𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓𝟓
𔘓
C H A P I T R E 5 5
𔘓
— Je comprends.
Les yeux fixés sur mon écran, je hausse brutalement les sourcils. A ma gauche, Crocodile garde son crochet sur le volant, manipulant le levier de vitesse de l’autre.
Nous sommes entrés dans la voiture il y a plusieurs dizaine de minutes maintenant et, obnubilée par la lecture de ce webtoon, je n’ai pas décroché un mot du trajet.
Éberluée, je contemple le vide durant un moment.
— Euh…
Ce gars a passé trop de temps avec moi.
— Tu veux pas me donner un peu de contexte ? Non parce qu’on parle pas du tout, il n’y a aucun antécédent à cette conversation.
Un rictus amusé étire ses lèvres et ses yeux pétillent, toujours fixés sur la route. Sa main quitte le levier de vitesse pour se poser sur ma cuisse.
Je frissonne à ce geste. Son pouce effectue des mouvements circulaires.
— Je réfléchissais à voix haute. Tu n’as jamais rencontré ma sœur, c’est normal que tu sois nerveuse. Surtout que le peu que tu as rencontré de ma famille n’est pas vraiment… flatteur.
Je pince les lèvres, légèrement gênée.
— Euh… Comment dire…
Regardant mes pieds, je dodeline de la tête.
— C’est super gentil de te préoccuper de moi mais la raison pour laquelle je n’ai pas parlé depuis que je suis entrée dans la voiture c’est pas que… Enfin…
Je gonfle les joues, ne sachant réellement comment formuler ce que je dois formuler.
— Tu es en train de lire un webtoon et tu te fiches de rencontrer ma sœur ?
— Tu le prendrais mal si je te disais que oui ? je demande dans un couinement pénible.
— Honnêtement, je préfèrerais mille fois lire un webtoon que d’aller à un autre dîner barbant. Allez, raconte-moi. De quoi ça parle.
Je me redresse, contente. Fière comme un paon, je commence à dévoiler le synopsis.
— Ça se passe dans un lycée… Une nouvelle obnubilée par les bouquins et pas consciente de sa beauté tombe amoureuse du bad boy de service.
Il pouffe d’un rire moqueur. J’ignore cette réaction condescendante, me contentant d’observer la route qui s’étend à perte de vue.
Très peu de voitures nous entoure.
— C’est d’un cliché… (T/P), tu m’as habitué à mieux.
— Tu n’aimes pas ces scénarios ? je demande dans un rictus malicieux, découvrant le chapitre où il la sauve de la bande de pimbêches qui servent d’antagonistes.
— Pour qui me prends-tu !?
Il gonfle le torse avec fierté, adoptant la position de l’homme fort.
— Bien sûr que non, je ne lis pas ce genre de…
— Non, mais tu les écris.
La voiture freine brutalement. Mon corps bascule en avant et la ceinture me rattrape dans un claquement sec, une seconde à peine avant que mon torse ne tape la boite à gant.
Aussitôt, des klaxonnements résonnent.
— MAIS BOUGE TA CAISSE, CONNARD !
— MAIS QUI ARRETES SA BAGNOLE COMME ÇA, FILS DE PUTE !?
Ah… L’élégance et la politesse des automobilistes.
Les véhicules font aussitôt le tour de notre engin. Quelques doigts d’honneur nous sont adressés au passage, auquel je réponds par des baisers volants.
Concentrée, je ne fais plus attention à James. Sauf quand ce dernier m’arrache brutalement mon cellulaire des mains.
— De quoi tu… Comment t’as retrouvé ça ?
Je l’observe écarquiller les yeux en lisant le webtoon qu’il a posté, il y a près d’une décennie.
Je pince violemment les lèvres, m'empêchant d’éclater de rire. Il fait défiler le chapitre, alarmé. Mais aucun doute n’est possible.
Il s’agit bel et bien de son œuvre.
— Et bien, je suis journaliste, je déclare théâtralement en regardant mes ongles. Je suis donc une enquêtrice hors pair.
Tournant la tête, je croise le regard sceptique de James. Je n’arrive pas à mentir plus longtemps.
— C’est en tendance sur twitter.
Je parie qu’il regrette de m’avoir fait découvrir l’application, maintenant.
Brutalement, James dégaine son téléphone. D’un geste vif, il le déverrouille avant d’ouvrir l’application. Je ne peux m’empêcher de me délecter de la confusion grandissant sur son visage à mesure qu’il parcourt les tweets à son sujet. Réellement, cela est digne d’une représentation dramatique.
Je crois que le clou de ce spectacle sera sans nul doute quand il va découvrir l’origine de cette information…
Soudain, ses yeux s’écarquillent avant de se plisser. Il abaisse son téléphone, regardant la route. J’y lis toute la colère qui éclate alors dans ses prunelles.
— Je vais défoncer cette connasse.
Mazette, c’est qu’il deviendrait vulgaire !
Pinçant les lèvres, je m’empêche d’éclater de rire. Quelque chose me dit que ce petit dîner en famille va devenir extrêmement intéressant.
— Enfin, James… C’est ta sœur. Elle a juste partagé ton ancien compte webtoon.
— VIA LE COMPTE TWITTER DE SON ENTREPRISE QUI A DES MILLIONS D'ABONNÉS ! ET PUIS QU’EST-CE QU’ILS EN ONT A FOUTRE, LES FASHIONS, DES WEBTOONS ?
Des larmes piquent mes yeux tant je lutte contre l’envie de rire.
— ELLE VEND DU COSMÉTIQUE, BORDEL !
Sursautant presque, je pince violemment les lèvres. Il me faut faire preuve d’une grande maîtrise de moi pour ne pas éclater de rire.
— Je vais l’attraper, tu vas voir.
D’un geste presque brutal, il redémarre la voiture. Feignant de bailler, je cache mon visage pour retenir mieux mon rire.
Bon sang, je n’ai jamais rencontré sa sœur… Mais entre le soir où elle l’a poussé à acheter ses produits et maintenant, je sens qu’elle va s’avérer être un sacré numéro.
— Je vais la tuer.
Là, je ne lutte plus et éclate de rire.
☆
La portière claque violemment quand James en sort. Lui emboitant le pas, je n’ai pas vraiment le temps de regarder la demeure de la femme.
Mais je reconnais bien le luxe familiale lorsque je parcours l’allée pavée scindant les coins de verdure devant sa maison. Deux cyprès sont posés de chaque côté de ce chemin.
La nuit est lourde et je ne distingue quasiment rien d’autre. Les rares lumières provenant des fenêtres ne m’aident en rien.
Violemment, James frappe à la porte.
— James, je pense que tu devrais te calmer, je lâche dans un rire, me disant que je dois au moins faire semblant de le raisonner même si j’espère de tout coeur qu’il ne va pas se calmer.
— Tu veux voir comment je me calme !?
Brutalement, il frappe plus fort encore. Là, des bruits de talons se font entendre de l’autre côté.
— Allons, allons ! prononce une voix étouffée et moqueuse. Qui donc a éduqué ce rustre ?
Hmmm….
Cette question ne connaît pas de réponse particulièrement intéressante.
— Je vais me le faire, grommelle James, retroussant même sa manche de sa main puis — à ma grande surprise — l’autre de son crochet.
Il sautille sur place, comme un grand sportif s’échauffant. Je ne peux m’empêcher de faire de même, débordant d’excitation à l’idée de voir la confrontation.
Le bruit des talons se rapproche.
— Allez, allez ! je m’excite, frappant des mains dans un grand sourire.
Quand la porte s’ouvre.
James ouvre la bouche, prêt à hurler. Mais il se fige en voyant qui se trouve sur son seuil. Je fais de même.
— C… Candice ?
J’observe cette dernière, médusée.
Que fait l’ex-femme de James chez la soeur de ce dernier ?
𔘓
j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!
𔘓
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