𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏






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C  H  A  P  I  T  R  E    2 1

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   IL LUI FALLUT quelques secondes avant d'ouvrir les yeux, réalisant qu'elle se réveillait. Et, à vrai dire, l'envie de les garder clos pour s'enterrer davantage dans le cocon si agréable l'accueillant présentement se faisait particulièrement tentante.

             Chaleur et douceur. Tels étaient les mots qui résumaient assez bien la sensation de la couverture sur elle, du matelas en-dessous de son corps et, plus que tout, des deux masses conservant cette agréable température, disposées à sa droite et sa gauche.

             Un rictus étira ses lèvres. Elle se sentait bien.

             Ouvrant enfin les paupières, elle s'apprêta à saluer son époux, savourant le retour à ces matins calmes où elle se réveillait à ses côtés. Cela commençait à faire longtemps qu'elle n'avait plus connu cela, depuis leur anniversaire de mariage à vrai dire, et la sensation lui manquait particulièrement.

             Seulement, dès lors que son nez tomba sur une peau pâle comme de la porcelaine tendue sur une mâchoire carré et un front traversé de courtes et fines mèches raides d'un noir sombre, son cœur rata un battement. Et, les yeux écarquillés, elle eut un mouvement de recul.

             Ce n'était absolument pas son mari.

             Abasourdie, elle recula minutieusement, ne voulant le réveiller mais souhaitant à tout prix quitter ce matelas. Car, si elle ne savait pas encore ce qui avait pu la conduire dans le lit de Livai Ackerman, elle était certaine de ne pas vouloir y rester.

             Mais, très vite, sa course fut arrêtée par un torse. Une autre personne dormait aussi dans son lit, de l'autre côté. Ses sourcils se haussèrent. Bon sang, que s'était-il passé, la veille ? Elle n'en avait strictement aucun souvenir.

             Le bras de l'homme derrière elle s'enroula soudain autour de sa taille et il grogna dans son sommeil, se repositionnant. Elle n'eut aucun mal à reconnaitre Eren Jäger, son époux, surtout lorsqu'il enfonça son visage dans le creux de son épaule.

             Il dormait, elle pouvait l'entendre au bruit de sa respiration. Et, devant elle, à peut-être une dizaine de centimètres de son corps, Livai faisait de même.

— Mes aïeux..., murmura-t-elle, ne sachant plus où se mettre.

             La situation était déjà bien embarrassante. Mais le noiraud, même dans son sommeil, ne sembla pas de cet avis.

             Car, alors qu'elle croyait que sa gêne ne pouvait pas être plus grande, il grogna lui aussi en se déplaçant. Et, s'approchant de son buste, pressa sa joue à ses clavicules avant d'enrouler sa taille de ses jambes.

             Elle sentit ses muscles se raidir. Il était brûlant contre elle et la sensation était presque agréable. Mais elle ne pouvait décemment ignorer la situation dans laquelle elle était.

             Dans son dos, Eren Jäger dormait, son visage logé dans le creux de son épaule et son bras autour de son ventre. Devant elle, Livai Ackerman faisait de même, une main glissée sous elle, dans le creux de sa taille, l'autre posée sur sa hanche tandis qu'il gardait sa tête sur ses clavicules — ou plutôt, sa poitrine — et que ses jambes étaient comme accrochée aux siennes.

             Si les circonstances avaient été différentes, elle se serait sans doute bien amusée à le qualifier de koala.

             Mais, présentement, elle n'avait aucune idée de ce qui avait bien pu se passer la veille. Et cela n'était pas pour lui plaire.

— Et bien tu t'emmerdes pas, toi, lâcha une voix au-dessus d'elle.

             Un sursaut la prit. Eren grogna de protestation dans son sommeil tandis que, les yeux écarquillés, elle se tourna vers le pied de son lit et y découvrit sans surprise la silhouette d'un abruti qu'elle connaissait bien.

             Debout dans un sweat large, ses cheveux ramenés en un chignon blond d'où s'échappaient de nombreuses mèches, il la regardait. Les mains dans les poches, l'œil vissé à sa silhouette étendue entre les deux hommes, Edward la regardait.

             Un de ses sourcils se haussa.

— T'as couché avec eux ? En même temps ?

             Le cœur de la jeune femme rata un battement. Bien sûr, Edward n'était pas homme à s'embarrasser de convenances et avait tendance à se montrer plutôt direct lorsqu'il s'agissait de poser des questions embarrassantes. Mais force lui était d'avouer qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il attaque d'emblée avec une telle interrogation.

             Face à son mutisme, le blond secoua légèrement la tête, comme pour marquer sa déception.

— C'est dur de voir certains réussir là où on a échoué, commenta-t-il.

             Alors qu'elle s'apprêtait à objecter, rejeter en bloc l'accusation de l'homme — même si elle ne se souvenait absolument pas des circonstances dans lesquelles elle avait pu être amenée à dormir avec les deux — elle se ravisa immédiatement. Venait-elle sincèrement d'entendre son vis-à-vis sous-entendre qu'il aurait aimé coucher avec son mari et son supérieur hiérarchique direct ?

             Elle leva les yeux au ciel après un bref moment d'absence. Pourquoi je suis étonnée ? se dit-elle. C'est Edward.

— Arrête tes conneries, lâcha-t-elle simplement au bout d'un moment en se redressant.

             Eren fut le premier à grogner, laissant difficilement la jeune femme s'extirper de son étreinte. Livai se manifesta ensuite dans son sommeil, refermant sa prise sur le corps du lieutenant. Mais, au terme d'une bataille ridicule qu'Edward observa avec un rictus, ne songeant pas une seule seconde à lui proposer une quelconque forme d'aide, elle parvint à se tirer des draps.

             A quatre pattes, elle joignit le bout du lit et quitta celui-ci non sans un bâillement et un étirement.

— Connard, lâcha-t-elle ensuite à l'intention d'Edward qui s'était bien marré, la regardant peiner à se défaire de la prise des deux hommes.

— Pour ma défense, c'est pas tous les jours qu'on voit des grands noms du crime organisé dans le même lit.

             Elle leva les yeux au ciel, déjà exaspérée par la présence du blond. Et elle savait pertinemment que, dans quelques heures, l'intégralité du clan Ackerman serait au courant de leurs mésaventures.

— T'es rentré d'Hawaii cette nuit ? demanda-t-elle, se dirigeant vers le dressing au fond de la pièce.

— Kenny et Kuchel ont demandé mon retour express après ce qui est arrivé à Marcel.

             La porte-miroir renvoya à la jeune femme son reflet. Elle put alors nettement voir l'éclat de culpabilité qui traversa son regard. Le corps de l'homme s'effondrant sous ses yeux, à deux pas d'elle seulement, resterait à jamais graver dans sa mémoire.

             Livai avait dit vrai, la veille. Elle avait empêché cette mission d'aboutir correctement en laissant Porco s'occuper du sniper. Ils étaient présentement de retour à la case départ.

             Et ne savait pas bien où se rendre.

             Quoi que, ils allaient se contenter de réunir le restant des membres de la Rose Noire ensemble. Même si elle devait avouer qu'elle n'était pas bien à l'aise à l'idée de se relancer dans une mission de cet acabit.

             Et si les prochains subissaient le même sort que Marcel Galliard ?

             Coupant court à ses interrogations, elle ouvrit la porte coulissante et se glissa dans la pièce. Au centre de celle-ci trônait un canapé couleur crème sur un tapis de poils gris et sous un lustre de cristal. Le tout formait un îlot autour duquel s'étendaient des costumes, robes, chaussures hors-de-prix et vêtements plus modestes. A quelques endroits, des miroirs étaient visibles.

             Il s'agissait du lieu dans lequel tous choisissaient des déguisements pour leurs missions respectives. Là se trouvaient les propriétés des Ackerman.

             Et elle n'avait présentement pas le courage de sortir de la chambre afin d'aller dans son armoire personnelle donc se contenterait de cela.

             Saisissant un combinaison noire élastique et une paire d'escarpin, elle fit le choix de la sobriété. Sans doute dans une heure ou deux, une réunion avec Kuchel Ackerman se tiendrait et il lui faudrait donc respecter un minimum de dress-code. Mais elle ne souhaitait pas s'embêter plus que cela.

             Embarquant une boîte à bijoux pour y piocher quelques accessoires plus tard, elle revint sur ses pas. Et, franchissant le seuil du dressing, tomba nez-à-nez avec un spectacle des plus étranges.

             Penché sur Livai, Edward se tenait, retenant visiblement son souffle. Minutieusement, il déplaça le bras de son supérieur de sorte qu'il se trouve sur la taille d'Eren et fit de même avec la jambe du brun qu'il posa sur la cuisse du noiraud. Sur ses lèvres, un sourire déjà fier de sa blague était visible.

             La jeune femme croisa les bras sur sa poitrine, attendant patiemment la fin de la mise en scène. Edward fit le tour du lit, prêt à ajuster la position du mari du lieutenant quand il croisa justement le regard de cette dernière.

             Aussitôt, il se raidit. Ses yeux s'écarquillèrent et il joignit ses mains dans son dos, comme pour se dédouaner de l'acte qu'il était en train de commettre, quelques secondes auparavant.

— Je te jure que c'est pas moi, lâcha-t-il.

             Pour toute réponse, elle leva les yeux au ciel et tourna les talons, prête à aller se doucher. Mais, avant même d'entrer dans la salle de bain, elle marqua un temps d'arrêt et se tourna vers Edward.

— Pas une journée se passe sans que je me demande comment tu as fait pour devenir le bras droit de Livai Ackerman.

             Car il était vrai qu'Edward ne se démarquait ni par ses faits d'armes, ni par quoi que ce soit à l'exception de sa prédisposition à passer pour un gamin de trois ans.

             N'attendant pas qu'il rétorque quoi que ce soit, elle rentra dans la salle d'eau et ferma la porte derrière elle. La pièce était assez similaire à celle présente dans sa chambre. Sur sa droite, des meubles ainsi qu'un lavabo étaient visibles tandis qu'au fond, une baignoire s'étendait.

             Le décor était tout de même plus simple. Les carrelages étaient blancs, immaculés, sans plantes, petites fenêtres ou autre. Ici se ressentait bien le caractère militaire des lieux, le fait qu'ils avaient originellement été achetés pour servir de planque — ce qu'ils étaient censés être — et non de simulacre d'hôtel de luxe pour individus recherchés.

             Sans perdre de temps, elle ôta ses vêtements avant de se diriger vers la douche. Seulement, au moment où elle passa devant le miroir, dénudée, ses yeux s'écarquillèrent et elle rebroussa chemin afin de mieux regarder son reflet.

             Là, sa mâchoire faillit se décrocher.

             Partout sur ses clavicules, la naissance de ses seins et même son ventre, des hématomes petits et marqués se faisaient voir, des fausses blessures qu'elle reconnaissait bien.

Des suçons.

             Ses yeux s'écarquillèrent. Elle n'avait pas mal à la tête même si, étant donné l'amnésie temporaire, elle se doutait qu'elle avait énormément bu, la veille. Pourtant, elle savait que l'alcool était responsable de ce trou de mémoire, elle et Eren avaient simplement développé une technique imparable pour n'avoir aucune gueule de bois tout en se murgeant — boire beaucoup d'eau en même temps que les verres d'éthanol.

             Son regard se posa sur la porte derrière laquelle elle devinait les corps endormis de Livai et Eren.

             Bordel mais qu'est-ce qu'on a foutu, hier !? s'exclama-t-elle intérieurement, soudain alarmée par l'état de son propre corps. Car quelqu'un avait visiblement attardé ses lèvres sur elle et cela, à plus d'une dizaine de reprises.

             Était-ce Eren ? Livai ? Les deux en même temps ?

             Sa gorge se serra face à cette dernière hypothèse. Nul ne servait de le nier, les deux hommes l'attiraient sexuellement même si elle ne tenait qu'à Eren — Livai étant le roi des cons au pays des emmerdeurs.

             Mais elle n'était tout de même pas sûre d'être bien à l'aise à l'idée de s'être abandonnée de la sorte au noiraud une seconde fois et, surtout, aux deux en même temps.

             Filant sous la douche, elle fit le choix de laisser ce problème de côté pour plus tard.

Mais, pour sûre, elle s'en occuperait.














             Elle était occupée à dépoussiérer les meubles de sa chambre quand un hurlement strident retentit dans la maison. Son sang se glaça en reconnaissant le son d'une femme qui s'apprêtait à se faire égorger — ou subir tout autre forme de crime abominable. Elle n'eut le temps de se demander quelle représentante de la gent féminine avait pénétré les lieux et pourquoi.

Aussitôt, ses réflexes prirent le pas sur sa personne. Les cris venaient de la chambre voisine à la sienne, celle-là même dans laquelle elle s'était réveillée, tantôt.

             Lâchant son plumeau, elle saisit l'arme à sa taille et franchit l'espace la séparant de sa porte en quelques pas. Ses talons résonnèrent sur le parquet, ôtant un quelconque effet de surprise mais elle s'en fichait.

             Si quelqu'un avait pénétré la planque, effet de surprise ou pas, elle lui mettrait la main dessus et lui ferait payer son intrusion.

             Une fois dans le couloir, elle vit l'ombre d'Edward filer jusqu'à la chambre où dormaient Eren et Livai, une arme en main. Le cœur battant, elle le suivit de près, atteignant la porte. Il l'ouvrit et pénétra les lieux.

             Elle fit à son tour son entrée.

             Et ce qu'elle vit alors promit de la saisir et rester graver dans son esprit pour les années à venir.

             Là, debout sur le seuil de la pièce, l'arme dégainée et prêts à tirer, Edward et la jeune femme regardaient le lit. Et, lentement, cette dernière prenait peu à peu conscience que cette planque contenait sans nul doute les plus grands criminels mais aussi abrutis que cette terre ait pu porter.

             Assis de chaque côté du lit, Eren et Livai se dévisageaient, les cheveux en bataille et visiblement furieux. A leurs mains, un revolver gisait. Tous deux se pointaient mutuellement du bout du canon de leur arme à feu, un doigt sur la détente et prêts à tirer.

             Mais ce qui était le plus saisissant dans ce paysage était sans conteste leurs jambes. En effet, le mollet droit de Livai trainait devant lui et semblait solidement accroché — à l'aide d'une paire de menottes — à celui, gauche, d'Eren.

             Face à cette vision, les sourcils de la jeune femme se haussèrent et elle se tourna vers le seul capable d'une telle action. L'intéressé, quant à lui, se retenait visiblement d'éclater de rire.

— Edward, dis-moi que t'as pas attaché leurs jambes ensemble pendant qu'ils dormaient ?

— D'accord, je te le dis pas, rétorqua le faux-blond.

— Je vais te saigner, connard, grogna Livai entre ses dents à quelques mètres d'eux, le canon de son arme toujours rivé en direction d'Eren.

             La femme se détourna du farceur, haussa un sourcil agacé en direction du brun et du noiraud qui semblaient visiblement prêts à ouvrir le feu.

— Sérieusement, vous avez pas l'impression de trop en faire, là ?

— Je suis enchainé au mec qui a sauté ma femme, je te signale, lâcha Eren en retour sans quitter l'homme en question des yeux.

— Je suis enchainé au mec qui saute mal sa femme, je te signale, rétorqua l'intéressé.

— Je vais te...

— Ça suffit, coupa-t-elle court au combat de coq, préférant ne pas se lancer dans un autre concours de bite puéril.

             Surtout qu'ils avaient nettement mieux à faire que de se chamailler là-dessus. Dans quelques heures, il préparerait la nouvelle mission de sauvetage, celle concernant le premier lieutenant de la Rose Noire. Mieux valait qu'ils ne s'éternisent pas pour savoir qui des deux lui donnaient le plus d'orgasme.

             Après un soupir exaspéré, elle se tourna vers Edward qui avait sorti son téléphone et venait manifestement d'immortaliser le moment au travers de quelques photographies. Ignorant délibérément cela pour ne pas leur laisser l'occasion de trouver un autre sujet de dispute, elle trancha :

 De toute façon, la question est de savoir où est la clé ?

— Non, la question est de savoir qui a poussé le cri que j'ai entendu tout à l'heure ? rétorqua Edward, visiblement très curieux d'avoir la réponse.

             Il est vrai que la question méritait d'être posée. Après tout, elle avait tout de même cru qu'une femme se faisait égorger sous son toit. Mais elle ne laisserait à Eren et Livai aucune chance de se disputer et retarder leur réunion.

             Aucune.

— Edward, appela-t-elle à l'ordre fermement.

             L'homme ne répondit pas tout de suite, espérant visiblement avoir une réponse des deux autres. Mais, face au mutisme de ceux-là, il ouvrit finalement la bouche, se résignant à rétorquer.

             Seulement aucun son ne sortit de ses lèvres et il blêmit brutalement, son sourire s'évanouissant. Aussitôt, elle réalisa ce que signifiait ce regard et sentit son cœur rater un battement. Mais elle n'eut besoin de formuler ce à quoi elle pensait.

— Edward, dis-moi que t'as pas paumé cette putain de clé, grogna Livai entre ses dents.

— Je..., commença le blond en se frottant l'arrière du crâne. Vous allez trouver ça drôle, les gars mais...

— Si tu finis pas ta phrase par « les clés sont dans ma poche », je te coupe la langue, l'interrompit brutalement Eren dans un grondement sourd.

             Le teint blême du faux-blonds parvint à pâlir davantage, à la grande surprise de la femme qui pensait qu'il avait déjà atteint son maximum. Mais, déjà agacée par la tournure que prenait la conversation, elle soupira simplement.

— J'ai pas la force de m'occuper de ça aujourd'hui.

             Puis, dépassant le faux-blond, elle quitta la pièce, lâchant un bâillement.

— Je vous veux au salon dans une heure.














— Le rapport de notre criminologue est clair, il s'agit de l'œuvre de deux criminels distincts.

             Les sourcils froncés, le cinquième lieutenant de la Rose Noire se redressa sur le canapé. Directement à sa gauche, son mari la regarda faire tandis que, assit sur l'accoudoir, Livai pencha la tête, dubitatif. Edward et Porco, à droite de la femme, semblèrent pour leur part en proie à de profondes réflexions.

— Vous êtes en train de dire que la personne qui a tué les membres de la Rose Noire et celle qui les a mutilés sont en réalité deux personnes différentes ? demanda-t-elle en regardant le visage de Kuchel Ackerman dans la télévision.

— Tout à fait. Le premier s'est montré froid, méthodique. Le deuxième beaucoup plus sanglant et désordonné, répondit la femme.

— Comme si un tueur à gage les avait tués et une personne plus passionnée était passé derrière ? demanda Marcel.

— Exactement, approuva Kuchel.

— Et vous pensez qu'ils agissent en équipe ?

             La femme pencha la tête sur le côté, faisant briller ses longs cheveux noirs et lisses. Aujourd'hui, elle avait ramené sa tignasse en une demi-queue-de-cheval qui sublimait ses yeux en amandes et tombaient en deux cascades régulières sur son pull gris.

             Elle transpirait l'élégance.

— Non, honnêtement. Sinon le premier aurait canalisé le deuxième ou le deuxième aurait perturber le mode de fonctionnement du premier, commenta la femme. Je pense que vous n'êtes pas les seuls à avoir cherché l'identité du tueur.

— On a cherché les victimes assassinées avec une épingle à cheveux similaires à celles qu'Eren m'offre mais aussi des corps mutilés, si on élargit nos recherches au premier paramètre seulement, on pourrait peut-être trouver l'identité de notre homme.

— Et ensuite on tomberait sur le fou furieux, conclut Porco.

             Tous acquiescèrent lentement puis la jeune femme revient à elle-même, se redressant.

— Bien, merci de nous avoir consacré votre temps, Kuchel. Nous allons donc tâcher de ramener le premier lieutenant, Pieck Finger, ici dans les plus brefs délais. Et nous nous occuperons aussi de retrouver notre premier homme.

— La comportementaliste qui a conclu que deux personnes étaient responsables de cela a tenu à vous rencontrer, répondit l'intéressée. C'est une personne de confiance, elle arrivera bientôt à votre planque.

— Bien.

             Même si nul dans cette pièce n'était friand à l'idée de rencontrer quelqu'un de nouveau et, surtout, que cette personne ait connaissance de leur adresse, ils se devaient d'admettre que, si cette femme disait vrai, elle allait considérablement les aider dans leur enquête. Aussi pouvaient-ils faire un geste en acceptant une discussion avec elle.

             Se levant, le cinquième lieutenant acquiesça simplement, signe qu'elle allait mettre un terme à cette rencontre.

— Bien, Kuchel, nous reviendrons bientôt vers vous. Ce fut un plaisir de vous rencontrer.

— Le plaisir était pour moi, rétorqua la femme. Mais, si je puis me permettre...

             Tous se redressèrent, prêts à écouter l'ainée de ces lieux. Mais ils le regrettèrent très vite.

— Pourquoi mon fils et Eren sont-ils enchainés l'un à l'autre ?

             Les regards de tous convergèrent vers les intéressés, ou plutôt leurs jambes attachées solidement par des menottes. Ils avaient presque failli oublier ce détail — quoi que, après l'épisode plus que chaotique des escaliers qu'ils avaient descendus ensemble et sur les fesses, il était compliqué d'oublier tout cela.

             Voyant le poing des deux hommes se serrer et le sourire d'Edward menacer de se transformer en fou rire, la jeune femme conclut hâtivement la réunion.

— Sujet sensible.

             Là-dessus, elle éteignit la télévision plutôt brutalement, appuyant sur la télécommande avant de la reposer sur la table. Elle s'en voulut presque mais, à sa décharge, la question anodine de Kuchel était sur le point de menacer la paix instable et précaire fraichement installée entre les différents partis de la maison.

             Et qui menaçait franchement de s'écrouler, à en croire par le rire d'Edward qui n'arrivait plus à se retenir.

— Edward, je vais te coller mon pied au..., commença Livai avant d'être interrompu par le bruit de la sonnerie de la porte d'entrée.

— J'Y VAIS ! hurla alors la jeune femme, sautant sur l'occasion de s'éclipser.

             Sans leur laisser le temps d'émettre une quelconque forme d'opposition, elle se leva. Aussitôt, elle fit le tour du canapé, profitant du fait que les mouvements des deux hommes soient entravés par leur présence respective.

             Puis, en toute hâte, elle atteignit la porte d'entrée qu'elle ouvrit sans vérifier le judas auparavant.

             Devant ses yeux s'étendit alors un visage inconnu quoi qu'assez reconnaissable. En effet, autour du visage de la nouvelle venue tombaient deux mèches violettes qui, juste derrière, étaient secondées par une crinière châtain. Au-dessus d'un nez cabossé se découpaient deux yeux ronds et clairs et des sourcils disparates.

— Bonjour, je suis la criminologue engagée par Kuchel Ackerman.

             Dans le salon, tous se tournèrent vers la nouvelle venue qui ajouta, un sourire aux lèvres :

— Mon nom est Olympe Loreen. Mais vous avez tendance à m'appeler l'Omniscient.

赤い糸































𓉣

j'essaye de rester
fidèle à ma résolution
et republier
régulièrement

𓉣


































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