𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟓













C  H  A  P  I  T  R  E   3  5

    


























— Je ne veux pas voler ton travail de pythie et commencer à faire des prédictions à ta place… Mais je dirais qu’on est dans la merde et que dans les prochaines secondes, on va se faire défoncer.

           Cela me coûte de l’admettre, mais Gojo Satoru a raison. 

           L’obscurité pénétrante de la caverne m’empêche de distinguer la moindre forme. D’ordinaire, cela ne me dérangerait pas le moins du monde. Les Pythies des Âmes sont rudement entraînées et façonnées pour survivre sans la plupart de leurs sens. Là est justement le problème.

           Je sais exactement quelle créature maléfique hante cette caverne. Jamais l’obscurité pénétrante ne lui a été préjudiciable. Au contraire, elle lui est essentielle.

— Allons, allons… Je ne suis pas si mauvaise, minaude à nouveau la voix sépulcrale. Je veux bien vous laisser quelques minutes pour vous organiser avant de combattre.

           Ma réaction est immédiate : 

Satoru, reste derrière moi.

— Tu continues d’agir comme si j’étais le plus faible de nous deux. Je vois dans le noir, je te signale.

— Ce sera donc deux fois plus embarrassant pour toi quand elle t’aura laminé, je fais remarquer en arquant un sourcil.

D’accord, je reste derrière toi.

           Je n’ai pas le temps d’esquisser un rictus satisfait. Ma langue claque contre mon palais tandis que je fixe un point que je ne vois pas, devinant que Gojo s’y trouve.

           Il n’a pas bougé.

Gojo, même si je ne te vois pas, je t’entends. Je t’ai dit de passer derrière moi. Alors ramène-toi.

— Je n’en ai absolument aucune envie. L’époque où tu me donnais des ordres est révolue, je te signale.

           Nous savons tous les deux que ce n’est pas vrai.

— Écoute, je…

— Je sais que j’ai dit que je vous laissais discuter un peu entre vous, mais si c’est pour vous disputer comme des enfants, je crois que je vais écourter ce moment.

           Gojo se redresse avant de s’éclaircir la gorge : 

Attends une seconde. Je tiens à insister sur le fait que je suis une créature indépendante et…

           Mon pied écrase soudain le ventre de Satoru, le propulsant à plusieurs mètres. Au même moment, une lame siffle entre nous, manquant de se planter dans sa gorge.

           L’elfe tombe et je serre les dents, me focalisant sur mon ouïe.

           Au même moment, la créature éclate d’un rire sépulcral, sa voix secouant les parois du lieu. Quelques gravas se détachent des murs, s’échouant au sol en une pluie de cendres, tandis que ses éclats cognent la grotte.

— Je vois que tu n’as rien perdu de tes réflexes, ma chère… Avant même que je ne lance ce couteau, tu as poussé l’elfe… Tu ne vois rien mais tu entends encore le moindre mouvement alentour. Quelle redoutable ennemie tu fais…

           Ma mâchoire se contracte.

           Si elle avait réellement tenu à nous tuer, nous serions déjà morts. Son unique objectif aujourd’hui est de nous humilier. Elle cherche à nous faire mordre la poussière, à nous prouver sa puissance.

— Voyons voir ce que tu vaux sans tes pouvoirs…

— Tu as raison de profiter que je porte ces chaînes et n’ai donc plus mes pouvoirs, je fais remarquer dans un sourire goguenard, trop contente de pouvoir la provoquer. Tu as enfin une minuscule opportunité de me mettre en échec.

           Aussitôt, un rugissement de frustration résonne dans sa gorge.

— Tu ne perds rien pour at…

           Sa voix se tait lorsque mon épée frôle son corps. De justesse, elle évite la lame que j’ai dégainée. Je l’entends s’accroupir, ses longs bras manquant de saisir mes jambes.

           Aussitôt, je bondis en arrière, propulsant mon pied dans son visage. Un grognement étouffé franchit ses lèvres et elle se redresse.

           Cela est peine perdue. Je suis trop rapide.

— Rien ne sert de tenter de te battre à la loyale, chère Pythie… Tu as toujours été bien trop faible pour moi.

           Un rire sinistre franchit mes lèvres.

Vas-y… Cède à tes bas instincts. Utilise tes pouvoirs.

           Me penchant en avant pour briser la distance entre nous, je chuchote dans l’obscurité : 

Prouve-moi que tu n’es rien. Que tu ne vaux rien. Que le seul moyen que tu as de te mesurer à moi est d’utiliser ton pouvoir alors que je n’ai plus le mien.

           Un hurlement me répond. Aussitôt, un rire incontrôlable franchit mes lèvres. Quelques notes rocailleuses s'entendent dans le cri du démon.

           Elle s’éveille.

TU VEUX VRAIMENT FAIRE RÉSONNER LE POUVOIR D’UNE PYTHIE ? ALORS, IL RÉSONNERA !

           Soudain, la salle s’échauffe. L’atmosphère fraîche de la grotte s'épaissit en une fraction de secondes. Mes vêtements me semblent plus lourds et mon épée, plus imposante encore. Je souris quand l’air crépite à mon oreille.

           Les magies démoniques sont différentes de toutes les autres. Aucune sensibilité n’est requise pour les ressentir.

           Elles s'imposent aux vivants.

           Le monde devient obscurité. Toute parcelle d’oxygène devient un fardeau étouffant qui pèse. Les épaules se voûtent, les dos se courbent, les paupières tombent…

           Tout n’est plus que chaînes.

           Alors, je sais qu’elle utilise enfin sa magie.

Et, bien voilà, quand tu veux…, je souris, satisfaite.

           Elle utilise des pouvoirs démoniques… À présent, ils sont sans doute la seule forme de magie capable de me tuer. Celle qui rivalise avec les elfes.

           Je ne bouge même pas quand une pointe de chaleur se focalise sur ma poitrine. Une force s’amasse à un pas de moi, s’accumulant en une boule compacte d’énergie. Je sais qu’elle explosera bientôt, me heurtant de plein fouet. Là est tout ce que je cherche.

           Être tuée.

           Le démon éclate de rire, un vent violent s’amassant en elle tandis qu’elle mobilise son pouvoir : 

— Lorsque nous nous formions ensemble, tu as passé des années à me sous-estimer… Je te ferai payer chaque brimade, chaque regard en coin, chaque…

— Tu n’as jamais eu assez d’importance pour que je prenne la peine d’agir ainsi à ton égard. Navrée, ma chère. Ce n’était qu’illusion.

           L’ultime provocation.

           Quelque chose rompt autour de nous.

           L’accumulation de pouvoir a atteint son paroxysme. La bulle de magie éclate. J'esquisse un sourire.

           Maintenant, elle va me heurter.

           Soudain, le vent de pouvoir me brûle. Mais, cela ne dure qu’un instant.

           Mon corps est brutalement projeté sur le côté. Deux bras forts s'enroulent autour de mon torse et une large main ramène ma tête contre un pectoral développé. Il ne me faut qu’un instant pour reconnaître les effluves de Gojo.

           Blottis l’un contre l’autre, nous nous écrasons au sol. Il s’éclate autour de nous en poussière qui s’élevent sur nos corps.

           Aussitôt, un grognement de frustration me prend.

GOJO, BOUGE !

           Ses deux mains fermement posées contre mes épaules, il me maintient sur le parterre. Mon dos est plaqué contre la pierre tandis qu’il s’assoit sur mon bassin, m’empêchant de bouger.

           D’un coup sec, je tente de le déséquilibrer. Il ne remue pas d’un cil. Je n’en suis que plus frustrée.

           Bon sang, il a véritablement pris en muscles depuis notre dernière rencontre.

CASSE-TOI, GOJO ! j’éclate en rugissant, me secouant avec force.

Que tu es belle quand tu es en colère…

           Je n’aurais jamais dû retirer ma capuche.

GOJO, TU AS DEUX SECONDES POUR TE CASSER OU JE VAIS TE FAIRE MAL !

           Pour toute réponse, il éclate de rire.

Mais, bien sû…

           Mon front s’éclate contre son nez. Dans un cri de douleur, il bascule sur les fesses. D’un coup de pied, je l'éjecte et me relève.

           Aussitôt, je sens le pouvoir du démon se concentrer vers moi. J’écarte les bras, prête à accueillir le coup suprême.

           Une main attrape mon mollet. Je rugis avant même que Gojo ne le tire, me faisant glisser. Aussitôt, je me retourne dans ma chute, tentant de le maîtriser.

           Ma jambe s’enroule autour de son cou. Sa nuque se retrouve pressée contre mon mollet et sa gorge, contre ma cuisse. Il éclate de rire : 

Oh, je n’aurais même pas osé imaginer ça en rêve.

           Dans un cri rauque, j'abat ma main sur sa tête. Cependant, dans le geste, mon corps bascule brutalement en avant. Un instant, je me crispe, m’attendant à heurter le sol.

           Mon cœur remonte jusqu’à ma gorge lorsque je réalise que nos deux corps ont quitté le sol. Nous  flottons dans le vide. Ma jambe se desserre. Le vent soulève nos silhouettes.

           Soudain, le rire cristallin de Gojo éclate de rire.

BORDEL, TES YEUX AVEUGLES ONT PAS VU LE TROU ! TU VIENS DE NOUS PROPULSER DANS LE VIDE !

           Mes yeux s’écarquillent et je tends l’oreille afin de repérer quoi que ce soit autour de moi. Mais notre chute est trop rapide, je ne reste rien à part le vent qui souffle dans mes oreilles.

           Tendant les bras, j’essaye de racler les parois. Mais, ces dernières sont trop éloignées.

           À nouveau, Gojo éclate de rire.

—  DEUX SAUTS DE L'ANGE EN DIX MINUTES ! BORDEL, SI JE NE TE HAÏSSAIS PAS, JE CROIS QUE JE T’AIMERAI !

           Ma mâchoire se contracte.

           Personnellement, je suis sûre que dans n’importe quelle situation, je le hais.



























































    N  D  A    •

j'espère que le chapitre
vous a plu !
































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