𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟑
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C H A P I T R E 2 3
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tw — mention de polyamour
赤い糸赤い糸
赤い糸
LE CALME ETAIT reposant en cette aube naissante. La plupart des passagers qui venaient de s'assoir dans les lieux étaient inhabituellement silencieux en cette matinée. Pour cause, la fatigue les éreintait tous trop pour qu'ils se permettent le moindre commentaire. La plupart enivré par les vapeurs du sommeil, ils ne mettaient que péniblement un pied devant l'autre dans les allées.
Le jet privé de Livai Ackerman était esthétiquement plaisant. Autour de la coque, des hublots entourés de banderoles lumières LED laissaient voir la nuit touchant à a fin, à l'extérieur. Les sièges de cuir crème ressemblaient davantage à des canapés qu'à des fauteuils d'avion. Des tables basses de bois de chêne clouées au sol étaient même disposée çà et là.
Au fond, un comptoir ligneux était sécurisé par des vitres résistantes afin d'empêcher les bouteilles derrière de chuter à la moindre turbulence.
— Une barre de pole dance et c'est le paradis.
— Ta gueule, Edward, maugréa Eren, les yeux mi-clos, en s'affalant sur un siège.
Le faux-blond ne rétorqua pas, bien trop groggy pour même se rendre compte de l'injure. En l'espace de quelques jours, il venait d'enchaîner divers vols et ses nerfs ne le supportaient pas bien. Surtout qu'après avoir attaché Livai et Eren ensemble, la fierté de ceux-ci s'en était trouvée si touchée que, pour la première fois de leur existence, ils s'étaient mis d'accord sur une vengeance.
Avant de venir dans ce jet privé, Edward avait donc été tiré du lit à grand renfort de vuvuzela.
Et, à présent, ses cheveux en bataille sur le coussin de voyage coincé autour de son cou, le garçon se déplaçait à petit pas, observant difficilement entre ses yeux mi-clos les détails de l'appareil. Mais il n'en avait que faire.
Sa seule préoccupation était de se jeter sur le premier fauteuil libre venu.
Dans son dos, le Cinquième Lieutenant de la Rose Noire n'était pas plus reposé. Un bâillement étira d'ailleurs sa bouche au moment où, repérant son époux, elle esquissa un sourire fatigué. Elle n'avait qu'une seule hâte : se blottir contre lui.
La veille, Livai avait peaufiné et fait part des derniers points quant à la mission visant à sauver Pieck. Lui, Eren, sa femme, Edward et Porco allaient prendre un vol pour Washington D.C. à la première heure et poser bagages dans un hôtel de luxe dès le moment où ils mettraient pieds à terre.
Le noiraud comptait sur eux pour se reposer dans l'avion car, dès lors qu'ils auraient débarquer, une ribambelle de choses à faire les attendaient, à commencer par localiser avec exactitude Pieck Finger. Grâce à la nouvelle identité que les Ackerman lui avaient conféré, ceux-là savaient quel nom d'emprunt elle avait utilisé durant un moment.
Mais il s'agissait d'un membre de la Rose Noire alors, évidemment, elle avait rapidement changé d'identité à nouveau pour que le clan ne parvienne pas à la retrouver. Fort heureusement, une enquête menée par Farlan et Isabel dans les dossiers confidentiels du FBI leur avait appris qu'elle travaillait elle aussi pour une agence gouvernementale, dorénavant.
Le Service d'enquêtes criminelles de la marine des États-Unis.
— De tous les coins où elle aurait pu se trouver, j'aurais jamais parié sur le NCIS, lâcha abruptement Porco en se retournant sur son siège, prêt à se rendormir.
Atteignant enfin son époux, sa collègue de la Rose Noire esquissa un faible sourire. Soit, elle n'avait strictement aucun souvenir de la vie où elle avait connu Pieck Finger. Mais l'idée même qu'un mercenaire si talentueux se reconvertisse en agent fédérale était particulièrement surprenante.
Mais elle n'y songea trop longuement, le bras d'Eren s'enroula soudain autour de sa taille, la tirant vers lui.
Chutant sur les genoux de son mari, elle n'eut le temps de pousser un cri de surprise. Ses omoplates trouvèrent le torse du brun et un sourire prit place sur son visage.
Ereinté par la fatigue et sans doute poussés par le besoin de se retrouver, ils se montraient de plus en plus tactiles l'un et l'autre. Même si cela faisait fort longtemps qu'ils ne s'étaient ni embrassés, ni envoyés en l'air.
Ils se donnaient le temps de tempérer la flamme brûlante de leur passion afin de ne pas la laisser les blesser.
Cependant, au bout du couloir, alors que ses quatre autres passagers avaient définitivement pris place et semblaient enfin prêts à se laisser choir dans les bras de Morphée, Livai, qui sortait d'une discussion avec la pilote, tomba nez-à-nez avec cette scène. Et, malgré lui, un certain inconfort le prit en constatant la position de cette femme, assise sur les cuisses d'Eren tandis que ce dernier fourrait son visage endormi dans le creux de sa nuque.
Il ne s'intéressait à elle que dans l'espoir de pouvoir de nouveau s'adonner à une partie de jambes en l'air car celle qu'ils avaient eu comptait sans nul doute dans les meilleurs qu'il avait connu. Il se fichait qu'elle aime encore son époux. Même mieux, si ceux-là pouvaient se rabibocher et convenir d'une relation libre, cela lui irait très bien.
Pourtant, lorsqu'il vit cette scène, l'espace d'un instant, à peine perceptible, une pensée le traversa.
Celle qu'il aimerait se détendre comme cela, avec elle, sans arrière-pensée sexuelle.
Aussitôt, il se reprit. L'heure n'était sûrement pas aux questions sentimentales. Ils devaient localiser et extrader l'ancienne première lieutenant de la Rose Noire tout en veillant à ce qu'aucun tueur ou mutileur ne se lance à leur poursuite. Puis, sans même prendre le temps de se reposer, ils allaient aussi devoir préparer la nouvelle mission de sauvetage concernant les membres restants.
Un soupir franchit ses lèvres. Les jours à venir n'allaient pas être de tout repos.
Il remarqua qu'il avait continué à fixer la femme seulement lorsque celle-ci frissonna soudain, son corps non protégé. Levant les yeux au ciel, il se tourna vers l'armoire à sa droite et en sorti un plaide doux et lourd, savourant la tranquillité des lieux.
C'est la première fois de ma vie que je suis dans un lieu calme alors qu'Edward y est aussi, songea-t-il en refermant le placard. Tous étaient endormis, nul ne serait témoin de ce qu'il s'apprêtait à faire donc il se fichait bien de se montrer tendre à l'égard de la jeune femme.
Elle n'en saurait rien.
Arrivant à sa hauteur, il déplia la couverture qu'il étendit sur le canapé qu'ils occupaient. Ou plutôt, sur le tiers du canapé qu'ils occupaient, ces deux-là s'étant blottis l'un contre l'autre dans un coin.
Lorsque le tissu trouva leur corps, un soupir de contentement fila entre les lèvres de la jeune femme, amusant malgré lui le noiraud. Mais son allégresse fut de courte durée. Soudain, ses yeux s'écarquillèrent.
Elle venait d'attraper son poignet.
Se tournant vers elle précautionneusement, il tenta d'ignorer ses battements de cœur anormalement rapides et observa la jeune femme. Elle était quasiment endormie, pas entièrement. Son visage était tout à fait détendu et ses paupières, lourdes. Mais elle le regardait.
— Reste avec nous, s'il-te-plaît, murmura-t-elle.
Les sourcils de Livai se froncèrent. Qu'est-ce qu'il lui prend ?
Il faillit rejeter brutalement sa main, soupirant et lui ordonnant d'arrêter de l'importuner. Mais, à l'instant où il s'apprêta à se défaire de sa prise, il croisa ses pupilles dilatées, ses lèvres entrouvertes ainsi que son air épuisé.
Elle semblait si naturelle, là. Point de marque de mépris feinte ou même de colère. En cet instant précis, à deux pas du sommeil, elle n'était que sincérité, trop épuisée pour s'embarrasser de convenances.
Et elle voulait qu'il dorme avec eux.
Un sentiment étranger et obscur prit Livai. Il ne savait réellement quoi ressentir, comment définir l'apaisement qui se dégagea soudain en lui, détendant le moindre de ses muscles.
Mais celui-ci fut puissant car, pour la première fois, il laissa la jeune femme voir un de ses très rares sourires qu'il lui offrit, attendri.
Sa main vint se perdre quelques instants sur sa joue, la caressant tandis qu'elle fermait de plus en plus les yeux, incapable de résister aux vapeurs de la fatigue ainsi qu'à la douceur du geste du noiraud. Et, debout devant elle, tandis qu'elle était assise sur son époux endormi, qu'il la touchait si tendrement, il se surprit à aimer ce contact.
Alors, faiblissant, il tira la couverture légèrement avant de s'assoir près du couple, reposant le drap sur lui.
Là, la main de la femme vint saisir la sienne délicatement. Se tournant vers elle, il eut tout juste le temps de voir ses yeux une dernière fois avant qu'elle ne les ferme, épuisée.
— Bonne nuit, Ackerman.
ꕥ
Le vol ne durerait que quatre heures et la plupart d'entre eux avait prévu de les passer à dormir. Seulement Livai ne trouvait pas le sommeil. Comme souvent, à vrai dire. La dernière fois qu'il avait fait une nuit complète avait été le soir où, complètement ivre, la femme à sa gauche avait grimpé sur son lit en riant avec force. Il ne se l'avouait que difficilement mais il s'était senti bien, en sa compagnie.
S'il avait tenté de chasser Eren quand celui-ci avait suivi, il s'était rapidement résigné en voyant à quel point la présence du brun la détendait.
Il savait qu'il était attiré par elle. Parfois même, l'idée que cet attrait ne soit pas que physique le traversait, puis il l'entendait dire une stupidité sans non et réalisait qu'il se trompait forcément. Mais, souvent aussi, lorsqu'il songeait de nouveau aux diverses paroles de la femme, un inhabituel rire secouait sa poitrine.
Elle était le genre de personne à même de faire rire quelqu'un en se moquant de lui.
Et, jamais il ne l'avouerait à haute voix mais, simplement parce qu'il voyait dans le regard de cette mercenaire qu'elle se fichait en réalité de sa taille, il avait bien du mal à contenir son rire à chaque fois qu'elle le vannait dessus. Quoi qu'il lui était toujours plus aisé de ne rien laisser paraitre de son hilarité quand Eren se mettait aussi à glousser.
Quoi qu'il en soit, il n'était pas sans se douter de sa propre attirance pour elle. Et, à chaque fois que le regard d'une personne s'arrêtait sur les hanches de la femme, la courbure de son corps ou simplement trop longtemps sur ses traits, un pincement le traversait au niveau de la poitrine. Il n'appréciait pas l'idée que quiconque se permette de la reluquer comme une pièce de viande.
Quiconque, sauf Eren.
Car, bien que le passé l'ait mené à se comporter comme le mari le plus indigne possible, il le voyait s'en aller tous les jours à 16h45 précise de la planque et revenir à 18h15 après un rendez-vous chez un psychologue. Et, au cours des dernières semaines, nul ne pouvait nier que le travail qu'avait fait le brun sur soi-même était époustouflant.
Alors, lorsqu'il était aux côtés de sa femme, Livai était mal à l'aise de ne pouvoir agir de même avec elle mais n'était pas gêné par la présence du brun. Il savait qu'il la traitait bien. Même très bien.
— Tout va bien ? retentit une voix à sa gauche.
Légèrement surprit, le noiraud tourna la tête. Dans sa main, celle de la femme occupant ses pensées gisait encore tandis que le restant de son corps était assis sur les cuisses d'Eren qui, tourné vers lui, venait visiblement de se réveiller. L'une de ses mains était posée sur le crâne de son épouse dont le visage reposait sur son épaule tandis que l'autre se perdait sous les couvertures.
L'intéressé acquiesça simplement.
— Il nous reste deux heures de vol, tu ferais peut-être mieux de te rendormir.
— J'ai plus vraiment sommeil, rétorqua le brun.
C'était étrange. Dans le silence retentissant des lieux, seulement bercés par les ronflements ainsi qu'insultes qu'Edward laissait entendre dans son sommeil et le doux bruit du moteur persistant, leurs voix se faisaient basses et, pour une fois, leur conversation était calme.
Tous deux le remarquèrent. Ils ne dirent rien là-dessus.
— Tu sais pourquoi ce mec... L'Omniscient voulait que tu les sauves ? demanda soudain Eren. Je veux dire, te payer une blinde si c'est pour mutiler leurs corps ensuite...
— Je pense plutôt que c'est Olympe qui m'a demandé de le faire en se faisant passer pour lui, répondit le noiraud. Elle a l'air de tenir pas mal à son objectif d'éliminer ce taré. Elle a du entendre la rumeur comme lui et craindre qu'il s'en prenne à eux pour récupérer la clé USB.
— Compréhensible.
Le silence revint durant quelques instants. Encore légèrement embrumé par les vapeurs du sommeil, le brun posa tendrement ses lèvres sur le crâne de son épouse avant de reprendre la parole, une voix rendue enrouée par l'embarras qu'il ressentait :
— Euh... A propos de ce que tu as dit à (T/P)... Tu sais, le plan à...
— Je voulais juste qu'elle la boucle, mentit Livai en retour, pas particulièrement emballé à l'idée d'en discuter avec Eren.
Mais ce dernier ne fut pas dupe bien longtemps.
— Je ne peux rien changer au fait qu'elle est attirée par toi et je vois bien qu'elle est mieux avec toi qu'avec moi...
— Avec nous, le coupa brutalement le noiraud.
Le brun leva des sourcils froncés en direction de son interlocuteur. Celui-ci gardait les yeux rivés droit devant lui, les faibles lumières jaunes fixées au plafond illuminant ses traits pâles.
— Quoi ? l'interrogea le Eren, peu sûr de comprendre les mots de l'autre.
— Elle n'est pas mieux avec moi qu'avec toi. Elle se sent juste mieux avec nous deux. Les rares fois où elle a été seule avec moi, je voyais bien que quelque chose la tracassait et quand tu arrivais, ça s'envolait, poursuit-il.
— Sérieusement ?
Malgré lui, l'époux de la concernée sentit un poids se soulever de son estomac en entendant cela. Il craignait fermement, depuis les dernières semaines, que l'intérêt de sa femme ne s'écarte doucement de lui pour se consacrer à un autre.
Alors les paroles de Livai le réconfortaient. Celui-ci argumenta même :
— Quand elle venue dormir dans mon lit, complètement ivre, j'ai accepté. Quand t'as suivi, j'ai refusé. Et elle m'a engueulé et a déclaré qu'elle refusait de passer une nuit sans toi, insista-t-il d'une voix morne et désintéressée.
Le noiraud pressa fermement la main de la femme dans la sienne, encore troublé par la douceur avec laquelle elle lui avait demandé de rester avec elle, tantôt.
— Elle t'aime, ajouta-t-il.
Là-dessus, les joues d'Eren se teintèrent d'un rosé assez soutenu et, grisé par cette nouvelle — venant d'un être qui ne gagnerait rien à mentir sur un tel sujet —, il raffermit sa main posée sur le bas du dos de sa femme pour mieux la maintenir contre lui. Même si elle avait toujours su se montrer douce à son égard, entendre quelqu'un extérieur assurer qu'elle l'aimait vraiment le rassurait.
Elle m'aime, songea-t-il, son cœur battant à tout rompre tandis qu'un sourire étirait ses lèvres. Elle m'aime !
Mais, fronçant les sourcils, le brun réalisa autre chose qui le travaillait depuis quelque temps.
— Si tu dis qu'elle veut autant être en ta compagnie que la mienne, commença-t-il prudemment sans oser lever les yeux vers le noiraud, ça veut dire que...
— Que la femme n'a pas trois orifices pour rien, vous pouvez parlez moins fort et me laisser pioncer maintenant ? retentit la voix d'Edward dans leur dos.
Tous deux se raidirent, surpris qu'un autre ait pu entendre une conversation si intime. Leurs yeux s'écarquillèrent et, le souffle court, ils n'osèrent ajouter quoi que ce soit durant une poignée de secondes.
Les relations qu'ils avaient pu connaitre avaient toutes été assez classiques et, si dans leur adolescence, ils avaient pu s'imaginer ce genre d'actes sexuels, jamais ils n'auraient cru que deux hommes seraient de la partie et non deux femmes.
Car, honnêtement, ils n'étaient pas le moins du monde attirés l'un par l'autre. Mais, évidemment, ils étaient conscients que, depuis le temps qu'Edward les tannait pour qu'ils se lancent afin « de mettre fin à une ridicule tension sexuelle qui me rappelle injustement mon célibat », celui-ci partait du principe qu'ils pourraient ensemble s'occuper de celle qui les attirait sans faire quelque chose dont ils n'avaient pas envie l'un avec l'autre directement.
Là était le plus important. Qu'ils soient d'accord et aient envie.
— Ça veut dire qu'on coucherait ensemble...sans coucher ensemble, tenta Eren maladroitement, les sourcils froncés.
— Putain, faut tout leur expliquer à ces gosses, retentit la voix d'Edward dans leur dos, visiblement agacé.
Un bruit de tissu laissa entendre que le faux-blond bataillait avec la couverture puis, ses pieds nus résonnèrent sur le sol de l'avion. Bientôt, il apparut devant leurs yeux, un jogging gris habillant ses jambes et laissant voir quelques impressionnants tatouages sur son torse finement sculpté.
Les cheveux noués en un chignon rapide et une barbe de trois jours parcourant sa mâchoire carrée, l'homme vint prendre place en tailleur devant les deux autres et la belle endormie qui n'avait pas le moins du monde conscience de ce qui était discuté.
Puis, joignant ses mains ensemble, Edward commença d'un ton sérieux qui ne lui ressemblait pas :
— Dans le sexe, le seul truc qui compte c'est le consentement, lâcha-t-il en insistant sur ce mot. Vous pouvez tout faire tant qu'il y a consentement.
Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, Eren et Livai échangèrent un regard qui en disait long sur le fait qu'ils ressentaient et pensaient l'exact même chose. Oui, en cet instant précis, ils étaient en symbiose.
Pourquoi ce mec est plus énergique quand il s'agit de parler du plumard des autres que lors d'importantes mission ?
— Baiser en public ? Si le public est d'accord, oui ! C'est à ça que servent les clubs échangistes ! Faire des jeux de rôle où ça s'insulte, oui ! Si les deux savent que c'est simplement de la stimulation et qu'ils sont tous les deux d'accord. Tout le monde à des limites, tant qu'elles sont respectées vous pouvez tout faire !
De longues secondes durant, le noiraud remit en question la plupart des choix fait au cours de son existence, réalisant qu'ils l'avaient mené à écouter sagement les conseils de la personne la plus stupide qu'il connaisse sur la façon de gérer sa vie sexuelle.
Mais il ne dit rien, le laissant poursuivre.
— Si vous trois êtes chauds pour vous voir à poil, faites-le. Sinon, trouvez un autre moyen. Les couples libres, ça existe, vous savez. Vous pouvez chacun votre tour avoir des rapports avec elle et non tous ensemble, c'est aussi faisable. Si vous êtes chauds pour le faire avec mais n'êtes, tous les deux, pas attirés l'un par l'autre, qui vous dit que vous deux devez avoir des rapports intimes ? Occupez-vous d'elle ! Et ce sera pas comme dans du porno donc si vous avez besoin de temps, d'y aller doucement, parlez-en entre vous ! s'exclama-t-il.
Tandis que Livai négociait avec lui-même pour ne pas jeter Edward de l'avion avant que celui-ci n'atterrisse, Eren, lui, se prit au jeu.
— Le truc c'est que j'ai envie de lui faire plaisir mais... Je sais pas.
— Si tu sais pas, le fais pas, lâcha Edward. Elle t'aime donc crois-moi ça lui fera pas plaisir que t'ailles à l'encontre de ce que tu veux. Tant que tu n'es pas sûr, ne fais rien.
Le brun acquiesça lentement, regardant l'endormie sur ses épaules.
— Et puis, vas-y lentement, ajouta le faux-blond. Vous avez pas besoin de vous envoyer en l'air pendant trois heures dès le début. Encore une fois, le porno, c'est pas la vie.
Seigneur, qu'ai-je fais pour endurer de telles conversation ? songea Livai en posant son front dans sa main libre, exténué.
Il ne savait ce qui était le pire entre le fait de recevoir un cours d'un abruti à moitié nu en pyjama, que cet abruti soit Edward ou qu'Eren se prenne au jeu et pose des questions. Mais, d'un autre côté, il comprenait l'intérêt du brun.
Disons qu'avec des parents coincés comme les siens, il n'avait sans doute jamais reçu d'éducation correct sur le sujet.
Tout de même. Il avait à faire au moment le plus embarrassant de sa vie. Et n'avait aucun doute dessus.
— Le truc c'est que y'a pas que le sexe dans la vie et...
— Question de point de vue, le coupa Edward.
Le brun laissa distinctement entendre un soupir avant de reprendre :
— Du point de vue sentimental aussi. J'ai peur qu'elle se sente pas assez complète avec juste moi. Enfin, c'est pas juste que j'ai peur, je sais que ça va être le cas.
Malgré lui, Livai laissa voir un faible rictus à cette pensée. Il se sentait grisé par l'idée qu'elle l'apprécie de cette façon, lui aussi. Même si elle ne faisait strictement rien pour le prouver.
— Le truc c'est que j'ai pas envie de la faire souffrir en lui demandant de faire un choix, retentit la voix d'Eren.
Edward leva les yeux au ciel.
— Bordel les choix c'est bien un truc d'hétéros coincés du cul.
Violemment, Eren haussa les sourcils. Il s'était attendu à bien des réponses. Mais sûrement pas à celle-ci.
— Ecoute, encore une fois c'est une question de consentement, reprit le blond. C'est pas une situation commune, loin de là. Et je comprends qu'un mec soit gêné que sa nana soit amoureuse aussi d'un autre et lui demande de choisir car on est habitué à être deux dans une relation. Mais si tu veux pas qu'elle choisisse car tu te fiches que vous soyez trois et que tu veux pas la faire souffrir alors lui demande pas de choisir ! C'est assez simple !
Le brun ne sut trop quoi répondre. Les propositions émises par Edward, au fond de lui, lui convenait. Car il aimait voir sa femme heureuse avec eux deux et savait qu'elle s'épanouirait — et lui aussi — dans un tel procédé. Mais, malgré lui, la crainte du regard des autres face à une union sortant autant des schémas habituels le saisissait.
Qu'importe, il n'avait de toute façon pas encore discuté de tout cela avec son épouse et, comme Edward le disait si bien, chacun des partis doit se montrer consentant.
— Je peux aller dormir, maintenant ? reprit Edward. Ou je vous facture la séance.
Levant les yeux au ciel, Livai acquiesça simplement. Cette conversation venait de l'épuiser. Et, quoi qu'assez apaisé par la proposition d'Edward qui les ménagerait tous ou plutôt, les mettrait tous d'accord, il aurait aimé ne pas l'avoir tandis que l'une des personnes concernées dormait entre eux.
De son côté, Eren, prenant son téléphone, ouvrit l'application message. Et, allant sur le numéro de sa thérapeute, tapa ces quelques mots :
« J'arrive à Washington D.C. et ne pourrais donc pas venir durant quelques jours. A mon retour, pourrais-je venir accompagné de deux personnes. J'aimerais discuter de quelque chose. »
Quelques secondes plus tard, un tintement attira son attention. Tournant la tête, il vit une notification. La réponse à son message.
« Bien sûr. »
Un souffle de soulagement traversa ses lèvres.
Pour sûr, ils s'apprêtaient tous les trois à prendre une grande décision.
赤い糸
𓉣
j'essaye de poursuivre
sur ma lancée niveau régularité
🙈
𓉣
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