécuta aussitôt des piques moins élevés et ardus.

               Il lui fallut quelques instants pour se remettre de ses émotions avant qu'il ne se tourne à nouveau vers elle.

— Je pense que c'est une autre balle, déclara-t-il simplement.

— Une autre balle ?

— Oui. Je pense que l'autre tireur s'est servi de mon appel vidéo pour voir quand je tirerai et qu'à ce moment-là, il a aussi pressé la détente. Sa balle a percuté la mienne pour la rediriger vers votre ami.

               Cette présentation des choses lui fit l'effet d'une claque. Non. C'était impossible. Un tel tir était impossible, elle en était certaine.

               Les yeux écarquillés, elle fixait le sol d'un regard vide, peinant à saisir les mots pourtant simples de l'aliter. Son cœur battait avec ardeur dans sa poitrine tandis que, pantoise, elle ne parvenait plus à faire le moindre mouvement.

               Personne ne se montrait si précis. Pas même elle. Alors qu'elle était numéro une. Il devait y avoir une autre explication. Nul n'avait ces capacités. Il était impossible de réussir à tirer sur la trajectoire — imperceptible pour l'œil humain — d'une autre balle afin qu'elles entrent en collision.

               Et elle le savait car elle était la meilleure, avait exécuté les plus larges prouesses avec les armes à feu, défié de grands tireurs d'élite.

               Enfin...

               Le seul être capable de battre le meilleur élève est simplement son maitre.

— Bonjour, (T/P).

               Une voix dans son dos la fit tressaillir. Grave, légèrement moqueuse, elle s'insinua en elle quand le nouveau venu posa pied sur le pas de la porte. Son ton calme mariait sans nul doute un visage paisible mais, les muscles raides et le choc la paralysant, elle ne parvint pas à se tourner vers lui.

               Lui revint alors brutalement en tête les paroles de Dan qu'Eren lui avait rapporté, le matin-même. Lors d'un entretien officieux avec lui et Sieg, son mari avait appris un élément assez important sur le passé de la jeune femme.

               Elément décisif, aujourd'hui.

« Ah non, la seule personne qu'elle a tuée là-bas c'est un ancien membre de la Rose Noire. Je veux dire, Dina en était une mais c'est un gars qu'elle a buté. Celui qui lui a appris à tirer d'ailleurs. Eren Kruger. »

               Son souffle se faisait court, elle ne parvenait à respirer. Non. Ce n'était pas possible, il devait y avoir une autre explication.

« Celui qui lui a appris à tirer d'ailleurs. Eren Kruger. »

               Ce ne pouvait pas être lui. Il était mort. Elle l'avait abattue en Afghanistan d'un tir avoisinant les trois kilomètres. Un record mondial. Une prouesse saluée dans le milieu du crime et même au-delà.

— J'ai cru comprendre que des présentations s'imposent de nouveau puisque tu es amnésique, poursuit la voix. Mais je m'en passerai bien. J'estime être le genre de personne dont on se souvient plusieurs vies durant...

               Son souffle était bloqué dans sa poitrine. Son ombre menaçante planant dans son dos et l'air crépitait. Emanait de lui une aura tétanisante.




— Je serais bien resté en Enfer mais je préfèrerai que tu m'accompagne là-bas, ma chère.

赤い糸






















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j'espère que ça vous
aura plu !

on continue sur la
lancée de publications

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